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Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
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Questions crucialesLettre N° 84 – 2ème trimestre 2004
Débat national sur l’avenir de l’école
Le « Débat national sur l’avenir de l’École »… Suite
Nous avions exprimé dans ces colonnes nos plus grandes réserves sur la méthode qui consistait à créer une nouvelle commission pour débattre de l’École.
Nous pensions, et les faits nous donnent malheureusement raison, qu’il s’agissait là d’une nouvelle échappatoire pour retarder, toujours et encore, les réformes que le système éducatif exige. Ces réformes sont toujours aussi urgentes et elles sont parfaitement connues. Les différer ne peut que nuire aux plus grand nombre d’élèves tout en assurant la plus grande quiétude aux responsables politiques, en tout cas pour l’instant.
De fait, il faudra attendre l’année prochaine pour que le gouvernement tire les leçons du « Débat sur l’avenir de l’École ». Il est plus que probable qu’au-delà des effets d’annonces rien ne changera sur le fond. Puis de nouvelles élections se profileront… et il sera urgent de différer l’urgence… on connaît la suite !
En revanche, et très honnêtement, nous n’avions pas prévu que le débat offrirait aux parents, aux élèves, aux maîtres et à tous ceux qui se sont intéressés au « débat », l’occasion de formuler aussi massivement des idées de bon sens.
Les conclusions de la Commission figurent aujourd’hui dans un livre intitulé
Le
Miroir du Débat : sa lecture est bien instructive.
Le miroir a, en effet, révélé l’image de ce que nombre d’entre nous avaient déjà formulé. De sorte que le constat est désormais officiellement partagé par tous puisque plus d’un million de personnes ont participé au débat tandis que cinquante mille messages ont été déposés sur le site Internet du ministère.
Le constat le plus édifiant est certainement celui des deux grandes priorités qui résultent de la synthèse des débats, priorités que les membres de la Commission ont aussi appelées « lignes de force ».
1- Le premier sujet retenu, c'est-à-dire la vraie priorité pour tous, fut le sujet n° 8, intitulé « comment motiver et faire travailler efficacement les élèves ».
Bref, et cela devrait interpeller nos gouvernants, chacun s’accorde pour demander que l’école se préoccupe en priorité de la maîtrise des savoirs et des connaissances par les élèves.
On voit bien alors que les grandes revendications quantitatives sur les moyens attribués à l’école, les discussions sans fin sur les prétendues vertus de la psychopédagogie, les ritournelles sur la socialisation de l’enfant … n’intéressent vraiment que les professionnels de la contestation ou les plus ardents défenseurs des avantages acquis.
La très grande majorité du public, des parents et des élèves eux-mêmes s’intéresse au contraire et avant tout à la performance de l’élève, c’est à dire à l’acquisition de connaissances et à la maîtrise de savoirs.
Et c’est bien là le premier et l’incontournable rôle de l’École : à trop l’oublier, à confier au système éducatif des missions totalement étrangères à ces objectifs fondamentaux, on a oublié l’essentiel.
Les auteurs de la synthèse du « Débat » concluent alors par un doux euphémisme en évoquant, à propos de la reconnaissance de ce que l’École doit être performante, l’idée d’un « déplacement d’accent ».
Franchement, c’est plus qu’un « déplacement », c’est même plus qu’une révolte : c’est une vraie révolution. Et, si un ministre de l’Éducation nationale avait le courage politique d’affirmer ce qui est pourtant une vérité d’évidence pour le plus grand nombre, il aurait droit à la reconnaissance de la Nation tout entière.
Les circonstances sont aujourd’hui particulièrement favorables puisque que tout le monde le souhaite clairement sauf, bien évidemment, les corporatistes les plus acharnés.
Mais nos gouvernants oseront-ils aller au-delà de la simple incantation et reconstruire le système à partir de cette simple et élémentaire priorité ?
En tout cas, ils n’auront décidément plus aucune excuse !
2- Il est tout aussi remarquable de constater que la seconde « ligne de force » des conclusions du « Débat sur l’École » est celle qui affirme la distinction entre la responsabilité des parents et la responsabilité de l’École.
Là encore, c’est d’une réelle révolution politique qu’il s’agit.
Voilà en effet des années que l’on nous ressasse que l’École doit éduquer, socialiser, apprendre des règles de comportement aux enfants. Comme si ce n’était pas là le rôle premier des parents.
On a ainsi allègrement mélangé éducation et instruction dans une vision totalitariste des choses puisque l’État devait désormais s’occuper de tout et de tous.
Cet État totalitaire, omniprésent, omnipotent, qui dit le bien, le mal, le vrai, le faux, le beau, le laid, etc. n’exerce pas son pouvoir tentaculaire au sein de la seule École. Il est partout, et, malheureusement, chaque nouvelle loi en constitue désormais une preuve tangible.
Mais, c’est bien à l’École que tout commence.
D’où cette idée pernicieuse de scolariser les enfants le plus tôt possible : pourquoi pas à la sortie de la maternité tant que l’État ne prétend pas enfanter lui-même pour plus d’égalité ?
Dans ces conditions, on ne peut que trouver rafraîchissante et propice au développement de la liberté cette « ligne de force » qui consiste à distinguer les ordres de l’éducation et de l’instruction.
Mais il reste encore un pas à franchir pour que ladite « ligne de force » devienne un axe politique : Il faut rendre définitivement la liberté de choix aux parents et notamment la liberté de choisir la meilleure école pour leurs enfants.
Car la vraie synthèse des deux « lignes de force » dégagées par la commission est bien là : une école le plus performante possible et une liberté de choix rendue aux parents impliquent une vraie concurrence scolaire.
Recteur Armel PECHEUL
Programme de la réunion du vendredi 8 octobre
Notre Assemblée générale
se tiendra le 8 octobre 2004, à 14 heures, au Palais du Luxembourg, avec l'ordre du jour suivant :
Elle sera suivie de deux débats :
à 15 heures sur l’avenir de l’école libre, avec la participation de Guy GUERMEUR ;
à 16 heures 30 sur les suites du Débat national sur l’école, avec la participation de Bernard KUNTZ, Président du SNALC.
Le prix d’Enseignement et Liberté
sera remis au lauréat à 18 heures
La réunion sera suivie d'un cocktail, à partir de 18 h 30.
La convocation à l’Assemblée générale
, pour les adhérents, et une invitation à la réunion, pour tous ceux dont le nom figure dans notre fichier, seront envoyées au début du mois de septembre, avec la confirmation du programme indicatif donné ci-dessus.
Vous pouvez nous faciliter l’organisation de cette réunion et en assurer le succès en nous retournant dès maintenant le bulletin ci-dessous, pour nous faire part de vos intentions ou nous donner le nom d’une personne à inviter.
………………………………………………………………………………………………………………………
A retourner à ENSEIGNEMENT ET LIBERTE - 141, Rue de Rennes 75006 Paris
M. Mme Mlle……………………………………………………………………………………………
Adresse…………………………………………………………………………………………………
Code postal……………….Ville………………………………………………………………………
M. Mme Mlle……………………………………………………………………………………………
Adresse…………………………………………………………………………………………………
Code postal……………….Ville………………………………………………………………………
La disparition du Recteur Yves Durand
Le Recteur Yves DURAND nous a quitté au mois d’avril dernier après avoir subi la longue épreuve d’une bien cruelle maladie. Il était de longue date membre du jury chargé d’attribuer le prix « Enseignement et Liberté ». La défense de la Liberté et des libertés n’était pas pour lui un vain mot. Il a su nous en apporter de multiples témoignages. Le vide qu’il laisse aujourd’hui au sein de notre association ne saurait être comblé.
Chacun se souvient de l’universitaire brillant, droit, courageux et engagé, aussi fidèle dans ses convictions que dans ses amitiés. Bien avant 1968 il sut résister aux effets de modes et à la déferlante des idées mortifères pour notre pays et pour son système éducatif. Depuis lors, dans ses écrits, par son œuvre universitaire, dans l’exercice des responsabilités administratives les plus élevées il s’est appliqué sans relâche à défendre ses convictions et à mettre en œuvre ce qu’il pensait être bon pour l’avenir de ce pays qui lui était si cher.
Son combat n’a pas été vain, loin s’en faut : le Recteur Yves Durand est devenu l’un des maîtres à penser parmi les plus respectés des nouvelles générations d’universitaires.
Avec la détermination qui le caractérisait, nous nous efforcerons de continuer son œuvre et de poursuivre son action.
A P
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Lettre N° 83 – 1er trimestre 2004
LES MAÎTRES DE L'ENSEIGNEMENT PRIVÉ
Les maîtres de l’enseignement privé doivent-ils devenir des agents publics ?
L’histoire des relations entre la République et l’enseignement privé est aussi longue que conflictuelle. La Loi Falloux votée en 1850, le rejet de la première mouture de la Constitution de la IVème République notamment parce qu’elle était lourde de menaces pour l’enseignement privé, la loi Debré, la loi Guermeur, le projet mortifère de Savary, ou plus récemment encore les accords Lang Cloupet constituent autant d’étapes d’une relation particulièrement heurtée. A chaque fois, la liberté d’enseignement s’est trouvée directement menacée. A chaque fois elle ne devait être sauvée qu’in extremis mais au prix de nouveaux abandons.
Au point que désormais l’enseignement privé n’apparaît plus que comme le sous traitant de l’enseignement public tant l’État a étendu ses tentacules sur ce qui était supposé être un domaine de liberté.
Le dernier avatar en date est celui du projet porté par certaines des composantes de l’enseignement privé : transformer les maîtres de l’enseignement privé en agents publics.
Il est vrai que le statut actuel des maîtres de l’enseignement privé est particulièrement ambigu. Ce statut les fait aujourd’hui dépendre d’un double régime juridique. Bien que rémunérés et recrutés par l’État, et à ce titre relevant du droit public, ils sont en effet liés à l’établissement privé sous contrat par un contrat de droit privé.
Il en résulte qu’ils sont titulaires d’un contrat administratif, donc de droit public, dans leurs rapports avec l’autorité académique. Et, les conflits (résiliation du contrat, limite d’âge, congés, inspections pédagogiques, indemnités, mesures disciplinaires, règlement dans le domaine de la prévoyance des charges sociales afférentes à la rémunération etc.) relèvent ici de la compétence de la juridiction administrative.
Ils sont, en revanche, considérés comme des salariés de droit privé, titulaires d’un contrat de droit privé dans les relations les liant au chef d’établissement. De sorte que les conflits nés des relations de travail (réduction de service, indemnité de rupture à la suite de la suppression d’un poste, non renouvellement des heures d’enseignement pour la rentrée scolaire suivante, aménagement des horaires de travail etc.) relèvent des conseils des prud’hommes.
Le projet envisage de revenir, en tout cas en grande partie, sur cette dualité de régime juridique en modifiant le code de l’éducation et le code du travail. Autrement dit, le but recherché est de soumettre les maîtres de l’enseignement privé sous contrat à un régime de droit public en excluant toute qualification de contrat de travail de droit privé pour ce qui concerne leurs relations avec l’établissement privé.
C’est l’objet du projet de rédaction des dispositions de l’article L. 914-1-1 du code de l’éducation.
Dans son premier alinéa, celui-ci qualifie expressément les maîtres, auxquels est confié l’enseignement dans les classes faisant l’objet d’un contrat d’association passé dans les conditions prévues à l’article L.442-5 du code de l’éducation « d’agents publics de l’État ».
Et, l’alinéa 2 dispose : « Ils ne sont pas, au titre des fonctions pour lesquelles ils sont employés et rémunérés par l’État, liés par un contrat de travail à l’établissement au sein duquel ils sont affectés ».
Les conséquences statutaires sont importantes pour les personnels en cause puisque les conventions collectives qui leur étaient applicables ne devraient plus, a priori, être compatibles avec la situation d’agent contractuel de droit public.
La rédaction utilisée n’est d’ailleurs pas totalement satisfaisante puisque l’expression « au titre des fonctions » utilisée par l’article L. 914-1-2 laisse supposer que les maîtres de l’enseignement privé pourront encore être titulaires d’un contrat de travail de droit privé pour d’autres tâches que le chef d’établissement pourra leur confier. La détermination de ces tâches sera inéluctablement source de difficultés d’interprétation.
Le projet d’article L. 914-1-2 du code de l’éducation prévoit, aussi, à propos des relations entre le chef d’établissement et le maître, que les conditions d’emploi des maîtres « sont définies par l’État » et que « les maîtres sont placés, dans le respect du caractère propre de l’établissement et de la liberté de conscience des maîtres, sous l’autorité du chef d’établissement ».
Cette référence à la notion « d’autorité du chef d’établissement » reprend l’un des éléments constitutifs du contrat de travail tel que le reconnaît la Cour de Cassation. En clair, il s’agit de l’existence d’un lien de subordination entre l’employeur et l’employé. Mais, puisque le but du texte est d’écarter l’éventualité de la qualification du contrat liant le maître à l’établissement en contrat de travail, il aurait été opportun d’utiliser des notions propres au droit public. Quitte à copier le droit de la fonction publique on aurait pu prévoir, par exemple, que : « dans l’exercice de leurs fonctions, les maîtres affectés dans les classes faisant l’objet d’un contrat d’association, sont placés sous l’autorité hiérarchique du chef d’établissement ».
Mais, qui ne voit le piège dans lequel on tombe inéluctablement en échafaudant ces belles constructions théoriques ?
A-t-on vraiment mesuré les conséquences de la qualification des maîtres de l’enseignement privé en agents contractuels de droit public sur le « caractère propre » des établissements d’enseignement privé ?
Que restera-t-il de ce caractère propre de l’enseignement privé lorsque tous ses maîtres seront devenus des fonctionnaires à part entière, après avoir été « formés » dans les IUFM avec leurs collègues de l’enseignement publics ?
Comment ne pas voir que l’État en profitera nécessairement pour renforcer sa mainmise sur l’enseignement privé et donc sa maîtrise totale sur l’Éducation. Ainsi sera insidieusement supprimé le libre choix des parents ?
A vrai dire cette réforme n’est pas vraiment nécessaire. La plupart des maîtres du privé ne demande en réalité que l’application du principe d’égalisation financière avec les maîtres de l’enseignement public. La seule question qui se pose est en effet celle de l’application de la loi Guermeur, c'est-à-dire précisément la question de l’application du principe de parité à certains domaines non encore réglés comme celui des prélèvements sociaux ou bien encore celui du montant des retraites.
Il suffisait donc d’appliquer la loi Guermeur !
Mais, la réforme envisagée est non seulement inutile, elle est aussi dangereuse.
Comment pourra-t-on sérieusement concilier l’autorité hiérarchique du chef d’établissement, la définition des conditions d’emplois des maîtres du privé par l’État, les obligations statutaires des agents publics (et notamment la neutralité), avec le caractère propre de l’établissement privé ou bien encore la liberté de conscience des maîtres ? Ce n’est plus d’équilibre qu’il s’agit, mais d’équilibrisme !
En fait, chacun sait bien que l’ultime étape consistera à satisfaire les prochaines revendications syndicales qui ne manqueront pas de se faire entendre pour demander la titularisation à terme de ces agents et leur assimilation désormais complète au corps enseignant de l’enseignement public.
Les maîtres de l’enseignement privé seraient –ils encore trop ostensibles ou trop visibles ?
Il ne restera plus alors que la carte scolaire et la loi sur la laïcité à imposer à l’enseignement privé pour réaliser ce grand service public unifié et laïque de l’éducation nationale que les gens de gauche appellent de leur vœux depuis si longtemps.
Recteur Armel PÉCHEUL
Nous avons appris le décès de M. Aimé Aubert. Il fut l’un des fondateurs d’Enseignement et Liberté et en resta administrateur tant que sa santé le lui permit.
Directeur général du CNPF, il fut aussi un des fondateurs de la FACO, Faculté libre d’économie et de droit et son président de 1989 à 1997.
L’IPC, Faculté libre de philosophie et de psychologie, dont le doyen, M. Michel Boyancé, est un de nos administrateurs, a bien voulu accepter d’accueillir dans sa bibliothèque le fonds documentaire constitué en vingt ans par Enseignement et Liberté.
Ce fonds contient une centaine de livres traitant de la liberté d’enseignement et, plus généralement, de notre système d’enseignement, ainsi que des textes législatifs, travaux universitaires et autres documents sur le même sujet.
Il sera accessible aux chercheurs qui en feront la demande à :
IPC, 70 avenue Denfert-Rochereau - 75014 Paris Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Une pétition
a été lancée par des associations, dont l’association Guillaume Budé, et des personnalités, dont Jacqueline de Romilly, pour sauvegarder l’enseignement du latin et du grec, à la suite de dispositions donnant toute latitude aux recteurs d’académie pour restreindre l’enseignement des langes anciennes à quelques grands lycées.
Elle peut être signée sur le site :
Un bon exemple
Un de nos lecteurs nous a adressé copie de la lettre qu’il a adressée au président de la Commission nationale du débat sur l’école, en lui demandant de mettre à l’étude les projets de réformes suivants :
Notre correspondant ajoute dans sa lettre à M. Claude Thélot :
Je souhaiterais également que le programme d’histoire en terminale ne soit pas modifié lors de la rentrée d’octobre 2004 et qu’il demeure « La seconde guerre mondiale » au lieu de le voir modifier en « Mémoire de la seconde guerre mondiale »
Cette nouvelle formulation pourrait en effet être dangereuse en laissant à des professeurs politisés, et donc peu objectifs, la possibilité d’éluder la chronologie de l’histoire et de remplacer les faits et la réalité par des commentaires à base d’une idéologie marxisante.
Cette dernière d’ailleurs, progressivement imposée à partir de 1946 par l’Éducation nationale, n’a jamais été dénoncée par des gouvernements dits de droite.
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RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ La question de la Laïcité fait partie de ces querelles dont la France a le secret : chacun des protagonistes dissimule ses intentions profondes et le pouvoir en place est à chaque fois immanquablement piégé faute de s’appuyer sur des convictions solides, faute aussi de fonder son action sur les principes juridiques les mieux établis. Quelques convictions. La France est un pays de tradition judéo chrétienne. Cette tradition est une marque de notre civilisation occidentale. C’est notre Histoire, c’est notre Culture. Elle rythme notre quotidien, notre art de vivre, nos rapports avec les autres. Elle modèle les rapports entre les femmes et les hommes et ceux qu’ils entretiennent avec leurs enfants. C’est ainsi que nous nous reconnaissons. C’est ainsi que nous avons voulu vivre ensemble, après maints conflits internes et externes dont certains furent parmi les plus meurtriers. Il existe d’autres civilisations. Elles ont leur propre histoire, leurs justifications. Elles organisent d’autres modes de vie, d’autres rapports à l’autre. Ces civilisations sont objectivement aussi respectables que les nôtres, mais ce ne sont pas les nôtres. Et, en tout cas aujourd’hui, elles sont inconciliables avec la nôtre. C’est bien pourquoi l’Histoire n’est pas terminée, c’est bien pourquoi nous vivons un Choc des Civilisations. Au nom de la liberté des Peuples, on peut refuser que la civilisation occidentale soit impérialiste à l’égard des autres civilisations. Au nom de cette même liberté, on peut même pratiquer la repentance et demander au monde occidental d’expier longtemps le péché de la colonisation. Mais, avec la même logique, il faut fermement refuser l’expansionnisme sur notre territoire d’autres civilisations. Au nom de la liberté de notre Peuple, il faut refuser tout autant notre colonisation. Ne laissons donc pas les civilisations conquérantes s’implanter sur notre sol. N’acceptons des autres chez nous que ce qu’ils accepteraient de nous chez eux. Ce n’est pas à notre République qu’il revient de s’adapter aux autres civilisations : ceux qui choisissent de vivre dans notre République doivent aussi faire le choix de la civilisation dont elle est l’expression. La liberté de conscience et la liberté de religion sont gravement menacées par l’actuel débat sur la laïcité. En France et dans de nombreux autres pays occidentaux, cette liberté de conscience se prolonge nécessairement par la Tolérance, laquelle n’est d’ailleurs pas le laïcisme. Au nom de la Liberté, chacun doit pouvoir croire et même ne pas croire. Au nom de la Tolérance chacun doit accepter que l’autre puisse croire autre chose, ou autrement, ou ne pas croire du tout. Mais la Tolérance ne peut pas aller jusqu’à tolérer l’intolérance. A de très rares excès près, les débats relatifs à la liberté de conscience et/ou à la liberté de religion étaient désormais apaisés dans notre Pays. Fort heureusement, les Catholiques, les Protestants, les Juifs ne s’étripent plus depuis longtemps et ne subissent plus que quelques assauts sporadiques de laïcards impénitents. On pouvait en faire notre affaire sans rouvrir la Boite de Pandore. Cet équilibre, marque aussi du progrès de notre civilisation, ne saurait être remis en cause sans que soient également remis en question la paix sociale et le respect mutuel qui est la traduction concrète de la tolérance. Ne laissons donc pas l’intolérance gagner ce pays. On sait bien ce que les fondamentalismes religieux cherchent à faire auprès des populations les plus fragiles. Chacun voit bien ce que les laïcards les plus revanchards ou les anticléricaux les plus haineux cherchent à en tirer comme profit. Il est plus que temps de leur refuser ce qu’ils exigent et de laisser vivre en paix les religions qui ne demandent surtout pas autre chose que, précisément de vivre en paix. Quelques principes. La France est une République laïque. Ce principe figure à l’article 1er de notre Constitution. Or, la Constitution est pour l’instant la règle suprême dans notre Pays. Faudra-t-il une loi pour dire que la France est bien la France, une loi pour affirmer qu’elle est Républicaine, une loi pour dire que le législateur fait la loi. Quel manque de confiance en soi ! Qui ne voit aujourd’hui que les textes redondants, complexes, conjoncturels tuent toute confiance dans le droit ? Qui ne voit aujourd’hui que l’inflation législative tue la confiance dans le législateur, machine à produire des textes de plus en plus nombreux et de moins en moins respectés ? Pourquoi les intéressés s’inclineraient-ils devant cette loi là alors qu’ils ne s’inclinent plus devant les autres ? Pourquoi un texte sur la laïcité serait-il plus clair que l’affirmation constitutionnelle du principe lui-même alors que les exégètes ne sont d’accord ni sur les adjectifs ni sur les qualificatifs ? La France est-elle ostensiblement ou ostentatoirement laïque ? Et, faudra-t-il une loi pour le port du voile à l’École, une pour les hôpitaux, une pour les services municipaux ? Une loi pour régir les menus dans les cantines scolaires, Une juridiction spéciale de la laïcité ? Il y aura en tout un Haut Comité, ou une Haute Commission ou une Haute Autorité… on peut déjà en être sûr ! Comme si la question centrale n’était pas celle de l’autorité de l’État. Car la Constitution est suffisamment explicite et est dotée de l’autorité juridique nécessaire pour permettre aux tribunaux et aux « autorités » administratives de faire respecter fermement les règles qu’elle prescrit. Encore faut-il le vouloir. Sans doute peut-on admettre que les chefs d’établissements ou les professeurs confrontés à une question hyper médiatisée puissent se trouver désarmés ou en tout cas insuffisamment armés pour lutter seuls. Encore faudrait-il se poser la question de savoir si leur autorité dans l’établissement pour les uns, dans les classes pour les autres, n’est pas l’un des problèmes les plus sérieux de l’Éducation Nationale…et le régler avant toute autre chose. Mais, en tout état de cause, ils disposent d’une hiérarchie et rien n’interdit d’élever une question délicate au niveau de l’inspection académique ou au niveau rectoral. La hiérarchie administrative permet naturellement de prendre du recul et de la hauteur. Mais ils ont si peur des « vagues » ! Tous les citoyens sont égaux devant la loi et loi est la même pour tous. C’est aussi l’un des piliers de notre Constitution et même l’un des fondements de notre République.C’est la seule solution qui permette l’intégration dans notre communauté nationale et l’assimilation de tous à notre identité commune. C’est aussi l’égalité qui justifie le consentement des citoyens au pouvoir politique. C’est du respect de cette règle que procède directement la cohésion nationale. Toute exception à ce principe rompt le modèle unitaire de notre république au profit de l’émergence d’abord, puis de la domination ensuite du communautarisme. Certains le recherchent sciemment en prônant par exemple la discrimination positive. D’autres le provoquent presque naturellement en légiférant pour une catégorie de citoyen ou en désignant expressément des catégories particulières, aujourd’hui en fonction de leur religion, demain en fonction de toute autre forme de pratiques ou de croyances individuelles. C’est bien du contraire de l’égalité qu’il s’agit et à bien des égards du contraire de la laïcité ! Cela ne peut que condamner la Nation à très court terme. Cela remet nécessairement en cause l’intégration puisqu’il n’y aura plus de modèle national à rejoindre. ° ° Dangereuse pour notre civilisation occidentale parce qu’elle ne désigne pas expressément le péril et cède aux moindres provocations, porteuse de menaces liberticides parce qu’elle risque d’affecter en retour la liberté de nos religions, remettant en cause notre État de Droit puisqu’elle ignore la Constitution, validant l’abandon du principe d’autorité de l’État puisqu’il refuse d’appliquer les règles dont il dispose déjà, mortifère pour la République elle-même puisque les communautarismes ne peuvent que dissoudre la France dans ses multiples composantes … Non, décidément non, il faut dire non à une loi sur la laïcité. Recteur Armel PÉCHEUL
C’est sous le titre de La liberté d’enseignement que va paraître, au début de cette nouvelle année le recueil des éditoriaux publiés pendant dix-sept ans dans cette Lettre par notre fondateur, le Professeur Maurice Boudot. Publié aux éditions L’Harmattan, il comporte une préface du Professeur Roland Drago, de l’Institut, vice-président d’Enseignement et Liberté, une postface de notre président, le Recteur Armel Pécheul, et un index des noms cités. Comptant plus de 360 pages, il sera vendu en librairie au prix de 31 euros. En raison d’un coût plus élevé que celui initialement prévu, la souscription ouverte au prix de 16 euros franco a été close le 31 décembre. Une nouvelle souscription a été cependant ouverte pour les retardataires, au prix de 25 euros franco, pour la durée du mois de janvier. Consultez notre site Internet : http://www.enseignementliberte.org
La date limite de dépôt des candidatures aux Prix d’Enseignement et Liberté a été fixée par le conseil d’administration au 31 mars 2004. N’hésitez pas à nous signaler les ouvrages récemment parus qui vous paraîtraient susceptibles de concourir.
Comme tous les deux ans, depuis 1990, les Prix seront remis à leurs lauréats, le vendredi 8 octobre, à 18 heures, au palais du Luxembourg.
Cette manifestation sera précédée, à 15 heures, par une assemblée générale de l’association et par une ou deux conférences suivies de débats. Le thème de ces conférences n’est pas encore arrêté, mais l’on peut penser que l’actuel Débat national sur l’avenir de l’école et de la controverse sur la laïcité dans l’école publique seront toujours d’actualité.
Les destinataires de cette Lettre recevront, le moment venu, une invitation à cette réunion. Vous pouvez d’ores et déjà nous faire des propositions tant sur les sujets que sur des noms d’intervenants ou de participants.
A défaut d’un référendum sur l’éducation nationale, domaine pourtant cité, avec la santé et la protection sociale, pour justifier la réforme constitutionnelle de 1996, élargissant le champ de la procédure référendaire, le débat national sur l’avenir de l’école débouchera sur un projet de loi à la fin de 2004.
Préalablement la commission que préside M. Thélot procède à une « consultation de la Nation sur son École », sous la forme de réunions publiques organisées entre le 17 novembre et le 17 janvier et à travers un forum de discussions sur le site Internet de la commission, ouvert dès maintenant et jusqu'en septembre prochain. Le « miroir du débat », synthèse des réunions et du débat sur Internet élaboré par la commission sera remis en mars !
Vingt-deux sujets, décomposés en « questions possibles » ont été choisis par la commission « pour faciliter la réflexion et nourrir le débat ». En dépit de ces précautions et de la présence de modérateurs sur le site, il s’y passe des choses intéressantes. C’est ainsi que, pour le sujet 22 sur le recrutement des enseignants, à la question possible « Faut-il donner davantage de place à la pratique du terrain dans la formation et le recrutement des adhérents ? » des esprits judicieux répondent : il faut supprimer les IUFM.
Allez les soutenir sur le site http://www.debatnational.education.fr
Lettre N° 81 – 3ème trimestre 2003
FALLAIT-IL ENCORE CRÉER UNE COMMISSION ?
FALLAIT-IL ENCORE CRÉER UNE COMMISSION ?
Il n’est pas besoin d’être un grand spécialiste de l’Éducation nationale pour savoir que la « rue de Grenelle », c'est-à-dire le siège du ministère, recèle en ses tiroirs des centaines de rapports sur l’École. Ses placards regorgent d’études et de synthèses fréquemment rédigées par les experts les plus sérieux. Les essais, les livres, les thèses sont aussi nombreux. Écrits par d’anciens ou futurs ministres eux-mêmes, par des professeurs chevronnés, des recteurs, des responsables d’organisations syndicales, des parents… ils portent à peu près tous le même constat sur les réussites et les échecs de l’Éducation nationale. Quant aux médias, on n’en connaît point qui n’ait pas régulièrement consacré des éditoriaux, des tribunes et plus souvent encore des pages entières de reportages ou des émissions complètes de télévision à ce brûlant sujet !
Le mal est donc bien connu, le diagnostic est clair, exhaustif et très largement partagé. Faut-il alors attendre que le patient soit définitivement mort pour lui administrer les remèdes qui s’imposent pourtant avec la plus grande évidence et dans la plus grande urgence ?
Car enfin, si chacun s’accorde à dire que les enfants du primaire ne devraient pas pouvoir entrer au collège sans savoir correctement lire, écrire et compter, faudra-t-il attendre encore le sacrifice de trois ou quatre générations d’élèves pour prendre les mesures nécessaires dès le CP ou dès le CE1 ?
Puisque les méfaits de la méthode globale sont désormais scientifiquement établis, les parents dont les enfants sont actuellement en primaire devront-ils accepter que leurs chères petites têtes blondes voient encore leurs cerveaux définitivement déformés car mal formés dès les premiers apprentissages de la lecture ?
La liste des victimes du collège unique doit-elle aussi s’allonger de quelques nouvelles générations ? La violence à l’école peut-elle encore prospérer faute d’un rétablissement rapide de l’autorité des règles et du principe d’autorité des maîtres sur les élèves ?
Bref, on pourrait multiplier à l’envi les sujets d’inquiétude en évoquant les méfaits des psychopédagogues au détriment d’une réelle transmission des savoirs, le développement du communautarisme et du multiculturalisme aussi mortifères l’un que l’autre pour la République, les échecs de l’égalité des chances au profit de l’égalitarisme, le nivellement par le bas, l’importance du nombre des élèves qui sortent du système sans diplôme ni formation professionnelle, les effets pervers du moule unique pour les élèves comme ceux du corps unique pour les enseignants, les taux d’échec scandaleux dans les premiers cycles universitaires, la dilution des finalités premières de l’École et de la transmission des savoirs parmi de multiples objectifs aussi inconstants et inconsistants que les pressions médiatiques qui les génèrent, la généralisation de la repentance pour mieux saper notre histoire nationale et diluer le lien national, le relativisme des connaissances et des valeurs qui remettent en cause l’universalisme républicain… toutes choses si connues que l’on a peine à les rappeler, de peur de lasser les plus fidèles de nos lecteurs.
Alors, pour une fois, adoptons, à notre tour, un discours purement quantitatif.
Que l’on se rassure, il ne s’agit pas d’adopter l’antienne de la pseudo- insuffisance des moyens accordés à l’école. C’est un faux débat.
D’une part, le budget de l’Éducation nationale est celui qui a connu les évolutions les plus conséquentes malgré la chute des effectifs des élèves scolarisés. D’autre part, et en tout état de cause, il ne sert à rien de mettre de nouveaux moyens financiers et humains au service de l’École si on n’en corrige pas au préalable les dérives.
Non, puisqu’il faut parler chiffres pour être écouté dans ce système perverti, inquiétons-nous vraiment du nombre des élèves qui en seront définitivement victimes du fait de l’éternel report de la « réforme de l’Éducation nationale ».
Combien d’élèves en deux, trois ans et plus sûrement cinq, six ans ou sept ans auront été sacrifiés sur l’autel du prétendu dialogue ?
Bien sûr, on comprend bien la prudence du gouvernement. Après tant d’autres, il craint les monômes et les manifestations et feint de croire qu’un bon ministre de l’Éducation nationale est un ministre qui ne met pas les professeurs dans la rue.
Passe encore pour les retraites. Au fond bénéficier de l’ancien système des retraites plus longtemps ne pouvait guère nuire à ceux qui souhaitaient en retarder la mise en application ! Pour l’École, c’est de l’inverse qu’il s’agit : tout retard est dramatique pour des dizaines, voire pour des centaines de milliers d’élèves, et en définitive pour la France elle-même.
Créer une commission de plus permet certainement de passer le cap des prochaines échéances électorales, mais c’est inéluctablement aussi multiplier le nombre des victimes parmi les élèves.
Si au moins cette méthode avait pour effet de dégager un très large consensus, nous pourrions aussi accepter le sacrifice de quelques-uns sur l’autel de l’intérêt national. Mais personne n’est ni dupe ni naïf : les adversaires de la réforme le resteront parce que ce n’est pas l’intérêt des élèves ni celui de la France qui les intéresse. Au mieux ils entendent conserver leurs prérogatives et leurs prébendes. Certains s’arc-boutent sur des croyances pour ne pas dire des dogmes qui ont pourtant fait la preuve de leur très grande nocivité. Au pire, ils souhaitent en tout état de cause que le système échoue car leur vision idéologique des choses consiste avant tout à chercher à détruire et nos valeurs et notre République et pour certains notre civilisation elle-même. A vouloir gagner une hypothétique paix scolaire nous serons vaincus d’avance dans le choc des civilisations qui se prépare sous nos yeux.
Alors sans vouloir rejouer Cassandre, nous ne prenons guère de risque à pronostiquer que le consensus ne se fera de toute façon pas.
Et il ne le pourrait pas, en tout état de cause, puisque ce n’est bien évidemment pas aux experts mais aux élus de la Nation qu’il revient d’exercer la responsabilité politique.
Pourtant, ce gouvernement a, une fois n’est pas coutume, toutes les cartes en main : le soutien sans faille de l’Assemblée nationale et du Sénat, une équipe ministérielle soudée et…le Président de la République. Celui-ci a même fait réformer naguère notre Constitution pour permettre l’organisation d’un référendum sur un tel sujet si l’existence d’une très large majorité parlementaire ne suffisait plus en démocratie pour affirmer une volonté politique, ou si cette majorité n’osait décidément plus prendre la moindre responsabilité.
Alors de grâce, s’il est un domaine où tout gouvernement doit sacrifier son confort personnel et « affronter la rue » si nécessaire, c’est bien celui de l’avenir de nos enfants, c'est-à-dire aussi celui de l’avenir de ceux qui feront la France de demain. Nous allons déjà leur laisser tant et tant de dettes… N’y ajoutons pas celle-là…surtout pas celle-là.
Armel Pécheul
La Commission du débat national sur l’école, présidée par M. Claude Thélot, compte quarante membres nommés, auxquels s’ajoutent six parlementaires associés et huit membres de droit, dont les sept anciens ministres de l’Éducation nationale toujours en vie, à savoir MM. Allègre, Bayrou, Chevènement, Guichard, Jospin, Lang et Monory.
La Commission a pour objet d’établir « un diagnostic partagé (sic) et de cerner les grands thèmes qui structureront le débat national sur l’avenir de l’école ». Ce débat doit lui-même « permettre de parvenir à un diagnostic partagé de l’état actuel de notre école ».
Ces indications sont extraites du site Internet ouvert par la Commission. Il y est précisé que ce débat concerne « tous les citoyens et leurs représentants. Chacun peut y contribuer en s’exprimant sur ce site »
Nous encourageons chacun à le faire.
Site : http://www.debatnational.education.fr
Commission du débat national sur l’école PRIX
Les Prix d'ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ seront attribués pour la huitième fois en 2004
Dotés de 15 000 €, ils récompenseront les auteurs d'études ou d'ouvrages
consacrés à la
LIBERTÉ D'ENSEIGNEMENT
Le règlement du concours peut être obtenu en s'adressant à :
ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ
141 rue de Rennes - 75006 Paris
Tél. : 01 45 49 05 95 - Fax : 01 45 49 18 05 - * :
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Ou en consultant le site : http://www.enseignementliberte.org
Le Jury du concours 2002 était constitué de :
M. Jean CAZENEUVE, membre de l'Institut, président.
M. Roland DRAGO, membre de l'Institut, Professeur émérite à la Faculté de Droit de l'Université de Paris II.
M. Yves DURAND, ancien Recteur-Chancelier, Professeur émérite à l'Université de Paris IV.
M. Pierre MAGNIN, ancien Recteur-Chancelier, Professeur honoraire à la Faculté de Médecine de l'Université de Besançon.
M. Armel PECHEUL, ancien Recteur-Chancelier, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université d’Angers.
Le Grand Prix de 50 000 F a été attribué :
Les lauréats du Prix spécial journaliste ont été Denis LENSEL, Fabrice MADOUAS et Geneviève ESQUIER.
Consultez notre site Internet : www.enseignementliberte.org Lettre N° 80 – 2ème trimestre 2003
LA RÉPUBLIQUE ET LES PROFESSEURS : de la passion au divorce
LA République ET LES PROFESSEURS : de la passion au divorce.
Longtemps, la République s’est légitimement enorgueillie de ses professeurs. Instituteur cher à Pagnol, normalien engagé en politique, professeur grand écrivain, universitaire maître à penser… chacun était au service d’une République qui le lui rendait bien. Fière de ses maîtres, la République pouvait transformer le petit-fils du paysan de Montboudif, fils d’instituteur et lui-même professeur, en Président de la République. Il faut dire que l’État leur avait confié la plus noble des tâches dans une société confiante en son avenir : transmettre les savoirs et les savoir-faire aux jeunes générations, assurer l’intégration de tous et la promotion sociale des meilleurs, et donc le brassage social pour éviter le risque d’une société oligarchique propre à tuer la République. Quand en plus ils pouvaient assurer la diffusion d’une culture commune, d’une morale civique et de l’universalisme républicain, alors chacun pouvait comprendre son voisin puisque, précisément, nos références et nos valeurs étaient collectives dans le cadre d’un idéal commun. Dans ces conditions, les professeurs étaient bien irremplaçables : sans eux point de République ! Et l’on comprend ainsi l’histoire de leur passion mutuelle.
Mais qui alors est responsable du divorce que l’on voit se consommer sous nos yeux ? Les deux, très probablement, car l’État a progressivement abandonné le modèle républicain et la plupart des professeurs qui manifestent aujourd’hui ont la ferme intention d’abattre la République.
L’État a cessé d’être républicain lorsqu’il a accepté que l’égalitarisme d’abord, et le communautarisme ensuite se substituent à la transmission des savoirs, à la promotion des meilleurs et à l’acquisition d’une culture universelle. Dans le premier cas, il a confondu l’égalité des chances et le nivellement par le bas. Dans le second cas, il a encouragé la dilution du lien social et la disparition des valeurs communes au profit de la multiplication de privilèges et de droits particuliers accordés à quelques groupes bien organisés. Ayant, par surcroît, chargé les maîtres de traiter tous les problèmes rencontrés par la société, l’État les a insensiblement transformés en animateurs d’élèves, dénués d’autorité, de charisme et d’ambition : au mieux des grands frères, au pire des gardiens d’enfants dissipés. On comprend mieux la violence alors puisqu’il n’y a plus de principe d’autorité, l’échec scolaire puisqu’il n’y a plus de transmission des savoirs, le repli sur eux-mêmes de très nombreux jeunes gens puisqu’il n’y a plus de valeurs communes. On comprend aussi pourquoi le sentiment d’inégalité se développe puisque l’ascenseur social ne fonctionne plus. Les élites pourront bientôt se reproduire entre elles…il leur faudra simplement trouver de quoi financer du pain et des jeux pour des masses de moins en moins laborieuses !
Les professeurs, de leur côté, sont, ou bien les victimes de l’abandon du modèle républicain, et on comprend alors qu’ils soient désespérés ou à tout le moins désabusés, ou bien ils en sont les complices. Les premiers se retournent vers l’État à qui ils demandent aide et assistance : ils ne sont pas entendus. Les seconds se retournent contre l’État : on n’entend qu’eux. Les uns doivent être aidés, les autres combattus avec la plus grande intransigeance. Combattus, en effet, les seconds car ils sont porteurs de germes encore plus destructeurs pour la République que toutes les réformes dues à l’impéritie et à la faiblesse de tant de ministres chargés de l’Éducation nationale. Leur projet est authentiquement révolutionnaire. Dans la forme, d’une part, puisque à l’exemple des méthodes les plus totalitaires, les livres sont brûlés et les élèves sont pris en otage. Au fond, surtout, ces enseignants-là veulent imposer à nos enfants, et donc à la France en devenir, un autre modèle de société : une société dans laquelle tout vaut tout parce que rien ne vaut, dans laquelle chacun ne doit connaître de limites que celles de son bon plaisir, dans laquelle il n’est nul besoin de comprendre l’autre pour exister, dans laquelle celui qui a plus ou qui " est mieux " sera toujours suspect, fautif et de toute façon redevable, dans laquelle l’individu doit toujours pouvoir imposer sa volonté au groupe sans obligation ni sanction… Ce n’est plus d’une société organisée et collective tendant vers un idéal commun qu’il s’agit mais de multiples communautés, individualistes et hédonistes, corporatistes, envieuses, égoïstes et violentes, redistributrices de l’argent des autres, intransigeantes et intolérantes, sans foi ni loi, sans Dieu ni maître… à l’exception des gardiens de ce totalitarisme pour l’instant moral. Un peu de Marx pour faire égalitaire et du Trotski pour faire éternellement jeune, du Freud pour le plaisir, du consumérisme à la MacDonald’s pour les parents, une touche empruntée aux libertariens pour faire croire à la liberté et un zeste de Bourdieu pour faire progressiste en saccageant l’ordre établi … Voilà l’idéologie à combattre et sans concession car elle est mortelle pour la République.
Voilà aussi pourquoi une vraie réforme de l’Éducation est plus qu’urgente. Elle ne peut être assise que sur des fondements républicains ; elle ne pourra être réalisée qu’avec l’aide des professeurs républicains. A l’État de retrouver les voies de la République…il retrouvera les voix de ses professeurs.
Armel PECHEUL
Hommage au professeur Maurice BOUDOT (1931-2003)
président d’honneur d’Enseignement et Liberté
Maurice BOUDOT est né à Lyon le 3 mai 1931. C'est dans sa ville natale qu'il a fait ses études, d'abord au lycée Ampère, puis à l'université, où il mène de front une licence en Philosophie et une licence de Mathématiques. Après l'obtention des deux licences, en 1952, il opte pour la Philosophie; mais il devra à sa formation mathématique non seulement la compétence qu'il utilisera plus tard dans ses travaux de Philosophie des sciences et de Logique, mais aussi, dans l'immédiat, la possibilité d'occuper un poste de maître auxiliaire pour financer la fin de ses études. Il est reçu aux épreuves théoriques du Capes en 1955. A la fin de son année de stage, il se marie (en juin 1956) et reçoit sa première affectation pour la rentrée de l'automne 1956: ce sera Bordeaux, où il devait rester vingt-quatre ans.
Le hasard des nominations lui vaut un poste à l’école normale d'instituteurs puis, au bout d'un an, à celle d'institutrices. Il y découvre un milieu dont il ignorait tout, celui de la pédagogie, ou plutôt du "pédagogisme" alors curieusement divisé entre les " Anciens", contemporains spirituels du petit père Combes, et les "Modernes", dont les idées devaient fleurir par la suite: égalitarisme qui équivaut à un nivellement par le bas, recherche de l'épanouissement de l'enfant plutôt que de son éducation, ouverture sur la vie plutôt qu'apprentissage des savoirs, valorisation du ludique et dévalorisation de l'effort... L'antipathie de Maurice Boudot pour ces thèses est immédiate et ira croissant au cours des années. Tout en assumant ses tâches, il se consacre de plus en plus à ses travaux personnels.
Agrégé depuis 1958, il obtient en 1962 son détachement au C.N.R.S., ce qui lui permet d’œuvrer à sa thèse, sous la direction du Professeur René Poirier: Logique inductive et probabilités. Il la soutiendra en juin 1970, et elle sera éditée chez Armand Colin en 1972. Durant ses années de C.N.R.S. déjà, il avait été chargé de quelques cours complémentaires à la faculté des lettres. En 1966, il est chargé de maîtrise de conférences (1), puis devient professeur sans chaire en 1971 et enfin titulaire de chaire en 1974. Il enseigne donc à l'université lorsque se produisent les événements qui vont agiter cette vénérable institution et en modifier définitivement les structures et l'esprit.
Mai 68 va jouer un rôle décisif sinon dans sa carrière, du moins dans son évolution. Sa position sur l'échiquier politico-universitaire est du reste hautement significative, non tant de sa propre transformation que de l'effondrement d'une partie notable des "élites".
Maurice Boudot n'a jamais été marxiste - ce qui constitue déjà une rareté dans le milieu des étudiants et des professeurs de Philosophie de sa génération. Au cours de ses années d'étudiant il s'était opposé aux groupes communistes qui cherchaient à faire la loi dans les facultés. Mais, à la veille du séisme qui va ébranler le pays, et, avant tout, le monde de l'enseignement, il n'a pas de position politique définie; en tout cas, il n'a aucune prise de position publique. En outre, il ressent bien un certain malaise dans l'Université, sans doute parce qu'il appartient à la nouvelle génération, mais aussi, tout simplement, parce qu'il voit ce qu'il a devant les yeux. Il perçoit la nécessité de prendre en compte certains faits nouveaux, à commencer par l'augmentation considérable du nombre des étudiants en lettres, due à l'arrivée des jeunes du "baby boom". (2). Mais cette lucidité n'est pas partagée par tous. Lorsque, au tout début des "événements", est soulevée au Conseil de Faculté la question d'éventuelles réformes, c'est une touchante unanimité : nous sommes bien, nous sommes parfaits, ne changeons rien à rien, et tout sera pour le mieux dans la meilleure des universités possibles. Cette unanimité n'est brisée que par trois voix... dont celle de M.B., qui fait alors figure sinon de révolutionnaire, du moins de manque de respect à l'égard de l'alma mater.
Quelques jours plus tard, tout a changé. A la proposition de réformes limitées et raisonnables, fait place ce que le général de Gaulle devait appeler la "chienlit". L'objectif marxiste et révolutionnaire s'affiche au grand jour et, plus encore, on assiste à une véritable hystérie collective : occupation et dégradation des locaux universitaires, substitution aux cours d'interminables et stériles "assemblées générales", débauches et désordres de toutes sortes. C'est ce que Maurice Boudot ne peut tolérer, et les "enragés" vont trouver en lui un de leurs adversaires les plus résolus. Dans le même temps, un bon nombre des mandarins qui, la veille encore, se livraient aux délices de l'autosatisfaction, vont s'effondrer lamentablement, les positions allant de l'admiration pour "notre admirable jeunesse" jusqu'à la lâcheté déguisée en sagesse ("faisons des concessions, cela va isoler les extrémistes et nous concilier la majorité des étudiants").
Cette attitude de démission n'est du reste pas une spécialité locale, comme Maurice Boudot le constate à l'occasion du concours d'agrégation. Nommé membre du jury en 1970 (il le restera les deux années suivantes), et participant, comme c'est l'usage, à la surveillance des épreuves à Paris, il lui faudra affronter la contestation d'une partie des candidats, qui refusent de composer, et empêchent les autres candidats de travailler dans la sérénité. Mais le Ministère, dans sa sollicitude pour ces chers petits, et au mépris des électeurs qui l'ont porté au pouvoir, organisera une session spéciale pour les candidats contestataires (qui ne vont pas, cependant, jusqu'à contester leur statut de fonctionnaire en cas de succès), au détriment manifeste de ceux qui ont accepté de composer. C'est là un échantillon entre cent du jeu de subversion, d'un côté, et de démission, de l'autre, auquel Maurice Boudot a tenté de s'opposer en vain, le plus souvent.
Si l'université de Bordeaux, comme toute la province, ne s'est jetée dans la bataille qu'après la capitale, elle connaîtra en revanche une très longue période de désordre. Bien sûr, ce désordre n'est ni constant, ni général: il y a des périodes où les enseignants enseignent et où les étudiants étudient. Mais le campus est le lieu d'affrontements très violents, état de choses favorisé par la faiblesse, puis la complicité, des présidents qui vont se succéder à la tête de ce qui est désormais l'université de Bordeaux III (en gros, l'ancienne faculté des lettres et des sciences humaines).
La période la plus violente, si l'on excepte la fin de l'année universitaire 67-68, n'est pas celle qui suit immédiatement, mais la période 77-78. Il y a à cela diverses raisons, dont la principale est la présidence de l'Université par Robert Escarpit, systématiquement favorable à la contestation. Comme professeur jugé "réactionnaire", voire "fasciste", comme directeur-adjoint, puis directeur de l'U.E.R. de philosophie, à partir de janvier 1977, M.B. est la cible d'attaques d'une rare violence : occupation des salles où il doit faire cours par des groupes menaçants, tracts et inscriptions injurieux et même jets de peinture et d’œufs sur sa personne et sur sa voiture. Il est conduit à porter plainte en justice ou à témoigner dans plusieurs affaires le concernant ou concernant certains de ses collègues. La période la plus troublée se situe en décembre 76 et janvier 77, où l'Université, où l'U.E.R. de philosophie en particulier, seront fermées à plusieurs reprises.
En sus de ses responsabilités d'enseignant et de directeur d'U.E.R., Maurice Boudot participe activement aux activités du Syndicat autonome, et il est élu à différentes instances nationales : Comité consultatif des universités, Comité du C.N.R.S...II ne néglige pourtant pas ses recherches personnelles : il organise un congrès sur le grand historien des sciences Pierre Duhem, il publie différents articles.
La situation devient enfin plus calme à Bordeaux III, qu'il quitte du reste à la fin de l'année scolaire 1979-1980; en effet, il a été élu à la prestigieuse Université de Paris IV, dans la chaire de philosophie des sciences et logique. Il pense y trouver, avec une atmosphère plus sereine, la possibilité de travailler davantage dans sa spécialité, le petit nombre d'enseignants dans les universités de province contraignant les professeurs à une plus grande polyvalence. Effectivement, il trouve bien ces avantages, et c'est à cette période qu'il se spécialise plus particulièrement en logique chronologique et en logique modale, spécialités très "pointues" qui ne donnent aucune chance d'être invité sur un plateau de télévision, mais qui lui vaudront de participer à différents colloques ou d'être invité dans des universités étrangères (comme celle de Malaga).
Mais le bruit et la fureur du monde vont le rattraper et l'arracher à nouveau à la pure spéculation. Avec l'arrivée au pouvoir de la coalition socialo-communiste, c'est d'abord la loi Savary, puis les menaces sur l'école libre. Bien que formé lui-même dans l'enseignement public, y ayant effectué toute sa carrière, ainsi que son épouse, Maurice Boudot est trop attaché à la liberté et trop conscient de ce qu'il faut entendre à ce moment par la "laïcité" pour rester sans réaction. Il recommence donc la lutte. Les conditions ne sont plus celles des années 68-78 : d'une part parce que ses propres conditions d'enseignement ne sont pas en cause - en un sens, il n'est pas personnellement concerné - et d'autre part parce qu'il a en face de lui un adversaire bien défini, ce qui constitue à certains égards une situation moralement plus acceptable que lorsqu'il avait le sentiment d'être "lâché" par ceux-là mêmes qui auraient dû soutenir son action, ou plutôt la rendre inutile, comme aux temps de la fameuse loi Edgar Faure. La lutte nouvelle prend différentes formes : depuis quelques années déjà il participe aux réunions et aux travaux du Club de l'Horloge; il est en relations avec l'UNl et avec les Cercles universitaires. Mais son engagement principal est la création d'Enseignement et Liberté, dont il assurera la présidence jusqu'en 2000. Il assumera en outre pendant plusieurs années la charge de directeur de l'U.F.R. de philosophie. Charges qui, ajoutées à son enseignement, lui laisseront trop peu de temps pour ses travaux personnels et l'empêcheront, notamment, de mener à bien l'ouvrage sur Leibniz qu'il projetait depuis plusieurs années, en collaboration avec sa femme, elle-même professeur de philosophie en khagne au lycée Fénelon.
Dès la fin des années 80, sa santé commence à se détériorer. Son état de fatigue semble d'abord lié à une sorte de dépression, elle-même mise sur le compte du désenchantement devant l'inutilité de la lutte et l'irrémédiable déclin de l'Université. Ce désenchantement est très réel - mais il n'explique pas tout. Vers 1995, l'insuffisance respiratoire dont il souffre depuis plusieurs années atteint un degré préoccupant. Il est contraint de prendre sa retraite à la fin de l'année scolaire 1996-97, alors qu'il pouvait rester en poste encore deux ans. L'automne 1999 voit une soudaine aggravation et, en décembre de la même année, il doit faire à l'hôpital le premier d'une longue série de séjours. Désormais sous alimentation permanente d'oxygène, il voit toutes ses fonctions vitales s'altérer. Depuis le début de 2001, il a perdu toute autonomie. Le 26 février 2003 il faut, une fois de plus, faire appel au SAMU. Hospitalisé au service de réanimation de l'hôpital Saint-Joseph, il meurt dans cet établissement au matin du 5 avril.
Il laisse une œuvre réduite, en partie parce qu'il a consacré beaucoup de temps et de forces à la défense de sa conception de l'enseignement, en partie parce qu'il a toujours refusé les facilités de la production d’œuvres capables de séduire, mais sans solidité. Elle consiste en articles, généralement très techniques, dont la plupart seront sans doute bientôt réunis en une publication.
Anne-Marie Boudot
(1) Les maîtres de conférences de cette époque ne sont pas les maîtres de conférences d’aujourd’hui (qu’on pourrait plutôt rapprocher de ce qu’étaient alors les assistants). Ils constituaient le premier niveau des professeurs. On pouvait être chargé d’une maîtrise de conférences avant d’avoir soutenu sa thèse, si elle était suffisamment avancée.
(2) On. peut se faire une idée de l'aveuglement – réel ou volontaire – des mandarins de l’époque grâce à l’anecdote suivante: quelqu'un ayant soulevé la question des débouchés pour les très nombreux étudiants en lettres, le Doyen a répondu : "Bah, i l y a beaucoup de filles, elles se marieront ! ". A la fin des années soixante, le fait sociologique du travail féminin n’était pas encore perçu par ceux-là même qui avaient pour mission la formation des jeunes !
Au nom de tous ceux qui sont attachés à Enseignement et Liberté, j'exprime ma très grande reconnaissance à Mme Boudot, pour avoir bien voulu nous donner les lignes que l'on vient de lire sur l'action de son mari, le professeur Maurice Boudot.
Dans le récit très instructif qu'elle fait des événements de mai 1968 à Bordeaux, on ne peut qu'admirer le courage qu’il eut de faire son devoir, alors que tant d’autres y avaient renoncé.
Mme Boudot a voulu nous laisser rappeler ce qu'a été l’action de son mari, en tant que fondateur et président pendant dix-sept ans d'Enseignement et Liberté. Je n'ai connu notre association qu'en 1996, lorsque le jury des Prix nous a fait l'honneur, à Bernard Kuntz et à moi, de nous récompenser pour le livre Les Déshérités du savoir que nous avions écrit ensemble. Ce jury m'ayant ensuite appelé à siéger en son sein, j'eus ainsi l'occasion de rencontrer M. Boudot et d'admirer le talent qui était le sien de présenter clairement les questions complexes.
Aussi lorsque, il y a trois ans, devant abandonner la présidence d'Enseignement et Liberté pour des raisons de santé, il m'a demandé de lui succéder, j'ai pu accepter en ayant une idée nette du rôle qu'avait joué notre association et de celui qu'elle pourrait continuer à jouer.
Je me suis dès lors attaché à connaître une histoire, déjà longue, puisque Enseignement et Liberté est né en 1983, en réaction au projet de grand service public, unifié et laïque de M. Savary. La mémoire de l'association, entretenue par ses adhérents et par l'organisation réduite qu'avait su mettre en place M. Boudot nous permet aujourd'hui de rappeler les conditions dans lesquelles il l'a créée et la façon dont il l'a développée et maintenue sur une durée peu courante pour une organisation née pour parer à un danger immédiat.
Alors qu'en 1968 il avait été amené, sans l'avoir voulu, par les événements à défendre courageusement le droit d'enseigner, rien ne le destinait particulièrement à s'engager dans le débat de 1983. S'il l'a fait, et le manifeste qu'il a publié à cette époque le dit très clairement, c'est parce qu'il estimait qu'avec la liberté d'enseignement, telle qu'on la comprend dans notre pays, à travers le dualisme public/privé, c'étaient aussi les libertés de l'enseignement qui étaient en cause.
De quoi s'agissait-il ? Tout simplement de faire la preuve que la liberté d'enseignement ne pouvait pas se limiter à un simple objet de négociations entre états-majors, mais qu’elle concernait chacun de nous.
Maurice Boudot a créé Enseignement et Liberté avec quelques associés et les quelque milliers de francs qu’ils avaient apportés. À partir de cette base de départ modeste, il a édifié une association réunissant,
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Après avoir participé aux manifestations de 1984, Enseignement et Liberté a organisé des colloques, en 1985 avec M. Alain Peyrefitte, en 1989 avec M. Jean Foyer et, depuis 1990, attribue tous les deux ans des prix à des auteurs de livres ou de travaux consacrés à la liberté d'enseignement.
Maurice Boudot a souhaité que ces prix soient remis à leurs bénéficiaires dans le cadre prestigieux du palais du Luxembourg, lors d’une journée placée sous le haut patronage du président du Sénat et au cours de laquelle des débats permettent de traiter, avec des invités français et étrangers, de questions telles que la réforme des lycées, l’avenir des grandes écoles ou le financement de l’éducation.
Ces manifestations auraient pu valoir à notre association et à son président un rôle confortable et flatteur dans le concert de ceux qui, devant la dégradation du rayonnement culturel de la France, de la qualité de notre langue et de la faculté de raisonnement des jeunes générations, se contentent de penser " ces événements nous dépassent, feignons de les avoir organisés ".
Bien au contraire il a, en toute indépendance et avec le soutien du conseil d’administration et des adhérents, porté au fil des jours un regard dont le recul nous permet d’apprécier la clairvoyance, tant sur la politique de l’enseignement que sur les rapports entre le public et le privé. En témoignent parfaitement les analyses qu’il a publiées dans notre Lettre trimestrielle, du numéro 1, de septembre 1983 dans lequel il prévoyait que la mobilisation de l’opinion publique ferait échouer le projet Savary, au numéro 69 de septembre 2000, où il faisait le bilan de l’action de M. Allègre.
Cette chronique de vingt ans de lutte pour la liberté et la qualité de l’enseignement reste aujourd’hui précieuse pour ceux qui cherchent à comprendre comment ont pu se créer des situations aussi intolérables que celles de l’illettrisme ou de la violence à l’école par exemple.
C’est pourquoi je suis heureux que notre Conseil ait souhaité la publication en un recueil de ces textes, estimant à juste titre que leur présence sur notre site Internet ne suffit pas à leur pleine utilisation pour la défense de nos idées.
La publication de cet ouvrage sera la meilleure façon de rendre hommage à son action et de la continuer.
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