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Lecture au CP : un effet-manuel considérable
Sous le titre quelque peu énigmatique de Lecture au CP : un effet-manuel considérable, l'Université de Versailles a publié en novembre, sous la responsabilité scientifique de Jérôme Deauvieau, avec la collaboration d'Odile Espinoza et d'Anne-Marie Bruno, un rapport de recherche[1] comparant les résultats obtenus dans l'apprentissage de la lecture avec des méthodes mixtes (semi-globales) ou alphabétiques (syllabiques).
La population visée par l'enquête est celle des élèves des écoles faisant partie du réseau ECLAIR des quartiers défavorisés de Paris et des trois départements de la petite couronne.
Sur 215 classes répertoriées, 166 utilisent un manuel appliquant une méthode mixte et 9 une méthode syllabique, soit respectivement 77 % et 4 %, les autres classes utilisant plusieurs manuels ou n'en utilisant pas.
Un panel de 23 classes a été constitué, 12 employant une méthode mixte et 11 une méthode alphabétique. Pour ces dernières, les classes en zone éclair, en nombre insuffisant, ont été complétées par des classes d'autres quartiers défavorisés. La méthode mixte et la méthode alphabétique sont représentées chacune par deux manuels. Dans le manuel mixte 1 l’apprentissage proposé reste très marqué par les principes de la méthode globale, alors que le manuel mixte 2 accorde une place importante à l'étude alphabétique du code. De même le manuel alphabétique 1 fait aussi appel à une démarche globale de reconnaissance des mots, alors que le manuel alphabétique 2 suit une démarche strictement alphabétique.
Les élèves ont été soumis à deux tests de lecture et à deux tests d'écriture dont les résultats additionnés donnent un Indicateur de Maîtrise de
Sans surprise, le manuel utilisant systématiquement la démarche mixte a donné les plus mauvais résultats et celui utilisant une méthode totalement alphabétique les meilleurs. Les manuels ménageant la possibilité d'avoir recours aux deux types de méthodes ont donné des résultats intermédiaires, proches d'ailleurs l'un de l'autre.
Sur une échelle de100, avec une note moyenne de
Ce sont pourtant ces deux facteurs qui sont mis en avant, avec les aptitudes pédagogiques inégales des maîtres, par les tenants des méthodes mixtes, pour « expliquer » les écarts entre les enfants à aptitudes égales et nier ainsi l'effet méthode.
Les auteurs sont tout à fait fondés à affirmer (p.14) qu'« un enseignement efficace ne supprime pas l’impact des inégalités culturelles, mais le réduit sensiblement ».
Ils le sont aussi à dire que les tentatives d'auteurs de manuels et de maîtres pour employer un vocabulaire supposé adapté aux enfants de milieux défavorisés vont à l'encontre du but poursuivi.
Reste à connaître l'accueil qui va être fait à cette étude. Jusqu'à présent l'Institution scolaire est restée muette et la presse silencieuse. Il faut rompre la barrière du silence et nous préparer à répondre aux critiques qui ne manqueront pas de surgir dès que l'on parlera de cette étude.
La partie recevable de ces critiques portera sur ses dimensions insuffisantes, compte tenu en particulier du faible nombre de classes utilisant une méthode alphabétique, et sur le fait qu'elle ne renseigne que sur le niveau des élèves à un moment donné et non sur leur progression.
Une étude étalée dans le temps, avec des maîtres s'étant portés volontaires et un suivi organisé, permettrait d'éviter les classes que le rapport appelle déviantes, c'est-à-dire celles dont le maître ne respecte pas la méthode exposée dans le manuel.
De telles expériences ont été conduites avec succès, en particulier en Ecosse, dans les comtés de Clackmannan[2] et de Dunbarton[3] depuis une quinzaine d'années !
Pour en savoir plus :
http://www.uvsq.fr/medias/fichier/rapport-enquete-lecture_1384503420148-pdf
http://www.lire-ecrire.org/analyses/refondation-de-lecole/recherche-sur-la-lecture-en-cp.html
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