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Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
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Questions crucialesLettre N° 21 - 3ème trimestre 1988
L’ENLISEMENT L’année commence sans que les problèmes de l’éducation mobilisent l’attention. Avant les vacances, les épreuves du baccalauréat s’étaient déroulées sans incidents majeurs ; les inscriptions dans les Universités avaient été prises dans des conditions qui n’étaient pas pires que celles des années précédentes. La rentrée vient d’avoir lieu, avec son cortège de bavures auxquelles nous sommes habitués : mais rien de grave n’est signalé. L’enseignement privé n’exprime pas d’inquiétude grave sur sa situation présente ou son avenir, comme si ses autorités craignaient de troubler cet étrange consensus qui s’est établi entre les responsables politiques. Certes, il y a quelques problèmes sectoriels, quelques conflits limités, assez urticants ; mais rien qui annonce la tempête. Enfin, aucune mesure importante, aussi imprudemment décidée qu’hâtivement appliquée, n’est venue bouleverser l’organisation du système éducatif ; et ce n’est pas nous qui nous en plaindrons. On a décidément l’impression qu’il ne se passe rien et, dans les journaux, les spécialistes des questions d’éducation doivent témoigner de beaucoup d’ingéniosité pour remplir les colonnes qui leur sont allouées. LA FORCE DES CHOSES Pour fondé qu’il soit, ce sentiment diffus ne doit pas nous conduire à des jugements erronés. Il ne faut pas conclure du calme apparent, du consensus manifesté par le silence général, que les problèmes essentiels du système éducatif appartiennent désormais au passé, qu’on est parvenu à un équilibre qui assurerait son fonctionnement dans des conditions pas trop insatisfaisantes. Quelques régulations spontanées peuvent bien jouer ici ou là, mais dans l’ensemble, le système continue de fonctionner aussi mal que dans le passé et par sa seule inertie crée une situation qui s’aggrave au fil des ans. Tout simplement, personne n’ayant le courage ou la possibilité de changer réellement le cours des choses, on préfère ne pas en parler ou, ce qui est pire, enterrer les problèmes sous les slogans démagogiques. Par le simple fonctionnement de ses lois internes, le système est condamné à être de moins en moins performant. Il est facile de le voir. On s’accorde généralement à lui reconnaître deux défauts majeurs : une éducation de plus en plus coûteuse pour la nation assure mal l’insertion professionnelle, et la mauvaise adaptation aux capacités et aux goûts de la population scolarisée multiplie les "échecs scolaires". Mais quel remède nous a-t-on proposé ? L’accroissement du nombre des bacheliers, avec, comme objectif, les 80 % par classe d’âge, accompagnés de la création de nouveaux baccalauréats professionnels. Augmenter le nombre des titulaires d’un diplôme (surtout si on complète les mesures prises par des dispositifs plus ou moins illusoires qui auraient pour but une meilleure adaptation aux besoins de l’emploi) est toujours tenu en France pour un objectif intrinsèquement louable. Le résultat de mesures inconsidérément prises, au cours de la dernière année scolaire, ne s’est pas fait attendre. 90 000 élèves supplémentaires devaient être accueillis dans les lycées. Ce chiffre ne frappe peut-être pas l’imagination ; il est en réalité considérable, approximativement égal au tiers du nombre des bacheliers. Accueillir des élèves suppose qu’on dispose de professeurs, de locaux et d’un matériel (particulièrement important dans le cas des sections techniques ou professionnelles). Les locaux ne sortent pas de terre, tout construits, en un jour ; a fortiori il faut un très long délai pour que soient recrutés et formés les professeurs. Naturellement, les conditions d’accueil ont été décevantes. Et c’est ainsi qu’on nous parle de classes surchargées (de plus de 40 élèves), de l’appel à des maîtres-auxiliaires sans formation sérieuse et dont la compétence n’est pas toujours certaine, recrutés par voie de petites annonces même dans des académies qui ne sont pas défavorisées (comme Créteil) ou des disciplines qui ne sont pas particulièrement déficitaires (à savoir les matières littéraires). Malgré tout, les grèves de protestation contre des conditions intolérables, grèves qui unissent parents, élèves et professeurs, se multiplient à l’image de celle qui a suscité un certain émoi dans la région de Tours. Soyons persuadés qu’elles s’amplifieraient et susciteraient plus de remous si elles n’étaient pas discrètement "encadrées" par les forces syndicales (de la F.E.N. notamment) qu’une sourde complicité allie aux autorités ministérielles. Et pourtant la situation actuelle, eu égard aux objectifs affichés, était parfaitement prévisible. Faudra-t-il dire un jour que la même politique poursuivie dans ses grandes lignes depuis longtemps, par diverses majorités parlementaires, s’est caractérisée par la même imprévoyance que celle de ces gouvernements de la quatrième République qui semblaient aussi bien ignorer les demandes croissantes en matière d’éducation que les statistiques démographiques, dont la leçon était pourtant sans appel, et laissaient en 1958 une situation lamentable à leurs successeurs ? J’en ai bien peur. L’ENGRENAGE A grands maux, petits remèdes ; à maladie dont l’issue est fatale, palliatifs de rebouteux pour en atténuer les symptômes ! On a appliqué la vieille technique. Puisqu’on surchargeait par le bas, il fallait alléger par le haut. Et, comme par miracle, le problèmes des effectifs des lycées a été atténué parce qu’il y avait un taux exceptionnellement élevé de succès au baccalauréat : 12,9 % de réussite de plus que l’année précédente. C’est un "excellent cru", en quantité, sinon en qualité. On atteint une proportion qui ne fut jamais dépassée si ce n’est en 1968. C’est ce que note avec une évidente satisfaction un journaliste spécialisé d’un grand quotidien qui ne se distingue pas par des positions spécialement révolutionnaires ! Entendons-nous bien : 12,9 % par rapport au nombre des candidats, soit un accroissement de 20 % de la proportion des reçus. Soyons sérieux. Il n’est pas besoin d’être un spécialiste averti de la statistique mathématique pour savoir qu’eu égard aux nombres qui sont en cause, il ne peut aucunement s’agir d’une variation "aléatoire", ni de la confirmation d’une évolution tendancielle. Comment d’une année à l’autre, sans modification notable ni de la nature des épreuves, ni du corps professoral, ni des méthodes ou des contenus de l’enseignement, ni des conditions dans lesquelles il est dispensé, les candidats peuvent-ils s’être améliorés à ce point ? Il semble qu’on se satisfasse du constat de l’heureux événement, sans que personne ne s’interroge sur les causes de ce phénomène très étrange. J’imagine pourtant que si la répartition des suffrages entre gauche et droite variait d’une élection à l’autre, à un an d’intervalle, de 20 %, les politologues ne resteraient pas silencieux ! J’ai quelques idées (probablement très lacunaires) sur les causes de l’étrange phénomène. Les instructions plus ou moins explicites transmises par la hiérarchie de haut en bas n’expliquent pas tout. L’Education nationale ne fonctionne pas comme une armée (heureusement !) et les jurys restent souverains. Il y eut néanmoins le choix des sujets et des barèmes de correction sur lesquels les "autorités" ont des pouvoirs beaucoup plus déterminants et beaucoup plus faciles à exercer. Il semble que tout fut mis en œuvre sur ce terrain pour faciliter l’épreuve. Et comme par hasard, juste au même moment, des professeurs de certaines disciplines (français) manifestent de façon tapageuse qu’ils estiment une des épreuves (l’explication d’un texte de Rousseau !) beaucoup trop difficile et ont pris la décision de surcoter systématiquement les copies, position à laquelle la presse donne un certain écho. Ajoutons enfin la décision proprement scandaleuse de diffuser par minitel (sans qu’on sache d’ailleurs de façon précise quels organismes participent à l’opération) des corrigés des épreuves, corrigés si vite prêts qu’on se demande à quel moment ceux qui les ont préparés ont eu connaissance des sujets. La diffusion de ces corrigés, concernant toute les épreuves, était censée diminuer l’angoisse des candidats. En certains cas - comme celui de la philosophie, pour parler de ce que je connais personnellement - la diffusion d’un "corrigé" relève du non-sens. A qui peut-on faire croire qu’il y a un "modèle" de dissertation qu’il faut imiter pour avoir une bonne note ? Quant au prétexte invoqué - lutter contre l’angoisse des candidats - il est fallacieux : quiconque a une expérience de l’enseignement sait qu’on doit être très prudent lorsqu’un élève vous demande un avis sur ses épreuves d’examen alors qu’on ne les a pas eues en main, et cela même lorsqu’on exclut totalement les cas de mauvaise foi (j’en ai des exemples récents et précis !). On ne luttera nullement contre l’angoisse avec de tels moyens : les optimistes seront simplement confortés dans leurs illusions, cependant que les pessimistes se rongeront à l’idée des imperfections, peut-être irréelles, que leur aura révélées le corrigé. Non, décidément, l’objectif n’était pas celui qu’on affichait. Il s’agissait de culpabiliser les correcteurs, de leur donner le sentiment qu’on avait multiplié les fondements objectifs à d’éventuelles réclamations afin de les incliner à l’indulgence systématique. Comme il est exceptionnel qu’un candidat proteste parce qu’il est admis de façon litigieuse, je comprends facilement que les correcteurs, las de se montrer plus royalistes que le roi - et pourquoi le seraient-ils ? - aient à divers degrés répondu à la demande qui leur était faite, de façon plus ou moins formelle. Et c’est probablement ainsi que le miracle s’est produit, pour la satisfaction générale. Admirons l’efficacité discrète des procédés mis en œuvre. Ces nouveaux lycéens, que va-t-on en faire ? Des bacheliers, bien sûr. Soyons assurés que dans les années qui viennent tout sera mis en œuvre pour que le taux de succès ne baisse pas. Et ces bacheliers, que deviendront-ils ? Il ne faut pas donner trop de crédit à l’étiquette "professionnel" dont sont gratifiés certains baccalauréats. Elle ne suffit pas pour assurer aux titulaires de ces baccalauréats des emplois. En revanche, elle leur garantit le droit d’accéder au premier cycle des universités, dans le cursus de leur choix, quel que soit leur niveau de culture (ou d’inculture) puisqu’il est désormais bien établi que tout bachelier est titulaire d’un "droit" d’entrée dans l’enseignement supérieur et qu’aucune sélection ne doit être effectuée. Voilà comment se prépare à terme la multiplication de D.E.U.G. hétéroclites, dont personne ne peut dire avec précision ce qu’ils seront, mais dont il n’est pas très difficile de présager la valeur. Tout simplement, les vrais problèmes auront été dissimulés et leur solution une fois de plus différée par des procédés qui ne peuvent qu’aggraver la situation. Décidément, en matière d’éducation, il semble que tous les gouvernements n’aient qu’un souci : gagner du temps et se débarrasser du mistigri sur leurs successeurs. L’OPINION ANESTHESIEE Il faut bien reconnaître que cette politique de l’autruche est conduite sans susciter l’émoi du grand public ; bien plus, elle est très largement approuvée. Ceux qui sont avertis et multiplient les mises en garde ont souvent le sentiment de prêcher dans le désert. Il n’est pratiquement aucune mesure démagogique qui ne rencontre une très large adhésion enthousiaste des médias, dont l’influence est extrêmement corrosive en la matière. J’en prendrai un exemple : la lutte contre l’échec scolaire. Si ce terme désigne simplement les redoublements et la sortie de l’école sans diplôme, alors le remède est très simple : interdisons les redoublements et donnons le parchemin à tout le monde. Mais si ce ne sont là que les symptômes du mal, il faut agir différemment pour lui porter remède. "Le redoublement du cours préparatoire, un lourd handicap pour l’avenir", telle était la légende d’une photo dans un article récemment paru. Mais que signifie cette assertion ? Le redoublement est-il signe du handicap ou en est-il la cause ? J’ai bien peur qu’on confonde volontairement l’un et l’autre. Je ne dis pas qu’il n’y ait pas d’autres formules à concevoir pour les "élèves en difficulté", mais encore faut-il les inventer et les expérimenter plutôt que d’inciter sournoisement, à l’aide de comparaisons avec d’autres pays encore plus laxistes que le nôtre (s’agirait-il du Danemark ou de la Grèce), à l’adoption d’une politique qui, agissant sur les seuls symptômes, n’enrayera aucunement les progrès du mal en limitant le nombre des redoublements. En revanche, le problème le plus grave, celui de la formation et du recrutement d’enseignants qualifiés, est encore très largement sinon ignoré, du moins sous-estime. Laissons de côté ce qui concerne la formation souhaitable, qui peut soulever des litiges. En matière de recrutement, la crise, dont la gravité est indéniable, tient au nombre insuffisant des candidatures de qualité. Tous les niveaux de recrutement (même celui des professeurs titulaires des Universités) sont affectés, quoique à des degrés divers. Comme nous l’avons déjà dit, on recrute par petites annonces des maîtres auxiliaires et le Ministère en est réduit à prévoir des campagnes de publicité en faveur des carrières de l’enseignement. Les meilleurs normaliens aspirent, au mieux, à une carrière de chercheur, non de professeur. On voit des scolarités à la rue d’Ulm suivies d’une entrée à l’E.N.A., jamais l’inverse... Il serait facile de multiplier tes signes alarmants. Il a déjà été question de ces problèmes dans ces colonnes : nous en reparlerons, car de leur solution dépend celle de tous les autres. Pour l’instant, notons simplement que la gravité du mal, la complexité des causes de cette situation, rendent tout à fait utopique l’affichage de certaines ambitions pour l’an 2000. Il ne faudrait pas qu’on le laisse ignorer. L’accalmie actuelle ne doit donc pas nous tromper. Les problèmes les plus graves ne se dissiperont pas, comme par miracle. Nous les retrouverons, un jour ou l’autre. Maurice BOUDOT LA DECENTRALISATION AU QUOTIDIEN Lionel JOSPIN s’est rendu à Meaux le jour de la rentrée scolaire, dans le lycée où il avait effectué sa scolarité, pour une visite à la fois symbolique et nostalgique, rappelant à cette occasion qu’il avait été lui-même enseignant (Enarque, Conseiller des Affaires Etrangères, sorti de l’E.N.A. en 1965, il a réussi à ne jamais servir à l’étranger, ayant été "embauché " en 1970 comme professeur à l’I.U.T. de Sceaux, par Madame Alice SAUNIER-SEITÉ, alors directrice de cet Institut, où il s’est maintenu jusqu’à son élection comme député en 1981). Insistant sur le fait que la "matière grise" relevait de son Ministère, il s’est empressé de rappeler que la situation matérielle des lycées, des collèges et des écoles primaires avait été transférée aux Collectivités Territoriales par la loi de décentralisation de 1982. Six ans après le vote de cette loi, les premiers effets se font nettement sentir, et plaident, si cela était encore nécessaire, en faveur d’un démantèlement du Ministère de l’Education Nationale et de l’extension des bienfaits de la décentralisation à l’enseignement supérieur. Le premier constat porte sur l’effort fait par les Collectivités en faveur des lycées et des collèges. Jusqu’en 1982, seules les écoles maternelles et primaires étaient de la responsabilité matérielle des communes, l’Etat ayant en charge tout le reste, car un vaste programme de nationalisation des collèges (Plan Guichard) avait permis la rénovation ou la construction de 5 000 d’entre eux au début des années 70. Constructions au moindre coût (type Pailleron) et planification technocratique (carte scolaire) ont caractérisé cette période de scolarisation intense (prolongation de la scolarité jusqu’à 16 ans). Depuis 1982, le changement de décor est surprenant. Tout d’abord la volonté des Présidents de Conseils régionaux et de Conseils généraux de consacrer une part importante de leur budget pour construire ou reconstruire des lycées et des collèges a désarmé les socialistes. C’est ainsi que le 1er Octobre, Michel ROCARD qui inaugura le nouveau lycée de Conflans-Saint-Honorine, entièrement restructuré et en partie reconstruit dans un bâtiment que l’Etat avait laissé aller à vau-l’eau, devra souligner que l’essentiel de l’effort financier, pour le collège et pour le lycée, ont été supportés par la Région d’Ile-de-France et le département des Yvelines, Collectivités à majorité de droite. Vingt des vingt-deux régions sont présidées par un membre de l’U.D.F. ou du R.P.R. et soixante-dix des quatre-vingt-quinze départements sont présidés par un U.D.F., un R.P.R. ou un C.N.I. Or, ce sont ces Collectivités qui ont pris à bras-le-corps le problème de la rénovation du patrimoine public. Cinquante-cinq lycées neufs seront construits en Ile-de-France d’ici 1992. Plus de deux cents y seront rénovés et restructurés. En Picardie, un effort sans précédent a été accompli, dès 1984. Même chose en Provence-Alpes Côte d’Azur et en Aquitaine. La raison en est simple : les élus locaux ont abordé sans sectarisme et sans complexe la question des moyens de scolarisation. Dès lors qu’ils n’ont pas à arbitrer entre les querelles de personnes ou des querelles entre tendances syndicales, mais exclusivement sur des choix techniques (Architecte, plan, matériau) comme ils ont l’habitude de le faire pour la voirie ou les équipements collectifs communaux, qui relèvent depuis toujours de la compétence des élus locaux, leur objectivité reste entière. En revanche, le Ministère de l’Education Nationale s’est enfermé dans son bastion à la fois corporatiste et financier. Corporatiste tout d’abord : En effet si le nombre des élèves dans le primaire a diminué de 9 % au cours des dix dernières années, le nombre des instituteurs a augmenté de 9 %. Dès lors que les enseignants n’ont plus l’excuse de la vétusté des locaux pour parler de la mauvaise qualité de l’enseignement, on peut se demander pourquoi le fonctionnement du monde scolaire est resté si archaïque et si en retard sur l’évolution générale des dix dernières années. C’est parce que la Fédération de l’Education Nationale est devenue le bastion financier d’une organisation sociale au pouvoir. Comme le disait Friedrich Von-Hayek : "l’organisation est l’essence même du socialisme". Le corps enseignant est aujourd’hui organisé de telle manière que l’on n’y fait plus la distinction entre l’idéologie qui sert de ciment à l’organisation de la FEN, le pouvoir politique dans les Ministères et la base financière de l’organisation. Organisation financière en effet : La répartition des moyens au sein du corps enseignant est le reflet d’une pratique purement collectiviste : salaires identiques, avantages matériels identiques également (logement des instituteurs), les réseaux mutualistes (soins médicaux, maisons de repos, organisation des loisirs, casden) conduisent à une uniformisation sociale d’un groupe d’hommes et de femmes qui ne sont plus seulement liés par l’appartenance à un même métier mais également par une distribution collectiviste des biens, caractérisée par une uniformisation des biens consommés à travers les catalogues de la CAMIF ou le même mode de vie à l’occasion des vacances. Dès lors que le premier secrétaire du parti socialiste devient le Ministre d’Etat de l’Education Nationale, il n’est plus en fait le Ministre des enfants mais le porte-parole d’un lobby qui a irrigué à la fois le système organisationnel du parti socialiste mais également les lieux de décision que sont les Cabinets ministériels ou le Gouvernement. C’est ainsi que tout effort financier supplémentaire obtenu de l’Etat en faveur du corps enseignant est immédiatement capté par la nébuleuse des mutuelles, groupements d’achats, services de retraites complémentaires etc... qui vivent au détriment des 850 000 enseignants et agents de l’Education Nationale. Dans ces conditions, l’enseignement supérieur devient le parent pauvre de l’Education Nationale. Contrairement au primaire et au secondaire qui peuvent maintenant compter sur le contribuable local pour l’amélioration matérielle de la scolarisation des enfants, l’enseignement supérieur, lui, doit émarger au budget du Ministère d’Etat à la fois pour ses équipements en matériels et pour la rétribution des enseignants. Le lien pyramidal (grilles indiciaires) qui va de l’instituteur au professeur d’université ne permet aucune fantaisie quant à l’amélioration des rétributions des uns et des autres. La large augmentation du nombre des instituteurs et par conséquent l’écrasement de la pyramide à sa base fait de la masse salariale de l’Education Nationale un bloc inamovible et très peu susceptible d’évolution. Les moyens matériels sont à l’aune de cet écrasement. Ils ne peuvent être calculés qu’à la marge et n’intéressent pas les caciques de la FEN pour la plupart issus de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire. L’incompréhension des nomenclaturistes de la FEN vis-à-vis du problème réel posé par l’enseignement supérieur, transparaît de façon excellente dans l’ouvrage de Laurence PAYE-JEANNENEY et Jean-Jacques PAYAN (Le Chantier universitaire - Editions Beauchesne). Il apporte un témoignage intéressant sur le CNRS et l’enseignement supérieur. Jean-Jacques PAYAN y explique ce qu’il appelle sa "confrontation avec le pouvoir syndical". Il qualifie notamment les organisations dites représentatives de "clubs fermés indépendants de l’audience réelle de ses membres auprès des salariés". On ne saurait mieux dire. Très critique à l’égard des divers changements de cap qui ont affecté la recherche et l’enseignement supérieur au cours des quinze dernières années, il décrit cependant le désarroi du directeur de l’enseignement supérieur qu’il a été, coincé entre le Ministère des Finances et les exigences syndicales, et il tire des conclusions assez surprenantes de la part de quelqu’un qui était membre du parti socialiste lors de sa nomination à la tête du CNRS en Novembre 1981. Monsieur PAYAN explique, en effet, que "le combat pour l’égalité aboutit souvent au naufrage du service public. Mon expérience m’a convaincu de la nocivité et de l’inadaptation du statut de fonctionnaire pour les personnels de l’université et de la recherche". Dans cet ouvrage beaucoup plus critique vis-à-vis du passé que porteur de propositions concrètes pour l’avenir, Jean-Jacques PAYAN et Laurence PAYE abordent le problème de la concurrence entre tes universités. Ils observent également avec intérêt l’effort des régions et des départements en faveur des constructions scolaires dans le secondaire et le primaire et ils vont jusqu’à souhaiter que l’Etat transfère également aux régions la responsabilité de la construction, de la maintenance et du fonctionnement des bâtiments universitaires. Cela est sans doute souhaitable car la carence du Ministère de l’Education Nationale en la matière risque de perdurer. Mais c’est oublier que l’enseignement supérieur et la recherche fondamentale nécessitent des investissements très supérieurs à la simple construction de salles de classe et à leur entretien. Les équipements scientifiques de base dans une université scientifique vont jusqu’à tripler le prix du m2 de surface bâtie dès lors que les bâtiments doivent être équipés en laboratoires adaptés aux techniques modernes. Il faut donc aller plus loin. Aller plus loin consiste à mener une réflexion sur l’association possible entre les secteurs de production et l’enseignement supérieur dans les régions industrielles, il faut également impliquer les pouvoirs publics locaux qui font par ailleurs des efforts en faveur des créations d’entreprises vers une aide sur les filières innovantes. Il faut enfin donner à ces pouvoirs publics locaux la possibilité d’aider les universités à recruter du personnel. En effet, tant que le système de la titularisation restera dans le giron de l’Education Nationale, il se traduira par une cogestion entre le pouvoir syndical et les représentants de l’Etat et ni les mentalités, ni les performances ne pourront évoluer. L’idéal serait, en fait, de séparer l’enseignement supérieur et la recherche du monde de l’Education Nationale. Cela avait été tenté par Alice SAUNIER-SEITÉ à une période où les esprits n’étaient pas encore prêts pour une telle révolution. Jean-Jacques PAYAN date du colloque national de la recherche tenu en Janvier 1982 à Paris "le changement d’attitude de la majorité des universitaires et des chercheurs vis-à-vis de la coopération avec l’industrie. Avant, ils y étaient - héritage soixante-huitard - hostiles. Après, ils s’y sont montrés très favorables". Le monde universitaire n’est plus que le sommet d’une pyramide voulue autrefois par le législateur. Dans la réalité, il est à la charnière entre le savoir et le développement, en une période où les lieux de décision pour l’investissement et l’innovation ne sont plus à l’échelon de l’Etat mais à celui des départements et des régions. Il faut en tirer les conclusions et laisser le lion "Education Nationale" et son dompteur la FEN mourir de leur belle mort, hors du temps et des exigences de la fin du siècle, pour engager la réflexion sur la privatisation des universités et leur association étroite avec les collectivités locales et les entreprises. François ACQUAVIVA Les Associations Familiales Catholiques ont publié, dans "La Vie des Associations Familiales Catholiques" de juillet-août, un article sur l’éducation sexuelle par les manuels de 4ème. Nous en reproduisons ci-après des extraits avec leur aimable autorisation. "DE L’EDUCATION SEXUELLE EN 4e..." A la prochaine rentrée scolaire de nouveaux manuels scolaires vont être introduits en classe de 4e, notamment en géologie-biologie. En biologie, les programmes prévoient en seconde partie l’étude de la "transmission de la vie, aspects comportementaux, biologiques et physiologiques, cycles sexuels, fécondation, bases physiologiques de la contraception, régulation des naissances et principales maladies sexuellement transmissibles". Huit nouveaux manuels sont proposés par les éditeurs. Les chapitres consacrés aux MST (maladies sexuellement transmissibles) et à la régulation des naissances sont particulièrement révélateurs. Que propose-t-on à nos jeunes de 13-14 ans ? Le manuel Istra leur présente en page 242 un chancre syphilitique en couleur sur une verge en gros plan. Chez Magnard en page 160, l’utilisation du préservatif fait l’objet de quatre dessins, de six étapes commentées. Les éditions Belin nous invitent à des travaux pratiques sur les différentes variétés de pilules, puis dressent le tableau du taux d’échec des différents moyens de contraception. En référence : les documents du Planning Familial, vous saurez tout sur l’IVG ! Dans de nombreux ouvrages, l’abstinence est ignorée, les méthodes naturelles de régulation des naissances passées sous silence. Chez Bordas (collection Tavernier p. 181), on encourage les adolescents à s’informer. Ils sont photographiés lisant "Merlot contre MST Sida", une bande dessinée totalement amorale. C’est Hatier qui propose l’attitude la plus positive en donnant comme titre "Des maladies évitables" à la partie relative aux MST et en rappelant qu’un couple fidèle ne risque pas d’attraper une MST.
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