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Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
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Questions crucialesLettre N° 32 - 2ème trimestre 1991
UNE BOURSE, POURQUOI FAIRE ? Il pourrait sembler superflu et même inapproprié d’instituer une bourse visant à proposer des manuels de biologie aux élèves de l’enseignement secondaire, tant est importante la production des éditeurs spécialisés en ce domaine de l’exploitation des programmes pédagogiques. L’impérialisme doctrinal et théorique qu’exercent à travers ces ouvrages certaines écoles de pensée peut expliquer qu’un certain malaise puisse naître de la présentation orientée et tendancieuse à des consciences neuves et mal protégées de certaines applications de la science dans le cadre de la biologie humaine. Qu’il s’agisse de l’exploitation de la génétique ou de l’usage de substances hormonales de synthèse, elles traduisent trop souvent la contrainte d’une vision ou d’une interprétation absolutiste et univoque des phénomènes ; elles se substituent arbitrairement à un processus d’analyses et d’examens comparés rigoureux et soucieux d’objectivité qui devrait apporter à l’élève toutes les ressources d’une détermination personnelle et d’un libre choix d’option fondé sur des arguments scientifiques indiscutables et sur une conception personnelle de la morale. L’exécution des programmes pourrait être assurée dans un total respect des consciences. N’importe-t-il pas alors que de tels ouvrages puissent être offerts au libre arbitre des familles ? Telle est l’intention qui nous anime en proposant à celles-ci des documents de référence et de qualité réalisés par les meilleurs et couronnés pour leur valeur scientifique et leur objectivité dans la prospective de la dimension humaine qu’ils peuvent apporter à l’enjeu de la formation des hommes. Recteur P. MAGNIN M. Jean CAZENEUVE, Président du Jury de nos Prix, vient de publier aux Éditions PERRIN le livre "ET SI PLUS RIEN N’ETAIT SACRÉ". Il est rare qu’un ethnologue et sociologue spécialiste (notamment) du rôle des rites dans les sociétés comme celle des Zunis, ou des problèmes de la communication médiatique s’élève délibérément au-dessus des questions débattues par des spécialistes. C’est pourtant ce qu’a su faire Jean Cazeneuve, qui, à l’instar de ces grands penseurs de notre siècle que sont Claude Lévi-Strauss ou Jacques Soustelle, sait instruire tout le public cultivé à partir de sa profonde réflexion sur les sociétés humaines. En d’autres termes, les titres et la renommée de savant de l’auteur ne doivent nullement intimider le lecteur. M. Cazeneuve - qui a dirigé TF1 autrefois - montre qu’il est un excellent spécialiste de la communication, non seulement dans sa dimension théorique, mais aussi dans ses aspects pratiques. A chacun le plaisir et le soin de découvrir cet ouvrage si riche et si vif. Mais dans ce texte, éclairé par une profonde connaissance de Max Weber, Durkheim, Mauss ou Levy-Bruhl, où il est montré qu’à vouloir proscrire le sacré on risque de lui substituer de lamentables contrefaçons, il faut signaler les pages consacrées au système des stars, aux idoles du stade vraiment divinisées (les citations avancées sont probantes) ou aux cultes de la vie politique. Toutes ces données convergent vers une leçon qu’on peut résumer ainsi : en profanant Notre-Dame, on offrit un temple sacrilège à la Déesse Raison, puis aux mascarades de Robespierre en l’honneur de l’Etre Suprême. A l’occasion de son Assemblée Générale, le 4 avril, à Lyon, l’A.R.L.E. (Association Rhodanienne pour la Liberté de l’Enseignement), avait demandé à notre Président de donner une conférence sur le sujet suivant : Non, à la disparition du pluralisme scolaire. Le texte qui suit est constitué d’extraits de cette conférence reproduits en plein accord avec l’A.R.L.E. ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ Tout d’abord une définition : le pluralisme s’oppose au système du monopole. Il y a pluralisme lorsque les parents peuvent choisir l’établissement scolaire auquel ils confient l’éducation de leurs enfants (ou pour les jeunes adultes majeurs, choisir eux-mêmes), et cela sans préjudice financier. Le pluralisme recouvre le principe du libre choix et la faculté de créer des écoles. Voilà le principe dont nous pensons qu’il doit actuellement être défendu en France. Que ce principe soit en quelque sorte la mise en œuvre d’un droit fondamental de l’homme, qu’on apparente souvent à juste titre à la liberté d’opinion et à la liberté d’expression, est un fait reconnu. Des textes fondamentaux de portée internationale lui confèrent ce statut. Ceci donne à la défense du pluralisme scolaire une espèce de légitimité morale, sinon juridique. Je citerai seulement l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948) : "Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental... Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants." Dire que le pluralisme scolaire est un principe affirmé par des textes presque sacrés est rassurant, mais ce n’est pas un motif sérieux pour se mettre en mouvement pour le défendre. La raison essentielle réside dans le fait qu’il est indispensable à la préservation des libertés individuelles. D’ailleurs les régimes totalitaires ne s’y sont pas trompés : ils ont toujours établi un monopole d’enseignement à leur profit. Ce lien du pluralisme scolaire et de la liberté individuelle fut très nettement perçu par Condorcet, qui s’exprime sur ce problème en termes particulièrement nets. Le ressort du raisonnement qui fonde l’opposition au monopole scolaire est simple "Tout pouvoir de quelque nature qu’il soit, est naturellement ennemi des Lumières". Disons qu’il est porté à l’intolérance et à l’abus des moyens dont il dispose pour régir les opinions. Les textes de Condorcet, dont nous avons déjà parlé dans cette Lettre ont exactement deux siècles. Ce qui était vrai hier ne l’est-il plus aujourd’hui ? Tout au contraire. Je pense que les conditions qui sont celles de la France contemporaine rendent encore plus indispensable le pluralisme scolaire. 1 - Nous vivons dans une société où le rôle de l’État va constamment en se renforçant (notamment à travers son aspect d’Etat providence). C’est dire que son pouvoir est de plus en plus menaçant. J’ajouterai que cette société va très naturellement vers l’uniformisation et la centralisation. Si on veut éviter cette tyrannie bienveillante que Tocqueville redoutait dans l’avenir des démocraties, il est de première urgence que soient préservées toutes les dispositions qui maintiennent quelques éléments d’autonomie et de diversification. Ce qui était vrai hier l’est a fortiori aujourd’hui. 2 - Par ailleurs, la crise extrêmement grave que subit l’institution - 1/3 de divorces - a entraîné une régression considérable dans l’influence familiale. Ceci concerne même les familles qui ne sont pas directement atteintes par cette crise. Que ce soit par souci, compréhensible, de ne pas trop s’éloigner des pratiques habituelles ou pour n’importe quelle autre raison, le fait est là : l’influence de la famille s’est beaucoup restreinte, à tel point que si on ôte aux parents la possibilité de choisir l’établissement scolaire auquel ils confient leurs enfants, il ne reste presque plus rien d’elle. Corrélativement, il y a la perte de prestige des "autorités morales" : l’Eglise ose à peine exercer son magistère. Beaucoup de clercs s’expriment comme s’ils redoutaient de choquer l’opinion publique. Diminution de l’autorité familiale, baisse de prestige des Églises, il ne reste pratiquement rien pour contrebalancer la toute-puissance de l’État si on porte atteinte au pluralisme scolaire. 3 - Rien ou presque, parce que pour régler les opinions, les diffuser et les gouverner, demeurent ces redoutables puissances que sont les médias et notamment le plus puissant d’entre eux, la télévision ! Ces médias qui vivent dans l’éphémère, nous font oublier chaque semaine ce qu’ils présentaient comme la question essentielle - l’événement d’importance historique - de la semaine précédente. Médias à la fois manipulateurs et manipulés qui risquent, par le caractère presque exclusif de leur influence, de créer une génération sans mémoire, sans constance, sans caractère ni capacité de résistance, sans plus de fermeté dans la volonté que d’ordre dans la pensée. Non que ceux qui fabriquent les médias soient plus mauvais que d’autres, mais parce qu’ils obéissent à la loi du genre, qu’ils sont soumis à une logique qui leur est propre. Or les médias ne nous offrent qu’une apparence de pluralisme. Les sommes nécessaires pour créer et développer un système d’information efficace sont d’un ordre tel qu’il est, dans certains cas, assez fictif de parler de la liberté qu’a le citoyen particulier de "faire connaître ses idées au public". Les médias sont soumis au contrôle des financiers (les agents de publicité) et au contrôle de l’Etat. A ceux qui douteraient du caractère très fictif de leur pluralisme, je suggère de confronter les divers bulletins d’information de la télévision : dans les sujets retenus (ou exclus) et dans les commentaires, il y a une très grande uniformité et souvent tel bulletin ne fait que reprendre les titres d’un "grand quotidien du soir". C’est stupéfiant de ressemblance, même dans la mise en page. Ces médias, dont la vocation était primitivement de nous informer, s’érigent volontiers en maîtres à penser ; ils nous donnent des leçons de morale. Mais comment le leur reprocher alors qu’ils sont presque les seuls à le faire et qu’ils remplissent ainsi une fonction essentielle ? La nature a horreur du vide : ils occupent une place laissée vacante. Il est trop manifeste que le pouvoir politique qui entretient avec les médias une "relation dialectique" a naturellement tendance à les contrôler. Par des moyens plus ou moins détournés, il y parvient assez facilement dans une large mesure. Je pense qu’il est plus facile d’infléchir presse et télévision qu’un réseau d’écoles indépendantes. Dans les circonstances actuelles, s’il était porté atteinte sérieusement au pluralisme scolaire, il n’y aurait plus aucune institution susceptible de résister à la puissance de l’Etat. L’école constitue éventuellement le dernier refuge qui permette à l’enfant de résister à des influences délétères, à la volonté de modeler sa personnalité. C’est pourquoi plus que jamais le pluralisme scolaire doit être préservé. Mais il est d’autres arguments en faveur du pluralisme scolaire, qui consistent non à se fonder sur des principes, mais à établir ses conséquences bénéfiques. Condorcet notait déjà (dans un rapport sur un projet de décret présenté à la Législative) que si tout citoyen peut librement former des établissements d’instruction "il en résulte pour les écoles nationales l’inévitable nécessité de se tenir au moins au niveau de ces institutions privées". C’était fort bien vu : tout système de monopole est sans efficience ! La découverte de la réalité des pays de l’Est {notamment en matière d’équipement industriel) constitue une preuve sans appel. Ce qui vaut de façon générale s’applique parfaitement aux systèmes d’éducation. Notons qu’en accordant aux défenseurs des régimes totalitaires de l’Est que s’ils échouaient en économie, ils réussissaient mieux dans d’autres domaines, notamment dans l’organisation de l’enseignement, on leur avait probablement beaucoup trop concédé. La réalité serait moins riante qu’on voulait bien nous le dire : l’illettrisme n’est pas un phénomène propre aux pays capitalistes. Il est difficile pour l’instant de faire un bilan exact mais on ne trouve pas là le contre-exemple qui montrerait que certains systèmes de strict monopole sont néanmoins efficaces. Tout le monde sait que la rentabilité du système éducatif français est consternante : de maigres résultats eu égard aux investissements financiers et à la perte de temps pour les intéressés. Mais on ne conserve une idée de ce gâchis, qu’on essaye de nous dissimuler, que parce qu’il y a des termes de comparaison à l’intérieur même de notre société. Et c’est la crainte du résultat funeste de ces comparaisons qui nous préserve encore des pires aberrations. La meilleure façon de s’y prendre pour ruiner toutes les écoles publiques, c’est de supprimer le privé (et tout mécanisme de concurrence entre ces écoles). Sans le pluralisme, la dégénérescence sera inexorable parce que invisible. Nous assistons à l’heure actuelle à une prodigieuse opération pour briser les traditions culturelles et religieuses de la France, pour couper les nouvelles générations de notre passé, pour changer les mentalités comme on disait au beau temps du premier septennat. C’est une révolution culturelle en douceur qui s’effectue sous nos yeux et il ne faut pas s’illusionner : tel était l’objectif prioritaire de ceux qui nous gouvernent. Pour ces idéologues, les transformations économiques ne sont jamais qu’un moyen, ce sont les mentalités qui les intéressent. Cette révolution peut réussir : le pluralisme scolaire est évidemment un obstacle sur son chemin, le dernier rempart de la liberté. C’est pourquoi on s’acharne à le restreindre. C’est aussi pourquoi il faut tout mettre en œuvre pour le défendre. L’Homme Nouveau, d’une part, Famille Chrétienne, d’autre part, ont publié une lettre ouverte adressée par M. Brunet-Lecomte, membre du C.A. APEL de l’Académie de Versailles, à M. Cerisola, Président de l’UNAPEL, qui nous semble mériter d’être portée à la connaissance de nos adhérents : "Monsieur le Président, * Titre du chapitre : A vrai dire, ce texte, exemplaire par son courage et sa lucidité aura eu quelques effets, car, vraisemblablement pour éviter ce type de reproche, l’intervention de mon éminent collègue, le Professeur Delumeau, et le Congrès de l’UNAPEL plus généralement ont sombré dans l’insignifiant et le soporifique, si j’en crois ma meilleure source d’information, le remarquable article de Josyane Marquier dans l’Homme Nouveau du 2 juin 1991. Je voudrais poser deux questions : 1. Est-il dans la fonction de l’UNAPEL de défendre une certaine conception de l’Europe, celle de M. Delors et des technocrates de Bruxelles, l’Europe supra-nationale qui se distingue radicalement de l’Europe des patries qui a les faveurs d’autres secteurs de l’opinion ? Le choix entre ces deux conceptions relève d’un débat strictement politique. Néanmoins, l’UNAPEL a cru bon de n’inviter au Congrès de Lille que des hommes politiques qui faisaient l’apologie de l’Europe supra-nationale. Lorsque je lis des extraits du discours de M. Jacques Barrot : "l’Europe balaiera les corporatismes, les obstacles... l’Enseignement catholique, parce qu’il a l’audace d’anticiper sur les grandes perspectives européennes, démontrera qu’il est exemplaire, qu’il est à l’avant-garde de l’expérience éducative, etc...", je suis évidemment très reconnaissant à la journaliste qui a eu la force de garder oreilles et yeux ouverts, mais aussi très inquiet sur la confusion des genres. L’UNAPEL n’est-elle qu’une sorte d’appendice du C.D.S. ou de la France unie ? Malgré son entière bonne foi, qui n’est aucunement en cause, M. Barrot ne pouvait qu’échouer dans son entreprise qui consistait à montrer que le "supplément d’âme" se trouvait du côté de l’Europe de Bruxelles ! Non, vraiment, ce n’est pas sérieux, et je ne vois pas en quoi l’évangélisation est concernée par des affaires qui relèvent de la "politique politicienne". Sans quelques discours épiscopaux, notamment celui de Mgr Panafieu, qui oppose à l’Europe des "poings fermés" celle des "mains tendues", il n’y aurait vraiment rien eu de positif dans ce Congrès de l’UNAPEL. 2. Mais il y a pire. Passons sur ce que comporte de confusion cette identification de l’ouverture à l’autre avec l’esprit anti-national. Il reste que le thème de ce congrès, la façon dont il devait se dérouler, s’insérait un peu trop bien dans une vaste opération dont la rigueur de son organisation nous donnerait à penser que le K.G.B. n’est pas tout à fait mort et que l’UNAPEL a été vraisemblablement utilisée à son insu. Quant au but de l’opération, il est manifeste : c’est la croisade anti-Jean-Paul II. Car personne ne peut maintenant en douter. Il s’agit bien d’abattre un Pape qui a pour défaut essentiel de défendre le dogme catholique sans compromission, de s’efforcer de convertir, ce qui est réprouvé au nom d’une conception perverse de la liberté de conscience, enfin et surtout d’avoir contribué de façon décisive à libérer les victimes de l’oppression communiste. Il est loin le temps où l’on s’extasiait sur ce premier pape non italien depuis quatre siècles, ce pape "venu de l’Est", "venu du froid", issu de "l’Eglise du silence". Dès lors qu’on a compris qu’il ne tenait pas l’installation des sex-shops ou des "Mac Donald", la diffusion des vidéos série X pour indispensables au progrès de la civilisation et de la liberté, qu’il préservait sur des sujets sensibles, comme l’avortement, la doctrine traditionnelle dont le dépôt lui était confié, ce Pape fut tout juste bon à être jeté aux orties. Ce n’était qu’un Polack abruti, ignorant de la modernité ! Et lorsqu’il persévère, tout est mis en œuvre pour l’empêcher de nuire, jusqu’à l’attentat contre sa vie dont la récidive n’est pas totalement à exclure. Mais il y a aussi et surtout les armes "morales", si j’ose dire : les ignominies de certains périodiques, à côté desquels la Calotte fait figure de publication de la Bibliothèque Rose. Mais aussi, et c’est plus grave puisqu’il s’agit d’un personnage officiel, les déclarations de Mme Véronique Neiertz, secrétaire d’Etat récemment nommée aux "Droits des femmes" (sic), déclarations dans lesquelles l’ignoble le dispute au ridicule : on apprend que par sa condamnation de l’avortement le Pape "insulte" les femmes "dans leur dignité, leur courage et leur détresse". Je suis bien aise d’apprendre que "les femmes n’ont de leçon à recevoir de personne en ce qui concerne les responsabilités de la vie ou le sens des responsabilités familiales". Si j’ai bien compris, pauvre représentant du sexe autrefois dit fort, je ne suis pas jugé capable d’accéder à ce niveau d’autonomie. Mais à côté de ces outrages caractérisés qui ne peuvent qu’écœurer le moins papiste des Français, qu’il soit catholique ou qu’il ne le soit pas, pourvu qu’il soit de bonne foi, il y a les piqûres d’insectes, les petites critiques permanentes dont l’accumulation finit par nous échauffer les oreilles. J’en donnerai un exemple. Alors que je venais d’achever la lecture de la très remarquable encyclique Centesimus Annus, le hasard a voulu que j’ouvre dans une librairie un exemplaire de l’édition de ce texte publié aux éditions du Cerf. Je suis tombé, non sans étonnement, sur la préface que le Père Puel, "dominicain et maître de conférences à l’Université de Lyon II" - ainsi est-il présenté par son éditeur - a cru nécessaire d’ajouter au texte pontifical. Je suis proprement scandalisé par l’insolence du ton condescendant qu’adopte ce religieux pour commenter un écrit du Pape. Ainsi apprend-on (p. XXV) que sur le marxisme "le point de vue du Pape est juste mais partiel" - notons, au passage, le qualificatif "juste" au lieu où on attend "vrai", caractéristique du style communiste comme le savent tous ceux qui ont fréquenté les écrits marxistes - et un peu plus loin, au sujet des passages relatifs à l’athéisme, on dit que le point de vue de Jean-Paul II est "incomplet" (p. XXVI). Ce style "grand seigneur" est proprement insupportable. Je cite de mémoire, car naturellement je n’ai pas fait acquisition de cette édition. Je rappellerai au Père Puel que personne n’oblige un homme à se faire religieux, mais qu’aussi longtemps qu’il reste ecclésiastique, on attend de lui un peu de retenue lorsqu’il commente un texte du Souverain Pontife. J’ajouterai pour mes lecteurs que Pierre Tequi, éditeur, 82 rue Bonaparte, 75005 Paris, publie l’encyclique sans une préface que les talents pédagogiques du Saint-Père, qui a exercé les fonctions d’enseignant (faut-il le rappeler ?) rendent d’ailleurs parfaitement inutile. J’ai voulu donner quelques exemples, qui vont du monstrueux au dérisoire, pour illustrer l’offensive qui vise, à travers le Souverain Pontife, l’Église catholique dans son ensemble et même, plus généralement, la chrétienté. Sans aucun doute, certains y participent sans être conscients de ce qu’ils font. Mais que l’UNAPEL, en raison de la réputation de son principal invité, ait pu se trouver embrigadée, à titre d’auxiliaire subalterne, vraisemblablement contre son gré et par légèreté, dans une vaste opération anti-Pape, cela est proprement affligeant. On me dira probablement que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, que je ne suis pas membre de l’UNAPEL, ni ancien élève de l’enseignement catholique, etc... Je répondrai que, dès lors qu’on a une action publique, on s’expose au jugement de tout le public. En d’autres termes, ceux qui attendent que je me taise seront déçus. Maurice BOUDOT Faute de place, je ne puis consacrer aux problèmes généraux du système éducatif qu’une analyse extrêmement sommaire. Pourtant, il faut dès maintenant prendre date, car il est à craindre qu’on profite des vacances pour mettre en œuvre des projets qu’on dissimule par une présentation particulièrement brumeuse, de sorte qu’à l’automne on sera mis devant le fait accompli et qu’il sera trop tard pour agir et porter remède à une situation pratiquement irréversible. Je me limiterai à deux questions qui suscitent les plus grandes inquiétudes. LE BACCALAURÉAT D’abord le baccalauréat. La première épreuve était à peine achevée que le premier ministre annonce une réforme radicale, aussi floue dans ses modalités qu’expéditive dans son application : tout devait être changé d’ici 1992. Les réactions devaient être diverses. Les syndicats de la F.E.N. divisés comme à l’habitude. Quant à Monsieur le Ministre d’Etat qui peut consacrer toute son attention à la seule Éducation Nationale, il ne manifestait visiblement qu’un enthousiasme limité pour ce projet. M. Jospin a dû apprendre par expérience qu’il est difficile de faire admettre aux enseignants une réforme qui ne présente pas un minimum de sérieux. Toujours est-il que deux jours plus tard, on apprend que le projet n’exprimait qu’une déclaration d’intention et qu’on ne toucherait pas à la forme du Baccalauréat avant 1995. Mais je voudrais poser trois questions : 1. Pourquoi tout cet émoi artificiellement soulevé au milieu des épreuves. Joue-t-on avec les nerfs des candidats ? Veut-on qu’ils doutent de la valeur de l’examen qu’ils sont en train de passer ? J’ai peur qu’on ait bien peu pensé à ces considérations, à moins qu’on ait eu pour dessin pervers de soulever chez les candidats un tel rejet de l’examen qu’ils accueillent avec enthousiasme la première réforme qu’on leur présentera. 2. Quant à la raison qui rendrait urgente la "réforme du baccalauréat", serpent de mer qui resurgit à la fin de chaque printemps depuis au moins vingt ans, on évoque l’impossibilité d’organiser l’examen, ou plus sordidement son coût excessif, ou enfin la désorganisation de l’année scolaire, le rétrécissement du troisième trimestre qu’il entraîne. Mais enfin, qui a découpé de façon absurde l’année scolaire, avec des vacances de printemps trop tardives, soigneusement séparées des fêtes pascales, sinon le Ministre lui-même ? Quant à l’organisation matérielle des épreuves, elle serait un peu moins difficile si on n’avait pas au préalable précipité vers cet examen des masses d’élèves qui n’ont rien à faire au lycée. Bref, on en vient à penser qu’on crée délibérément les conditions qui rendent inorganisable le baccalauréat pour en justifier la suppression. 3. A supposer qu’on réforme le baccalauréat pour le remplacer par un système dit de "contrôle continu", avec des épreuves passées pour l’essentiel dans l’établissement scolaire, jugées par les professeurs habituels du candidat, il est clair que ce système, qui n’offre pas les garanties d’objectivité et d’homogénéité que seul assure le système de l’examen national avec anonymat des copies, réduit le baccalauréat au rôle de simple certificat de fin de scolarité. Ce système est parfaitement concevable - après tout, c’est celui du Japon - mais sous réserve qu’on laisse aux utilisateurs toute latitude pour vérifier le niveau des élèves qui sortent du secondaire. Par exemple, la logique du système exige que les Universités soient autorisées à instaurer des examens d’entrée, ce qui va contre le sacro-saint dogme du refus de la sélection. On peut débattre au sujet des mérites comparés des deux systèmes, mais ce qui n’est pas tolérable c’est qu’on reste assis entre deux chaises, qu’on laisse miroiter une position médiane strictement irréalisable. A moins que le dessein délibéré de tous ces mouvements désordonnés ne soit un considérable accroissement du nombre des bacheliers qu’on inciterait tous à s’engouffrer dans des Universités qui ne peuvent les accueillir et d’ailleurs où beaucoup d’entre eux n’ont rien à faire. Au milieu du marasme général, il y eut une seule parole de sagesse : c’est lorsque Mme Cresson a eu le courage de dire qu’il faudrait peut-être en revenir en matière d’éducation à certaines formes d’apprentissage. Mais ce ne fut qu’un éclair de lucidité : le patron de la F.E.N. lui a vite fait comprendre qu’elle devait abandonner un projet contraire aux intérêts de son syndicat. Aussi s’est-elle résolument engagée dans une direction opposée à celle qu’indiquait ce propos courageux. LA FORMATION DES MAÎTRES Le second problème est la réforme de la formation des maîtres. Les I.U.F.M. (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres) répondent à la volonté de donner des formations très voisines à tous les enseignants (de la maternelle au second cycle des lycées), à priver en partie les Universités du soin de cette formation (alors que c’était l’une de leurs missions traditionnelles) et, sous prétexte de donner toute sa place à la pédagogie, d’alléger le bagage de connaissances de sa discipline exigé d’un enseignant. Tout cela pour satisfaire les appétits gloutons du syndicat des Instituteurs, disposer rapidement d’un personnel malléable formé à la hâte, mais qu’on payera naturellement au rabais. Les I.U.F.M. ont été mis en place dans trois Académies à titre expérimental. Aucun document officiel ne nous a informé du bilan de cette "expérience" ; les seuls éléments d’information véhiculés par la rumeur obligent à penser que ce bilan est lourdement négatif. Le projet est la cible d’innombrables critiques bien fondées. Néanmoins, les I.U.F.M. vont être généralisés dès l’an prochain à l’ensemble de la France. Et toute l’opération est conduite dans un total désordre, et dans une quasi clandestinité. On ne sait exactement ni ce que seront les concours de recrutement des enseignants, ni qui dirigera les I.U.F.M., ni quel rôle exact joueront les Universités. Faut-il qu’on ait de noirs desseins pour avancer de façon aussi sournoise ! Et, pendant ce temps, des établissements scolaires, des maternelles aux collèges, brûlent à Meaux ou quelque part ailleurs, en France. Au lycée Faidherbe, à Lille, au collège République de Bobigny, les professeurs se mettent en grève parce qu’il exigent que leur sécurité soit assurée. On nous apprend qu’au collège Hector Berlioz (Paris XVIIIe) un élève casse le bras d’un professeur ; si j’ai bien compris, il n’est pas certain qu’il ait voulu ce résultat ! J’oublie certainement des cas, car assez étrangement les services de M. Jospin ne sont pas très pressés de faire un bilan exact de la situation. Néanmoins, France-Soir pouvait faire son titre essentiel (numéro daté du 12 juin) sur "la révolte des profs battus". Personne ne doute que cette information multipliera les vocations d’enseignants. Mais, nous le savons, l’éducation est pour ceux qui nous gouvernent depuis dix ans "la priorité des priorités". Maurice BOUDOT
Sans doute, les adversaires du baccalauréat, qui confondront (volontairement) examen national et sujets nationaux, vont-ils s’emparer de l’affaire. J’avoue pour ma part ne pas m’étonner que des candidats achètent les sujets (de 100 à 1 000 F ; les prix sont en baisse depuis 89 !) : après tout, quand d’autres rossent leur professeur... M. Geismar, Inspecteur Général et conseiller du ministre, est chargé de rappeler la sévérité des sanctions encourues par les coupables. Nul doute qu’il connaisse les problèmes de répression depuis 1968, mais à l’époque il était de l’autre côté des barricades.
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