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Lettre N° 71 - ALLOCUTION DE M. GERARD LARCHER, VICE-PRESIDENT DU SENAT
ALLOCUTION DE M. GERARD LARCHER, VICE-PRESIDENT DU SENAT
Monsieur le Président, mesdames et messieurs, tout d’abord merci de m’avoir invité à votre assemblée générale. Elle se tenait dans une des salles du Sénat, ce qui démontre sa préoccupation, au travers de ses missions de représentation du territoire, de la mission d’éducation. D’ailleurs le Sénat a produit, notamment par la plume d’Adrien Gouteyron une évaluation et un rapport sans complaisance il y a moins de deux ans sur la situation de notre système éducatif. Moi-même, dans un cadre plus politique et avec un groupe de proviseurs, de principaux, d’instituteurs, d’institutrices et de parents d’élèves, j’ai commis un rapport volontairement bref sur l’enseignement il y a quelques semaines, contribution à la réflexion de l’opposition, dans la perspective d’une alternance, dans le cadre de ce que nous avons intitulé peut-être pompeusement " une nouvelle école pour la France ". Vous êtes donc ici chez vous et le Président Poncelet m’a prié de vous transmettre ses amicales pensées au moment de votre assemblée générale. Naturellement, Enseignement et Liberté a été auditionnée par notre groupe de travail et y a apporté la contribution de ses travaux et de ses réflexions. Cet après-midi même, vous traitiez d’une des formes de ce qui est constaté comme un des échecs de notre système, celui de l’apprentissage de la lecture. Moi-même, je suis rentré il y a maintenant plus d’un an dans cette réflexion, dans ce rapport, sans avoir l’expérience d’un Armel Pécheul ou d’un éducateur. J’y étais rentré avec le sentiment, comme maire, que le maillon faible de notre système éducatif était le collège ! Et je suis revenu sur cette première appréciation : c’est dans les fondamentaux, donc à l’école primaire, et peut-être même avant que se situent les problèmes essentiels de notre système éducatif . En effet les statistiques nous montrent qu’en sixième 15% des élèves ne maîtrisaient pas du tout la lecture en 96, ils sont 20% en 99. Quel que soit le thermomètre qu’on utilise, " Celsius ou Fahrenheit ", le systèmes, nous amène à une croissance de l’échec de la connaissance de la lecture compréhensive à l’entrée en sixième. En ce qui concerne le calcul, on passe de 33% à 38% en trois années. C’est dire que ce double échec vis-à-vis des fondamentaux est une question qui n’appartient pas aux seuls enseignants, mais c’est bien une question qui est posée à l’ensemble de la classe politique. C’est elle qui se doit de réagir, face à cette réalité. Et si elle ne réagit pas, c’est le principe d’égalité qui est battu en brèche. Il est assez paradoxal que ce soient celles et ceux qui se réclament le plus de" l’égalité " qui soient assez indifférents à ce principe fondamental de l’égalité ! La connaissance à l’âge de onze ou douze ans d’une bonne lecture compréhensive est fondamentale pour la réussite. Comment former des citoyens à la liberté de choix si à onze ou douze ans, ils sont dans l’incapacité de comprendre ce qu’il tentent de lire. Quatre causes principales, à l’origine de l’ échec : 1) tout d’abord, le laxisme de l’institution, car vous y avez consacré, si ma mémoire est exacte, un de vos feuillets il n’y a pas si longtemps, une institution qui ne prend pas au sérieux la violence, la délinquance et qui oublie l’application des valeurs de la République et de l’ordre républicain; 2 ) ce passage à de nombreux niveaux que l’on va retrouver jusqu’en terminale, le plus souvent automatique ou à la disposition des familles dans la classe supérieure; 3 ) c’est aussi la réduction excessive que l’on trouvera au-delà du primaire d’un certain nombre de sections professionnelles; 4) c’est le manque crucial et cruel d’autonomie pédagogique. Mais permettez-moi de dire que les programmes paraissent devoir d’abord être recentrés sur l’essentiel. Nous avons fait un relevé de ce que serait une journée complète, au collège ou en primaire de ceux qui voudraient célébrer tout ce qu’on leur demande de célébrer, en partant des circulaires du ministre de l’Education nationale. Et bien pour la même année, est-ce que l’instituteur, est-ce que le principal est prêt à célébrer la journée de la femme, de la mère et de l’enfant, des aveugles, de l’environnement, de la musique, du souvenir de la déportation, de la lutte contre le sida, la semaine nationale des personnes âgées, la semaine des arbres, la semaine nationale des paralysés et infirmes civils, la quinzaine de l’école publique. C’était à l’époque l’anniversaire de l’armistice de 1918, celui des traités de paix de 1919, le centenaire de l’association Valentin Haüy, le centenaire de la naissance du Général de Gaulle, le bicentenaire de la révolution française, l’hommage à Jean Monnet, le concours national de la résistance, etc. enfin il y en a deux pages. Il faut se recentrer sur l’essentiel. L’essentiel, c’est d’avoir des acquis fondamentaux et c’est de cesser de faire croire que l’encyclopédisme serait un objectif. C’est une illusion et voilà la première des conclusions que nous posons dans notre rapport, qui je le crois rejoint certaines de vos préoccupations. Le deuxième des sujets, c’est la réflexion que nous devons avoir me semble-t-il et sur lequel il serait important qu’Enseignement et Liberté se penche, c’est décentralisation et déconcentration. Est-ce qu’on croit qu’il est encore possible, alors que c’est 13 millions de personnes concernées, que l’on puisse continuer à vivre la centralité, sous prétexte qu’elle préserverait les valeurs de la république. Il y a un moment où la centralité, parce qu’elle devient comme un super tanker, échappe et à son capitaine et à ses officiers, pour devenir une machine qui s’auto-alimente, qui vit dans ses propres rêves. Comment conjuguer l’égalité républicaine, la déconcentration et la décentralisation, il y a là, me semble-t-il, une vraie réponse que nous devrons apporter si, par hasard ou par volonté, nous arrivons à nous entendre les uns les autres, à nous rassembler et à nous réunir pour proposer à notre pays une alternance à ce système médiocre qu’on nous propose aujourd’hui. Alors, mesdames et messieurs, " il y a du pain sur la planche" , autour de quelques idées simples, autour de quelques idées fortes qui nécessiteront du courage politique, mais un courage politique qui doit être pragmatique ; parce que nous voyons bien que si nous ne faisons pas preuve de pragmatisme et de réalisme ou le coup de gouvernail que l’on veut donner n’est soit suivi d’aucun effet, ou c’est suivi d’une espèce de folie et d’un sauve-qui-peut sur le navire. Nous assistons à chaque fois au blocage de toutes les réformes que nous souhaiterions conduire. Il y a ici Armel Pécheul qui a réfléchi à beaucoup de choses, qui a tenté beaucoup de choses et nous voyons bien parfois que le dépit ou un certain découragement pourrait nous saisir ! En tous les cas, comme gaulliste, le découragement ou le dépit sont contraires à la nature de mon engagement politique. Je pense aussi que le pragmatisme fait partie de cette nature ; c’est autour de ces valeurs-là qui est une école qui enseigne les fondamentaux, une école où le chef d’établissement a plus d’autonomie et de responsabilité que je vous propose de réfléchir, notamment autour des thèmes de la décentralisation et de la déconcentration. Merci de m’avoir invité pour quelques minutes à votre assemblée générale d’Enseignement et Liberté. J’ai une demande à faire : ne baissez pas les bras, continuez le combat, donnez à Enseignement et Liberté encore plus de force et de rayonnement, parce qu’on finit par croire que dans ce système il n’y aurait qu’une pensée unique, pensée unique sous forme de fourches caudines sous lesquelles hommes et femmes politiques, quelle que soit leur sensibilité seraient condamnés à passer pour entrer "dans Rome". Eh bien je vous propose que nous entrions par d’autres voies ensemble. Voilà, mesdames et messieurs, ma contribution ! Tweet |