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Lettre N° 58 - LE CHOIX DE L’ÉCOLE : UNE QUESTION D’ACTUALITÉ
La lettre d’information de l’OIDEL (Organisation internationale pour le développement de la liberté d’enseignement) dans son numéro 19, daté de février 1997, montre clairement que le problème du choix de l’école par les familles, des mécanismes qui le facilitent, des conséquences qui en résultent, est d’actualité. Cet ensemble de questions se pose en des termes voisins, mais non absolument identiques, dans toutes les démocraties techniquement avancées ; les termes ne sont pas absolument identiques, car personne ne peut faire totalement abstraction de la situation dont on parle, laquelle est variable d’un pays à l’autre. Faute de pouvoir parler de tout, je me limiterai à présenter la problématique du premier exemple cité, extrêmement intéressant en ce qu’il présente le système du bon scolaire comme un moyen de financement de l’enseignement privé. Ce premier texte est un article publié le 18 novembre 1996 (très peu de jours après notre colloque tenu en commun avec l’OIDEL et le centre Luigi Einaudi, dans Business Week et signé du nom prestigieux de Gary Becker, prix Nobel d’Économie. Gary Becker revient sur le débat qui avait opposé peu de temps avant Clinton et Dole, qui l’un et l’autre reconnaissaient que l’école publique échoue à fournir l’éducation nécessaire aux enfants des milieux défavorisés ou des classes moyennes, mais divergeaient sur les moyens de porter remède à cette situation. Alors que Dole propose d’instaurer le système du chèque scolaire, qui est remis par la famille à l’école de son choix, Clinton s’y oppose parce qu’il redoute que la plus grande compétition entre public et privé qu’instaurera automatiquement ce système des chèques scolaires n’affaiblisse encore l’école publique. Remarquons que ce qui est en cause ici, ce sont les seuls enseignements primaire et secondaire, et non l’enseignement supérieur, dans lequel la concurrence joue à fond et pour lequel personne aux États-Unis ne propose de renforcer l’intervention des autorités politiques. On se croirait presque dans le débat propre à notre pays lorsqu’il est question du statut de l’enseignement privé, à ceci près que l’argumentation de Clinton, porte-parole de la gauche en la matière, n’a rien d’idéologique : il ne répond pas à Dole par quelque "aux écoles publiques, les fonds publics", mais en soutenant que la concurrence affaiblirait encore un enseignement public dont les performances sont déjà insuffisantes. Il arrive qu’on précise l’argument en disant que, si aucune raison économique ne détournait de l’enseignement privé, celui-ci obtiendrait "le dessus du panier" tandis que "les établissements publics n’auraient que des élèves indociles sans intérêt pour l’école ou mentalement handicapés", et qu’ils s’effondreraient. La réponse de Gary Becker consiste à montrer que l’argument repose sur un présupposé, à savoir que l’enseignement public soumis à la concurrence serait incapable de se réformer, alors que ses faibles résultais sont dus non à l’insuffisance de ses crédits (les dépenses par élève ont doublé en trente ans), apprend-on, mais à son impossibilité de se réformer et de répondre aux familles qui veulent des programmes cohérents et suffisamment de discipline. C’est un préjugé que de croire que les établissements publics ne peuvent supporter la concurrence. Comme tous les autres ils seraient aptes à en bénéficier et à améliorer leurs performances. Cette réplique fondée en partie sur un raisonnement a priori peut être confirmée par des données factuelles : dans les régions où la concurrence s’intensifie (parce que le réseau des établissements privés y est plus dense), les établissements publics tirent bénéfice de la concurrence et s’améliorent ; le secteur universitaire des États-Unis, qui est le plus soumis à la concurrence, est celui qui a fait la réputation du système éducatif américain. On sait que les droits d’inscription sont très élevés et variables d’une université à l’autre. C’est lorsqu’un système de bourses accordées aux vétérans de la Seconde Guerre par le "G.I. Bill", bourses qu’ils pouvaient utiliser dans l’institution de leur choix, a été instauré que les universités en compétition pour recruter cette masse d’étudiants potentiels ont vu leur niveau de performance s’élever. Or, on a ici, conclut Becker, un équivalent du système du chèque-éducation. La preuve est donc faite qu’il conduit tous les établissements à rivaliser pour obtenir de meilleures performances. Tweet |