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Lettre N°131, 1er trim 2016 - La République autoritaire
La République autoritaire
Agriculture, chômage, dette publique, immigration…, ce ne sont pas les motifs d’inquiétude qui manquent. Un seul monde nous semble épargné : celui du ministère de l’Education nationale. Après les réformes du collège, des programmes et de la notation, celle de l’orthographe entre en vigueur après vingt-cinq ans de sommeil.
Il y a évidemment une certaine logique à supprimer les fautes, après les notes et après les cours magistraux, mais c’est une logique mortifère. Les premiers à en pâtir seront ceux qui sont supposés en être les bénéficiaires, car ils seront condamnés à porter l’étiquette « orthographe simplifiée », pendant que ceux qui continueront à être élevés au sein d’une culture familiale classique pourront toujours lire et comprendre nos auteurs classiques….On a peu de mal à imaginer qui les employeurs choisiront. A moins qu’il ne vienne à l’esprit de la ministre de corriger l’orthographe de Victor Hugo, de Balzac, de Baudelaire ou d’Aragon.
Est-ce parce qu’elle sentait confusément cela que Mme Vallaud-Belkacem a tenté de se décharger de sa responsabilité sur l’Académie ? Les pages suivantes montrent bien qu’il n’en est rien et qu’aujourd’hui, comme il y a vingt-cinq ans, c’est le pouvoir politique qui entend régenter la langue.
Cette réglementation administrative de l’orthographe est-elle un premier pas vers l’officialisation d’une novlangue ou d’un sabir destiné à se substituer au français ou n’est-elle qu’une tentative maladroite pour faire passer les réformes précédentes ? En tout cas, la multiplication des mouvements chez les enseignants et des protestations d’associations locales de parents d’élèves montre que c’est encore raté.
Dans cette situation le rôle d’une association comme la nôtre n’est pas de cultiver une vaine nostalgie du passé ni de pratiquer un activisme illusoire. Nous avons accumulé au cours des années un capital d’analyses et d’informations sur ce tout qui touche à la liberté d’enseignement et sur ce dont dépend sa qualité.
Pour l’école libre nous devons catalyser le soutien de ceux qui lui demandent d’être fidèle à sa mission et de ne pas se soumettre aux pouvoirs publics, comme cela vient malheureusement d’être le cas quand elle a approuvé la calamiteuse réforme du collège.
Pour la qualité de l’enseignement, l’heure est venue, au vu des progrès réalisés dans la connaissance du fonctionnement du cerveau et des études comparant sur le terrain l’efficacité des méthodes syllabiques et semi-globales, de redonner leur place aux premières.
Philippe Gorre, notre délégué général, va pouvoir dorénavant se consacrer à temps plein à ces questions. Si vous pouvez y participer vous aussi, sous quelque forme que ce soit, n’hésitez pas à lui en faire part.
Alors que les échéances électorales approchent, nous devons diffuser ces analyses dans le public et aux candidats. Cette Lettre est, avec notre site internet, notre page facebook et notre compte Twitter un moyen privilégié de le faire. Le bulletin ci-joint vous indique les façons dont vous pouvez contribuer à sa diffusion.
Recteur Armel Pécheul
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