.componentheading, .contentheading, div.module h3, div.module_menu h3, div.module_text h3, h2, a.contentpagetitle { font-family:Nobile;} #top_outer { border:none;}
Circulaire sur la lecture : Apprendre à lire (Janvier 2006)
La circulaire sur la lecture de M. de Robien, datée du 3 janvier, a suscité beaucoup d’espoir et l’arrêté du 31 mars, modifiant les programmes pour en tenir compte, bien des déceptions.
Ces textes peuvent être consultés sur le site du Ministère de l’éducation national www.education.gouv.fr . Ces documents sont consultables actuellement dans la rubrique Actualité/Presse ( Mars- Information 09/03- Circulaire ministérielle) pour la circulaire ; et Publications ( Bulletin officiel- Mars n°13- Enseignements élémentaire et secondaire) pour l’arrêté.
Nous donnons ci-après, deux commentaires sur le sujet, du Dr G. Wettstein-Badour.
Communication du 2 mars 2006 du Dr G. Wettstein-Badour
Ayant pris connaissance du document de Franck RAMUS « Un point de vue scientifique sur l’enseignement de la lecture (version intégrale d’une lettre publiée par le Monde de l’éducation du 1er mars 2006) », je me réjouis de constater que les 18 chercheurs cosignataires de ce courrier placent le débat sur les méthodes de lecture au seul niveau auquel il doit se situer : celui de la connaissance scientifique.
Ces chercheurs s’appuient sur de très nombreuses études comparatives montrant la supériorité des méthodes permettant l’apprentissage précoce du lien qui unit chaque élément graphique de base (la lettre ou un petit groupe de lettres) au son qu’il représente (le phonème). Ils préconisent, à juste titre, de commencer cet apprentissage dès le début du CP.
Par contre, les auteurs écrivent : « du moment que le déchiffrage est enseigné systématiquement, il importe peu que l’approche soit plutôt analytique (du mot ou de la syllabe vers le phonème) ou synthétique (du phonème vers la syllabe) ». Cette affirmation est regrettable car elle risque de servir de caution à la très grande majorité des enseignants qui pratiquent la découverte du code alphabétique à partir des mots comme le recommandent les nouveaux programmes de 2002. Il leur suffira d’introduire quelques exercices de correspondance entre sons et graphismes sans rien changer à leur pratique et en utilisant leurs manuels habituels pour se conformer aux recommandations présentées dans ce texte. Or, ce que nous savons aujourd’hui du fonctionnement du cerveau permet de comprendre que cette démarche est une des principales causes d’échec dans l’apprentissage de la lecture.
D’autre part, dans un texte destiné à mettre en avant la nécessité du déchiffrage, il eût été utile de préciser que l’apprentissage du code alphabétique nécessite de prendre en compte à la fois la discrimination des sons, les contraintes imposées par la vision maculaire et les saccades oculaires, la reconnaissance des formes et de leur orientation dans l’espace ainsi que la maîtrise du graphisme. Bien évidemment -les signataires de ce courrier l’ont noté- il est indispensable d’adjoindre au déchiffrage un travail portant sur le vocabulaire, la syntaxe et le sens du texte.
Si le ministre a la volonté de prendre des mesures efficaces pour permettre à la très grande majorité des élèves d’apprendre à lire et écrire, il est indispensable que les circulaires d’application qui seront prochainement publiées demandent aux formateurs des enseignants de prendre en compte l’ensemble des acquis des neurosciences, faute de quoi aucun véritable changement ne sera possible.
Communication du 12 mars 2006 du Dr G. Wettstein-Badour
Mieux apprendre à lire en France à l’école Un très grave échec collectif Le 8 décembre 2005, Monsieur Gilles de Robien, ministre de l’éducation nationale demande à son administration de prendre les mesures nécessaires pour abandonner les méthodes globales et apparentées, les remplacer par des méthodes alphabétiques et signifier aux inspecteurs qu’ils doivent cesser de sanctionner les enseignants qui pratiquent actuellement ces méthodes.
Le 9 mars 2006, le texte juridique nécessaire (un arrêté amendant celui du 25 janvier 2002 relatif aux programmes de l’école primaire) est prêt et un séminaire a lieu au ministère à l’attention du haut encadrement académique et pédagogique.
Trois mois seulement pour traiter un dossier si complexe et si sensible ? Quelle extraordinaire efficacité peut-on penser ! Malheureusement les déclarations de Monsieur de Robien n’ont débouché juridiquement que sur le statu quo comme s’en sont d’ailleurs félicités bruyamment lors d’une conférence de presse, le 9 mars également, les principaux opposants au discours ministériel.
Qui sont les perdants de cette triste affaire ?
Les enfants : Ce sont évidemment eux les premiers qui vont payer le terrible aveuglement des principaux responsables de l’école en France. Les pédagogies officielles d’apprentissage du langage écrit restant en pratique ce qu’elles sont depuis des années il est évident que les résultats ne vont pas s’améliorer ni en lecture/écriture ni d’ailleurs en orthographe dont il n’a pas du tout été question durant ce débat mais pour lequel une novation qui n’est pas seulement sémantique a été introduite dans le BO du 25 janvier 2002 : « l’observation réfléchie de la langue française ». Pire encore on continuera à rencontrer des enfants tristes, déprimés et malheureux dès le CP, parfois même avant parce qu’ils échouent !
Les parents qui n’ont certes pas tous des compétences pédagogiques mais qui se rendent bien compte des difficultés rencontrées à l’école par nombre de leurs enfants, lesquelles, je peux en témoigner, les conduisent bien anormalement à un parcours du combattant pénible et le plus souvent injustifié dans des circuits médicaux et paramédicaux coûteux (orthophonistes, psychologues, psychiatres, etc.). Leurs réactions aux déclarations du ministre concernant les méthodes alphabétiques étaient d’ailleurs très favorables puisque dans un sondage publié en janvier ils étaient 84% à approuver l’initiative en faveur de « l’alphabétique » ! Ils ne peuvent maintenant attendre aucune amélioration de fond !
Les enseignants du terrain, dans leur immense majorité très dévoués aux enfants, dont certains espéraient qu’on leur laisse enfin un espace raisonnable de liberté leur permettant de proposer des pédagogies alphabétiques. On ne peut exclure dorénavant que ceux-ci soient encore plus inquiétés qu’hier par leur encadrement pédagogique et la chape de plomb des textes ayant portée juridique.
Les scientifiques car l’ébauche prometteuse de débat sur ce terrain pourtant fondamental et porteur d’espoir a été éphémère, tronqué, biaisé, caricaturé puis enterré dans l’immédiat !
Ghislaine Wettstein-Badour Tweet |