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Lettre N° 108 - Editorial (2)
L’Institut Montaigne, centre de réflexion et de propositions issu du monde de l’entreprise, vient de publier un rapport intitulé Vaincre l’échec à l’école primaire.
Reprenant des chiffres publiés par le Haut Conseil de l’Education, il évalue, pour une tranche d’âge de 800 000 enfants sortant de CM2 pour entrer au collège, à 300 000 ceux qui ont de graves lacunes, dont 200 000 ayant des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul et plus de 100 000 qui n’ont pas la maîtrise des compétences de base dans ces domaines.
En dépit d’un vocabulaire passablement flou, l’échec du système est reconnu. Cet échec est tout aussi visible dans les comparaisons internationales dans lesquelles le rang de la France ne cesse de se dégrader.
L’Institut pointe successivement du doigt, le fait que l’école aggrave l’inégalité des chances et prend mieux en considération les intérêts, sociaux, économiques et politiques des adultes que les besoins des enfants.
Au chapitre des remèdes, les propositions phares du rapport sont les suivantes :
Je ne commenterai pas les propositions portant sur l’organisation administrative dont Napoléon penserait sans doute, il l’a en tout cas prouvé, que comme la guerre elle est un art simple et tout d’exécution !
En ce qui concerne la critique, hélas justifiée, des calendriers et horaires scolaires, je crois que le plus utile est de lire et de retenir ce qu’en disait le recteur Pierre Magnin, après avoir remis à René Monory, alors ministre de l’Education nationale, le rapport sur l’organisation des rythmes scolaires qu’il lui avait demandé, dans le N° 14 de décembre 1986, de notre Lettre trimestrielle.
L’idée d’affecter les maîtres les plus expérimentés aux classes dont le niveau est le plus faible serait séduisante s’il s’agissait de remédier à des retards scolaires, mais ces classes ne sont-elles pas plutôt caractérisées par un refus de la scolarité ?
C’est la prévention de ce refus que visent naturellement les deux premières propositions citées. Le rapport donne comme exemple de cette prévention le programme PARLER mis en œuvre dans des quartiers défavorisés de la région de Grenoble.
Les résultats obtenus, portant le niveau des élèves bénéficiant du programme à celui de la moyenne observée en France, voire un peu au dessus, ne me paraissent pas à la hauteur des moyens mis en œuvre qui consistent à faire bénéficier une frange non négligeable des élèves d’un « accompagnement personnalisé voire d’un parcours individuel ».
Ces résultats sont très inférieurs à ceux constatés en Ecosse avec les programmes Clackmannan et Dunbarton. L’explication de cette différence est sans doute que ces programmes reposaient sur la mise en œuvre de méthodes alphabétiques, alors que le programme PARLER ne remet pas en cause les méthodes pédagogiques actuelles. En effet, si, pour la lecture, il est prévu un « enseignement explicite et systématique de la conscience phonologique et du code alphabétique », l’emploi de « mots outils » et celui des manuels de lecture précédemment utilisés est maintenu.
Ce n’est pas, par ailleurs, la création, dans l’espace petite enfance, d’ateliers faisant usage de la langue parlée à la maison qui renforcera la cohésion sociale.
En toute hypothèse, comment financer à une grande échelle de tels programmes ? La lettre adressée au début de l’année par M. Eric Woerth, alors ministre du budget, à tous les contribuables soumis à l’impôt sur le revenu annonce un déficit de 149 milliards d’euros pour 2010, avec 270 milliards de recettes et 419 milliards de dépenses dont 85 milliards pour l’enseignement et la recherche, à quoi il convient d’ajouter les dépenses supportées par les régions, les départements et les municipalités. Peut-on aller plus loin ?
Enfin, alors qu’un sondage qui vient d’être réalisé par l’IFOP pour le compte de la Fondation pour l’école montre que 74% des Français souhaitent la mise en place d’un chèque scolaire ou d’un crédit d’impôt, pour permettre à chaque famille de financer la scolarité de ses enfants, on peut regretter que le rapport de l’Institut Montaigne ne compte pas la liberté d’enseignement parmi les moyens de vaincre l’échec à l’école primaire, et n’emploie pas une seule fois le mot liberté dans ses 114 pages.
Recteur Armel Pécheul
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