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LETTRE de l'A.R.L.E. N°46
Association Rhodanienne pour la Liberté dans l'Enseignement
LETTRE de l'A.R.L.E.
N°46 décembre 2003
UN PROJET POUR L’ÉCOLE
Au moment où nous préparons la Lettre de l’A.R.L.E N°46, les journaux multiplient les articles sur l’Ecole, quatre experts viennent de remettre un rapport au «Haut conseil de l’évaluation de l’école», on annonce un grand débat national sur l’école.
L’attention du conseil d’administration de l’A.R.L.E. avait été attirée dès le printemps dernier par le livre de Luc FERRY « Lettre à tous ceux qui aiment l’école.» Il nous a semblé avec tous les Membres de l’Association que nous entrions dans la catégorie de « ceux qui aiment l’école ». De plus la manière scandaleuse dont ce livre avait été accueilli,
certes par une minorité plus ou moins manipulée, nous a donné la volonté d’approfondir son contenu.
Luc FERRY propose « dix réformes prioritaires» ; nous en avons choisi cinq et avons décidé selon les compétences ou les goûts de chacun de les étudier et de les comparer avec le projet de l’A.R.L.E.
Vous trouverez, en bas de la page – la référence de l’ouvrage, dont la lecture devrait vous intéresser.
Les N° 43- 44- et 45 de la LETTRE de l’ARLE peuvent être consultés sur le site de
PRÉVENIR ET COMBATTRE L’ILLETTRISME
. Luc FERRY place en tête des actions à mettre en œuvre celle de prévenir et combattre l’illettrisme et il s’exprime en des termes forts :
« Il est inacceptable que près de 15 % des élèves entrant en classe de sixième ne sachent pas correctement lire et écrire » il dénonce «le scandale de l’illettrisme » donnant des chiffres qui stagnent ou empirent depuis dix ans et plus.
« Un enfant qui lit et écrit mal sera en grande difficulté dans toutes les autres matières. Il sera
"exclu" de ce que nous pourrions nommer "la lecture par plaisir ».
Le ministre en tire les conclusions principales suivantes :
Il remarque qu’en matière de grammaire, la créativité est rarement une bonne chose chez les enfants …. et de conclure : « ce qu’il convient de mettre au centre du système éducatif c’est d’un côté le rôle de transmission : celui des maîtres et de l’autre l’impératif de travail : celui des élèves ».
Il précise par ailleurs, « que les instituteurs, les professeurs des écoles, la télévision - diabolisée à bon compte – ne sont pas en cause, pas plus que la «méthode globale » abandonnée pour l’essentiel depuis trente ans.
En fait, pour Luc FERRY, « l’apprentissage de la langue pâtirait du "désamour" de nos sociétés envers les traditions et l’accroissement des exercices qui encouragent la spontanéité et l’expression de soi » et il ajoute « La prolifération des méthodes disponibles, celles des activités proposées et des sujets abordés a eu tendance à brouiller les repères ».
Nous partageons nombre des arguments de Luc FERRY mais devons réagir sur certains , par exemple : « Les instituteurs ne sont pas en cause… » mais ne sont–ils pas atteints, eux aussi, par le "désamour" de la mission qui leur a été confiée.
Ont-ils toujours conscience d’accomplir la transmission d’un héritage et ceci avec passion et amour ?
Autre question plus technique : La "méthode globale" n’est pas en cause assure Luc FERRY. Jack LANG l’avait affirmé précédemment et de nombreux ministres de l’Éducation Nationale, de gauche ou de droite, depuis plus de vingt ans, n’ont jamais osé s’impliquer dans le débat. Or les pédagogies semi-globales (mélange mal maîtrisé de la méthode globale et de la méthode syllabique), baptisées"méthodes-mixtes", ne sont-elles pas tout aussi dangereuses que la méthode globale parce très mal utilisées ?
Pour l’ARLE, l’application de la méthode syllabique relève du « principe de précaution… », principe dont tant d’autorités politiques ou de pouvoirs publics abusent trop souvent et qui s’impose dans le cas de l’apprentissage de la lecture, notamment auprès de populations d’enfants d’immigrés dont les familles utilisent encore journellement la langue de leurs racines culturelles. Pour eux, plus que pour les petits français de souche ou les immigrés des pays latins, la méthode syllabique est de rigueur. Si nombre de petits français s’accommodent de la méthode semi-globale c’est parce que le milieu familial contribue très largement à leur apprentissage des codes et des sons fondamentaux et cela avant qu’ils ne soient confrontés à la progression vers la recherche du sens. D’ailleurs des chercheurs étrangers approuvent ce qu’affirme inlassablement le Docteur Wettstein–Badour (*) : « La lecture par accès direct au sens, sans passage par le décodage, n’existe dans aucune langue, elle est neurologiquement impossible ».
Pour améliorer les résultats de l’école, Luc FERRY souhaite encore inciter les maîtres à se concentrer sur les fondamentaux.
Les élèves du cycle 2 devront lire et écrire obligatoirement au moins 2 H. 30 par jour - ceux du cycle 3, 2 heures par jour et lire au moins 10 ouvrages de littérature de jeunesse. Un discours clair sera tenu aux parents et aux élèves sur le sens du travail scolaire et sur l’effort personnel. Il souhaite également que les maîtres puissent détecter très tôt les difficultés d’un élève avant l’apparition d’un sentiment d’échec.
Pour cela le plan de prévention de l’illettrisme comprendra
- un guide pour les maîtres recensant les principales difficultés(déjà paru sous le titre Lire au CP).
Toutes ces propositions accompagnées d’un site Internet seront-elles suffisantes pour relever quelque vingt années de lâcheté et d’obscurantisme d’un Ministère trébuchant sous le joug syndical que seul Claude ALLEGRE a osé mettre en cause.
L’illettrisme est, nous le savons, particulièrement présent dans les milieux socialement, familialement et intellectuellement défavorisés. Une action et une attention toute particulière devraient être envisagées pour les enfants issus de ces milieux.
__(*) voir sur site : Dr Ghislaine WETTSTEIN-BADOUR le livret « Apprendre à lire : L’apprentissage alphabétique favorise la découverte du sens >> - octobre 2003
REVALORISER LA VOIE PROFESSIONNELLE
Notre Ministre de l’Éducation Nationale constate que la «fracture scolaire» s’approfondit pour certains enfants au collège. « Le maintien de ces élèves dans une classe traditionnelle ne sert dans ces conditions qu’à sauver les apparences » écrit-il !
On ne peut que saluer le courage de Luc FERRY qui, après quelque vingt années d’un silence complice de ses prédécesseurs à la barre du ministère, ose écrire et proclamer la vérité à contre courant de l’idéologie ambiante.
Pour le ministre « il faut donc tout à la fois ‘’rediversifier’’ les parcours au collège et permettre à tous ceux qui le souhaitent, tout en restant collégiens, de découvrir des métiers de manière précoce… . »
Luc FERRY nous rappelle à juste titre et peut-être comme une découverte récente, l’importance de la formation professionnelle pour l’entrée sur le marché du travail. Il écrit : « Conservons à l’esprit que plus de la moitié des jeunes d’une classe d’âge entre sur le marché du travail à l’issue d’une formation professionnelle.»
Les forces politiques, quelles que soient leur position sur l’échiquier, les forces syndicales, pourtant minoritaires et pour certaines totalitaires, ont entretenu l’idée que le culturel et le loisir pouvaient combler la vie sans trop se préoccuper du métier indispensable à l’équilibre d’une vie d’homme. Le grand Service Public à la française, éducatif et social, les loisirs longs et à un niveau excessif pour les salariés des services publics et autres, ont mobilisé la première place. Le savoir et le savoir-faire professionnels ont été submergés et quelque peu bafoués.
Il faut prendre acte que la tâche de ‘’revalorisation’’ de ce qui est professionnel sera très difficile car elle ne touche pas que l’École mais des pans entiers de la Société française.
Monsieur Luc FERRY souhaite sauver le collège unique par l’insertion du « professionnel » et en créant des parcours divers et variés à la demande. Nous pensons l’opération un peu périlleuse ! Ne faut-il pas proposer deux pédagogies : l’une traditionnelle…mais du vrai ‘’traditionnel’’ et l’autre supportée par une pédagogie de la découverte depuis le voir, le toucher, le mesurer, l’expérimenter, et le tout couronné par la description écrite, orale, réalisée au cours d’une progression bien structurée. L’histoire des métiers et les visites d’ateliers d’artisans, puis d’entreprises peuvent aider à passionner la jeunesse pour s’instruire en accompagnement de la formation professionnelle et accroître leur ambition vers le lycée technologique.
C’est un peu l’extrapolation de la méthode Charpack et de ses dérivés qu‘il faut mettre en œuvre et surtout, favoriser la création sur un même site de l’enseignement professionnel et du lycée technologique.
Luc FERRY a raison de poursuivre le développement quantitatif du Lycée des métiers lancé par M. MELANCHON. Certains lycées professionnels et technologiques privés l’avaient inventé avant M. Mélanchon et depuis longtemps, avec le choix personnel de l’élève à travers une expérimentation et un processus d’orientation de courte durée vers des métiers divers.
Les résultats obtenus démontrent et témoignent que selon les talents on peut apprendre et réussir autrement… mais faut - il avoir encore la volonté d’accepter et de construire le changement !
C’est par le développement de l’autonomie des établissements sous un régime de liberté contrôlée a posteriori que l’Enseignement général, professionnel et technologique français, pourra relever les défis de la compétence et de l’emploi qui en dépend après cette trop longue époque d’obscurantisme.
Référence : Luc FERRY <<Lettre à ceux qui aiment l’école>>
pour expliquer les réformes en cours, réalisé avec:
Lutter aux cotes des enseignants contre
Après avoir rappelé courageusement que la première mission de l'enseignant était de transmettre les connaissances et le savoir-faire, Luc Ferry s'attaque au problème combien actuel de la violence à l'école.
Il prétend que seulement dix pour cent des établissements sont en réalité touchés, et souligne que l'école reçoit de plein fouet les conséquences des réalités sociales telles la décomposition des familles, la chute de l 'autorité parentale, l'absence de repères, etc.
-
1er réhabiliter les sanctions en les adaptant
Comment réhabiliter les sanctions ?
Le ministre semble soucieux de ne pas fâcher certains de ses enseignants qui en sont restés au slogan enivrant de leur jeunesse : il est interdit d'interdire. Il souligne donc que les sanctions traditionnelles ne sont plus dissuasives et compte sur les établissements pour en trouver de nouvelles. C'est méconnaître la réalité. Si certains élèves jouent la provocation et semblent peu atteints par la sanction, il n'en reste pas moins qu'ils crient souvent à l'injustice ( signe que la sanction les touche) et doivent admettre que l'autorité s'est tout de même imposée à eux. Dans le cas d'un renvoi, par exemple, il n'est guère valorisant d'être "jeté" comme ils le disent dans leur langage imagé. En outre, je n'ai pas, jusqu'à présent, rencontré de parents indifférents à ce genre de punition.
Cependant il est juste qu'il vaut mieux, parfois, faire preuve d'imagination si l'on veut être efficace. Les travaux dits d'intérêt général me paraissent une solution raisonnable. Ils ont le mérite de griffer l'amour-propre des fiers-à-bras et de faire réfléchir les uns et les autres.
Pour les plus violents, le ministre propose de les rassembler dans des classes-relais (deux cents créations par an!), en dehors de leur établissement. Si cela peut être une bonne solution de les séparer de leurs camarades pour éviter la contagion ou l'insécurité, il faudra des structures bien adaptées avec des enseignants-éducateurs motivés, bien formés et valorisés.
Mais puisque l'on sait que la violence est directement liée à l'échec scolaire, Luc Ferry ne peut faire l'impasse sur le sujet.
Comment lutter contre l'échec scolaire ?
Il faut "casser au plutôt la logique de l'échec scolaire" qui entraîne "la perte de l'estime de soi "et "la détestation des autres". Au plutôt, c'est-à-dire à l'école primaire. Il faut éradiquer l'illettrisme. (1) Tout le monde est d'accord sur ce point.
Cependant s'il admet qu'il faut revenir aux enseignements fondamentaux, le ministre refuse de supprimer le collège unique, les classes hétérogènes (2) et prône, pour les élèves en difficulté, le développement des fameux ID,TPE, ECJS * qui, l'expérience le prouve, intéressent surtout les meilleurs élèves. Il serait donc bien plus judicieux de donner davantage d'heures en Français et en Mathématiques plutôt que d'en ôter pour ces innovations pédagogiques, comme c'est le cas actuellement.
Enfin notre ancien Directeur des Programmes envisage une refonte des dits - programmes, en accord avec les professeurs. Il veut leur redonner du sens et privilégier les enseignements fondamentaux. On aimerait que cela ne reste pas lettre morte.
Et, parce qu'il veut réconcilier l'élève avec l'institution scolaire, Luc Ferry préconise l'École ouverte.
L'École ouverte
Il s'agit, en fait, de proposer aux élèves les mercredi et samedi durant l'année scolaire et durant les vacances, des activités éducatives, culturelles, sportives ou de soutien scolaire, organisées au sein des collèges ou lycées.
Il désire doubler les capacités d'accueil dans les deux années à venir. On peut se demander si une telle initiative ne risque pas d'engendrer des déprédations d'établissements. Qui encadre les élèves ? Ne demande-t-on pas, une fois encore, trop à l'école ?
Enfin Luc Ferry insiste sur la nécessité de l'engagement utile des jeunes sans toutefois préciser vraiment ce qu'il entend par là.
Si l'on peut se féliciter de la clarté du constat, il n'en est pas toujours de même en ce qui concerne les remèdes proposés. On reste un peu dans le flou. On sent que le ministre ne veut heurter personne, mais est-ce la bonne méthode lorsque l'on constate la faillite du système et l'incapacité de nombre d'enfants à respecter les lois les plus fondamentales de la vie en société. Ne devrait-on pas, si l'on veut réformer l'école, réformer aussi la société des adultes et les idées d'un autre âge qui continuent à la régenter ? Jamais Luc Ferry ne parle de proposer, dans le sein de l'école, des lieux d'écoute et de partage, et d'établir une heure de réflexion obligatoire, comme cela se fait dans la majorité des établissements privés.
(1) 15% des élèves en grande difficulté à l'entrée en 6ème
(2) "L'extrême hétérogénéité des élèves conduit les professeurs à baisser leur niveau d'exigence. (Id)
- ECJS = éducation civique juridique et sociale
AMÉLIORER LA FORMATION DES ENSEIGNANTS
Cette réforme que tout le monde juge essentielle, « clé de voûte de toute réforme sérieuse de l’Education Nationale» selon J.P.Chevènement (Le Figaro 11/10/03) est abordée dans un chapitre court, prudent et assez général. On perçoit toutefois une discrète remise en cause des I.U.F.M. ! *
d’où triple nécessité :
Comment l’A.R.L.E. se situe-t-elle devant ces recommandations ?
Une chose essentielle semble manquer : ce futur enseignant a - t - il les qualités requises pour exercer un métier difficile, passionnant et qui engage tout l’être ?
Son premier but doit être la transmission du savoir, mais cette transmission n’est pas neutre, elle est nécessairement éducative et variable selon les méthodes choisies et selon la personnalité.
On oppose souvent instruire et éduquer mais cette opposition est vaine : la décision de transmettre un savoir que l’on essaie de maîtriser et d’améliorer tout au long d’une carrière, c’est déjà un acte éducatif tant du point de vue de la formation de l’esprit des enfants que du point de vue du développement de leur personnalité.
Nous en revenons ainsi à la liberté dans l’enseignement. Les parents doivent pouvoir choisir les écoles, collèges ou lycées où les enseignants auront été choisis selon des critères exigeants, dépassant la théorie et la pratique du métier.
LA DÉCENTRALISATION
Dans l’exposé de ses projets de réforme, le Ministre Luc FERRY affiche le thème de la « Décentralisation» Cette notion, objet de protestations véhémentes, est associée par l’auteur à 2 autres concepts :
C’est donc une action dans trois directions, retentissant les unes sur les autres.
L’analyse est développée par Luc FERRY dans plusieurs chapitres du livre : l’idée de base est de "faire descendre le niveau de responsabilité où il se trouve à une efficacité véritable " et d’expérimenter une plus grande autonomie de gestion qui devra permettre aux Établissements de prendre des engagements : l’accueil, l’orientation (de bons exemples de mise en application du choix d’orientation existent dans l’enseignement privé), la formation continue, la lutte contre la violence …
Le Ministre poursuit en ces termes :
« Je fais le choix de la confiance en favorisant la déconcentration des initiatives et des responsabilités»… Je veux : « Promouvoir un nouveau mode de gouvernance fondée sur la valorisation de l’initiative locale et la recherche de qualité »
Pour ce grand projet, Luc FERRY propose encore des cibles d’action ; mais avant de les développer il tient à approuver le maintien :
«des programmes, concours et diplômes nationaux ; ainsi que du vivier national des enseignants, dont la compétence doit être avivée»
Le Ministre propose enfin une démarche de progrès :
● Sur la lourdeur de l’organisation du système éducatif et de ses multiples échelons… en favorisant l’initiative des établissements sur leurs moyens horaires et sur certains recrutements en les accompagnant plutôt qu’en les dirigeant.
En lançant les « contrats de réussite », en prônant les chartes de qualité avec des engagements concrets, de véritables dialogues avec les parents et les enseignants.
Sur le développement des compétences locales :
Tout ceci passe par la réflexion sur l’organisation, sur l’expérimentation et la concertation.
En conclusion, Monsieur Luc FERRY affirme sa volonté de permettre à tous les enfants, d’entrer dans le monde des adultes et d’accéder à l’univers de la culture.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
Chacun d’entre nous a dégagé l’essentiel des propositions de Luc FERRY sur les cinq thèmes les propositions ont été plus ou moins appréciées.
Sur ce sujet de l’école, avenir de notre pays, il faut être à la fois critique et confiant dans certaines orientations.
Nous avons apprécié l’expression de Xavier DARCOS :
« Fixer la ligne d’horizon »
et nous faisons nôtre les questions posées dans le livre (P. 154)
« qu’attendent les Français de leur école ?
Doit-elle se concentrer exclusivement sur sa mission première, l’enseignement ? ….
Le débat est ouvert, nous essayons d’apporter la réponse de l’A.R.L.E. par une réflexion continue sur la liberté dans l’école.
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