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Lettre N° 106 - Le bateau ivre (2)
Comme je descendais des fleuves impassibles,
Tel le bateau ivre du poème d’Arthur Rimbaud, l’Éducation nationale flotte plus ou moins doucement à la dérive.
Ce n’est pas (comme tente de le faire Luc Châtel avec la réforme du lycée) en modifiant le rôle des professeurs désabusés qui en forment l’équipage ou en multipliant les passerelles pour les passagers-élèves démoralisés que l’on permettra au vieux navire de retrouver son bon cap.
Ce n’est pas non plus en estimant (comme Valérie Pécresse) que les épreuves orales des concours des Grandes Écoles devraient mieux mesurer "l'intensité, et la valeur du parcours" des étudiants, en particulier ceux venus des quartiers défavorisés, que l’on résoudra la question de la présence à l’Université d’étudiants qui ne peuvent malheureusement rien en espérer. C’est encore moins en ouvrant des querelles byzantines sur le montant des quotas de boursiers dans les grandes écoles que l’on inspirera confiance aux nostalgiques de l’ascenseur républicain.
Chacun sait bien que les difficultés de notre système éducatif ne sont pas là. Elles résultent pour l’essentiel d’une vision purement quantitative de la question de son adaptation à l’évolution de notre société. Elles découlent aussi de la pédagogie désastreuse qui, par sa nature même, est associée à cette politique quantitative..
Michel Segal, professeur de mathématiques, décrit très bien la façon dont ceux qui ne veulent pas travailler parviennent à en empêcher ceux qui le voudraient. Sa conclusion sur le collège unique est sans détours : « C’est une vérité bien connue de tous les enseignants, du moins de ceux qui enseignent : le niveau homogène d’une classe est une condition sine qua non de progrès et de bons résultats ».
Le collège unique, la sélection à l’entrée de l’université, les méthodes pédagogiques, la cogestion de l’Education nationale par les syndicats, la règle non écrite fixant à 20 % la part que l’enseignement privé ne peut pas dépasser, autant de questions essentielles qui ne sont jamais traitées dans les modestes lois d’adaptation du système auxquelles chaque ministre de l’Education nationale cherche à associer son nom.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une grande loi d’orientation, avec des ambitions aussi importantes que celles qui inspiraient la loi Jospin il y a vingt ans, mais, évidement avec des choix fondamentalement différents !
Tel est le vœu que je forme au début de cette nouvelle année, avec ceux que j’adresse à tous nos lecteurs.
Recteur Armel Pécheul
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