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Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
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Questions crucialesLettre N° 3 - 1er trimestre 1984
A PROPOS D'ÉDUCATION Le système éducatif national est en ébullition depuis le 10 mai 1981. Il représente probablement le domaine de choix où peuvent s'affronter les idéologues ; où les analystes peuvent satisfaire leur passion gourmande des bilans comparés de gestions privée, nationale ou étatique. Il représente en effet le plus grand échec de la gestion étatique de la France des trente dernières années au cours desquelles selon un consensus parfaitement équilibré depuis un quart de siècle, c'est la Gauche qui assuma l'enseignement, tandis que la Droite gouvernait. L'échec scolaire est donc bien l'œuvre de la Gauche. La frénésie qui a saisi depuis plus d'un an les responsables et les animateurs du système que sont les syndicats de gauche, S.N.I., SNES et SNESUP, traduit à la fois la libération des phantasmes et le besoin rageur de masquer l'échec. Le premier phantasme qui se voit ainsi manifesté, exprime le besoin rentré des militants majoritaires de terminer la guerre scolaire, interrompue par les guerres militaires ; il s'agit de la poursuivre jusqu'au terme pour imposer "l'École du peuple", gratuite, obligatoire et matérialiste. Il ne convient plus en effet d'utiliser le terme trop éculé de laïque... Le deuxième phantasme propulsé au grand jour fonde le projet syndicaliste d'école unique ; il traduit un des aspects de la rage d'unification qui anime ces prosélytes et qui se trouve en contradiction flagrante avec leur soif inaltérable de diversification... Mais le monopole politique est à ce prix..., celui d'un seul Ministre regroupant sous sa houlette tous les bambins de 2 ans et les étudiants de trente ans, moments biologiques particuliers du processus d'égalisation totalitaire et coagulante du collectivisme en marche. Ce n'est là d'ailleurs qu'une étape, qui précède sans doute l'intention de transposer en France le système des Académies soviétiques fanatiques et totalitaires. Il eût été logique de penser que le recul des pratiques religieuses dans notre pays devait apparaître comme un facteur favorisant le processus d'absorption, potentialisé par le glissement massif des structures catholiques dans le camp socialiste. L'agressivité observée à l'égard de l'École privée connaît des mobiles plus profonds dont l'aspect religieux n'apparaît que comme la partie émergée de l'iceberg. L'École privée offre, dans une certaine mesure, une solution de rechange, elle permet aux familles de retrouver pour les enfants des modes et des méthodes d'instruction, de formation et d'éducation, qui, s'il n'est pas trop tard, peuvent consolider ou donner cohérence au bagage de l'adolescent. L'École privée par la désaffection qu'elle induit à l'égard du système d'État, par l'attrait qu'elle exerce, est un témoin de l'échec de l'École publique ; elle doit donc disparaître. Ces conflits, ces polémiques traduisent certes une démarche marxiste où l'École apparaît comme une arme de guerre redoutable aux mains d'habiles stratèges. Il reste pourtant que d'autres questions doivent naître d'un constat d'échec, car l'échec, lui, n'était pas au programme. Et ces questions laissent les leaders sans réponses parce qu'elles ressortissent à l'évolution du système confronté au monde et au progrès technologique en marche. Ainsi l'Éducation Nationale n'assure plus aux citoyens de ce pays l'acquisition du savoir de base ; elle n'assure pas davantage les savoirs et les savoir-faire différenciés qui devraient s'articuler sur ce savoir de base. Elle ne garantit donc pas aux Français les possibilités d'adaptation et de mutation qu'exigent pour tout peuple l'évolution des sociétés et les mutations technico-scientifiques. L'Éducation Nationale n'ayant plus d'objectifs clairs, simples et définis disperse ses énergies dans le maquis des idées fumeuses, des missions contradictoires et des projets inapplicables. Pour socialiser les enfants, elle a voulu faire de l'éducation un domaine réservé sans le fonder sur un code défini de valeurs puisqu'elle aurait dû emprunter ce code à des institutions plus anciennes. Il en est résulté l'échec de l'éducation stricto sensu. Ayant renoncé à instruire devant l'ampleur des savoirs qu'elle ne maîtrisait plus, elle a tenté de disqualifier l'instruction en la noyant dans le maquis de la socialisation des jeunes au service de laquelle furent remaniés tous les contenus éducatifs. Tous les biais et tous les poncifs furent exploités jusque et y compris l'éducation sexuelle au Collège pour ne citer que cet exemple. Enfin, l'Éducation Nationale évacua ses insuffisances dans l'illusion de la diversification, voulant faire de toute substance d'enseignement un support éducatif qui devenait ainsi l'artifice démagogique du maintien de son monopole. Le dernier aspect de cette double méprise est bien donné par le rapport LEGRAND qui confond les données essentielles de la Biologie avec celles de la Sociologie. LEGRAND fait de l'ancienneté un facteur de compétence et de progression tandis qu'il trompe sur la réalité des handicaps induits par le système et les niveaux d'efforts nécessaires pour les dominer et les inverser... Enfin, comble d'ironie dans un pays en voie de sous-développement socialiste, il propose... presque un précepteur à chaque élève sans en indiquer les critères de choix... Il reste donc, face à ce contexte d'incidences et d'intérêts contradictoires à dégager quelques grands principes qui puissent fonder l'éducation. La question est posée depuis l'Antiquité et la notion d'utilité de l'école a été suffisamment définie par ARISTOTE pour ne pas avoir à y revenir. Aujourd'hui, tandis que se dessine un monde différent sous la poussée du progrès technico-scientifique, l'École reste nécessaire et utile. L'ampleur des savoirs, des habiletés et des savoir-faire à maîtriser et à accompagner dans leur évolution suppose des enchaînements logiques et des articulations de transfert appropriés. Un savoir de base est donc nécessaire. Il doit être dispensé aux jeunes lors de la période d'aptitude à l'acquisition qui est la leur. Il doit être dispensé par des maîtres formés pour cela, nécessairement compétents et choisis. Les savoirs différenciés et les habiletés, par essence évolutifs, ne peuvent être enseignés que selon des modalités adaptées à l'évolutivité de ces savoirs, selon des rythmes souples, par des personnes ou des enseignants qualifiés et reconnus aptes à l'application pédagogique de leurs connaissances... L'éducation dans l'affaire est toujours une résultante, si l'on se réfère à J.-J. ROUSSEAU, peu suspect dans le monde enseignant et qui écrivit que l'on n'"EST CURIEUX QU'EN PROPORTION QU'ON EST INSTRUIT". Elle est pour une part compétence familiale ou d'ordre moral ; pour l'autre part, elle est conséquence de l'œuvre de l'école. Il en résulte bien évidemment que l'École ne puisse pas exercer sur l'enfant et l'adolescent un monopole, même partiel, sans attenter dans son principe à la finalité de l'éducation qui, selon KANT est "DE DEVELOPPER DANS L'INDIVIDU TOUTE LA PERFECTION DONT IL EST CAPABLE". Puisque cet objectif ne peut relever en aucun cas d'un seul système. Et puis, pour une telle entreprise, ne convient-il pas de disposer de maîtres authentiques, et dans tous les cas, dont la manifestation ne puisse être que référence qualitative. La jeunesse a d'abord et surtout besoin de parents et de maîtres pour fixer parmi eux ses points d'ancrage. Le souci d'un sens exact et juste de la discipline doit conduire les adultes à organiser attitudes et comportements de telle manière que l'esprit de discipline soit admis par une jeunesse qui en éprouve le besoin pour maîtriser ses acquis et sa formation d'adulte. Pour satisfaire l'équilibre et l'harmonie de l'homme adulte, il est réaliste de penser que certaines phases, certains aspects de cette construction réclament une certaine logique d'enchaînement des processus. Les interférences, les accélérations et les courts-circuits du monde actuel peuvent donc constituer des facteurs d'inadaptation ou d'immaturation qui fragilisent la construction finale et rompent l'harmonie de l'ensemble. Il convient donc et d'abord pour que l'éducation des jeunes soit réussie que les mentalités changent. Les parents sont les premiers concernés par cet effort de conversion. Les habitudes d'assistance et de protection comme d'hyperconfort dans l'irresponsabilité et la peur de vivre auxquelles se sont livrés nos contemporains ne confèrent en aucun cas le profil de référence que peut rechercher un enfant sur le visage de son père ou de son maître. La véritable éducation est d'abord une stimulation permanente pour une identification authentique. Eduquer la jeunesse, c'est donc la conduire assez loin sur les chemins de la vie et lui donner assez d'armes et de références pour qu'elle garde l'espérance et qu'elle vive d'enthousiasmes. Il faut dégager pour elle des horizons purs, des raisons de vivre, des justifications d'existence tels qu'elle en fasse les substrats de sa propre transcendance. RECTEUR Pierre MAGNIN Tous ceux qui mènent une action pour la liberté de l'enseignement et combattent pour le libre choix de l'école ont une préoccupation commune fondamentale : elle est celle de l'enfant, de son être, de son devenir et de son développement. Or c'est précisément ce qui a pu surprendre plus d'un observateur à la lecture des diverses propositions de M. SAVARY et plus précisément celle datée du 12 janvier. Il n'y est pratiquement jamais fait allusion à l'enfant, comme si cette finalité n'était qu'accessoire, comme si le texte ne témoignait de la seule démonstration d'une procédure administrative où ne se dissimulent ni la volonté politique ni une manœuvre de sectarisme pervers. A la limite, ces propositions réglementaires pourraient être destinées à bien d'autres catégories de Français sans qu'elles déchaînent des refus de tous ceux qui ont le souci du devenir de leurs enfants dans l'épanouissement de leur personnalité et non de la promotion des composants anonymes d'une masse, indifférenciés. Les parents, quel que soit l'établissement que fréquente leur enfant, ont mesuré combien l'enfant, cet être tout en devenir, engageait leur responsabilité, leur créant des obligations et des devoirs et par là même des exigences. Ils ont mesuré le risque qu'il y avait à le soustraire à l'influence ou à l'autorité parentale. Peuvent-ils accepter de déléguer cette responsabilité à un État qui deviendrait éducateur ? Ils seraient en totale contradiction avec eux-mêmes et c'est pourquoi ils défendent une école qui prolonge et confirme les choix éducatifs de la famille. C'est l'enfant qui mobilise les parents. Ils l'ont démontré le 24 avril 1982 à Pantin. Ils portaient avec eux le même témoignage et le même souci. Chacun, dans l'anonymat de cette foule de 150 000 personnes, est venu faire la démonstration de sa détermination : celle de garder intacte cette liberté fondamentale de choisir une école conforme aux valeurs morales et culturelles qu'ils entendent transmettre. Depuis cette date, en d'autres lieux de l'hexagone, combien sont-ils venus témoigner de la sorte ? Le 4 mars, nous nous sommes retrouvés des centaines de milliers à Versailles. Ce fut le rassemblement de ceux pour qui les mots éducation, liberté, responsabilité ont encore un sens ; de ceux qui savent que l'État est au service de tous, que le bien commun prime l'esprit de parti, que la libre entreprise engendre enthousiasme, imagination, dynamisme, créativité, qualités indispensables à une nation digne de ce nom ; de ceux qui savent que la liberté est une composante essentielle de la personne humaine, parents de l'enseignement libre et de l'enseignement public pour qui l'enfant est une finalité. Jacques de SAINT CHAMAS NOUVELLES D'ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ COMITE D'HONNEUR : Le Comité d'Honneur compte un nouveau membre, en la personne de Monsieur Gaston CHARLOT, de l'Académie des Sciences. CONSEIL D'ADMINISTRATION : Monsieur Léon GINGEMBRE, Président d'Honneur de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises a été coopté au Conseil d'Administration. ADHÉSIONS : Une campagne de recrutement, par voie postale, est venu s'ajouter, au cours de ce trimestre, à nos efforts directs de recrutement. Cette campagne a rencontré un grand succès : si chaque adhérent entraîne trois partisans de la liberté de l'enseignement à nous rejoindre, nous serons 100 000. Les trois bulletins d'adhésion imprimés au recto de cette page sont destinés à cet usage. L'effort de prospection que nous avons accompli ne va pas sans quelques inconvénients que certains d'entre vous nous ont fait remarquer, avec beaucoup de compréhension d'ailleurs. Nous nous efforçons de répondre à chacun mais nous profitons de cette lettre pour adresser une réponse collective aux interrogations les plus fréquentes. ·Notre manifeste daté de janvier a fait l'objet d'envois successifs, le dernier étant du 2 mars. En effet, pour bénéficier de prix intéressants chez l'imprimeur, il faut se limiter à un seul tirage et, pour avoir droit au tarif réduit des envois en nombre à la poste, il faut payer les timbres d'avance. Voilà pourquoi tous les exemplaires du manifeste ont été datés de janvier et les envois échelonnés pour que les cotisations reçues des premiers destinataires couvrent les frais des nouveaux envois. ·Nos envois postaux sont faits à partir d'adresses de sympathisants communiquées par des adhérents mais aussi à partir de fichiers loués. Dans un cas comme dans l'autre, nous ne pouvons éviter que des adhérents reçoivent une nouvelle proposition d'adhésion. En effet, le rapprochement entre deux fichiers revient beaucoup plus cher que ce double emploi : que ceux qui craignent que nous gérions mal les fonds qu'ils nous ont versés se rassurent et que ceux qui désapprouvent notre apparente insistance nous pardonnent au bénéfice du but poursuivi. ·Enseignement et Liberté est une association régulièrement constituée et déclarée selon la loi de 1901 (publication au Journal Officiel n° 126 du 2 juin 1983). Nous avons un siège social, un compte en banque, un numéro de téléphone et nous aurons même un compte postal le jour où nous aurons réussi à prouver à l'administration des P.T.T. que nos statuts donnent à notre Président le droit de déléguer sa signature. Si nous ne donnons pas la plupart de ces informations sur notre manifeste, c'est parce que le moyen le plus pratique et le plus économique pour enregistrer un grand nombre d'adhésions est de confier, comme nous le faisons, à une société de services le soin de recevoir celles-ci ainsi que les chèques correspondants. Ayant payé la surtaxe (6,40 F) des premières lettres non affranchies que nous avons reçues, nous avons pu constater qu'elles émanaient, presque à coup sur, de personnes ne partageant pas nos conceptions de la liberté de l'enseignement. Il nous a semblé que leurs arguments, qui ont le plus souvent la forme d'interjections et un caractère répétitif très marqué, n'élevaient pas le débat. Nous avons donc renoncé à payer la dite surtaxe, laissant M. Mexandeau, que nul ne peut pourtant soupçonner d'être un esprit obscurantiste, réactionnaire ou clérical, supporter, en tant que responsable du budget des PTT, les frais de ces messages. Que les distraits veillent, en conséquence, à timbrer leurs adhésions. MANIFESTATIONS DE L'ÉCOLE LIBRE : Enseignement et Liberté a défilé sous sa banderole à Versailles le 4 mars. Une interprétation erronée des informations qui nous avaient été données nous a fait orienter certains d'entre vous vers la gare Versailles-Rive Droite au lieu de Versailles-Rives Gauche. Les cars venus de Saint-Germain-en-Laye n'ont pas atteint le point de rendez-vous et la seconde banderole s'est perdue avec ses porteurs près de, mais non pas dans, la pièce d'eau des Suisses. L'essentiel était d'être dans cette foule innombrable et de partager sa détermination contenue. SECTIONS LOCALES : C'est le vrai moyen d'enraciner et de développer l'action d'Enseignement et Liberté. Mais, une section locale (appellation provisoire) ne se décrète pas depuis Paris, elle se crée sur place par la volonté de quelques-uns. L'exemple vient d'être donné à Saint-Germain-en-Laye. Son bureau : M. Daniel BACON, Président ; M. Hubert O'MAHONY, Secrétaire et Trésorier M. Jean-Louis DELAPORTE. Son adresse : Maison des Associations, 1 bis, rue de la République 78100 Saint-Germain-en-Laye. Le bulletin réponse au verso vous permettra de nous faire connaître votre projet de créer une telle section. Nous attendons aussi vos propositions en la matière avant de définir le cadre de fonctionnement de ces sections et la nature de leurs liens entre elles et avec nous. ORGANISATION : Nous cherchons un DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL. Il doit être capable de gérer et d'animer. Avec l'assistance d'une secrétaire à temps plein, la charge de travail correspond à un MI-TEMPS. Notre budget nous permet de rembourser les frais exposés dans cette fonction, MAIS NOUS EMPÊCHE DE LA RÉMUNÉRER. Nous espérons que cet appel sera entendu par un pré-retraité. Qu'il veuille bien nous retourner notre bulletin-réponse en y joignant un curriculum vitae. Le poste est à pourvoir à Paris, mais la création de sections locales va créer aussi des besoins en province. Enfin pour Paris et pour la province, nous souhaitons faire le recensement de ceux qui peuvent nous donner une part de leur temps pour tous les travaux qu'implique le développement d'Enseignement et Liberté. Merci d'avance. Après des articles de Monsieur le Recteur Pierre MAGNIN et de Monsieur Jacques de SAINT CHAMAS administrateurs d'Enseignement et Liberté, Monsieur Pierre SIMONDET inaugure une rubrique ouverte à tous nos lecteurs pour proposer les solutions pratiques pouvant donner plus de liberté dans l'enseignement. Ces propositions ne sont pas pour autant l'expression d'une position officielle d'Enseignement et Liberté. Ce numéro de la Lettre d'Enseignement et Liberté est le numéro normal du 1er trimestre 1984. Au moment voulu, au besoin par un numéro spécial de la Lettre, nous prendrons position sur l'avenir de l'école libre. DES ECOLES ET DES UNIVERSITES AUTHENTIQUEMENT "REPUBLICAINES" ? Au-delà des négociations en cours entre les pouvoirs publics et les responsables de l'enseignement privé, et des éventuels résultats auxquels ils pourraient aboutir, n'est-il pas nécessaire de réfléchir aux conditions d'avenir d'une complète liberté de l'enseignement. Il est, à l'heure actuelle, assez généralement admis, dans notre pays, que les budgets de l'État et des collectivités locales, c'est-à-dire, en définitive, les contribuables, doivent supporter la charge financière d'un enseignement à dispenser à tous les jeunes Français. D'ailleurs, quelles que soient les opinions politiques de chacun, nul ne saurait contester que cette forme de la solidarité nationale répond à une volonté légitime d'assurer une certaine égalisation des chances au départ dans la vie. Mais une préoccupation d'égalité des chances ne doit pas conduire à soumettre tous les jeunes à la même formation sans tenir compte de leurs aptitudes très diverses, et de l'évolution de leurs capacités au cours des premières années de leur existence : celles-ci suivent une courbe au tracé imprévisible. Pourquoi, dès lors, ne pas admettre que la collectivité se doit de placer sur la tête de chaque jeune un crédit public destiné à lui permettre de s'assurer la formation la plus conforme à ses talents, au fur et à mesure que ceux-ci se dégageront ? Il convient que chacun puisse choisir, en bénéficiant de tous les conseils désirables, une orientation vers les disciplines littéraires, artistiques, scientifiques, techniques..., au besoin en changer en cours de route, interrompre ses études après avoir acquis les notions élémentaires puis y revenir, ou recevoir une formation technique ou professionnelle après quelques années d'arrêt. Seuls, le crédit de formation, et une totale liberté d'orientation, peuvent ainsi réserver à chaque individu toutes ses chances ; ne serait-ce pas d'ailleurs, le meilleur moyen d'obtenir l'utilisation la plus favorable des aptitudes de chaque membre de la société pour le plus grand bien de la communauté nationale. En pratique, cet objectif peut être atteint par la délivrance de bons annuels scolaires ou universitaires, d'abord aux parents pour les cycles primaire et secondaire, et aux enseignés eux-mêmes pour les enseignements supérieur et professionnel. Ceci suppose, bien sûr, une organisation de diplômes nationaux et d'équivalences européennes qui sanctionnent les diverses formations sur une base schématique harmonisée. Les modalités d'un tel régime d'enseignement exigent une mise en place assez délicate ; mais elles pourraient s'inspirer de l'expérience tout à fait positive, semble-t-il, du système éducatif en vigueur dans certains pays étrangers tels que la Belgique. Faut-il souligner que la remise du bon scolaire ou universitaire par l'utilisateur à l'établissement de son choix, équivaudrait à un vote annuel en faveur des équipes d'enseignants les plus efficaces. Peut-on imaginer un régime d'un esprit plus "démocratique" ? D'ailleurs, à y regarder de plus près, cette nouvelle liberté de l'enseignement serait authentiquement républicaine dans le sens où tous les partis politiques s'affirment respectueux des principes constitutionnels. Ces principes, la constitution de la Ve république les a repris dans la Déclaration des droits de l'homme du 26 août 1789 et dans le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946. Or, que disent ces textes en matière d'enseignement ? a) Le préambule de la constitution de 1946 affirme : "la nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction ; à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïc à tous les degrés est un devoir de l'Etat." Il paraît clair que le devoir de l'Etat d'organiser un enseignement public gratuit et laïc est destiné à garantir un accès aux divers enseignements, et à éviter que le droit à être instruit ne puisse pas pratiquement s'exercer. Il est ainsi fait obligation à l'Etat de pallier une carence éventuelle des initiatives privées et non de les limiter en quoi que ce soit. b) Le même préambule de la Constitution dit aussi : "la nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement". L'individu et la famille bénéficient donc, à égalité, d'une assurance d'un soutien public, sans que l'un puisse être privilégié par rapport à l'autre. Est-ce que les droits de la société familiale ne concerneraient pas l'enseignement en faveur de tous les mineurs qui en sont membres ? c) Enfin faut-il rappeler que la Déclaration des droits de 1789 définit ainsi la liberté : "la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". La liberté n'est ainsi pas définie par rapport à l'Etat, mais par rapport au bien des autres membres de la collectivité nationale ; qui oserait affirmer que la liberté de l'enseignement, surtout si elle est assurée suivant les méthodes ici préconisées, est susceptible de nuire à autrui ? Peut-elle subir l'arbitraire de l'Etat, même sous forme de lois ? Un crédit placé par la puissance publique sur la tête de chaque individu, dès l'origine, en vue de lui assurer l'exercice libre du droit à la formation prévu par la Constitution est la traduction la plus valable des principes républicains de liberté et d'égalité. Il est difficile de concevoir que des objections fondamentales puissent être honnêtement formulées à l'encontre d'une solution aussi respectueuse des droits fondamentaux des citoyens et des familles. Il faut rappeler enfin, que dans le Budget de l'État pour 1984, le seul ministère de l'Éducation Nationale bénéficie d'un crédit de fonctionnement de 164 350 millions de francs. Cette somme correspond approximativement et en moyenne à un crédit annuel de 12 000 francs par sujet enseigné : il n'est certes pas très élevé mais non négligeable. Cette somme ne recouvre pas les crédits de formation inclus dans les budgets des autres ministères (culture...) ni le rendement de la taxe d'apprentissage, ni les charges assumées par les collectivités locales. Il conviendrait de déterminer comment le crédit d'État pourrait être complété par d'autres apports. Il paraît, en outre, quasiment certain que le débat budgétaire sur les crédits de l'Éducation prendrait une tout autre signification aussi bien devant le Parlement que devant la Nation, si la décision consistait à voter des crédits, en fonction du nombre des enseignés, qui seraient différenciés par discipline et par niveau, d'après les besoins exprimés par les bénéficiaires. Les sacrifices demandés aux contribuables revêtiraient alors un sens pour l'avenir du pays. Peut être ces crédits seraient-ils dès lors privilégiés par rapport à d'autres qui sont réclamés globalement par le gouvernement ("services votés") sans que les deux Assemblées élues soient en mesure d'exercer pleinement le contrôle qui leur appartient. En résumé, cette nouvelle organisation de l'enseignement :
Pierre SIMONDET Tweet |