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Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
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Questions crucialesLettre N° 30 - 4ème trimestre 1990
LES 80 %, LES VOILA Soyez rassurés. Je ne ferai pas de triomphalisme. A vrai dire, il n’y a pas lieu. En septembre, je notais que le calme apparent de la rentrée n’avait que le caractère provisoire d’une embellie, puisqu’on tournait le dos à la solution des problèmes fondamentaux, mais je n’annonçais ni l’imminence de l’orage, ni sa violence, ni l’état de désolation qu’il laisserait après son passage, ni que la tempête éclaterait d’abord dans les lycées. LES FAITS Mais que s’est-il donc passé au cours de ces quelques semaines de folie ? D’abord, presque rien, dira-t-on. Simplement, quelques incidents "déplorables", surtout en ce qu’ils risquent de choquer l’opinion. Les bandes qui sévissent depuis longtemps dans les lycées de la région parisienne ajoutent à la liste de leurs exploits habituels (chapardages, violences, trafic de drogue, rackets) des viols. Quel que soit le niveau d’abjection auquel on veut nous habituer, ce n’est pas du meilleur effet dans le panorama d’une France tranquille. Bien vite, jetons le manteau de Noé ! Mais, entraînés par leur mouvement propre, leur penchant à fouiner, les journalistes enquêtent, notamment dans les lycées de la banlieue parisienne. Et, on découvre le pot aux roses : c’est la violence généralisée, des écoles livrées aux saccages, aux règlements de comptes entre bandes rivales, la terreur permanente dans ces champs de bataille qui ne présentent que des locaux délabrés, immondes, lépreux, dans lesquels essaient de se faufiler en rasant les murs de malheureux professeurs qui n’y peuvent rien, et dont on se demande bien ce qu’ils peuvent encore enseigner à des masses d’adolescents hébétés. De mal en pis : je veux bien croire que, selon l’usage, la recherche du scoop ait poussé les médias à l’excès, à la simplification. Je sais, avec certitude, qu’il y a quand même d’autres conditions de vie que celles qu’on nous dépeignait. Mais enfin ce qu’on nous montre est bien réel et on est aux antipodes du tableau idyllique proposé par M. Jospin. Avec effroi, les Français découvrent ce qu’on leur cachait si pudiquement : les conditions dans lesquelles 80 % d’une classe d’âge accédera au baccalauréat. Si c’est là le résultat de la "priorité des priorités" accordée à l’éducation, qu’en serait-il autrement ? Qu’à cela ne tienne. La gauche, qui a plus d’un tour dans son sac, va mettre en branle ses organisations de lycéens pour noyer le poisson. Il est demandé à ces organisations d’encadrer le mouvement et de faire en sorte que les lycéens eux-mêmes réclament de meilleures conditions de travail, la sécurité (donc des surveillants), des professeurs qualifiés plus nombreux, des locaux en meilleur état, bref selon la vieille antienne de gauche, des moyens, c’est-à-dire de l’argent. Cela permettra à M. Jospin d’obtenir éventuellement une rallonge budgétaire et surtout d’éviter qu’on s’interroge sur les défaillances de la hiérarchie académique et de la police (car, en certains cas, les problèmes sont bien, hélas, de son ressort !). Tout ceci est bien sympathique. Le bon peuple est convié par le chœur des journalistes à s’émerveiller de cette "génération morale" qui ne songe qu’à travailler et à demander des surveillants alors qu’en 1968 leurs parents refusaient toute répression... On semble oublier que cette même jeunesse s’insurge contre toute mesure d’ordre et ne propose que des réformes qui visent à supprimer le peu qu’il reste de calme et de discipline. Il va d’ailleurs falloir bien vite déchanter. Qui est chargé de l’opération ? D’abord les diablotins de la F.I.D.L. (à prononcer "fidèle" !), organisation proche de S.O.S. racisme et du P.S. Il se peut d’ailleurs que M. Julien Dray, vrai patron de S.O.S. racisme, ait voulu rappeler au bon souvenir de M. Jospin le rôle de son organisation dans le déroulement des manifestations contre la loi Devaquet (donc dans l’échec de Jacques Chirac). Peut-être a-t-il son jeu personnel... Toujours est-il que l’occasion est donnée de mettre sur orbite médiatique M. Nasser Ramdane qui ravit la vedette à des demoiselles d’Henri IV, lycée décidément un peu trop huppé. Toutefois, à gauche, indépendamment des innombrables factions socialistes, il y a les communistes, qui ne participaient pas au Congrès de Rennes, et qui ne peuvent laisser un mouvement de masse de gauche se développer sans y participer. Or, s’il y a de moins en moins d’électeurs communistes, il reste encore des adhérents aux Jeunesses communistes, qui sont, comme on le verra, fort bien organisées. Des rivalités entre tous ces groupes résulteront les meetings incessants, les réunions houleuses au cours desquelles se chamaillent deux "coordinations", l’une et l’autre nationales, chacune essayant de tirer la couverture à elle. On n’a guère dû travailler dans certains lycées, mais enfin on repensait l’enseignement et on préparait l’action. Vint enfin le 12 novembre, jour tant attendu de la grande manifestation. Les médias tiennent tellement à couvrir l’événement qu’ils participent à son organisation. On donne tout renseignement sur les parkings, les lieux de rassemblement, etc... Dans de telles conditions, comment la manifestation ne serait-elle pas un succès ? Les lycéens convergeront vers Paris de toute la province : ici ou là des maires (d’opposition, comme il se doit) dégagent une subvention pour contribuer au déplacement, ailleurs les lycéens se font menaçants et exigent de la S.N.C.F. sinon la gratuité du moins un tarif réduit. Ainsi Papa qui donne déjà l’argent de poche payera-t-il une seconde fois comme contribuable local et une troisième comme usager de la S.N.C.F. Les répétitions du grand événement avaient montré que des incidents étaient à redouter. Aussi avait-on pris toutes les précautions convenables avec la collaboration généreuse de la C.G.T. qui prêtait ses "gros bras" (sic) (fait savoureux) et d’un syndicat de policiers proche du pouvoir qui, s’investissant d’une mission particulière de maintenir de l’ordre, envoyait ses adhérents retraités pour encadrer les manifestants et éviter les contacts avec l’autre police (fait scandaleux) ! Bien sûr pour faire bonne mesure, il y avait quelques professeurs, délégués syndicaux qui font profession de défiler. Dès le départ, le gigantesque troupeau qui sautillait, rappait, poussait des cris inarticulés, exhibait des calicots miteux, n’offrait pas un spectacle de très bon augure. A peine la Seine passée avaient lieu les premiers incidents : on taggait et on chapardait tandis que les passants cherchaient au loin un abri. A partir de Montparnasse, ce fut un pillage en règle. Et lorsque le pont de l’Alma s’avéra impraticable, on passa au saccage gratuit. Nulle intervention policière avant une heure tardive. Quant aux bergers volontaires, ils s’étaient évanouis en fumée : ce n’était pas très glorieux de la part de policiers, même retraités ! Ceci n’empêchait pas le Président de la République de recevoir la délégation de lycéens qui s’entretenait avec M. Jospin : mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints. Et, on apprend que M. Mitterrand avoue à ses interlocuteurs qu’il ne sait pas où passe l’argent du budget de l’Education nationale, mais qu’il veut bien leur consentir 4 milliards et demi de supplément, dont l’usage est à fixer en accord avec MM. Rocard et Jospin, comme s’il s’agissait de disposer de sa cassette personnelle et non du budget de l’Etat. A entendre l’espèce de conférence de presse que donnent M. Ramdane et ses copains dans la cour de l’Elysée, sans être plus impressionnés par la fulgurante ascension qu’ils viennent de connaître, à constater leur assurance, on a très vite compris que l’intendance ministérielle suivra et qu’ils viennent de recevoir une onction qui leur permet, sinon de donner, au moins de transmettre des ordres. Ajoutons que l’insolence avec laquelle on éconduira les représentants des lycéens qui ne sont pas de gauche lors des rencontres avec M. Jospin, prouve qu’eux seuls bénéficient de ce pouvoir sacré. COMPLOT OU ACCIDENT J’ai voulu rappeler en détail le déroulement d’un processus présent à toutes les mémoires, mais qui est allé si vite - presque aussi vite que la débâcle de 40 ! - qu’on risque d’embrouiller les phases. Comme toujours, lorsque les faits sont opaques, on hésite sur leur interprétation : est-on en présence d’accidents qu’on grossit parce qu’on tente vainement de les dissimuler, ou d’un complot machiavéliquement ourdi par les socialistes eux-mêmes ? La seconde thèse a ses partisans. Ils expliqueront que tel camp socialiste a voulu nuire à l’autre (M. Fabius à l’axe Rocard-Jospin ou Mitterrand à Rocard, etc...). Je ne doute pas que ces hostilités qui n’ont rien d’imaginaire aient joué un rôle au moment où il s’agissait de rejeter la responsabilité sur le voisin... mais qu’elles expliquent tout, j’en doute. De même il y a, sans doute, des enchaînements d’événements qui sont intentionnels, mais penser que tout était savamment calculé c’est une autre chose. J’ai entendu affirmer que M. Joxe avait délibérément attiré les manifestants dans une souricière puisque aucune manifestation n’a traversé la Seine sur un pont du centre, et que la résistance opposée à leur passage sur le pont de l’Alma devait déclencher leur colère. Tout cela, parce qu’on voulait que la violence des casseurs dissuade les lycéens de toute récidive. Je veux bien croire que le Ministre de l’Intérieur, qui après avoir tout promis n’a toujours rien trouvé à Carpentras, soit capable de pas mal de machiavélisme. Mais pourquoi cette manœuvre qui ne tourne pas à son avantage ? Est-il si dévoué à M. Rocard ? Toutes les hypothèses de ce genre ne sont pas absolument insoutenables, mais pour l’instant très fragiles. Si complot il y a eu, il n’a pas profité à ses auteurs. C’est bien évident. Ni d’ailleurs à une opposition qui ne fut pas à la hauteur de la situation sauf au moment où on a renvoyé les lycéens aux régions, désormais chargées de l’entretien des bâtiments et qu’ils ont trouvé en face d’eux des interlocuteurs dont la vigueur nous a agréablement surpris. Il reste M. Le Pen, le seul homme politique qui ait eu le courage de dire que les 80 % de bacheliers constituait un objectif démagogique, qui voit ses analyses sur les méfaits d’une immigration incontrôlée entièrement vérifiées, tandis que même à gauche les grands journaux publient des textes analogues à ceux qui valent à des membres du Front National des poursuites judiciaires ! Mais, enfin, M. Le Pen ne tire pas les ficelles de S.O.S. racisme et n’administre pas les lycées. Un complot, donc, dont aucun de ceux qui auraient pu l’organiser ne tire profit (à l’exception peut-être du seul M. Dray) ; j’ai déjà dit qu’il y a des machinations qui se retournent contre leurs auteurs. L’hypothèse n’est donc pas totalement exclue, mais elle apparaît assez gratuite. D’autant plus qu’elle est inutile. Les choses s’expliquent plus simplement par la volonté de dissimuler les faits gênants, et de substituer aux questions précises une problématique verbeuse qui noie la difficulté. Technique chère aux socialistes. Par la surenchère due aux rivalités entre les deux coordinations, par l’émergence de groupes qu’on ne contrôle pas, le processus échappe à ceux qui croient le diriger et les mensonges doivent toujours devenir plus gros et plus inefficaces. Aujourd’hui on en est au "mal des banlieues" et à la lutte contre les ghettos : on compte ainsi faire oublier la sécurité dans les lycées. Il fallait une grande gesticulation pour faire passer une grosse dissimulation. Et une fois déclenché, le processus ne pouvait plus s’arrêter. Dans l’état de déliquescence intellectuelle et morale atteint par notre société où les parents refusent d’éduquer, où l’Eglise abandonne son magistère, où les maîtres n’ont plus rien à dire, ou n’osent plus rien dire, où les journalistes tiennent lieu de maîtres à penser, où les hommes politiques sont plus soucieux de leur cote de popularité que d’avoir le moindre dessein, où les "zoulous" sont tenus pour des garnements un peu turbulents, l’usage de la drogue pour une petite peccadille, où les chaînes de télévision vendues aux annonceurs d’un capitalisme sans âme offrent comme leçons des clips décérébrants, où le Ministre de la culture lui-même érige le rap et les tags au nombre des beaux-arts, n’importe quel incident peut révéler l’étendue du désastre et soulever une lame de fond. Il n’y a plus aucune force de résistance pour s’opposer à elle : tout ce qui était susceptible de résister a été systématiquement et volontairement détruit. L’ETAT DES LIEUX Chacun va alors tenter de tirer son épingle du jeu ou de toucher son petit bénéfice. M. Jospin ne sort pas grandi de l’affaire. Il vient d’apprendre à ses dépens qu’on ne calme pas les appétits des lycéens en leur promettant 1 000 surveillants, soit moins de un par lycée (pauvre pion isolé dont on se demande bien ce qu’il fera face aux gangs organisés !). Il ne peut promettre à M. Ramdane ces innombrables professeurs qualifiés dont on exige le recrutement immédiat. Mais il peut avancer la réalisation de quelques projets chers à son cœur : la transformation des lycées en "lieux de vie", le recrutement de professeurs-animateurs au rabais, l’allégement des programmes, la suppression progressive du baccalauréat qu’on réduira à un simple examen interne à l’établissement, que tout le monde réussira car dans les conditions actuelles quel professeur commettra la folie de le refuser à l’un de ses élèves. Tout le monde en sera très content : les jeunes qui n’auront plus à travailler, les parents qui n’auront plus à constater l’échec de leur progéniture et le Ministre aussi qui aura supprimé l’un des derniers repères qui permet de mesurer la dégradation de l’enseignement. Et naturellement, tous ces bacheliers iront dans des Universités qui se tireront d’affaire comme elles pourront ; mais on aura gagné quelques années de répit. Les membres de deux coordinations vont "cogérer" les activités socio-culturelles ; ils exerceront leur pesante tutelle dans les lycées, champs clos de leurs querelles et dépenseront leurs milliards. Mais il y a ceux qui perdent sur tous les tableaux : les chefs d’établissement qui voient leur autorité encore rognée. Les professeurs surtout ceux qui, syndiqués à gauche, ont cru habile de faire un bout de chemin avec leurs élèves, le 12 novembre. Eux n’ont pas obtenu un sou et devront attendre des mois les audiences officielles. Il se peut qu’il y ait du côté de la F.E.N. et du S.G.E.N. quelques explications orageuses entre la direction et ses mandants. Plus gravement, le spectacle offert va tarir le recrutement d’enseignants qualifiés. Qui peut encore vouloir exercer ce métier, à moins d’avoir une âme de kamikaze ? Ajoutons que ceux qui attendaient de la seule décentralisation le remède miracle découvrent qu’elle consiste surtout à faire payer aux régions des bâtiments que la police nationale ne protège pas. Beau marché de dupes. La crise est provisoirement résolue. Chacun peut se frotter les mains de s’en tirer à si bon compte. Mais nous n’avons pas vu le pire, nous sommes encore loin des 80 %. Tous, pourtant, refusent de voir le désastre d’un système inadapté, reposant sur des principes absurdes. Ils courent, donc, inexorablement à leur perte. Maurice BOUDOT LIBERTE D’ENSEIGNEMENT : LA PRISE DE CONSCIENCE DES PAYS DE L’EST Le compte rendu du Symposium organisé à Genève a été préparé par M. Alfred Fernandez, Directeur Général de l’OIDEL, qui a la très grande obligeance d’en autoriser la publication. J’ai cru opportun de modifier le texte sur les deux points suivants : d’abord pour abréger considérablement le résumé de ma propre communication, qui développait des idées que j’ai déjà présentées pour l’essentiel dans cette Lettre. Ensuite pour évoquer quelques interventions passées sous silence par M. Fernandez par souci d’être bref. Afin d’éviter toute confusion, les passages modifiés ou insérés par mes soins sont en italique. Je crois devoir ajouter que si le nombre des pays de l’Est représentés peut sembler un peu limité, c’est que certains intervenants annoncés - dont Madame Cornéa - ont été dans l’impossibilité de se déplacer. M.B. Le Symposium d’éducation de Genève organisé par l’OIDEL en collaboration avec les associations Enseignement et Liberté (France) et Movimento Popolare (Italie), et avec le soutien du Conseil de l’Europe, a rassemblé fin octobre près de 120 experts en éducation, parents d’élèves et responsables politiques de 15 pays d’Europe (Ouest, Centre et Est). Le symposium, qui a été présidé par les anciens Ministres de l’Education de Belgique et de France A. Humblet et R. Haby, avait comme thème : Liberté d’enseignement et démocratie dans les pays d’Europe centrale et orientale. Le Ministre italien de l’Education G. Bianco, Président du Comité des Ministres de la CE, et le Sous-Secrétaire Général des Nations Unies pour les droits de l’homme, M. J. Martenson, ont envoyé des messages. Prenant la parole lors de l’ouverture du symposium, K. Skorzynska, Directrice pour les affaires de l’enseignement privé et l’innovation du Ministère de l’Education polonais, a relevé que "dans le processus de passage d’une société totalitaire à une société démocratique, deux attitudes sont à développer en priorité : la capacité de s’associer dont Tocqueville disait que dans les pays démocratiques, c’est une capacité fondamentale de laquelle dépendent les progrès de toutes les autres, et la capacité de participer à la création de communautés locales, champ d’action des associations". Les nouvelles lois adoptées en Pologne vont dans ce sens. Le projet de nouvelle loi d’éducation garantit l’autonomie de l’école en tant que communauté d’élèves, de parents et d’enseignants, le respect du droit des parents à éduquer leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses et politiques et la création des conditions juridiques indispensables pour organiser et gérer les écoles non publiques. Il prévoit également des subventions de l’Etat à hauteur de 100 % en faveur des écoles non-publiques et l’enseignement des langues des minorités nationales. Il existe déjà actuellement de nombreuses initiatives visant à la restauration de l’enseignement libre en Pologne. Toutes se distinguent par un type de gestion démocratique et par une grande influence des parents. Les parents qui entreprennent ces initiatives se réclament le plus souvent d’un système de valeurs qui, comme le chrétien, met en évidence la personne humaine. LES RAPPORTS ENTRE DEMOCRATIE ET LIBERTE D’ENSEIGNEMENT Le Vice-président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, J. Alvarez Vita, a souligné l’importance des libertés éducatives dans le cadre d’un développement harmonieux de l’être humain. Montrant le lien entre liberté d’enseignement et liberté d’expression, il a estimé qu’une démocratie saine ne peut exister sans liberté d’enseignement. M. Boudot, Président d’Enseignement et Liberté, montre comment la majorité des penseurs de la Révolution (à quelques notables exceptions près) était hostile à la liberté de l’enseignement qui est plus contraire à leur concept de la démocratie qu’appelée par elle. De là naîtra une tradition vivace qui laisse des traces encore aujourd’hui : le monopole étatique instauré par Napoléon survivra à l’Empire et ne sera que lentement grignoté. La liberté de l’enseignement, dont il y a lieu de distinguer diverses composantes, reste encore mal assurée. M. Martinez, Professeur à l’Université de Valladolid, dresse le tableau de la situation juridique de la liberté de l’enseignement en Espagne. Il est à noter que les solutions adoptées sont assez proches de celles retenues en France ; toutefois, sur des points essentiels, c’est la constitution elle-même qui les détermine, ce qui, à notre avis, offre le maximum de garantie. LES PERSPECTIVES DES PAYS D’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE E. Huebschmann, Directrice-adjointe à la Theresienschule de Berlin, l’unique école privée existante en RDA sous le régime marxiste, après avoir expliqué les difficultés de son école sous l’ancien régime, a souligné qu’après l’unification, l’Allemagne a une responsabilité particulière envers l’union européenne et doit jouer un rôle central dans le rapprochement entre les différents peuples d’Europe. En ce qui concerne son pays, la récente unification doit avoir lieu non seulement au niveau économique mais aussi culturel. Dans la ex-RDA, après 40 ans d’endoctrinement, l’enseignant doit apprendre aux élèves à être capables d’assumer leur existence individuelle. "Le bon enseignant - a conclu Mme Huebschmann - est le garant de la liberté et de la démocratie". Selon J. Kotasek, Doyen de la Faculté de Pédagogie de l’Université Charles de Prague, en Tchécoslovaquie le 1er juillet une loi a autorisé la création d’écoles dégagées de la tutelle de l’Etat. "Depuis, plusieurs dizaines d’écoles primaires ont ouvert leurs portes". Dans ce pays, l’essor de l’école privée s’appuie sur un constat d’échec du secteur public. "Non seulement l’enseignement est faible" note J. Svec, Vice-Recteur de l’Université de Bratislava, "mais les classes, avec 40 élèves en moyenne, sont surchargées. Aussi le Gouvernement est-il décidé à soutenir les écoles privées, qui lui apparaissent comme la solution la plus rapide à la crise de l’enseignement". En Pologne, le combat pour la liberté de l’enseignement est déjà ancien. Président de l’Association civique pour l’éducation (STO), qui a créé la plupart des écoles privées en Pologne, W. Starzynski en rappelle les étapes en ces termes : "Un groupe de plusieurs personnes s’est réuni à Varsovie en 1987, pour rompre le monopole d’Etat dans le domaine de l’éducation. Nous étions persuadés qu’il ne fallait pas brûler les anciennes écoles mais en fonder de nouvelles, tout en respectant les lois en vigueur". Actuellement STO anime 92 écoles dans toute la Pologne, 56 écoles primaires et 36 lycées. Ces écoles sont fréquentées par près de 5 000 enfants. LA MISE EN GARDE DES PAYS OCCIDENTAUX : LA LIBERTE N’EST PAS SEULEMENT UN PRINCIPE FORMEL Les participants des pays occidentaux ont mis en garde les citoyens de l’Europe centrale et orientale contre les dangers d’une liberté purement formelle comme celle qui existe dans plusieurs pays. Ainsi G. Guermeur, un des pères de la liberté de l’enseignement en France, a stigmatisé "l’hypocrisie des gouvernements qui gravent dans le marbre les grands principes de la révolution de 1789... tandis qu’ils mènent une guerre sainte pour interdire la pratique. Le moyen pour eux est très simple : il suffit de supprimer les moyens financiers pour que le choix d’une autre école que celle de l’Etat soit aussi pour la famille le choix du sacrifice financier. Liberté formelle, oppression réelle, tel est, de plus en plus, le lot de nos démocraties, soumises, maintenant, à la soft-idéologie, moins voyante mais plus insidieuse, fidèlement servie par toutes les forces politiques ou syndicales qui trouvent un intérêt commun à exercer un monopole sur l’éducation des enfants et sur l’information des citoyens". Sur la même question s’est exprimé W. J. V. van Katwijk, Président de l’Association Européenne des Parents d’élèves de la Communauté Européenne : la liberté d’enseignement est la base d’une société démocratique, elle suppose le choix aussi bien au niveau formel que réel. "Il est important de faire un contrat social, - a poursuivi van Katwijk - un compromis entre politique et société sur le droit du choix entre public et privé" comme il a été fait aux Pays-Bas. Le système doit être flexible, le gouvernement doit éviter une trop grande réglementation et l’Etat doit subvenir aux besoins des écoles publiques et privées. Monsieur Sixtus Sexton, Directeur de l’Education Unit, présente l’objectif des réformes du système anglais d’éducation : il estime qu’il faut garantir le libre choix de l’école (soumis aux seules lois du marché) et libérer les écoles de la tutelle des autorités publiques et que le rôle du gouvernement doit se réduire à la distribution dans des conditions équitables des crédits qui résultent de la collecte de l’impôt. Le Recteur Jaumotte, de l’Université Libre de Bruxelles, expose comment la Belgique en est venue à instaurer un système éducatif à la fois neutre et pluraliste, qui respecte la liberté de l’enseignement et le choix des parents. Ce système qui va être modifié pour tenir compte des communautés linguistiques est très satisfaisant ; il a le seul défaut d’être coûteux. Selon Ch. L. Glenn, Directeur du Bureau de l’égalité du Département d’Education du Massachusetts, "pour vraiment éduquer, éduquer pour la liberté, il faut aborder les questions essentielles de l’existence, en évitant les conflits paralysants sur les fondements et le contenu de l’éducation. Cela sera seulement possible, en encourageant une réelle diversité entre les écoles, sur la base du choix des parents et des professeurs parmi des alternatives scolaires pleines de signification. Les enseignants doivent pouvoir travailler dans des écoles qui partagent leurs valeurs et leurs objectifs, et les parents doivent pouvoir choisir des écoles qui partagent leurs valeurs. Parents, professeurs et élèves doivent pouvoir former une communauté : ceci c’est la meilleure formule pour la réforme de l’éducation dont nous avons un urgent besoin. Alfred FERNANDEZ
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