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Lettre N° 19 - LES FORMES NOUVELLES DE LA GUERRE SCOLAIRE (2)
Le 24 juin 1984, deux millions de personnes défilaient dans les rues de Paris. Cette mobilisation sans précédent n’était que la réponse - déterminée et vigoureuse - d’un peuple à son gouvernement, lequel avait déclenché, de façon directe et brutale, la guerre scolaire. Cette attaque frontale ayant échoué, on pouvait s’attendre à la reformulation de la stratégie. C’est aujourd’hui ce qui est en train de se produire. La stratégie directe, caractérisée par des initiatives parlementaires (projets de loi) et par des manifestations de rue (manifestations du C.N.A.L. notamment) ne peut plus être envisagée par les tenants de la laïcité. Tout au moins avant longtemps. La défaite du 24 juin 1984 leur interdit de recourir aux mêmes procédés, sous peine d’aboutir aux mêmes échecs. Les offensives à lancer contre la liberté de l’enseignement doivent se faire sur un autre damier, par des manœuvres contournantes et globalisantes. C’est cette stratégie indirecte qu’élaborent les différents mouvements et associations qui œuvrent dans l’esprit de la Fédération de l’Éducation Nationale. Cette stratégie consiste à retravailler la notion de laïcité, à l’actualiser, à la reformuler, à ne pas faire d’elle ce qui fut perçu comme un outil d’agression forgé pour détruire une liberté (la liberté d’enseignement) mais, au contraire, une sorte d’idéal collectif, une pierre d’angle à partir de laquelle doit s’organiser la vie en société. En juillet 1986, le secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement (3,2 millions de membres, 44 000 associations affiliées, 100 fédérations départementales) lançait ainsi ce projet de "toilettage" de la notion de laïcité : "Travaillons au contrat laïque de notre avenir commun". LAICITE 2000 Bâtir un "projet d’avenir pour la laïcité" : tel est bien l’objectif des différentes structures laïques. Concrètement, cela revient à rappeler, en toutes circonstances, que la laïcité ne se ramène pas au seul débat de l’école. Et qu’aujourd’hui, les nombreux événements qui font l’actualité politique et sociale procèdent du débat sur la laïcité. Le 1er février 1988, Yannick SIMBRON, secrétaire général de la F.E.N., déclarait ainsi, dans le discours d’ouverture du congrès de son organisation : "Ce sont les Beurs, c’est S.O.S.-Racisme, c’est la Ligue des Droits de l’Homme qui réactivent ce débat sur la laïcité et quelquefois même sans utiliser le mot, mais en lui donnant vie". Il poursuivait : "Notre proposition de règlement institutionnel de la question scolaire qui ne constitue que l’un des aspects de la laïcité n’a pas abouti. La question scolaire a occulté tous les autres aspects du débat laïque". Conséquence : il importe de valoriser les autres aspects de la laïcité, de redynamiser l’idéal laïque et de souligner son impérieuse nécessité. Ce travail effectué - ce qui nécessite la mise en place d’une vaste entreprise de pédagogie et de communication - la question scolaire n’apparaîtra plus au centre du débat. Les décisions qui pourraient être prises pour promouvoir le "contrat laïque" se situeront par rapport à un système cohérent et explicatif de la société. Et les nouvelles lois qui pourraient être votées en matière scolaire se présenteraient alors comme une des applications concrètes de ce "contrat laïque". NEUF PROPOSITIONS A l’occasion de son congrès de 1986, la Ligue de l’Enseignement a défini neuf propositions pour un tel projet :
La démarche se veut ouverte. Il est ainsi proposé "un programme de concertation et de discussion au niveau national avec les églises". Cette démarche est en fait englobante et récupératrice. Elle vise progressivement, au nom de la liberté intime de l’esprit, au nom de la pensée scientifique et de la raison humaine à rendre suspecte et à marginaliser toute démarche religieuse et toute recherche de Vérité. Bernard VIVIER Tweet |