.componentheading, .contentheading, div.module h3, div.module_menu h3, div.module_text h3, h2, a.contentpagetitle { font-family:Nobile;} #top_outer { border:none;}
Assemblée Générale extraordinairedu 16 juin 2023
L’assemblée s’est réunie, sous la présidence du recteur Armel Pécheul, le 16 juin 2023, à 17 heures, conformément à la convocation adressée aux adhérents à jour de leur cotisation.
Après avoir constaté que le quorum de 10% des membres à jour de leur cotisation présents ou représentés exigé par les statuts pour que l’assemblée puisse se prononcer sur la dissolution de l’association proposée par le conseil d’administration était atteint, le Président rappelle qu’elle avait été créée en 1983, pour faire échec au projet de Service public unifié et laïque, porté par M. Savary, ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
Lire la suite... |
Questions crucialesUne méthode de lecture syllabique - Lettre n°146
Depuis le mois de septembre, le ministère de l’Education nationale expérimente dans 370 classes de Cours Préparatoire une méthode de lecture syllabique. Cette initiative concrétise des intentions exprimées antérieurement par Jean-Michel Blanquer. Par exemple, Le Monde du 28 août 2017, citait dans un article intitulé Le ministre de l’éducation lance la rentrée par une polémique sur la lecture son souhait, de s’appuyer sur : « les découvertes des neurosciences, donc sur une pédagogie explicite, de type syllabique, et non pas sur la méthode globale, dont tout le monde admet aujourd’hui qu’elle a eu des résultats tout sauf probants ». Le principal syndicat d’enseignants du primaire n’avait pas manqué de réagir, en affirmant que la méthode globale « n’existe absolument pas aujourd’hui et a très peu existé ».
Pourtant le mot global est employé 14 fois dans le Plan de rénovation de l'enseignement du français à l'école élémentaire, dit plan Rouchette*, publié en 1971. Ce plan a donné le coup d’envoi d’une réforme qui « exclut d'emblée toute lecture ânonnante, mécanique » et rejette les formes traditionnelles de transmission du savoir, parce que « il n’est pas d’autre méthode véritablement éducative que la seule méthode globale naturelle ». Jean-Michel Blanquer n’est pas le seul, tant s’en faut, à s’être fait reprendre sur ce terme que les novateurs en matière d’apprentissage de la lecture emploient volontiers, en l’assortissant de qualificatifs tels que démarche ou approche, pour dénigrer le syllabique et récusent quand on critique leurs innovations.
Ces malentendus m’ont convaincu que toute réflexion sur les méthodes de lecture devait commencer par la définition des termes employés, en les situant dans leur contexte historique. La première partie de cet inventaire, publiée dans ce numéro, couvre approximativement les deux premiers siècles d’accession de vulgarisation de la lecture. Pour ne pas alourdir ce texte, nous signalons par un astérisque les liens Internet et les documents non numérisés utilisés pour cette rédaction. Ils sont rassemblés sur une annexe consultable sur notre site Internet, à l’adresse figurant au sommaire. Notre intention, si les premières publications bénéficient d’un accueil favorable, est de publier une brochure présentant l’ensemble de nos travaux sur l’apprentissage de la lecture.
L’enseignement de la lecture aux XVIIe et XVIIIe siècles
Le XVIe siècle, est celui du développement de l’imprimerie et de l’ordonnance de Villers Cotterêts de 1539, substituant le français au latin dans les actes officiels et rendant obligatoire la tenue de registres des baptêmes et des décès. C’est au siècle suivant que se sont multipliées les initiatives ayant pour but d’apprendre à lire à tout le monde, en élaborant des méthodes d’enseignement et en formant des maîtres. Les exemples les plus connus, décrits dans le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire de Ferdinand Buisson*, sont ceux de l’abbé Charles Démia*, créateur dans le diocèse de Lyon d’écoles pour les enfants pauvres et, en 1672, d’un séminaire de formation des maîtres.
En 1679 Jean-Baptiste de La Salle* (canonisé en 1900) ouvrit à Reims une première école gratuite et créa cinq ans après la congrégation des frères des écoles chrétiennes. C’est lui qui substitua le français au latin pour l’apprentissage de la lecture. Si, au contraire de ces écoles populaires, les Petites écoles de Port Royal, qui étaient payantes, n’ont touché que des élèves de milieux favorisés (dont Racine), il convient de les citer en raison de la réforme des méthodes d’épellation qu’elles proposaient. Cette réforme, dont Pascal semble avoir eu l’idée, consistait « à nommer les consonnes par leur son naturel en y ajoutant seulement l’e muet » (be au lieu de bé). Son but était de faciliter le passage des lettres aux syllabes. Elle ne remettait pas en cause, pas plus que les initiatives précédentes, la voie synthétique, de la syllabe vers les mots, tel que l’avait fort bien définie Quintilien, au premier siècle, en écrivant « Quant aux syllabes, il faut les apprendre toutes sans différer les plus difficiles ».
La première partie du XVIIIème siècle est caractérisée par des nouveautés, bureau typographique, cartes, dés, matérialisant les lettres, qui avaient pour but de susciter l’intérêt de l’apprenti lecteur. Elles n’étaient guère utilisables que pour des leçons particulières, ce qui en limitait nécessairement l’emploi.
En 1768, l’abbé de Radonvilliers*, qui avait été professeur de langues, publiait De la manière d’apprendre les langues. Il y consacrait une page à l’enseignement de la lecture, en écrivant « on épuise le peu d’attention dont ils (les enfants) sont capables à leur faire assembler des syllabes, et on exige que par un raisonnement dont ils sont très incapables, qu’ils concluent de la réunion des syllabes le son du mot ». Il proposait de « s’y prendre plus simplement : prononcez d’abord un mot, par exemple traité ; l’enfant le répétera….montrez le lui sur le livre, et répétez lui traité ; il s’accoutumera à joindre le son traité à la vue des lettres dont ce mot est composé. Passez ensuite au mot d’après… » Radonvilliers n’était pas allé plus loin que le mot traité dans la présentation de son innovation. Nicolas Adam* s’en chargea, en consacrant quelques pages à la « Nouvelle manière d’apprendre à lire aux enfants sans leur parler de lettres et de syllabes » dans sa Vraie manière d’apprendre une langue quelconque, publié en 1787. Il explique que lorsque l’on veut faire connaître un habit à un enfant, on ne lui montre pas séparément les manches, les boutons…, mais qu’on lui fait voir l’ensemble, en lui disant « Voilà un habit ». Il ajoute « C’est ainsi que les enfants apprennent à parler auprès de leur nourrice : pourquoi ne pas faire la même chose pour leur apprendre à lire ? » Il conseille d’écrire « sur un chiffon de papier : papa… et de faire lire ce papier en la présence de l’enfant par plusieurs personnes…il lira le papier comme les autres » Adam prescrit en suite de recommencer l’opération en écrivant maman sur un papier de forme différente. Il faut ensuite écrire d’autres mots sur des cartes et quand l’élève en saura trois ou quatre cent imperturbablement, on écrira sur d’autres cartes des petites phrases. En conclusion Adam écrivait : « Quand votre élève saura lire sans hésiter, faites-lui alors distinguer les syllabes, et finissez par les lettres dont celles-ci sont composées ; et vous aurez suivi l’ordre naturel. C’est une affaire de trois ou quatre jours » James Guillaume*, rédacteur de l’article Lecture dans le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, appelait cette méthode nouvelle « Méthode des mots entiers », car « elle part des mots entiers, et n’arrive à l’analyse des syllabes et à la connaissance de l’alphabet que lorsque l’élève sait lire ».
La Révolution
Abordant la période de la Révolution, Guillaume écrit « La Révolution, qui se proposa une transformation si radicale de l’enseignement public, aurait dû, semble-t-il, susciter quelque réforme dans cette partie capitale de l’instruction primaire : l’art d’enseigner à lire. Il n’en fut rien cependant. » Si l’instruction primaire, qui reposait largement sur le clergé avant la Révolution, n’a pu réformer, elle a néanmoins essayé de le faire. C’est ainsi que la Convention avait ouvert un concours pour la composition de livres élémentaires. En en rendant compte en l’an IV, Lakanal disait : « Le concours n’a produit sur l’art d’apprendre à lire et à écrire, aucun ouvrage que le jury ait trouvé digne d’être adopté dans les écoles primaires de la république ».
En l’an VII, un nouveau concours couronna la Méthode pratique de lecture de François de Neufchâteau* qui était ministre de l’Intérieur et, à ce titre chargé de l’instruction publique. Le coup d’état du 18 brumaire empêcha sa diffusion. Ces deux exemples, s’ils n’ont pas eu d’effets pratiques, montrent que les fondateurs de la République ne voyaient pas dans l’adoption de manuels officiels une atteinte à la liberté pédagogique des maîtres.
Joseph Jacotot* 1770-1840
Jacotot, nommé professeur à l’université de Louvain, sans savoir le néerlandais avait fait apprendre le français à ses étudiants dans une édition bilingue des Aventures de Télémaque. La méthode consistait « à lire à haute voix une phrase, en l’occurrence la première du Télémaque de Fénelon et à la faire répéter par l’élève, puis à lui demander de l’écrire et à vérifier qu’il distingue tous les mots, toutes les syllabes, toutes les lettres. On passe ensuite à la seconde phrase, etc. » Dans l’article lecture* du dictionnaire pédagogique, James Guillaume, confond comprendre le sens d’un texte avec apprendre à lire, en concluant qu’il suffisait « de six leçons et de cinquante lignes du Télémaque pour enseigner à lire » et que « Quand l’élève sait par cœur jusqu’à Calypso étonnée, on ne s’occupe plus de la lecture ». Cependant, de retour en France, Jacotot a soutenu que des enfants pouvaient apprendre à lire sous la conduite d’un illettré dans le texte de prières qu’ils savaient par cœur. Guillaume estimait que le procédé de Jacotot « était tout simplement celui qui avait été proposé par l’abbé de Radonvilliers et Nicolas Adam ». Il concluait : « que s’il était inapplicable avec des enfants de cinq ans » et ajoutait « nous verrons plus loin, en décrivant la méthode des mots normaux, dans quelles mesures et à quelles conditions il est possible d’employer le procédé analytique lorsqu’on veut enseigner la lecture à des enfants ». C’est ce que nous examinerons dans notre prochain article
Vous trouverez les références des textes évoqués dans l'article annexe "Annexe de la lettre n°146"
Philippe Gorre Tweet |