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RÉPONSE À UN QUESTIONNAIRE SUR L’ÉDUCATION NATIONALE
QUESTIONNAIRE SUR L’ÉDUCATION NATIONALE Finalités et missions RÉPONSE D’ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ RÉPONSE À UN QUESTIONNAIRE SUR L’ÉDUCATION NATIONALE Ce questionnaire a été élaboré en 1999 par le Groupe d’Études « Éducation » constitué au sein du Rassemblement pour la République et présidé par M. Gérard Larcher, Vice-Président du Sénat et alors Secrétaire national du RPR pour les questions d’éducation. La réponse d’Enseignement et Liberté a été rédigée par le Professeur Maurice Boudot, son président à l’époque. Les travaux du Groupe d’Études ont abouti à un rapport et à des propositions publiés en octobre 2000. QUESTIONNAIRE SUR L’ÉDUCATION NATIONALE 1 – Selon vous, quelle est la finalité principale de l'École ? Quels objectifs, dans l'ordre des savoirs, sont à atteindre, à l'école primaire, au collège, au lycée ? Quelles fonctions sociale, culturelle, économique, citoyenne, voire politique, l'École doit-elle remplir ? Quels types d'hommes et de femmes doit-elle construire ? 2 – L'École, pour remplir ses missions et afficher sa cohésion, doit s'appuyer sur des valeurs partagées par tous les membres de la communauté scolaire (jeunes et adultes). Quelles sont celles qui vous paraissent les plus fondamentales ? Quelle justification et quel poids accordez-vous à chacune d'elles ? 3 – Actuellement, les missions assignées à l'École sont : l'instruction, l'éducation et la formation professionnelle. Quel ordre de priorité y mettez-vous ? Quelle devrait être, dans chacun des cas, la part de l'École ? Et l'enseignant doit-il uniquement transmettre des connaissances ? 4 – L'école maternelle doit-elle privilégier l'accueil et la socialisation des enfants, ou mettre davantage l'accent sur des acquisitions plus scolaires ? 5 – Il est souvent dit que le collège constitue le « maillon faible » du système éducatif. On déplore notamment une très insuffisante maîtrise de la lecture chez un nombre élevé d'élèves à l'entrée en sixième (de 20 à 50 % selon les sources). Pensez-vous que l'école primaire ait une part de responsabilité dans cet état de fait ? Pour quelles raisons ? Quelles solutions proposeriez-vous pour y remédier ? 6 – Quelles sont vos réflexions relatives à la carte scolaire, c'est-à-dire aux secteurs d'affectation obligatoire des élèves, en particulier quant à ses principes d'organisation, et à ses rapports avec l'équité sociale ? 7 – La décentralisation matérielle et financière des lycées et collèges (création des E.P.L.E.), mise en application le 1er janvier 1986, a produit, chacun le reconnaît, des effets très largement positifs. Ne serait-il pas envisageable, sous certaines limites et à certaines conditions (s'agissant notamment du maintien du statut national des personnels), compte tenu de la difficulté croissante de l'État à remplir toutes ses missions et à mettre en œuvre les réformes indispensables, de réaliser une décentralisation modérée et maîtrisée dans l'ordre pédagogique ? Autrement dit, une part de décentralisation pédagogique est-elle justifiée ? Est-elle nécessaire ? Est-elle concevable ? Est-elle réalisable ? 8 – École, économie, emploi : comment concevez-vous la question de la nécessité de l'adaptation permanente des formations ? Quels rôles doivent jouer respectivement l'École d'État, les compagnies consulaires, les entreprises, les collectivités locales, dans l'enseignement technologique et professionnel ? L'alternance actuelle vous paraît-elle satisfaisante ? Si non, comment l'améliorer ? 9 – Pensez-vous qu'il faille, dès le collège, déceler les goûts, aptitudes et acquis des élèves de manière à leur proposer un parcours scolaire adapté n'excluant pas, a priori, l'accès à une voie de type technologique ou professionnel ? C – Organisation des enseignements 10 – Quels doivent être les objectifs d'une formation réussie (initiale et continue), c'est-à-dire complète et adaptée aux conditions modernes d'enseignement, des enseignants du primaire et du secondaire ? Quels moyens ? Quelle mise en œuvre ? 11 – Il est nécessaire d'adapter en permanence les programmes à l'accélération des connaissances et des technologies. Comment y procéder en conservant sa cohérence et sa qualité à l'apprentissage, en développant éventuellement le travail en équipe et l'interdisciplinarité ? 12 – Une autonomie pédagogique et éducative plus importante et réelle des lycées et collèges est réclamée de divers côtés, en vue d'une meilleure gestion des situations et ressources locales. Est-elle réalisable, et conciliable avec un système unifié, voire centralisé ? Si oui, dans quels domaines et à quelles conditions ? 13 – Quels types de partenariats, selon les niveaux d'enseignement, l'École peut-elle promouvoir pour donner plus de sens aux apprentissages et permettre une insertion harmonieuse de l'élève dans la société et la vie professionnelle ? 14 – Le fonctionnement par « cycles pédagogiques », à tous niveaux, vous paraît-il donner satisfaction ? Pour quelles raisons ? 15 – Certains pays pratiquent assez largement le tutorat pédagogique, – un maître ayant en responsabilité quelques élèves. Approuveriez-vous l'introduction de cette pratique dans notre propre système ? Pour quelles raisons ? Et si oui, pour quels niveaux d'enseignement, et selon quelles modalités ? 16 – Un représentant syndical, commentant le récent « rapport Dubet » sur le collège, estime nécessaire d'« introduire la diversité pédagogique en conservant l'égalité républicaine ». On parle à présent d'« utopie du collège unique » institué en 1975, et (« Le Monde » du 19.5.99) « le collège homogène, sans filières, sans différenciation, paraît aujourd'hui un objectif trop difficile à atteindre, notamment aux yeux des professeurs ». Quelles sont vos conceptions à ce sujet ? 17 – Les collégiens doivent-ils tous recevoir le même enseignement, ou celui-ci doit-il être diversifié pour tenir compte des aptitudes et des goûts de chacun ? Quels modes de regroupement des élèves, quels types de parcours scolaires (classes à dominante, parcours diversifiés, classes à projet, etc.), quels moyens pédagogiques seraient de nature à renforcer la motivation des élèves et leur réussite ? 18 – Quelle autorité dans l'École d'aujourd'hui et de demain ? Le maître, le parent, le directeur, le chef d'établissement... 19 – Quel sont les principes fondamentaux qui doivent présider à la conception et à la mise en œuvre de rythmes scolaires (l'aménagement du temps sur la journée de travail, la semaine, l'année) adaptés aux capacités des élèves, à leur besoin d'équilibre, et qui soient de nature à leur rendre les études plus attractives et plus fécondes ? 20 – L'indiscipline, le désordre, la peur, la violence, la délinquance. Quelles en sont les causes profondes selon vous ? Les véritables effets – scolaires, sociaux, moraux, politiques – ? Quels seraient les remèdes à cette situation ? 21 – Les procédures disciplinaires actuellement en vigueur dans les lycées et collèges (notamment, décrets des 30.8.85 et 18.12.85) vous paraissent-elles satisfaisantes ? Pour quelles raisons ? Quelles modifications principales faudrait-il éventuellement, selon vous, y apporter ? 22 – Les élèves, et au premier chef les lycéens, lorsqu'ils sont interrogés, expriment souvent les besoins suivants : poursuivre leurs études (au sens desquelles ils veulent contribuer) dans de bonnes conditions de calme et de sécurité ; pouvoir intervenir dans leur orientation ; bénéficier d'un bon encadrement par les adultes, en qualité et en quantité ; être entendus et respectés par tous les adultes de la communauté scolaire. Par ailleurs, des initiatives ont été récemment prises touchant à la vie scolaire : droits et obligations des élèves, conseils de la vie lycéenne, éducation à la citoyenneté... Quelles analyses vous inspirent ces données ? 23 – Quelles sont, selon vous, les causes majeures de l'échec scolaire ? Quelles décisions à court et moyen termes faudrait-il prendre pour le réduire significativement ? 24 – Les réseaux et zones d'éducation prioritaire visent à apporter, dans l'ordre des moyens pédagogiques et éducatifs, des compensations à des disparités d'ordre socio-économique (avec leurs incidences sur le niveau de réussite des élèves), entre secteurs géographiques, et entre établissements scolaires. Mais le stade qu'ont atteint ces disparités ces dernières décennies ne relègue-t-il pas dans l'ordre de la fiction la notion d'enseignement commun à tous, et ce au détriment des plus défavorisés, dont les vraies difficultés ne sont même plus reconnues, et restent occultées ? 25 – Par quels moyens l'Ecole peut-elle lutter contre les exclusions, socio-économiques notamment ? Comment aider, que faire des enfants non scolarisables, à titre momentané ou définitif, de tous niveaux et de tous âges ? 26 – La reconnaissance de leur rôle social et la considération dont ils font l'objet constituent des fondements majeurs de l'autorité des enseignants. Elles sont plus ou moins contestées, malmenées, à l'heure actuelle. Que faire pour les restaurer ? 27 – Le mérite professionnel du maître doit-il être mieux pris en compte dans le déroulement de sa carrière ? D'une manière plus générale, la gestion des carrières des enseignants est-elle satisfaisante ? 28 – Quelle place devraient tenir les parents dans le suivi de la progression pédagogique de leur enfant ? Dans la vie de la classe ? De l'établissement ? Faut-il accorder aux parents (comme c'est en partie le cas actuellement) un pouvoir décisionnel en matière de passage de classe ? H – Organisation et moyens du système 29 – Etes-vous en accord avec l'opinion selon laquelle l'organisation et le fonctionnement de notre système éducatif – administration, gestion, orientation, offre des options, examens, etc. – sont beaucoup trop lourds et compliqués, voire ingérables, en tout cas illisibles à ses usagers ? S'il y a un effort important de simplification à réaliser dans ce sens, sur quelles parties doit-il d'abord porter, et par quels moyens ? 30 – Quels sont selon vous les deux ou trois problèmes ou dysfonctionnements essentiels de l'École auxquels il est urgent d'apporter une solution ? 31 – Le rapport de la commission sénatoriale qui vient d'être publié, sur la gestion financière de l'Education nationale, relève que le budget (d'Etat) de celle-ci a progressé de 32,5 % en 10 ans (113 milliards de francs sur les 348 du budget en cours), et que la croissance de la dépense intérieure d'éducation (Etat, collectivités, entreprises et familles) est sensiblement supérieure à celle de la richesse nationale. Quelles sont vos réactions et vos réflexions sur ce sujet, s'agissant notamment de l'avenir de l'Education nationale ? 32 – Que pensez-vous de la coexistence actuelle de l'enseignement public et de l'enseignement privé ? L'affirmation selon laquelle l'« enseignement privé bénéficie d'une souplesse de gestion que ne connaît pas l'enseignement public » est-elle fondée selon vous ? Quels sont vos commentaires ? 33 – Indiquer deux ou trois propositions déterminantes de nature selon vous à améliorer sensiblement le fonctionnement du système éducatif. Juin 1999 RÉPONSE D’ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ 1-il me semble que cette question doit être traitée en même temps que la question 3. Je m'étonne de voir utiliser dans la formulation de 1 l’adjectif «citoyen » que les socialistes ont mis à la mode. Que signifie cette adhésion à leur vocabulaire ? Quant au terme «politique », qualifiant une fonction de l'école, qu'est-ce à dire ? Que devient la fameuse «neutralité» surtout quand on est prêt à demander quel type d'homme l'école doit construire ? Est-ce avoir mauvais esprit que de s'interroger et de penser que ce sont les régimes autoritaires, voire totalitaires, qui donnent comme fonction à l'Etat et donc à son école de participer à la formation d'un homme nouveau ! 3 - j’en viens à la troisième question relative aux missions de l'école. Il me semble aller de soi que la priorité doit être accordée à l'instruction. Lire, écrire, compter, c'est selon la formule qui remonte à Jules Ferry les acquis qui devraient être ceux de l'école primaire, fonction qu'elle remplit bien mal aujourd'hui, puisque les estimations les plus optimistes recensent vingt pour cent d'illettrés (qui ne peuvent lire sans ânonner à l'entrée au collège) ! Juste après, l'éducation réduite à l'inculcation des règles de la «civilité», dont on découvre le contenu aujourd'hui, où l’on baptise «incivilités», terme inusité il y a quelques années, toutes les conduites quasi délictueuses. Mais il n'y a pas lieu, au nom de l'impérieuse nécessité de civiliser, de subordonner à cette exigence l’instruction, ni d’étendre abusivement l’éducation à un vague cours de philosophie politique fondée sur un humanisme mondialiste. Je ne dirai pas que l'enseignement doit uniquement transmettre des connaissances, mais que sa priorité et son but ultime doivent être cette transmission. Quant à la formation (ou à l'insertion professionnelle) s’il va sans dire qu'elle ne doit aucunement être négligée et qu'elle devrait être un souci majeur dans certains secteurs de l'enseignement, il n'y a que des inconvénients à en faire le but exclusif de l'école. Dans une lettre à l'Académie des sciences morales et politiques, M. d'Espagnat - qui est l’un de nos plus éminents spécialistes de physique atomique - fait une remarque originale et pertinente : «L'une des causes majeures des difficultés actuelles est la réduction de l'école à une fonction de préparation à l'insertion professionnelle. L'école, dans sa spécificité, est le lieu de production de savoir, de compétences cognitives, de compréhension du sens de la vie(... )le lieu de découvrir le plaisir d'apprendre(…)le tout professionnel a peu à peu occulté tout ceci(...) et cela à une époque où cette insertion professionnelle apparaît comme de plus en plus incertaine, de sorte que les efforts demandés aux jeunes leur paraissent de plus en plus vains» ; d'autre part «cette fonction formatrice doit être opérante à l'égard de tous les élèves, inconciliable (donc) avec toute idée de sélection». Elle impose de plus exclusivement une émulation qui privilégie l’efficience, voire les individus «agressifs»... (in Dupâquier, La Violence en milieu scolaire, pp. 80-81). Il est donc indispensable pour diverses raisons, de remettre l'objectif de formation professionnelle à sa place qui ne peut être que subordonnée, ce qui ne veut aucunement dire négligeable. 2 - les valeurs communes à l'ensemble de la communauté scolaire (jeunes et adultes) ne peuvent être que des valeurs mises en œuvre dans la vie scolaire. Les plus essentielles sont celles qui reconnaissent aux adultes compétents le droit de juger les résultats des jeunes et qui, en définitive, légitiment le système méritocratique. On a noté que «le principe méritocratique, reconnu légitime malgré ses limites, fondait un modèle d'ordre et de justice»(in Dupâquier, op. cit. p. 77). C'est l'effondrement de ce modèle qui est l'origine de l'échec de l'école. 4 - l'école maternelle est, dans le cycle élémentaire, le secteur qui fonctionne le mieux. Je ne vois pas de raison pour lui demander d'anticiper sur la formation qui doit lui succéder pour «scolariser» de façon anticipée.
5 - je considère que la question concerne non le collège, mais l'école primaire qui le précède. Bien entendu c'est à ce stade que se situent les responsabilités du niveau très insuffisant de maîtrise de la lecture. Les causes de cette situation sont multiples. On signalera simplement parmi elles : le rejet des méthodes traditionnelles d'apprentissage accusées (à tort) d'être fondées exclusivement sur la mémoire au profit de techniques mal éprouvées, et mal maîtrisées par ceux qui les appliquent, le rejet de toute émulation et le refus de la sélection, le discrédit dont souffre à l'intérieur même de l'école le succès scolaire au sens traditionnel. J'ajouterai la désinvolture de certains maîtres ! Ce qui est certain, c'est que c’est l’école primaire qui, la première, a perdu ses repères. - 6 - la carte scolaire avec la rigidité dans son application est d'une consternante absurdité. Elle revient à imposer à des élèves qui appartiennent souvent à des milieux défavorisés la fréquentation d'écoles et de collèges qui ne leur offrent aucune possibilité d'épanouissement. Néanmoins, au nom d'un égalitarisme de principe, la majorité des enseignants de collège l'approuveraient (selon le rapport Dubet, p. 115). C'est un exemple criant des conséquences d'un dogmatisme répandu chez les «intellectuels». 7 - je ne vois pas l'intérêt de cette décentralisation dans l'ordre pédagogique. Le parallèle avec la décentralisation matérielle et financière dont les effets sont globalement positifs me semble trompeur. (En réponse à la question 12, je ne vois pas en quoi une plus grande autonomie pédagogique permettrait de mieux utiliser les ressources locales). 9 - je ne vois pas quelle raison s'opposerait à ce qu'on décèle et développe les goûts et aptitudes des élèves aussi tôt que possible et qu'on leur prépare éventuellement l'accès à une voie technologique. Pourquoi redouter tellement ce qui peut évoquer une orientation et une sélection toujours tenues pour «trop précoces» où qu'elles se situent ? Il faut regretter qu'enseignement technique ou professionnel soient fréquemment dévalorisés. 11 - l'adaptation des programmes à l'accélération des technologies (plus encore que des connaissances) dans la mesure où leur progrès n’est pas régi exclusivement par un ordre rationnel est une tâche impérieuse, mais délicate. L'appel au travail par équipe ou à l'interdisciplinarité n'apporte aucune réponse précise. Toutefois je n'ai pas de solution plus précise à préconiser. Je me contenterai de dire que ce sont les exigences professionnelles qui déterminent, dans un certain secteur, ce qui doit être appris. 14 - l'organisation par cycles pédagogiques n'est pas, notons-le, une innovation mais la généralisation d'un principe qui fut appliqué systématiquement dans l'enseignement primaire. Il n'y a pas lieu de condamner ce mode de fonctionnement. Mais on peut regretter le passage automatique d'une classe à l'autre à l'intérieur d’un cycle : le refus absolu de tout redoublement est difficile à justifier. De plus, on peut discuter de l'opportunité de certains choix : quatrième et troisième est-ce vraiment des classes de même cycle ? Mais de telles questions n'ont rien d'essentiel. 15 - il sera difficile d'instaurer ce tutorat sans réaction négative d'une bonne partie du corps enseignant et le système serait financièrement coûteux. Le jeu en vaut-il la chandelle ? 16 et 17 - notons d'abord que la légalité républicaine - ou l'élitisme républicain cher à M. Chevènement - n'a jamais exclu la diversification des voies selon les goûts et les aptitudes de chacun. Le collège unique, tel qu'il fut institué «sans filières ni différenciation», est une entreprise délibérée de nivellement des performances (dont on prétend qu'elles sont toutes la résultante des inégalités sociales), avec comme résultat manifeste la chute de niveau et la violence en milieu scolaire. Une proportion importante des enseignants de collège est d'avis que le collège unique est hors d'atteinte et que des aménagements au principe des classes totalement hétérogènes sont utiles pour tenir compte de la diversité des élèves. Mais seule une minorité de «rétrogrades» (guère plus du quart des réponses au questionnaire Dubet), traitée d'ailleurs avec un certain mépris par M. Dubet, en conclut nettement au rejet du collège unique. Certains professeurs de collège pensent même que c'est parce qu'on n’est pas allé assez loin sur la voie du collège unique qu'on a échoué ! Il ne faut donc pas se leurrer : revenir sur le projet pernicieux du collège unique se heurtera à la vive opposition d'une partie du corps enseignant, qui ont pu éprouver ses défauts mais n'arrivent pas à rompre avec toute une idéologie. Quant aux méthodes de diversification de l'enseignement, toutes sont bonnes à utiliser et il n'y a lieu d'exclure aucune de celles qui sont évoquées dans la question 17. 20 - les causes de la violence scolaire sont en partie endogènes et la crise économique n'a qu'un rôle subordonné. J'ai évoqué (sub 1 et 2) quelques-unes de ces causes. Ajoutons de plus le laxisme généralisé. 21 - les procédures disciplinaires sont lourdes, inutilement formalistes et trop soucieuses de défendre les élèves, aussi perturbateurs soient-ils. Je ne crois pas qu'on s'oriente vers une plus grande sévérité, qui serait pourtant nécessaire, quand on voit M. Dubet rappeler qu'aucune décision d'exclusion ne doit être prise sans qu'une solution de scolarisation soit prévue pour l'élève concerné. Autrement dit, jusqu'à seize ans quoi qu'on fasse, on est certain de ne pas être exclu du système scolaire ! Cette garantie d'impunité est insupportable. 24 - manifestement, l’éducation nationale n'est plus un système égalitaire, mais est régie par des mécanismes de discrimination compensatrice. L'enseignement commun à tous est en partie illusoire. Il est à regretter que ces principes aient été sournoisement introduits et même si on reconnaît leur légitimité, il est peu tolérable que pratiquement les seuls handicaps qui donnent lieu à des compensations soient de nature socio-économique. Seule une doctrine marxiste des déterminismes sociaux pourrait justifier cette préférence. 27 - oui, le mérite professionnel du maître devrait être mieux pris en compte ; toutefois le problème délicat est celui des moyens de l’estimer. 28 - on ne peut confier à d'autres personnes qu'aux enseignants, ici seuls compétents, un pouvoir en matière de passage de classe. La situation actuelle avec la multiplication des procédures d'appel, qui développent l'esprit de chicane, est déjà déplorable. 33 - il faut créer des filières spéciales pour les élèves qui n'ont pas le niveau requis à l'entrée au collège (par exemple qui ne lisent pas couramment), étant entendu que vraisemblablement seule une petite partie d'entre eux combleront leurs insuffisances et intégreront le cycle normal.
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