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Lettre N° 104 - Laïcité ou laïcardité ? (2)
Le Conseil constitutionnel, cherchant comme Maginot, à dresser une dernière ligne de défense de la souveraineté française devant l’européanisation et la mondialisation envahissantes, met désormais en avant ce qu’il appelle les « règles et principes inhérents à l’identité constitutionnelle de la France ». Cela signifie, pour les non spécialistes, que la France peut transférer l’essentiel de ses pouvoirs et de ses compétences à des organismes extérieurs – au premier rang desquels on trouve l’Union Européenne – sauf précisément ce qui concerne notre « identité ». Malheureusement, cette identité française est réduite à peu de chose. Les juristes et les politiques peinent à en donner une définition, quand ils en ont encore le courage. Force est bien de constater qu’ils se retrouvent au moins sur un point : l’identité française serait la laïcité. La République réduite à la laïcité, c’est tout ce qu’ils ont retenu ! Et, l’on voit les héritiers du « petit père » Combes s’effaroucher lorsque l’État français conclut (dans le cadre du processus de Bologne) des accords sur les diplômes de l’enseignement supérieur avec l’État du Vatican. Comme l’on voit les syndicats « de gauche » refuser – sans discussion – le droit aux instituts catholiques de former les maîtres.
On ne conteste pas sérieusement que la neutralité de l’enseignement public soit l’un des gages de sa qualité. Cette neutralité est incontournable et consubstantielle de la République. Mais la neutralité de l’État – c'est-à-dire la laïcité – c’est aussi et surtout la liberté des autres enseignements. Pour les républicains dignes de ce nom la liberté c’est 1789. Ce n’est pas 1793 et la Terreur. Car, heureusement, la Déclaration des droits de l’homme de 1789 reconnaît la liberté de pensée. « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » (article X de la DDHC). « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme ; tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement … » (article XI de la DDHC).
Sont-ils alors prêts à renier la liberté au nom, non pas de la vraie laïcité, mais de la laïcardité militante ?
Si oui, alors vraiment nous allons abandonner 1789 et entrer dans une phase de totalitarisme de la pensée. Nous le saurons bientôt car ces gardiens de la laïcité militante ont contesté les accords passés entre la France et le Vatican devant le juge administratif. Nous verrons bien alors ce qu’il reste de la République Française et de son identité. Si ce n’est que l’enseignement public aux mains des syndicats patentés… alors…malheur à nos enfants !
Recteur Armel Pécheul
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