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Lettre N°21 - LA DECENTRALISATION AU QUOTIDIEN
Lionel JOSPIN s’est rendu à Meaux le jour de la rentrée scolaire, dans le lycée où il avait effectué sa scolarité, pour une visite à la fois symbolique et nostalgique, rappelant à cette occasion qu’il avait été lui-même enseignant (Enarque, Conseiller des Affaires Etrangères, sorti de l’E.N.A. en 1965, il a réussi à ne jamais servir à l’étranger, ayant été "embauché " en 1970 comme professeur à l’I.U.T. de Sceaux, par Madame Alice SAUNIER-SEITÉ, alors directrice de cet Institut, où il s’est maintenu jusqu’à son élection comme député en 1981). Insistant sur le fait que la "matière grise" relevait de son Ministère, il s’est empressé de rappeler que la situation matérielle des lycées, des collèges et des écoles primaires avait été transférée aux Collectivités Territoriales par la loi de décentralisation de 1982. Six ans après le vote de cette loi, les premiers effets se font nettement sentir, et plaident, si cela était encore nécessaire, en faveur d’un démantèlement du Ministère de l’Education Nationale et de l’extension des bienfaits de la décentralisation à l’enseignement supérieur. Le premier constat porte sur l’effort fait par les Collectivités en faveur des lycées et des collèges. Jusqu’en 1982, seules les écoles maternelles et primaires étaient de la responsabilité matérielle des communes, l’Etat ayant en charge tout le reste, car un vaste programme de nationalisation des collèges (Plan Guichard) avait permis la rénovation ou la construction de 5 000 d’entre eux au début des années 70. Constructions au moindre coût (type Pailleron) et planification technocratique (carte scolaire) ont caractérisé cette période de scolarisation intense (prolongation de la scolarité jusqu’à 16 ans). Depuis 1982, le changement de décor est surprenant. Tout d’abord la volonté des Présidents de Conseils régionaux et de Conseils généraux de consacrer une part importante de leur budget pour construire ou reconstruire des lycées et des collèges a désarmé les socialistes. C’est ainsi que le 1er Octobre, Michel ROCARD qui inaugura le nouveau lycée de Conflans-Saint-Honorine, entièrement restructuré et en partie reconstruit dans un bâtiment que l’Etat avait laissé aller à vau-l’eau, devra souligner que l’essentiel de l’effort financier, pour le collège et pour le lycée, ont été supportés par la Région d’Ile-de-France et le département des Yvelines, Collectivités à majorité de droite. Vingt des vingt-deux régions sont présidées par un membre de l’U.D.F. ou du R.P.R. et soixante-dix des quatre-vingt-quinze départements sont présidés par un U.D.F., un R.P.R. ou un C.N.I. Or, ce sont ces Collectivités qui ont pris à bras-le-corps le problème de la rénovation du patrimoine public. Cinquante-cinq lycées neufs seront construits en Ile-de-France d’ici 1992. Plus de deux cents y seront rénovés et restructurés. En Picardie, un effort sans précédent a été accompli, dès 1984. Même chose en Provence-Alpes Côte d’Azur et en Aquitaine. La raison en est simple : les élus locaux ont abordé sans sectarisme et sans complexe la question des moyens de scolarisation. Dès lors qu’ils n’ont pas à arbitrer entre les querelles de personnes ou des querelles entre tendances syndicales, mais exclusivement sur des choix techniques (Architecte, plan, matériau) comme ils ont l’habitude de le faire pour la voirie ou les équipements collectifs communaux, qui relèvent depuis toujours de la compétence des élus locaux, leur objectivité reste entière. En revanche, le Ministère de l’Education Nationale s’est enfermé dans son bastion à la fois corporatiste et financier. Corporatiste tout d’abord : En effet si le nombre des élèves dans le primaire a diminué de 9 % au cours des dix dernières années, le nombre des instituteurs a augmenté de 9 %. Dès lors que les enseignants n’ont plus l’excuse de la vétusté des locaux pour parler de la mauvaise qualité de l’enseignement, on peut se demander pourquoi le fonctionnement du monde scolaire est resté si archaïque et si en retard sur l’évolution générale des dix dernières années. C’est parce que la Fédération de l’Education Nationale est devenue le bastion financier d’une organisation sociale au pouvoir. Comme le disait Friedrich Von-Hayek : "l’organisation est l’essence même du socialisme". Le corps enseignant est aujourd’hui organisé de telle manière que l’on n’y fait plus la distinction entre l’idéologie qui sert de ciment à l’organisation de la FEN, le pouvoir politique dans les Ministères et la base financière de l’organisation. Organisation financière en effet : La répartition des moyens au sein du corps enseignant est le reflet d’une pratique purement collectiviste : salaires identiques, avantages matériels identiques également (logement des instituteurs), les réseaux mutualistes (soins médicaux, maisons de repos, organisation des loisirs, casden) conduisent à une uniformisation sociale d’un groupe d’hommes et de femmes qui ne sont plus seulement liés par l’appartenance à un même métier mais également par une distribution collectiviste des biens, caractérisée par une uniformisation des biens consommés à travers les catalogues de la CAMIF ou le même mode de vie à l’occasion des vacances. Dès lors que le premier secrétaire du parti socialiste devient le Ministre d’Etat de l’Education Nationale, il n’est plus en fait le Ministre des enfants mais le porte-parole d’un lobby qui a irrigué à la fois le système organisationnel du parti socialiste mais également les lieux de décision que sont les Cabinets ministériels ou le Gouvernement. C’est ainsi que tout effort financier supplémentaire obtenu de l’Etat en faveur du corps enseignant est immédiatement capté par la nébuleuse des mutuelles, groupements d’achats, services de retraites complémentaires etc... qui vivent au détriment des 850 000 enseignants et agents de l’Education Nationale. Dans ces conditions, l’enseignement supérieur devient le parent pauvre de l’Education Nationale. Contrairement au primaire et au secondaire qui peuvent maintenant compter sur le contribuable local pour l’amélioration matérielle de la scolarisation des enfants, l’enseignement supérieur, lui, doit émarger au budget du Ministère d’Etat à la fois pour ses équipements en matériels et pour la rétribution des enseignants. Le lien pyramidal (grilles indiciaires) qui va de l’instituteur au professeur d’université ne permet aucune fantaisie quant à l’amélioration des rétributions des uns et des autres. La large augmentation du nombre des instituteurs et par conséquent l’écrasement de la pyramide à sa base fait de la masse salariale de l’Education Nationale un bloc inamovible et très peu susceptible d’évolution. Les moyens matériels sont à l’aune de cet écrasement. Ils ne peuvent être calculés qu’à la marge et n’intéressent pas les caciques de la FEN pour la plupart issus de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire. L’incompréhension des nomenclaturistes de la FEN vis-à-vis du problème réel posé par l’enseignement supérieur, transparaît de façon excellente dans l’ouvrage de Laurence PAYE-JEANNENEY et Jean-Jacques PAYAN (Le Chantier universitaire - Editions Beauchesne). Il apporte un témoignage intéressant sur le CNRS et l’enseignement supérieur. Jean-Jacques PAYAN y explique ce qu’il appelle sa "confrontation avec le pouvoir syndical". Il qualifie notamment les organisations dites représentatives de "clubs fermés indépendants de l’audience réelle de ses membres auprès des salariés". On ne saurait mieux dire. Très critique à l’égard des divers changements de cap qui ont affecté la recherche et l’enseignement supérieur au cours des quinze dernières années, il décrit cependant le désarroi du directeur de l’enseignement supérieur qu’il a été, coincé entre le Ministère des Finances et les exigences syndicales, et il tire des conclusions assez surprenantes de la part de quelqu’un qui était membre du parti socialiste lors de sa nomination à la tête du CNRS en Novembre 1981. Monsieur PAYAN explique, en effet, que "le combat pour l’égalité aboutit souvent au naufrage du service public. Mon expérience m’a convaincu de la nocivité et de l’inadaptation du statut de fonctionnaire pour les personnels de l’université et de la recherche". Dans cet ouvrage beaucoup plus critique vis-à-vis du passé que porteur de propositions concrètes pour l’avenir, Jean-Jacques PAYAN et Laurence PAYE abordent le problème de la concurrence entre tes universités. Ils observent également avec intérêt l’effort des régions et des départements en faveur des constructions scolaires dans le secondaire et le primaire et ils vont jusqu’à souhaiter que l’Etat transfère également aux régions la responsabilité de la construction, de la maintenance et du fonctionnement des bâtiments universitaires. Cela est sans doute souhaitable car la carence du Ministère de l’Education Nationale en la matière risque de perdurer. Mais c’est oublier que l’enseignement supérieur et la recherche fondamentale nécessitent des investissements très supérieurs à la simple construction de salles de classe et à leur entretien. Les équipements scientifiques de base dans une université scientifique vont jusqu’à tripler le prix du m2 de surface bâtie dès lors que les bâtiments doivent être équipés en laboratoires adaptés aux techniques modernes. Il faut donc aller plus loin. Aller plus loin consiste à mener une réflexion sur l’association possible entre les secteurs de production et l’enseignement supérieur dans les régions industrielles, il faut également impliquer les pouvoirs publics locaux qui font par ailleurs des efforts en faveur des créations d’entreprises vers une aide sur les filières innovantes. Il faut enfin donner à ces pouvoirs publics locaux la possibilité d’aider les universités à recruter du personnel. En effet, tant que le système de la titularisation restera dans le giron de l’Education Nationale, il se traduira par une cogestion entre le pouvoir syndical et les représentants de l’Etat et ni les mentalités, ni les performances ne pourront évoluer. L’idéal serait, en fait, de séparer l’enseignement supérieur et la recherche du monde de l’Education Nationale. Cela avait été tenté par Alice SAUNIER-SEITÉ à une période où les esprits n’étaient pas encore prêts pour une telle révolution. Jean-Jacques PAYAN date du colloque national de la recherche tenu en Janvier 1982 à Paris "le changement d’attitude de la majorité des universitaires et des chercheurs vis-à-vis de la coopération avec l’industrie. Avant, ils y étaient - héritage soixante-huitard - hostiles. Après, ils s’y sont montrés très favorables". Le monde universitaire n’est plus que le sommet d’une pyramide voulue autrefois par le législateur. Dans la réalité, il est à la charnière entre le savoir et le développement, en une période où les lieux de décision pour l’investissement et l’innovation ne sont plus à l’échelon de l’Etat mais à celui des départements et des régions. Il faut en tirer les conclusions et laisser le lion "Education Nationale" et son dompteur la FEN mourir de leur belle mort, hors du temps et des exigences de la fin du siècle, pour engager la réflexion sur la privatisation des universités et leur association étroite avec les collectivités locales et les entreprises. François ACQUAVIVA Les Associations Familiales Catholiques ont publié, dans "La Vie des Associations Familiales Catholiques" de juillet-août, un article sur l’éducation sexuelle par les manuels de 4ème. Nous en reproduisons ci-après des extraits avec leur aimable autorisation. Tweet |