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Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
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Questions crucialesLa nouvelle pédagogie est une erreur
La nouvelle pédagogie conduit à aller à l’école pour avoir une activité, pas pour travailler ni pour étudier.Inger Enkvist[1] a enseigné plus de quatre décennies, dans le secondaire et à l'université. Une expérience qui a servi de point de départ à ses recherches sur l'art de l'enseignement. Professeur émérite de littérature espagnole à l’université de Lund, elle critique sans ambigüité[2] la soi-disant "nouvelle pédagogie", qui donne plus d'initiative aux étudiants dans la salle de classe, et préconise un enseignement plus traditionnel. La tâche principale de l'école devrait être, selon elle, de donner une base intellectuelle aux citoyens.
Alors que la plupart des spécialistes de l'éducation s'interrogent sur l'utilité de la mémorisation des données à l'ère de Google et préconisent de mettre fin aux rangées de pupitres et aux sujets traditionnels pour donner plus de liberté aux élèves, Enkvist (Suède, 1947) préconise le retour à une école plus traditionnelle, où la discipline, les efforts et l'autorité du maître sont primordiaux. Son point de vue remet en question les postulats de cette nouvelle pédagogie, mais il s'éloigne aussi de ceux qui pensent que l'école est une usine d'étudiants en série et qu'elle doit concentrer ses efforts sur la compétition avec les autres centres pour s'élever dans les classements mondiaux.
Comment vous souvenez vous de votre école ? Mon école était publique et traditionnelle. Je n'ai pas de mauvais souvenirs. Au contraire. Peut-être qu'il y avait des cours ennuyeux, mais c'est ainsi parfois. Les élèves arrivaient à l'heure et il n'y avait aucun conflit avec les enseignants. La Suède m'a donné une éducation gratuite et de qualité.
Les temps ont changé. La discipline en vaut-elle encore la peine ? Bien sûr et plutôt plus qu’avant. La relation entre parents et enfants est plus que jamais basée sur les émotions. Nous avons une vie plus facile et nous voulons que nos enfants l'aient aussi. Mais l'école doit être consciente que sa tâche principale reste l'éducation intellectuelle des jeunes. L'école ne peut pas être une crèche, ni l'enseignant un psychologue ou un travailleur social.
Quel devrait être le but de l'éducation de la petite enfance ? Il y a plusieurs buts, mais la tâche principale est de fournir une base intellectuelle aux enfants. Leur donner des connaissances, leur transmettre une culture, leur donner une idée de l'ordre social et les préparer au marché du travail. L'école est la première institution avec laquelle les enfants se rencontrent et il est important qu'ils voient qu'il y a des règles, que le maître est l'autorité et qu'il faut le respecter ainsi que les camarades.
Mais la technologie rend plus difficile le contrôle des enfants trop stimulés. Il y a toujours eu des difficultés d'apprentissage. Il y a cinquante ans, il fallait marcher une heure pour se rendre à l'école. Aujourd'hui, il s'agit de l'énorme quantité de stimuli. Le nouveau défi consiste à contrôler l'accès au portable et à l'ordinateur pour que les élèves puissent se concentrer. Les écoles qui interdisent les téléphones cellulaires ont raison. À la maison, les parents devraient surveiller pendant combien de temps la technologie est utilisée. L'interdiction est très difficile et crée des conflits, mais les parents modernes doivent savoir comment dire non. Ils doivent tenir le coup.
Il y a des pédagogues qui disent que les écoles traditionnelles sont ennuyeuses et éduquent des enfants soumis, et qu'il faut apprendre à apprendre. L'école est un lieu pour apprendre à penser sur la base de données. Insister pour apprendre à apprendre sans parler avant d'apprendre est une fausseté, car on ne peut pas penser sans penser à quelque chose. Sans données, il n'y a rien à penser.
L'école ne devrait-elle pas être un endroit pour s'amuser ? La satisfaction de l'école doit être liée au contenu : entrer dans une classe, entendre parler de quelque chose que l’on ignorait et arriver à comprendre cette chose. Mais pour comprendre quelque chose de nouveau, il faut faire un effort. De plus, il est fondamental que l'enseignant nous enseigne à la fois un contenu et un comportement. Il est impossible de bien apprendre sans ordre dans la salle de classe. C'est la base principale : le comportement et le respect pour la connaissance.
Que pensez-vous de la tendance à mettre des coussins dans la classe pour que les élèves puissent s'allonger ? C'est tromper les jeunes. Pour apprendre à écrire, un enfant doit bien s'asseoir, regarder devant lui, avoir des feuilles, se concentrer... L'apprentissage peut être un plaisir, mais, j'insiste, cela demande effort et travail. Il faut le dire aux enfants. Sinon, on les trompe. Jouer du violon, par exemple, n'est pas facile. Il faut beaucoup d'entraînement. Des études du psychologue suédois Anders Ericsson ont montré qu'un effort prolongé est nécessaire pour améliorer quoi que ce soit. Pour être bon dans quelque chose, il faut y consacrer 10 000 heures. Et vous devez le faire consciemment et travailler avec un professeur. Ses recherches appuient l'idée traditionnelle d'une école fondée sur l'effort de l'élève sous la direction d'un enseignant.
Certains disent que vous n'avez pas besoin de mémoriser parce que tout est sur Google. C'est une autre fausseté. Google est un excellent instrument. C'est d'une grande aide pour les adultes, car nous savons ce que nous cherchons. Mais pour ceux qui ne savent rien, Google est inutile. Il y a des intellectuels qui disent qu'étudier la géographie ne leur a pas été utile. Je pense qu'ils ont oublié comment et combien ils ont appris à l'école. Affirmer de telles choses est un manque d'honnêteté envers les jeunes. Et sous-estimer l'importance de la vie intellectuelle de l'élève.
Qu’est-ce que la nouvelle pédagogie que vous critiquez ? La nouvelle pédagogie est une pensée que l'on retrouve partout en Occident. En Suède on a commencé à l’appliquer dans les années 1960. Elle insiste, par exemple, sur la faible importance des notes, ce qui a eu comme conséquence que certains se disent pourquoi étudier beaucoup si cela ne va pas se refléter dans le dossier. Une grande importance est accordée à l'initiative de l'étudiant, au travail d'équipe. En même temps, les examens disparaissent et les projets et l'utilisation des nouvelles technologies apparaissent. En général, il semble que vous allez à l'école pour vous livrer à des activités, pas pour travailler et étudier. L'accent est mis sur le social plutôt que sur l'intellectuel. En Espagne, cette tendance a commencé à se manifester plus tard, avec la LOGSE en 1990. Je pense que cette pédagogie est une erreur. D'une part, les élèves ayant plus de capacités ne développent pas leur plein potentiel et, d'autre part, ceux qui sont naturellement moins curieux d'apprendre ne progressent pas. De plus, de nombreux goûts doivent être acquis, comme l'histoire, la lecture ou la musique classique. Ils peuvent être ennuyeux au début, mais si quelqu'un insiste pour que nous ayons un premier contact, nous pouvons finir par les aimer. Aujourd'hui, beaucoup de jeunes disent « non merci » sans connaître entre quoi ils choisissent et, bien sûr, ils choisissent la facilité.
L'Espagne est l'un des pays de l'OCDE qui consacre le plus d'heures aux devoirs, est-ce utile ? Quand la journée est très longue, comme en Espagne, tant de devoirs n'ont pas de sens. Si un élève est fatigué, faire ses devoirs n'améliore pas sa performance. Il faut chercher un nombre optimal de cours le matin, quand il est plus éveillé, lui donner un peu de repos et ne pas trop prolonger l'après-midi. L’après-midi pourrait s’utiliser pour les activités esthétiques et pratiques avec des sessions de répétition de choses déjà apprises. Un bon exemple est la Finlande, où les élèves entrent à huit heures du matin et sortent à deux heures de l'après-midi, déjeuner compris, sauf le jeudi, où ils partent à quatre heures de l'après-midi.
En tant qu'enfant, vous étiez une grande lectrice ? Comment pouvez-vous éveiller ce plaisir si un enfant n'est pas intéressé ? J’étais une lectrice qui avait toujours un livre à la main. Personne n'a eu à insister pour que je prenne un livre. Mais il y a des enfants qui en ont besoin. Peut-être qu'au début, il faut les forcer un peu, les encourager à devenir des lecteurs de loisir. Comment on les encourage à l'école ? Il faut acheter de bons livres pour la bibliothèque et en recommander un toutes les semaines. On peut inviter les élèves à raconter ce qu'ils ont lu pendant la semaine. On peut faire de petits concours pour voir qui a le plus lu. On doit mesurer comment les élèves ont accru leur vocabulaire et leur expliquer que la lecture leur permettra, à l'âge adulte, de mieux se développer. Cependant, les élèves ont besoin de beaucoup d'heures de lecture. On estime que dans la plupart des pays, on consacre 400 heures à l'apprentissage de la lecture à l'école primaire, mais il faut 4 000 heures pour être un bon lecteur. C'est impossible de trouver autant de temps en classe. En d’autres mots, les élèves doivent se former comme lecteurs aussi à la maison. Ce que les parents peuvent et doivent faire, c'est lire avec leurs enfants : soutenir la lecture et servir de modèle.
Mais les sciences humaines perdent du poids. On dit que demain sera dominé par la technologie et les sciences naturelles, et que l'histoire n'est pas importante. De plus, les tests PISA [tests organisés par l'OCDE qui évaluent les compétences des jeunes de 15 ans en sciences, mathématiques et lecture] ne tiennent pas compte des sciences humaines parce qu'il est difficile de comparer ces connaissances entre pays, de sorte que la volonté de compétition amène les pays à mettre davantage l'accent sur les sujets qui entrent dans le PISA et à négliger les autres. Il faudrait mettre davantage l'accent sur les sciences humaines tant à l'école que dans la famille.
La vision de PISA est-elle celle d'une école qui devrait fonctionner comme une entreprise ? L'OCDE est une organisation économique et analyse l'éducation sous cet angle. Ce que PISA ne révèle pas, c'est s'il y a une bonne ambiance dans la classe, si de bons principes de travail sont inculqués, si les sciences humaines, les sciences sociales, les matières esthétiques comme l'art et la musique, qui sont essentielles, sont bien enseignées. PISA est un test très précis qui porte sur certaines choses. Les écoles et les pays devraient défendre le fait qu'ils offrent beaucoup plus que cela.
Dans ses rapports PISA désigne la Finlande comme l'un des grands modèles. L'éducation en Finlande est assez traditionnelle, quoi qu'il y a quelques années, le gouvernement ait lancé un programme plus semblable à celui de la Suède, parce que mon pays a de moins bons résultats scolaires mais jouit d'un meilleur niveau économique et a créé des entreprises technologiques telles que Spotify et Skype. Le gouvernement finlandais semble penser qu'avec un peu de désordre, leurs écoles seront plus créatives. Je ne le crois pas.
La Finlande était-elle traditionnelle ? Il n'y a pas d'examens dans l'enseignement obligatoire. Le succès du modèle finlandais n’est pas dans l’absence des examens. Nous devons repenser la phobie des examens. Un certain nombre de tests aident les élèves à se concentrer et ne pas remettre au lendemain l’apprentissage de telle ou telle connaissance. Un bon enseignant enseigne des choses aux élèves, les révise avec eux et leur fait passer des tests. Ensuite les élèves construisent d'autres enseignements sur ce qu'ils ont déjà appris, et parfois ce n’est que plus tard qu’ils comprennent la totalité. Un test comme le bac donne un objectif aux élèves et les aident à formuler des buts pour leur travail.
En Finlande, on n’évalue pas les écoles autant qu’en Espagne. On ne compare pas les écoles entre elles, n'est-ce pas ? C’est vrai. En Finlande, on perpétue la tradition de faire confiance aux enseignants. Trop de contrôle est un risque, et il faut mesurer si le résultat d’un contrôle est plus positif que négatif. Lorsqu'il y a un contrôle par l'État des performances et lorsque des comparaisons sont faites entre les écoles, cela peut générer du stress et du ressentiment envers ceux qui contrôlent.
Comment devrait être un bon professeur ? Responsable et bien formé. Le professeur doit croire au pouvoir de la connaissance. On n'est pas un bon enseignant simplement parce qu’on connaît le sujet ou parce qu’on sait comment vaincre la résistance des élèves. Il est nécessaire de combiner les deux éléments : attirer les étudiants vers la matière afin de bien l'enseigner. Il faut recruter d'excellents enseignants en qui les élèves, les parents et les autorités peuvent avoir confiance. Et à moins qu'il n'y ait une situation grave, nous devons les laisser travailler sans trop les « embêter ».
Comment doit être le milieu de travail dans une classe ? L'élève doit respecter les instructions de l'enseignant, faire ses devoirs et, par exemple, ne pas mentir. Avant, mentir était très grave. Maintenant, on réagit à peine. Il y a des jeunes qui inventent des raisons pour justifier pourquoi ils n'ont pas fait un travail et qui discutent avec les enseignants pour avoir de meilleures notes. Je sais combien c'est désagréable qu’un élève essaye de vous mentir. Je l'ai vu, au lycée et à la fac. Quand un enseignant sent qu'il n'est pas respecté, qu'on essaie de le tromper, la confiance nécessaire à toute relation d'enseignement est rompue.
Que faire avec les enfants qui ne laissent pas les autres travailler ? C'est un tabou de parler de ce thème. C’est considéré comme antidémocratique. On préfère dire qu'il faut donner une chance à tous. Mais que se passe-t-il lorsqu'un enfant en difficulté ne laisse pas les autres travailler, lorsque l’on s'est entretenu avec lui et ses parents, mais qu'il ne s’incorpore pas au travail ? Ce qu’il faut faire, c’est le mettre dans un groupe séparé pour voir si comme ça il change.
Qu'en est-il des enfants qui font de gros efforts, mais qui n'atteignent pas le niveau ? On peut leur donner des cours de soutien mais aussi leur offrir des itinéraires différents, comme c’est le cas à Singapour.
Et redoubler la classe ? Faire redoubler un enfant sert parfois et parfois non, parce que chacun est différent. J'aime le système de Singapour, où la devise est que chaque enfant doit avoir la possibilité d’atteindre son niveau optimal. Pour cela, on offre dans l’école obligatoire une voie dite normale et une autre voie expresse. La seconde inclut plus de contenu en moins de temps. Certains disent que c'est moins démocratique, mais je crois, au contraire, que c'est plus démocratique de s’adapter à l'enfant et à la famille. Aussi, l'État dépense moins. C’est mettre l’acquisition des connaissances dans le centre de l’organisation scolaire. Et il y a moins de décrochage scolaire, ce qui est le vrai problème.
N'apprend-t-on pas aussi par imitation ? Je veux dire, est-ce que les élèves avec des problèmes ne peuvent pas tirer profit de ceux qui travaillent bien ? Cela fonctionne quand le groupe a un bon niveau et un bon professeur. Et si ceux qui doivent s'intégrer sont peu nombreux et veulent le faire. Si ce n'est pas le cas, ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas travailler au même rythme que le groupe entraînent tous vers le bas.
Le bilinguisme entendu comme enseigner par exemple les sciences naturelles en anglais et non en espagnol est très répandu dans les écoles espagnoles : auriez-vous emmené vos enfants dans une de ces écoles ? L’intérêt suscité en Espagne pour cette formule dépend de plusieurs raisons mais on peut remarquer qu’on ne valorise pas assez l‘apprentissage de l’espagnol. Les hommes politiques et les parents ne voient pas clairement ce que peuvent perdre les élèves. Probablement ils perdent des connaissances dans la matière et dans leur capacité d’expression dans leur propre langue, ce qu’il faut comparer avec ce qu’ils gagnent en anglais. Je pense que les élèves peuvent très bien apprendre l'anglais avec de bons professeurs d’anglais sans sacrifier d'autres connaissances, comme la science. En Suède, le niveau d’anglais est bon, et on utilise peu la méthode du « bain de langue ». [1] Auteur de La buena y la mala educación, Ejemplos internacionaleshttps://www.fnac.com/livre-numerique/a11884655/Inger-Enkvist-La-buena-y-la-mala-educacion [2] Dans un entretien avec Christina Galindo, publié dans le journal EL PAĺS. Tweet |