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Lettre N°4 - QU'A-T-ON FAIT ?
Dans notre abondant courrier, une longue lettre, très pertinente, qui contient des appréciations critiques sur diverses personnalités qui ont négocié, au nom de l'Enseignement Catholique, avec le Gouvernement. Nous la publierions bien volontiers, dans son intégralité, si son auteur ne refusait, pour des raisons très légitimes, de voir lever son anonymat. Nous ne pouvons publier des reproches qui visent des personnes étrangères à notre Association, sans qu'ils soient signés. En revanche, pour ce qui nous concerne, nous disposons d'une tout autre liberté. Notre correspondant nous écrit : "Alors je vous dis : que faites-vous ? Je suis prêt à vous aider dans la mesure de mes moyens. Mais si vous ne faites rien, inutile de continuer à m'envoyer votre bulletin." Bien volontiers, nous répondons à cette question et tentons de nous justifier. D'abord, nous avons travaillé au développement de notre association, ce qui a exigé beaucoup de temps et de moyens. Mais elle connaît ce prodigieux essor qui lui a permis d'atteindre amplement le nombre d'adhérents indispensable à sa crédibilité. Ensuite, nous avons participé à la manifestation de Versailles. Enfin, nous avons publié, dans les deux derniers mois, en plus de notre Lettre et d'un article paru dans le Figaro, quatre communiqués qui traduisaient notre inquiétude devant l'évolution de la situation et les illusions de certains. Chacun de ces communiqués a été diffusé à environ 200 publications ou responsables d'organismes importants. Il nous semble salutaire de reproduire ces communiqués afin que chacun puisse juger en conscience si nos analyses étaient sérieuses et nos avertissements dignes d'être entendus. Le 22 mars, peu après la publication de l'avant-projet de loi, nous écrivions : COMMUNIQUE DE PRESSE n° 11 M. Savary a rendu public son projet, qui n'est pas un honorable compromis fondé sur un consensus dont M. Pommatau (Secrétaire Général de la F.E.N.) vient de rappeler qu'il était impossible "sur le plan idéologique", mais un dispositif bien agencé de mise à mort indolore des écoles libres.
ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ s'étonne de voir les responsables de l'enseignement catholique réserver leurs critiques à ce dernier point, effectivement essentiel, mais qui est précisément le seul qu'une procédure insidieuse permet de trancher par voie réglementaire, sans débat législatif. Se préparent-ils à une capitulation en rase campagne pour ne pas avoir à "se compromettre" avec les parlementaires de l'opposition, seuls présents aux récentes manifestations, et seuls en mesure d'entraver sur le plan législatif l'offensive marxiste, alors que les professionnels de la laïcité se vantent des pressions qu'ils exercent sur le pouvoir politique ? ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ invite ces responsables à tirer la leçon de l'échec de la négociation qu'ils ont cru devoir mener et à combattre désormais sans pusillanimité. Nous étions encore naïfs en supposant que le Gouvernement hésiterait à inscrire dans la loi la fonctionnarisation des maîtres. Il est vrai que c'était au temps où M. Daniel, jamais pressé d'agir, proclamait qu'après la loi, il y aurait les décrets et qu'on pourrait lutter contre les décrets. Aujourd'hui, on sait que l'essentiel est dans la loi et que les décrets en couleront de source. Au lendemain des manifestations du C.N.A.L. auquel s'étaient associés toutes les organisations de gauche : COMMUNIQUE DE PRESSE N° 12 Les manifestations dites de défense de l'école publique n'ont connu ni le triomphe, ni le succès, mais simplement ce que par politesse on appelle un semi-succès ce qui désigne en réalité un véritable échec. Trois enseignements sont à tirer du triste spectacle qui a été offert aux Français :
Loin d'être améliorés, les projets Savary seront donc vraisemblablement aggravés. Ceux qui croient défendre la liberté de l'enseignement sans désigner ses adversaires, qui nient le caractère politique du problème et qui ne distinguent pas la foule de Versailles du rassemblement commandité par M. Bouchareissas, en seront probablement pour leurs frais : ils n'obtiendront pas les ultimes concessions qui leur permettraient de masquer leur capitulation en honorable compromis. Il n'est que temps pour eux de tirer les leçons de l'échec de leur stratégie. Si j'en crois le Monde, daté du 24 mai, "M. Mermaz, Président de l'Assemblée Nationale, fort de son autorité morale, a expliqué (hier, au groupe socialiste) que vu la position des communistes le gouvernement doit "se caler" sur le groupe socialiste". Je suis très humblement reconnaissant à une aussi haute autorité "morale" de rejoindre nos analyses. La découverte des placards publiés dans la presse par l'U.N.A.P.E.L. nous conduit à publier le texte suivant, le 17 mai : COMMUNIQUE DE PRESSE N° 13 ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ déplore que la direction nationale de l'U.N.A.P.E.L. engage une campagne de presse pour demander seulement que le projet Savary ne soit pas "aggravé". Les termes retenus laissent à penser qu'en l'état actuel le projet de M. Savary constitue un compromis honorable, alors qu'en de multiples occasions l'U.N.A.P.E.L. elle-même l'a déclaré inacceptable. Cette attitude ne correspond aucunement à l'attente des 71 % des Français qui sont attachés au pluralisme scolaire. Elle provoquera inévitablement leur suspicion et la légitime colère qu'étrangement l'U.N.A.P.E.L. semble redouter l'illusion a-t-elle duré si longtemps ? Dès que nous avons eu connaissance des faits que nous relations, nous écrivions le 19 mai : COMMUNIQUE DE PRESSE N° 14 Le projet gouvernemental relatif à l'école libre va être adopté (par application de l'article 49-3 de la Constitution) sans un suffisant examen à l'Assemblée Nationale dont aucune commission ne l'a complètement étudié. Respectant la lettre de la Constitution, le Gouvernement pervertit son esprit. Les droits du Parlement sont bafoués, le débat public escamoté. Une manifestation pacifique, organisée par les Fédérations des APEL d'Ile-de-France, vient d'être interdite, sans aucune justification, sur ordre de Monsieur Deferre. Les Français se voient ainsi privés d'un droit fondamental que leur garantit la Constitution. Enseignement et Liberté alerte les citoyens. Mis en difficulté, le Pouvoir recourt à des procédés qui relèvent d'une dangereuse dérive totalitaire. Personne ne comprendrait que son attitude ne soit pas flétrie dans les moindres délais par les plus hautes autorités morales. Le Cardinal Lustiger a sagement annoncé qu'il se tairait lorsque la parole serait au Parlement. Continuera-t-il à se taire lorsque l'Assemblée Nationale est réduite au silence ? L'Église de France qui entend défendre les droits de l'homme sur l'ensemble de la planète permettra-t- elle qu'ils soient bafoués en France ? Comment soutiendra-t-elle demain les Polonais qui manifestent pour leur liberté si elle tolère qu'on interdise aujourd'hui aux Français de manifester pour la leur ? M. B., le 23 mai 1984
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