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Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
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Questions crucialesLes réformes éducatives suédoises se sont pas ce que l’on croit
Le « modèle suédois » a suscité de l’intérêt pendant un temps, sans que son contenu soit toujours regardé de près. Dès les années 1960, les autorités suédoises ont imposé une série de réformes égalitaristes. Ces réformes ont fait abstraction de la qualité de l’éducation, et elles n’ont pas pris en compte les protestations des professeurs. Le gouvernement a répété que l’égalité éducative était plus importante que la qualité. La situation est maintenant préoccupante, et pour retourner vers le bon chemin, il faut analyser les décisions qui sont à la base des problèmes actuels. Il s’impose un changement profond en premier lieu de la formation des professeurs et de l’école primaire.
J’ai réalisé une étude sur les réformes scolaires suédoises 1962-1985, basée sur les lois concernant l’école unique. J’ai lu avec attention les documents officiels, des thèses et des mémoires d’hommes politiques. Les preuves que les réformes ont conduit à une baisse des connaissances étaient visibles très tôt, mais les hommes politiques n’ont pas rebroussé chemin mais au contraire ils ont avancé plus loin encore dans le chemin engagé.
Pendant les années 1950, il y avait un besoin d’augmenter l’offre de places d’éducation puisque les groupes d’enfants étaient nombreux, et il y avait au même temps une volonté générale de moderniser l’école. Les réformateurs ont profité de l’occasion pour introduire une école unique, abolissant toutes les alternatives à l’école unique et surtout le lycée et les écoles professionnelles pour les élèves entre 14 et 16 ans. Dès le début, la presse a fait écho aux problèmes de discipline et à la baisse du niveau des connaissances.
Juste avant la décision d’introduire l’école unique, 11000 professeur de lycée ont prié les députés de ne pas voter cette loi, parce qu’il n’y avait pas de garanties pour que se puisse maintenir la qualité. La loi fut votée de toute façon. Cette loi de 1962 a établi que l’école unique ne devait pas avoir de résultat final prédéterminé et que les élèves devaient continuer dans un cours supérieur même s’ils n’avaient pas appris le contenu du cours inférieur. Le professeur devait résoudre le problème des niveaux variables des élèves en « individualisant dans le cadre de la classe ». Les professeurs disaient dès le début que c’était impossible puisque la différence en connaissances et en maturité entre les élèves pouvaient être de cinq ou six ans. Cette réforme fut introduite par le gouvernement social-démocrate de Tage Erlander comme toutes ces réformes dont nous allons parler à l’exception d’une seule.
La prochaine loi éducative, de 1968, enlevait aux élèves tous les choix sauf celui de choisir entre l’allemand et le français et de choisir un cours un peu plus difficile de mathématiques et de langues étrangères. La loi transférait la responsabilité des résultats aux professeurs. Elle soulignait que c’était l’obligation du professeur de motiver les élèves par les formes de travail proposés comme le travail en groupe. Les élèves n’étaient pas obligés d’étudier exactement les mêmes thèmes de la même manière. Pour que les élèves fussent plus à l’aise dans l’école, on introduisit pour les élèves entre 14 et 16 ans deux heures par semaine de « travail librement choisi », ce qui voulait dire des activités de temps libre. Pour les élèves de 15 ans, on introduisit deux semaines de stage dans une entreprise. Pour pouvoir introduire ces nouveautés, le temps des matières théoriques fut réduit. La même réforme abolit les notes de comportement. Cette loi était l’œuvre d’Olof Palme comme Ministre d’éducation.
Dans les années 1970, de nombreuses études montraient que les connaissances aussi bien des élèves avec problèmes que des élèves doués étaient en train de baisser. Les cours de rattrapage et de « soutien » ont fait explosion et sont devenus chers. Au lieu de tenter améliorer la situation dénoncée par les professeurs, les réformateurs ont poussé la réforme plus loin encore avec la réforme SIA de 1976, un sigle que se traduit comme le ”travail interne de l’école ». La nouvelle loi établit que l’éducation spéciale devait se donner « dans le cadre de la classe ». Les élèves avec des problèmes d’apprentissage devaient travailler dans la même salle que les autres élèves et cette règle s’appliquait aussi aux problèmes de comportement, de motricité, de vision ou d’audition. Les salles de classe sont devenues moins faciles à gérer pour les professeurs. Les élèves qui réellement veulent apprendre ont depuis cette réforme plus de difficulté pour se concentrer sur l’apprentissage. Cette réforme a été la première de Lena Hjelm-Wallén comme Ministre.
Les autorités étaient très conscientes des problèmes surtout au niveau du collège et ont décidé de décentraliser l’utilisation des ressources pour voir si les problèmes pouvaient être résolus de manière locale. Quatre ans plus tard, en 1980, une nouvelle loi d’éducation est votée dans laquelle est imposé le travail par thème, une manière d’aller plus loin dans l’individualisation sans que la différence mène à des mérites scolaires différents. Avec cette réforme, il n’est pas exagéré de déclarer que le collège unique se caractérisait comme un ”travail librement choisi”. La réforme était préparée par un gouvernement social-démocrate mais fut introduite par une Ministre d’un parti de droite, Britt Mogård. La réforme montre que la droite n’avait pas élaboré une politique éducative propre, différente de celle des sociaux-démocrates, et n’avait rien de différent à proposer.
Les réformes de l’école unique s’achèvent en 1985 avec une nouvelle loi sur la formation des professeurs, une loi appelée, avec un sigle, LUT. Les futurs professeurs du collège unique devaient aussi être plus égaux. Tous devaient étudier plus de pédagogie et de psychologie pour pouvoir soutenir les élèves socialement et psychologiquement, et ils devaient donner moins d’importance à l’apprentissage des élèves. Les professeurs pour les élèves de 14 -16 ans devaient étudier non pas deux matières mais trois sans pour autant prolonger leurs études, c’est-à-dire, qu’ils devaient étudier de manière plus superficielle. Les professeurs de matière comme l’art ou le sport devaient étudier une seconde matière pour être plus comme les autres professeurs. L’argument n’est jamais qu’ils doivent savoir plus pour pouvoir transmettre ces connaissances à leurs élèves. Malgré des protestations et des critiques des professeurs et des institutions culturelles, la loi fut votée. Les professeurs qui tenaient un intérêt spécifique pour leurs matières commençaient à éviter l’école unique. Cette réforme fut la seconde de Lena Hjelm-Wallén comme Ministre d’éducation.
Conclusion? Pendant de nombreuses années, la Suède a été pratiquement un pays de parti unique, et les autorités suédoises ont utilisé l’école, de manière intentionnelle et répétée, comme un outil pour changer la société plus que pour donner des connaissances aux élèves ou maintenir un haut niveau de qualifications parmi les habitants. Les protestations n’ont servi de rien parce que la réponse a toujours été que le but social était l’important. La situation actuelle montre que de cette manière le pays a perdu sur deux fronts à la fois, sur la qualité des connaissances et sur la qualité de la vie sociale.
Dans les réformes introduites par un Ministre de centre-droite, Jan Björklund, entre 2006-2014, il y a toujours des traces d’un égalitarisme pédagogique, et pourtant nous savons depuis plus de cinquante ans, que cette idéologie donne de mauvais résultats même avec des investissements considérables. L’histoire récente de l’école suédoise montre qu’une bonne tradition de lecture, la paix sociale et des investissements considérables ne sont pas suffisants pour faire contrepoids à une pédagogie mal orientée. Inger EnkvistUniversité de Lund, Suède
Bibliographie Colla, Piero Simeone. L’héritage impensable. Conscience historique et technologies de l’identité dans la réforme éducative en Suède (1946-1980). Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales. Enkvist, Inger. La buena y la mala educación. Ejemplos internacionales. Madrid, Encuentro, 2015. Svenska skolreformer 1962-1985 och personerna bakom dem. Hedemora, Gidlunds, 2016. Tweet |