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Lettre N° 30 - LIBERTÉ D’ENSEIGNEMENT : LA PRISE DE CONSCIENCE DES PAYS DE L’EST
LIBERTE D’ENSEIGNEMENT : LA PRISE DE CONSCIENCE DES PAYS DE L’EST Le compte rendu du Symposium organisé à Genève a été préparé par M. Alfred Fernandez, Directeur Général de l’OIDEL, qui a la très grande obligeance d’en autoriser la publication. J’ai cru opportun de modifier le texte sur les deux points suivants : d’abord pour abréger considérablement le résumé de ma propre communication, qui développait des idées que j’ai déjà présentées pour l’essentiel dans cette Lettre. Ensuite pour évoquer quelques interventions passées sous silence par M. Fernandez par souci d’être bref. Afin d’éviter toute confusion, les passages modifiés ou insérés par mes soins sont en italique. Je crois devoir ajouter que si le nombre des pays de l’Est représentés peut sembler un peu limité, c’est que certains intervenants annoncés - dont Madame Cornéa - ont été dans l’impossibilité de se déplacer. M.B. Le Symposium d’éducation de Genève organisé par l’OIDEL en collaboration avec les associations Enseignement et Liberté (France) et Movimento Popolare (Italie), et avec le soutien du Conseil de l’Europe, a rassemblé fin octobre près de 120 experts en éducation, parents d’élèves et responsables politiques de 15 pays d’Europe (Ouest, Centre et Est). Le symposium, qui a été présidé par les anciens Ministres de l’Education de Belgique et de France A. Humblet et R. Haby, avait comme thème : Liberté d’enseignement et démocratie dans les pays d’Europe centrale et orientale. Le Ministre italien de l’Education G. Bianco, Président du Comité des Ministres de la CE, et le Sous-Secrétaire Général des Nations Unies pour les droits de l’homme, M. J. Martenson, ont envoyé des messages. Prenant la parole lors de l’ouverture du symposium, K. Skorzynska, Directrice pour les affaires de l’enseignement privé et l’innovation du Ministère de l’Education polonais, a relevé que "dans le processus de passage d’une société totalitaire à une société démocratique, deux attitudes sont à développer en priorité : la capacité de s’associer dont Tocqueville disait que dans les pays démocratiques, c’est une capacité fondamentale de laquelle dépendent les progrès de toutes les autres, et la capacité de participer à la création de communautés locales, champ d’action des associations". Les nouvelles lois adoptées en Pologne vont dans ce sens. Le projet de nouvelle loi d’éducation garantit l’autonomie de l’école en tant que communauté d’élèves, de parents et d’enseignants, le respect du droit des parents à éduquer leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses et politiques et la création des conditions juridiques indispensables pour organiser et gérer les écoles non publiques. Il prévoit également des subventions de l’Etat à hauteur de 100 % en faveur des écoles non-publiques et l’enseignement des langues des minorités nationales. Il existe déjà actuellement de nombreuses initiatives visant à la restauration de l’enseignement libre en Pologne. Toutes se distinguent par un type de gestion démocratique et par une grande influence des parents. Les parents qui entreprennent ces initiatives se réclament le plus souvent d’un système de valeurs qui, comme le chrétien, met en évidence la personne humaine. LES RAPPORTS ENTRE DEMOCRATIE ET LIBERTE D’ENSEIGNEMENT Le Vice-président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, J. Alvarez Vita, a souligné l’importance des libertés éducatives dans le cadre d’un développement harmonieux de l’être humain. Montrant le lien entre liberté d’enseignement et liberté d’expression, il a estimé qu’une démocratie saine ne peut exister sans liberté d’enseignement. M. Boudot, Président d’Enseignement et Liberté, montre comment la majorité des penseurs de la Révolution (à quelques notables exceptions près) était hostile à la liberté de l’enseignement qui est plus contraire à leur concept de la démocratie qu’appelée par elle. De là naîtra une tradition vivace qui laisse des traces encore aujourd’hui : le monopole étatique instauré par Napoléon survivra à l’Empire et ne sera que lentement grignoté. La liberté de l’enseignement, dont il y a lieu de distinguer diverses composantes, reste encore mal assurée. M. Martinez, Professeur à l’Université de Valladolid, dresse le tableau de la situation juridique de la liberté de l’enseignement en Espagne. Il est à noter que les solutions adoptées sont assez proches de celles retenues en France ; toutefois, sur des points essentiels, c’est la constitution elle-même qui les détermine, ce qui, à notre avis, offre le maximum de garantie. LES PERSPECTIVES DES PAYS D’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE E. Huebschmann, Directrice-adjointe à la Theresienschule de Berlin, l’unique école privée existante en RDA sous le régime marxiste, après avoir expliqué les difficultés de son école sous l’ancien régime, a souligné qu’après l’unification, l’Allemagne a une responsabilité particulière envers l’union européenne et doit jouer un rôle central dans le rapprochement entre les différents peuples d’Europe. En ce qui concerne son pays, la récente unification doit avoir lieu non seulement au niveau économique mais aussi culturel. Dans la ex-RDA, après 40 ans d’endoctrinement, l’enseignant doit apprendre aux élèves à être capables d’assumer leur existence individuelle. "Le bon enseignant - a conclu Mme Huebschmann - est le garant de la liberté et de la démocratie". Selon J. Kotasek, Doyen de la Faculté de Pédagogie de l’Université Charles de Prague, en Tchécoslovaquie le 1er juillet une loi a autorisé la création d’écoles dégagées de la tutelle de l’Etat. "Depuis, plusieurs dizaines d’écoles primaires ont ouvert leurs portes". Dans ce pays, l’essor de l’école privée s’appuie sur un constat d’échec du secteur public. "Non seulement l’enseignement est faible" note J. Svec, Vice-Recteur de l’Université de Bratislava, "mais les classes, avec 40 élèves en moyenne, sont surchargées. Aussi le Gouvernement est-il décidé à soutenir les écoles privées, qui lui apparaissent comme la solution la plus rapide à la crise de l’enseignement". En Pologne, le combat pour la liberté de l’enseignement est déjà ancien. Président de l’Association civique pour l’éducation (STO), qui a créé la plupart des écoles privées en Pologne, W. Starzynski en rappelle les étapes en ces termes : "Un groupe de plusieurs personnes s’est réuni à Varsovie en 1987, pour rompre le monopole d’Etat dans le domaine de l’éducation. Nous étions persuadés qu’il ne fallait pas brûler les anciennes écoles mais en fonder de nouvelles, tout en respectant les lois en vigueur". Actuellement STO anime 92 écoles dans toute la Pologne, 56 écoles primaires et 36 lycées. Ces écoles sont fréquentées par près de 5 000 enfants. LA MISE EN GARDE DES PAYS OCCIDENTAUX : LA LIBERTE N’EST PAS SEULEMENT UN PRINCIPE FORMEL Les participants des pays occidentaux ont mis en garde les citoyens de l’Europe centrale et orientale contre les dangers d’une liberté purement formelle comme celle qui existe dans plusieurs pays. Ainsi G. Guermeur, un des pères de la liberté de l’enseignement en France, a stigmatisé "l’hypocrisie des gouvernements qui gravent dans le marbre les grands principes de la révolution de 1789... tandis qu’ils mènent une guerre sainte pour interdire la pratique. Le moyen pour eux est très simple : il suffit de supprimer les moyens financiers pour que le choix d’une autre école que celle de l’Etat soit aussi pour la famille le choix du sacrifice financier. Liberté formelle, oppression réelle, tel est, de plus en plus, le lot de nos démocraties, soumises, maintenant, à la soft-idéologie, moins voyante mais plus insidieuse, fidèlement servie par toutes les forces politiques ou syndicales qui trouvent un intérêt commun à exercer un monopole sur l’éducation des enfants et sur l’information des citoyens". Sur la même question s’est exprimé W. J. V. van Katwijk, Président de l’Association Européenne des Parents d’élèves de la Communauté Européenne : la liberté d’enseignement est la base d’une société démocratique, elle suppose le choix aussi bien au niveau formel que réel. "Il est important de faire un contrat social, - a poursuivi van Katwijk - un compromis entre politique et société sur le droit du choix entre public et privé" comme il a été fait aux Pays-Bas. Le système doit être flexible, le gouvernement doit éviter une trop grande réglementation et l’Etat doit subvenir aux besoins des écoles publiques et privées. Monsieur Sixtus Sexton, Directeur de l’Education Unit, présente l’objectif des réformes du système anglais d’éducation : il estime qu’il faut garantir le libre choix de l’école (soumis aux seules lois du marché) et libérer les écoles de la tutelle des autorités publiques et que le rôle du gouvernement doit se réduire à la distribution dans des conditions équitables des crédits qui résultent de la collecte de l’impôt. Le Recteur Jaumotte, de l’Université Libre de Bruxelles, expose comment la Belgique en est venue à instaurer un système éducatif à la fois neutre et pluraliste, qui respecte la liberté de l’enseignement et le choix des parents. Ce système qui va être modifié pour tenir compte des communautés linguistiques est très satisfaisant ; il a le seul défaut d’être coûteux. Selon Ch. L. Glenn, Directeur du Bureau de l’égalité du Département d’Education du Massachusetts, "pour vraiment éduquer, éduquer pour la liberté, il faut aborder les questions essentielles de l’existence, en évitant les conflits paralysants sur les fondements et le contenu de l’éducation. Cela sera seulement possible, en encourageant une réelle diversité entre les écoles, sur la base du choix des parents et des professeurs parmi des alternatives scolaires pleines de signification. Les enseignants doivent pouvoir travailler dans des écoles qui partagent leurs valeurs et leurs objectifs, et les parents doivent pouvoir choisir des écoles qui partagent leurs valeurs. Parents, professeurs et élèves doivent pouvoir former une communauté : ceci c’est la meilleure formule pour la réforme de l’éducation dont nous avons un urgent besoin. Alfred FERNANDEZ
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