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Lettre N°133, 3e trim 2016 - L’apprentissage de la langue arabe dès le cours préparatoire
L'apprentissage de la langue arabe dès le cours préparatoire
Les querelles sémantiques qui opposent la ministre de l’éducation nationale à quelque(s) candidat(s) républicain(s) à l’élection présidentielle vont bien au-delà des mots : elles touchent directement la question de savoir si l’enseignement de la langue arabe en CP sera – ou ne sera pas – obligatoire…. et ce que deviendront les jeunes enfants qui feront l’objet de cette tentative de dilution de la communauté nationale.
Pour l’instant, l’enseignement de l’Arabe n’est pas obligatoire, mais le gouvernement et sa ministre de l’éducation tournent « autour du pot » et multiplient les effets d’annonce contradictoires sur ce sujet. L’enseignement de l’arabe en CP sera-t-il obligatoire, encouragé, proposé, choisi ? En tout cas ils tiennent là un objet important de débat pour les élections présidentielles et pour après. Et, après tout, pourquoi pas, car c’est en effet un sujet majeur pour l’avenir de notre pays. Mais alors, il mérite vraiment mieux que des anathèmes électoraux.
Soyons ici très précis, car le procès en sorcellerie n’est jamais très loin lorsque l’on aborde ces questions. Pour être rigoureux il faut bien dire que ce qui est en cause ici n’est pas l’enseignement de la langue arabe – en elle-même – dans notre République. Il existe d’ailleurs une agrégation d’arabe depuis 1905 (n’y voyez aucun rapport !). Et c’est très bien. Ce qui fait débat est bien le fait que l’apprentissage de la langue arabe puisse être rendu obligatoire ou encouragée pour les enfants de CP.
En CP, ce n’est pas rien puisque c’est à ce stade que l’on inculque le socle des savoirs et des connaissances, les fondamentaux, les gênes de notre culture et de notre histoire commune : lire, écrire, compter, l’histoire, la langue. C’est ce socle commun qui nous unit, il nous intègre, il nous rassemble et il nous permet de vivre ensemble avec le moins de heurts possible, conscients que nous sommes de partager le même destin. A l’heure de la mondialisation, on pourrait d’ailleurs y ajouter l’apprentissage d’une seconde langue pour permettre à nos jeunes têtes brunes ou blondes d’affronter avec de vrais atouts les défis des échanges internationaux. Mais pour ce faire, l’anglais, le chinois, l’espagnol, l’hindi, le malais indonésien, le russe seraient plus efficaces car ces langues sont beaucoup plus parlées que l’arabe. Notre langue, quant à elle, est la troisième langue parlée au monde. Elle est l’un des instruments privilégiés de notre influence et de notre rayonnement. L’arabe n’est parlé que dans une petite quinzaine de pays au monde. Elle est la huitième ou la neuvième.
Ce n’est pas le bilinguisme au profit des jeunes enfants qui est recherché : c’est la création de deux France (s) avec deux cultures, deux modes de vie, deux conceptions du monde. C’est une certitude pour beaucoup d’entre nous, mais autant souligner l’évidence pour ne plus y revenir. Le but présenté est de favoriser l’intégration de très nombreux enfants : l’intégration en France et à la France par la langue arabe, si l’arabe est obligatoire pour tous ; la juxtaposition de deux communautés françaises distinctes si le choix entre le français et l’arabe est possible, et si chacun choisit sa communauté d’origine. Dans les deux cas l’intégration au cœur du seul creuset français par l’apprentissage privilégié de la langue française est écartée.
Chacun comprend bien que ce projet est d’abord et avant tout un projet multiculturel et pluri identitaire. Il empêche nécessairement l’intégration, pour ne pas parler de l’assimilation. Il favorise au contraire la juxtaposition d’identités distinctes. Il sera à l’origine d’une société faite de clans et de rivalités communautaires entre ceux qui parleront la langue française et ceux qui parlerons la langue arabe. C’est bien là un enjeu majeur pour la France et qui mérite un vrai débat au moment des élections présidentielles et, cette fois, sans langue de bois.
Recteur Armel Pécheul
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