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Lettre N° 38 - LA LIBERTÉ D’ENSEIGNEMENT EN POLOGNE (3)
Le Professeur Paul CZARTORYSKI, docteur en droit, après avoir enseigné la philosophie à l’université catholique de Lublin, est depuis 1957 professeur à l’Institut d’histoire des sciences de l’académie polonaise des sciences. Directeur du Centre de recherche, Coperniciennes dans ce même Institut, il a édité les œuvres complètes de Nicolas Copernic. Il a été de 1981 à 1990 membre du conseil consultatif de Solidarité. Il est Président du Comité National Polonais des Ecoles du monde uni (United World Colleges). LES STRUCTURES Au cours des trois dernières années, un nombre relativement important d’écoles non-gouvernementales a surgi spontanément à côté du réseau des écoles d’Etat. Ce phénomène fut possible grâce à une législation libérale, qui permet la fondation d’écoles indépendantes, pourvu qu’elles suivent un programme de base, menant au baccalauréat et commun à toutes les écoles du pays. Parmi les écoles non-gouvernementales, on peut distinguer des écoles dites "sociales", qui appartiennent à des associations ou des fondations à but non-lucratif, et des écoles dites "privées", appartenant à des petites compagnies privées, ou, très rarement, à des individus. Les écoles dites "sociales" ont tendance à s’associer entre elles : le groupe le plus nombreux, qui en somme a initié tout ce mouvement dans les années 80 forme une association éducative nommée S.T.O. (voir les rapports de l’O.I.D.E.L 3.3 : Les écoles fondées par la S. T. 0. en Pologne. Rapport de mission, 1990). Des écoles non-gouvernementales existent dans toutes les plus importantes agglomérations urbaines ; leur répartition est telle, qu’elles sont pratiquement accessibles à tous les intéressés. En principe, toutes ces écoles ont droit à une subvention de la part de l’Etat, au niveau équivalent au coût moyen d’un élève dans les écoles d’Etat. Ceci, évidemment est insuffisant ; une taxe supplémentaire payée par les parents est donc indispensable. Cette taxe varie en fonction du standard de l’école et de ses frais ; comme point de repère, on peut dire qu’elle équivaut de 1/3 à 2/3 d’un salaire moyen, c’est donc un grand fardeau pour la famille. Ces frais sont au moment présent le facteur principal qui limite le nombre des écoles non-gouvernementales. LES PROGRAMMES Les programmes actuels des écoles polonaises sont "encyclopédiques", surchargés, visant à la préparation des élèves au lycée, tandis qu’en réalité parmi ceux qui sortent des écoles primaires, 50 % terminent leur éducation au niveau des écoles de formation professionnelle élémentaire ; 30 % vont aux écoles techniques professionnelles du niveau secondaire, et seulement 20 % arrivent au lycée. La formation professionnelle présente un problème formidable, car à l’état actuel elle est la prolongation d’une économie totalitaire périmée, qui est en déroute : cette formation est donc en train de produire des "chômeurs potentiels". D’autre part, les programmes des lycées sont à leur tour surchargés d’informations inutiles. Pour les jeunes c’est le manque d’espérance et de perspectives. Le chômage, qui est à 12 % environ, atteint en premier lieu les étudiants qui sortent des écoles et des universités et ne trouvent pas de travail, surtout dans leur spécialité. Leurs attitudes sont souvent passives, issues des réminiscences d’un Etat qui fournissait tout, y compris l’emploi, et qui récompensait le conformisme et la passivité. D’autre part, en voyant le décalage entre les salaires et le niveau de vie à l’Occident et dans leur propre pays, ils s’impatientent et ils voudraient avoir tout à la fois. Une réforme radicale de l’enseignement est donc en préparation. Elle envisage pour les mêmes sujets la création successive de programmes alternatifs, approuvés par le Ministère, laissant aux professeurs la possibilité de choix. Le même concerne les manuels. Ceci donnerait à l’enseignement un trait dynamique, assurant une évolution continue. On envisage aussi des activités extra-scolaires. Le tout vise à apprendre aux élèves à profiter des sources d’informations modernes et à leur donner une formation humaine et une habilité de coopération avec leur entourage. On espère pouvoir introduire ce programme d’un seul coup au cours des trois années prochaines. LES DIFFICULTES ET LES PERSPECTIVES. Mais il faut souligner que, pour le moment, le système scolaire est en difficulté surtout à cause du déficit budgétaire, menant à des économies des dépenses publiques dans les domaines de l’éducation publique et des services médicaux. On estime qu’au moment présent 10 % des frais scolaires des écoles d’Etat sont remboursés par les parents, tandis que les écoles elles-mêmes sont obligées pour survivre de gagner de leur propre initiative 10 % encore. On prétend aussi qu’un grand nombre d’enfants arrive le matin à l’école sans avoir pris leur petit déjeuner. Mais ceci, d’autre part, donne naissance à toutes sortes d’initiatives liées aux écoles d’Etat, qui ressemblent à ce qu’on fait dans le domaine des écoles "sociales" ou privées. Un libéralisme marqué autorise les professeurs des écoles d’Etat, sous certaines conditions, à expérimenter avec des programmes préparés par eux-mêmes, qu’on appelle des "programmes d’auteurs". D’autre part, l’élimination successive (par voie de concours) de directeurs qui étaient des anciens membres du parti, vise à supprimer l’atmosphère autoritaire entre instituteurs, élèves et parents, qui empoisonnait les écoles. Il faut ajouter que deux lycées d’Etat - un à Varsovie et un à Gdynia - vont entrer l’année prochaine dans le système du Baccalauréat international. Dans ce contexte, les écoles non-gouvernementales frayent le chemin de la réforme. Paul Czartoryski
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