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Lettre N°133, 3e trim 2016 - Faut-il avoir peur des neurosciences ?
Faut-il avoir peur des neurosciences ?
Ce n’est pas l’avis de Jack Lang qui affirmait dans Paris Match du 15 mai 2014 « pourquoi ne pas introduire les neurosciences dans la formation des maîtres? ». Cela semble être en revanche celui d’Ange Ansour, responsable du programme Les Savanturiers au Centre de recherches interdisciplinaires, et d’Olivier Rey, responsable de l’unité Veilles & analyses de l’Institut français de l’éducation.
La critique de Mme Ansour, dans le N°883 du 16 mai de La Lettre de l’éducation n’est pas à sens unique. D’un côté, constatant que les neurosciences exercent aujourd’hui un immense attrait sur la communauté enseignante, elle craint que « certains puissent les voir comme détentrices de vérités sur les pratiques de classe » et considère comme un neuromythe n’ayant jamais été validé l’opposition entre le cerveau droit et le cerveau gauche ; d’un autre côté, elle est portée à croire que « dans l’univers pluridisciplinaire des sciences de l’éducation, les neurosciences deviendront une discipline contributrice supplémentaire au même titre que l’histoire, la sociologie ou la didactique.
Pour Olivier Rey, dans le N°889 du 27 juin de La Lettre de l’éducation, si les découvertes sur la plasticité du cerveau sont fondamentales pour en finir avec les conceptions fixistes ou innéistes, il ne faut pas croire « que les neurosciences non seulement permettent de décrire ce qui se passe dans le cerveau mais contiennent aussi les solutions pour résoudre la plupart des problèmes scolaires. »
Il dénonce « une tentative de réduire la recherche à un seul type de démarche, la démarche expérimentale, en esquivant la confrontation et le débat sur les différentes façons de construire une approche scientifique en éducation. »
Ces deux critiques ne décrivent pas avec la rigueur scientifique souhaitable la démarche des spécialistes des neurosciences :
Ange Ansour et Olivier Rey ont certainement raison de dénoncer la tentation de « nombreux politiques » et d’enseignants – ils auraient pu ajouter de journalistes – de voir dans les neurosciences le remède à tous les maux de l’école, mais ils ont tort de confondre ces amateurs avec les scientifiques et de dire à ces derniers comme Apelle au cordonnier : « Pas plus haut que la chaussure ! »
Ph G
P. S. Il ne faut bien entendu pas confondre les scientifiques qui étudient l’aptitude du cerveau à créer des réseaux de traitement de l’information, comme par exemple Stanislas Dehaene pour l’apprentissage de la lecture ou le calcul et les idéologues qui prétendent généraliser des cas pathologiques, comme le font les adeptes de la « parentalité bienveillante et respectueuse ».
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