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ACTUALITÉ
Paris, novembre 2012
Madame, Monsieur et chers amis,
Six mois après l'élection de M. Hollande, on ne sait encore rien de précis sur la place qu'il compte accorder à l'enseignement libre pendant son quinquennat.
Les créations de postes de professeurs et de surveillants annoncées par M. Peillon ne sont accompagnées d'aucune indication sur le nombre de ceux qui pourraient être attribués à l'enseignement privé sous contrat, à plus de 90% catholique.
Le droit d'exister des écoles privées hors contrat est protégé par le droit européen des droits de l'homme, comme vient de le confirmer récemment la résolution 1904 de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Ces écoles sont aussi « à l'abri » d'un rationnement des postes, puisqu'elles assurent intégralement la rémunération des professeurs, mais elles restent à la merci de modifications règlementaires qui entraveraient leur fonctionnement.
Cependant, l'école privée, est exposée, et c'est sans doute le pire, à devoir renoncer à ce que l'on appelle son caractère propre, pour s'aligner sur les orientations du ministère de l'Education nationale. Ce serait alors la fin de ce qui est l'essentiel de sa mission : conduire les enfants jusqu'à l'adolescence, pour qu'ils puissent ensuite assurer leurs responsabilités d'adultes avec l'esprit de liberté, d'universalité et d'humanité qui caractérise notre héritage culturel et religieux.
Parmi ces orientations dangereuses, je citerai ici, en priorité :
La lutte contre les méthodes pédagogiques actuelles, en commençant par celles d'enseignement de la lecture, fait partie de nos actions permanentes. Je n'en parlerai pas dans ce courrier, préférant, en raison de leur actualité, m'attacher aux deux autres points, plus actuels et préoccupants me semble-t-il.
L'étalage des préférences sexuelles à l'école?
Mme
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, a présenté en Conseil des ministres, le 31 octobre, un plan de lutte interministériel contre l'homophobie, en affichant l'ambition de placer la France « en tête du combat pour les droits des personnes LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) ». On aurait préféré un vrai plan contre l'illettrisme!
Afin de lutter contre l'homophobie en milieu scolaire, les directeurs d'établissement seront incités à recevoir les associations agréées pour sensibiliser les élèves. Gageons que ces associations auront à cœur de se conformer à la directive donnée par Vincent Peillon dans Le Journal du Dimanche du 2 septembre : « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix.» Nous pensons, quant à nous, qu'il revient aux parents, et à eux seuls, de préparer leurs enfants à aborder des questions qui ne relèveront que de leur vie privée d'adultes !
En s'exprimant comme il l'a fait, Vincent Peillon se montre le digne héritier de Ferdinand Buisson, principal collaborateur de Jules Ferry, qui écrivait qu'il fallait « opposer à l’évangile de la superstition l’évangile de la science et de la conscience »; il se montre aussi l'héritier de Rabaut-Saint-Etienne qui, dans un projet présenté en décembre 1792 à la Convention, affirmait que : « L'enfant qui n'est pas né appartient déjà à la patrie. »
A cette volonté, d'essence totalitaire, de soustraire l'enfant à ses parents nous devons préférer la sagesse de Condorcet qui, à la même époque que Rabaut, voulait limiter l’intervention de l’État à la seule instruction, c’est-à-dire à la communication des connaissances. Aller au-delà, prétendre éduquer, c’est d’abord « outrager les droits des parents », écrivait-il, ajoutant que si les préjugés que l’on prend dans l’éducation domestique trouvent « leur remède » dans une « sage instruction qui répand les lumières », « ceux donnés par la puissance publique sont une véritable tyrannie ».
Décidément, Condorcet n'aurait pas approuvé le plan de lutte interministériel contre l'homophobie de Mme Vallaud-Belkacem !
La violence à l'école
Les agressions physiques, depuis la rentrée scolaire, de professeurs, à Bordeaux, à Poitiers et ailleurs, par des élèves ou des parents d'élèves sont, comme chacun a pu s'en rendre compte, en progression.
La création, toute récente d'une « Délégation ministérielle chargée de la lutte contre la violence scolaire » et la nomination d'un « Délégué chargé de la prévention et la lutte contre les violences scolaires » prouvent bien qu'il y a des raisons de s'inquiéter !
Le Professeur Eric Desbarbieux, nommé délégué, vient de présenter les résultats d'une enquête sur le climat et la violence scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires L'école entre bonheur et ras-le-bol; il en ressort que dans les Zones d'Education Prioritaires, 48 % des enseignants et autres membres du personnel « perçoivent » une violence très fréquente ou assez fréquente, contre 18% dans les zones non prioritaires.
Au vu de ces résultats, M. Desbarbieux a conclu que « La situation n'est pas explosive dans le primaire » ! Explosive ou pas, la situation n'en fait pas moins paraître une grande différence entre la situation des ZEP et celle des zones que l'on pourrait, peut-être, qualifier de « normales ». Cet écart, qui s'explique dans certains cas par les conditions de vie des intéressés, traduit dans d'autres cas un rejet des coutumes et des mœurs de notre pays.
Confronté, en tant que responsable des cultes, à une situation similaire, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, avait averti, en inaugurant la grande mosquée de Strasbourg : « La République sera intransigeante avec ceux qui entendent la contester et je n'hésiterai pas à faire expulser ceux qui se réclament de l'islam et représentent une menace grave pour l'ordre public et qui, étrangers dans notre pays, ne respectent pas nos lois et nos valeurs. »
En expulsant effectivement un iman tunisien le 31 octobre, à l'issue d'une procédure engagée par son prédécesseur, Claude Guéant, le ministre a prouvé qu'il n'avait pas parlé en l'air.
Ses propos sonnent comme un écho de ceux à Jules Payot (1859-1939), professeur de Sociologie en Sorbonne, qui écrivait « Dans une République, il n’y a pas de profession plus belle et plus noble que celle d’instituteur. C’est pourquoi il n’y a pas pour un enfant de faute plus grave que de se conduire mal avec son instituteur. »
Alors que le Parlement vient de renoncer à sanctionner les manquements à l'obligation scolaire, la mesure courageuse prise par M. Valls ne devrait-elle pas être étendue, en retirant leur carte de séjour en France, à ceux qui en bénéficient, quand eux-mêmes ou leurs enfants se livrent à des agressions contre des maîtres ?
Agissons ensemble
Notre association est dans on rôle, en rappelant, après Condorcet, que ce sont les parents –et non l'école - qui sont les premiers responsables de l'éducation de leurs enfants.
C'est cette responsabilité qui fonde leur droit au choix de l'école.
La défense de cette liberté s'exerce aujourd'hui dans une situation politique qui n'est pas favorable. Elle présente cependant des différences avec celle d'il y a trente ans, après l'élection de François Mitterrand. Ces différences sont dues au contexte européen actuel, peu compatible avec un monopole étatique de l'enseignement, et à la situation financière de notre pays, l'école publique coûtant plus cher que l'école privée.
Les défenseurs de la liberté d'enseignement doivent cependant manifester leur vigilance, pour maintenir vivace dans la mémoire de ses adversaires, le souvenir de la mobilisation de 1984.
Une contrepartie du droit au choix de l'école est le devoir de respecter et de faire respecter les maîtres et l'institution qu'ils servent. Nous pouvons donc reprendre à notre compte le propos de M. Valls, disant « La République sera intransigeante avec ceux qui entendent la contester et je n'hésiterai pas à faire expulser ceux qui se réclament de l'islam et représentent une menace grave pour l'ordre public et qui, étrangers dans notre pays, ne respectent pas nos lois et nos valeurs."
Comptant sur votre concours, je vous invite avec instance à signer la lettre ci-jointe que nous lui transmettrons.
Le déclin de la formation de notre jeunesse n'est pas une fatalité : seuls le silence et la résignation sont coupables. N'hésitez pas à nous faire part de vos remarques et de vos propositions.
Je vous prie de croire, Madame, Monsieur et chers amis, à mes sentiments dévoués.
Le Président
P.S. : les destinataires de ce courrier sont :
Principes
L’association Enseignement et Liberté a été créée en 1983, à l’initiative de Maurice Boudot, professeur de philosophie à Paris IV Sorbonne et de Jacques de Saint-Chamas, président de la Fédération de Paris des associations de parents d’élèves de l’Enseignement libre.
Toute personne souhaitant soutenir notre action peut le faire en en devenant, à son choix, adhérent ou donateur. Les adhérents sont membres de droit de l’Assemblée générale et peuvent être candidats aux fonctions d’administrateur. Les donateurs sont invités aux réunions organisées par l’association.
Les comptes sont établis par un expert comptable indépendant. Ils sont soumis à l’approbation de l’assemblée générale et communiqués aux adhérents ou donateurs qui le demandent. Les statuts peuvent être consultés sur notre site Internet ou adressés par la poste à qui en fait la demande.
Le président et les administrateurs de l’association ne tirent aucune contrepartie financière, directe ou indirecte, pour eux-mêmes ou pour des membres de leur famille, de leurs fonctions. Ils n’ont aucun lien avec les fournisseurs et prestataires auxquels fait appel l’association.
Enseignement et Liberté n'a pas pour objet la collecte de fonds et ne cherche pas à réaliser des profits. Nous avons pour habitude de ne pas écrire plus de trois fois par an à nos correspondants, ceux qui souhaitent être plus souvent informés pouvant recevoir notre Lettre trimestrielle gratuitement, par Internet ou par la poste.
Actions
Diffusion en 1983/1984 d'un million d'exemplaires d'un manifeste en faveur de la liberté d'enseignement et des libertés dans l'enseignement, approuvé par quarante-six membres de l'Institut de France.
Attribution, entre 1990 et 2002, de dix-huit prix à des auteurs d'ouvrages ou d'articles sur notre système scolaire et d’une bourse pour un manuel de biologie.
Publication sans interruption depuis septembre 1983 d'une Lettre trimestrielle.
Organisation d'une quinzaine de colloques, dont certains en collaboration avec l'OIDEL (Organisation internationale de défense de la liberté d'enseignement)
Le site internet a reçu plus de 100 000 visiteurs en 2011. On y trouve les 117 numéros parus de la Lettre trimestrielle et des dossiers dont, en particulier, celui sur l'apprentissage de la lecture.
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