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Lettre N°129, 3e trim 2015 - L'improbable mixité scolaire
L’improbable mixité scolaire
Il faut convenir que le rythme des pseudo-réformes lancées ou annoncées par Mme Vallaud-Belkacem est impressionnant. Leurs détracteurs, ceux qu’elle appelle des pseudo-intellectuels ont du pain sur la planche.
A la réforme du collège et des programmes ont succédé celles de l’évaluation des élèves et du brevet que doivent suivre celles annoncées de la mixité sociale et du statut de parent d’élèves délégué.
Dans ce numéro, nous montrons de quelle façon le ministère a manipulé un sondage pour faire croire que l’opinion publique était favorable à la réforme des programmes et de l’évaluation, tout en tentant de faire obstacle à la mobilisation du corps enseignant contre la réforme du collège.
L’intention exprimée, a priori sympathique, de favoriser la mixité sociale cache mal la volonté de renforcer la rigidité de la carte scolaire, en instaurant dans les collèges des quotas en fonction de la catégorie socioprofessionnelle des parents.
Dans la pratique, une expérimentation va être lancée dès la rentrée 2016 dans dix-sept départements volontaires : des secteurs multi collèges seront créés dans des territoires où coexistent des collèges à populations favorisées et des collèges à populations défavorisées, afin d’affecter les élèves en respectant la mixité sociale.
Invitée de France Info le 10 novembre[1], Mme Vallaud-Belkacem a tenté de rassurer les parents en disant qu’elle ne veut rien imposer mais rendre attractifs les établissements qui vont mal, en « travaillant sur l’offre pédagogique » ; en y proposant par exemple, a-t-elle dit l’apprentissage du chinois, avant d’ajouter, avec une lucidité qui l’honore, « je dis n’importe quoi ».
Outre le chinois, elle a d’ailleurs deux autres arguments pour obtenir la mixité en douceur : L’argument scientifique, avec la caution de Mme Mons, présidente du Conseil national de l’évaluation du système scolaire, qui déclare dans Libération : «La mixité sociale est un avantage pour tous les élèves sans exception»[2]. Il est permis d’en douter.
L’autre argument est financier, les départements qui financent les collèges publics ayant tout intérêt, en cette période de disette financière, à se concilier les bonnes grâces du ministère.
Ces bonnes grâces pourront d’ailleurs être étendues à l’enseignement catholique : «On peut imaginer que l'on donne à ces établissements privés la possibilité de se développer, d'ouvrir davantage de classes».
Recteur Armel Pécheul
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