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Lettre N° 112 - La guerre des sexes (2)
Dans
Le Banquet, Platon fait dire par Aristophane qu’au temps jadis l’humanité comprenait trois genres : masculin, féminin, et androgyne. Ces êtres humains avaient chacun quatre bras et quatre jambes, ce qui les rendait redoutables aux dieux de l’Olympe même.
Zeus eut l’idée de les affaiblir en les coupant en deux, et en menaçant de recommencer l’opération, ne nous laissant qu’un bras et qu’une jambe, si nous persistions dans notre arrogance.
Cette fable qui n’a évidemment aucune valeur scientifique n’est pas inscrite dans les nouveaux programmes des sciences de la vie et de la Terre de la classe de 1ère. La fable appelée « Théorie du genre » qui ya été inscrite n’a pas plus de valeur scientifique.
Un des manuels conformes aux nouveaux programmes qualifie, à juste titre, d’« anomalies » les incertitudes sur le sexe d’un « futur individu » et ne trouve de preuve anthropologique de la distinction entre sexe et genre que chez les Berdaches nord-amérindiens et les Fa’afafines polynésiens, où des hommes, autre anomalie, se comportent de manière typiquement féminine !
Merci à Claire de Gatellier pour son commentaire éclairant sur ce mythe contemporain qu’est la théorie du genre.
Recteur Armel Pécheul
D’abord à Sciences-Po depuis l’an dernier, maintenant grâce au programme de Sciences de la Vie et de la Terre dans toutes les classes de première, les jeunes générations vont découvrir que chacun a le choix de « devenir homme ou femme » à sa guise, selon la formule du Bulletin Officiel spécial de l’Education Nationale, sans s’en laisser compter par la pesanteur du contexte culturel et sociétal. Enfin libres !
C’est ainsi que l’idéologie du Genre a fini par gagner du terrain jusqu’à s’imposer dans les programmes les plus officiels, grâce à de coquettes sommes allouées par le contribuable.
Plus de différences sexuelles
Jusqu'aux années 1950, le mot genre était un terme grammatical précisant si un mot était masculin, féminin ou neutre. Puis le mot « gender » a été employé pour la première fois aux Etats-Unis dans le sens de la conscience de soi-même comme homme ou femme, indépendamment de son sexe biologique.
« There is no differentiation between the sexes at birth. Psychosexual personality is therefore postnatal and learned" affirmait Kate Millett.
En 1970, Shulamith Firestone, féministe radicale canadienne, écrit dans La Dialectique du Sexe quele but final de la révolution féministe doit être non seulement l'élimination du privilège masculin, mais de la distinction du sexe lui-même : il ne serait plus question des différences sexuelles entre les êtres humains. Elle voit Le cœur de l'oppression des femmes dans leur rôle de procréer et d'élever des enfants». C’est pourquoi elle, et tout le mouvement féministe autour d’elle, revendiquent l'avortement à la demande, la contraception, l'absolue liberté sexuelle, le travail des femmes et la prise en charge des enfants le jour par le gouvernement comme conditions nécessaires pour la libération des femmes.
Vers les années 1990, l’ONU prend le relais de ces théories et publie une brochure intitulée Gender concepts qui définit le gender comme : « Un système de rôles et de relations entre hommes et femmes qui sont déterminés non par la biologie, mais par le contexte politique économique et social. Le thème central » : "Le sexe biologique est une donnée naturelle, le « gender »(le sexe social) est construit ».
Ces idées font leur chemin en France, sous la houlette d’Elisabeth Badinter qui propose «l’égalité par la ressemblance, l’absence d’attribution des tâches selon les sexes ». « Dès lors qu’on partage les tâches, une hiérarchie s’instaure et l’inégalité se profile » affirme-t-elle dans La Croix du 2 septembre 1995.
A la conférence de Pékin de la même année, certains avaient même tenté, sans succès pour lors, de remplacer le terme «family» «qui impose des rôles et des traditions» par «household» (maisonnée), la mère defamille devenait «housecare» (gestionnaire de la maison). Ilsvoulaient utiliser, à la place des mots jugés «sexistes», tels qu’époux-épouse, père-mère, des termes «sexuellement neutres», telsque parent et époux.
La nature prétend imposer le sexe!
Pour l’idéologie du genre, l’identité sexuelle n’est pas de l’ordre de la nature mais de l’ordre de la culture : c’est une construction sociale. Dans un glissement sémantique révélateur, le mot identité s’efface pour être remplacé par celui d’orientation. Pour être libre, l’homme doit s’affranchir de ce qu’il n’a pas choisi lui-même : la nature prétend lui imposer son sexe ! Il s’en affranchira et choisira à sa guise d’être homme ou femme.
Mais à vouloir ainsi se définir et donc en fait se créer soi-même, en refusant toute origine qui le dépasse sous prétexte qu’il n’a pas eu son mot à dire, l’homme se retrouve seul en face de lui-même. A lui-même son origine et sa fin, il nage en plein narcissisme et se retrouve finalement bien seul. La conséquence de ce déni de la différenciation naturelle homme/femme est la recherche en tout, non pas de l’égalité, mais de la parité. Contrairement à ce que l’on a commencé par nous faire croire, le féminisme façon gender ne recherche pas tant que les femmes soient traitées aussi bien que les hommes, mais qu’il n’y ait plus aucune différence entre l’homme et la femme.
La maternité, qui distingue la femme de l’homme, est particulièrement prise comme cible : il faut la présenter comme un handicap, une injustice dont il faut la libérer. D’où les campagnes en faveur de la contraception et de l’avortement, voire, la gestation pour autrui. S’il faut faire en sorte que les femmes aient moins d’enfants, il convient au contraire que les hommes puissent en élever, à défaut d’en mettre au monde. Et l’on prônera l’adoption par les homosexuels. Les femmes d’ailleurs devront pouvoir avoir des enfants sans les hommes (ou presque) grâce à l’insémination artificielle et à l’adoption par des lesbiennes.
Pour réaliser tout cela il fallait d’abord marginaliser –avant de le supprimer- le mariage ; ce qui fut fait avec la banalisation du divorce et du concubinage, du PACS et des unions revendiquées d’homosexuels…
Dale O’Leary, tout au long de ses nombreux essais sur le féminisme démontre que ce dernier ne tend pas tant à « libérer » la femme qu’à la « séparer de l’homme et à empêcher l’identification de ses intérêts avec ceux de sa famille ».
La complémentarité fait place à la rivalité du chacun pour soi et même de l’un contre l’autre. Selon la formule du psychanalyste Tony Anatrella, la lutte des classes est devenue la « guerre des sexes ». ». Là où la différence faisait justement que l’un avait besoin de l’autre dans une complémentarité créatrice et sécurisante, on laisse chacun se retrouver seul aux prises avec son miroir. La relation a fait place au narcissisme et chacun sait ce qui arriva à Narcisse…
Des cours obligatoires sur le genre
Cette idéologie du genre pénètre la société et prétend la reconstruire (ou déconstruire) à sa façon de plusieurs manières :
grâce à des lois qui semblent de circonstance : pour voler au secours de quelques cas particuliers on invente une règle qui s’impose à tous sous prétexte de tolérance et de non-discrimination. Derrière le paravent de la générosité, nos sociétés « libérales avancées » et égotistes, conditionnent leurs programmes d’aide au tiers-monde à la reconnaissance par ces Etats des relations matrimoniales entre personnes du même sexe et bien sûr à leur engagement pour une politique antifamiliale et antinataliste. Dernière étape en date : selon les termes mêmes de la loi de Finances le « Gender Budgeting » (sic)-
lisez : les budgets alloués au Gender-ont pour but «le changement durable des mentalités ».La création en 2010 d’une Chaire sur le genre à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris vient donner un vernis de légitimité et d’universalité à ce qui pouvait être encore controversé.
Le triomphe de « Big Brother »
Observons bien le glissement progressif auquel nous avons été entraînés :
Acte I : Les droits de l’homme, c’est le droit à la différence. Chacun doit être respecté dans sa différence et dès lors, tout est permis et tout est « bien » puisque c’est l’expression du bien-être de chacun. Acte II : « La seule différence que j’accepte est celle que je décide librement ». Il fut un temps où l’on disait : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », bientôt on dira : « n’a pas le droit d’être différent seulement celui qui ne me ressemble pas » Acte III : "Entouré d’autres moi-même, à moins de me parler à moi-même, je ne sais à qui parler. » Acte IV : Lorsque les hommes et les femmes, ou ce qu’il en restera, ne seront plus que des zombis juxtaposés les uns aux autres qui ne se parlent même plus, il faudra bien que Big Brother s’en occupe.
Et la boucle sera bouclée : au nom de la revendication d’une liberté totale et mal comprise, l’homme s’enfermera dans un monde concentrationnaire à la merci d’un nouveau totalitarisme. A vouloir décider de sa propre origine, il précipitera sa fin.
Que faire ? Soyons des hommes et des femmes heureux de l’être, conscients que nos différences et nos complémentarités nous permettent de nous appuyer les uns sur les autres, d’entrer en relation les uns avec les autres. Dany Robert Dufour voit deux différenciations taboues dont la transgression entraîne de graves désordres pour la société: la différence sexuelle et la différence générationnelle. Que chacun soit pleinement à sa place, homme, femme, jeune, moins jeune. Chacun a un rôle essentiel mais celui des uns n’est pas celui des autres.
Claire de Gatellier
Le site Internet a reçu 47 000 visiteurs pendant le premier semestre 2011, contre 49 000 pendant le premier semestre 2010. Une mise à jour est en cours de publication.
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