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Lettre N°125, 3e trim 2014 - Lecture : la science a tranché
Lecture : la science a tranché
L’annonce qui vient d’être faite des résultats d’une expérience conduite dans l’Unité d’imagerie cognitive de l’INSERM sur la façon dont notre cerveau lit, met, ou en tout cas devrait mettre, un terme au débat sur les méthodes de lecture.
Stanislas Dehaene (académie des sciences), qui dirige le laboratoire a en effet déclaré : « Les personnes qui apprennent avec une méthode alphabétique phonique entraînent le circuit de l’hémisphère gauche qui est le circuit universel efficace de la lecture ; les personnes qui portent une attention globale à la forme du mot n’utilisent pas ce circuit : leur attention est orientée vers l’hémisphère droit qui a un circuit beaucoup moins efficace pour l’analyse de la lecture ».
Cette déclaration sans ambiguïté a d’autant plus de poids que son auteur, qui étudie cette question depuis plusieurs années, – il a publié Les neurones de la lecture (2007) et Apprendre à lire (2011) – tout en affirmant la nécessité d’apprendre le code alphabétique, ne s’était pas prononcé, faute de disposer de connaissances nécessaires sur le fonctionnement du cerveau, entre l’acquisition du code en partant des lettres ou en partant des mots.
Voila qui est chose faite, et cela au profit des méthodes alphabétiques, dites aussi syllabiques ou synthétiques.
Dans une série de six articles, publiés dans les numéros 105 de septembre 2009 à décembre 2010 de La Lettre d’Enseignement et Liberté, je notais que la logique et les leçons de l’histoire suffisaient à elles seules à établir la supériorité, non pas relative, mais absolue, de la démarche synthétique sur la démarche analytique :
Ces deux aspects de la question ne sont jamais abordés par les partisans des méthodes à départ global, dont la position, purement défensive, consiste, d’une part, à dire que dans l’état de nos connaissances les neurosciences ne permettent pas de trancher entre les deux voies, et d’autre part à contester les résultats des comparaisons effectuées sur le terrain entre les deux méthodes. Ils prétendent que ces comparaisons, toutes effectuées à l’étranger, ne s’appliquent pas à une prétendue exception française ou, bien à tort, qu’elles ne sont pas statistiquement significatives.
Reconnaîtront-ils la validité de l’expérience Dehaene ?
Renonceront-ils à l’exception française, au vu de l’étude Deauvieau effectuée dans des zones d’éducation prioritaires de la région parisienne, qui montre que les élèves ayant bénéficié d’une méthode alphabétique ont en moyenne vingt points de plus que les autres sur une échelle de cent ?
Philippe Gorre
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