.componentheading, .contentheading, div.module h3, div.module_menu h3, div.module_text h3, h2, a.contentpagetitle { font-family:Nobile;} #top_outer { border:none;}
Lettre N° 93 – Apprendre à lire : "pas si simple" (3)
Apprendre à lire « pas si simple ! »
Ce document de quatre pages, diffusé à 500 000 exemplaires par une douzaine d’organisations et syndicats d’enseignants de gauche et la FCPE, association de parents d’élèves, affirme en préambule que : « les jeunes n’éprouvent pas plus de difficultés que leurs aînés, bien au contraire. », car, « L’INSEE dénombrerait, en effet, 4% d’illettrés chez les 18-24 ans pour 14% chez les 40-54 ans et 19% chez les 55-65. »
Il y aurait donc presque cinq fois plus d’illettrés (19/4) chez les plus âgés que chez les plus jeunes, ce qui justifierait la façon dont est enseignée la lecture aujourd’hui.
Est-ce exact ?
L’enquête de 2004
Une recherche sur l’illettrisme sur le site de l’INSEE conduit à l’enquête Information et vie quotidienne qui a fait l’objet de deux publications, dans le numéro 1044 d’INSEE PREMIERE d’octobre 2005 et, en 2006, dans Données sociales (pp. 195-202).
Les pourcentages de personnes « en graves difficultés dans le domaine de l’écrit », parmi celles résidant en France métropolitaine, sont de 4 pour les 18-29 ans et de 13 pour les 60-65 ans, soit un rapport de 1 à 3.
S’agissant des personnes ayant été scolarisées en France, les seules à prendre en compte pour apprécier la variation dans le temps de la qualité de l’enseignement de la lecture dans notre pays, les pourcentages de personnes « en difficulté devant l’écrit » sont de 11 pour les 20-29 ans et de 28 pour les 60-65 ans, soit un rapport de 1 à 2,5, deux fois plus faible que celui donné dans Apprendre à lire « pas si simple ! »
L’enquête de 2002
Un complément de recherche sur le site de l’INSEE permet de retrouver les taux de 4% et de 19% cités dans Apprendre à lire « pas si simple ! » de personnes éprouvant des « difficultés sensibles devant l’écrit », dans le numéro 959 d’avril 2004 d’INSEE PREMIERE. Ce numéro rend compte d’une Enquête méthodologique sur l’Information et la Vie Quotidienne réalisée en 2002 auprès de personnes résidant en France métropolitaine.
Le rédacteur précise que : « 40% des plus de 55 ans n’ont pas dépassé l’enseignement primaire contre moins de 5% parmi les moins de 40 ans, ce qui explique une grande part de l’écart dans le domaine de la lecture. De plus pour certaines personnes, une faible pratique de l’écrit depuis la sortie du système éducatif a pu provoquer l’effritement des compétences initialement acquises. »
Pourquoi avoir choisi les chiffres de l’enquête de 2002 ?
Sont-ce les plus faciles à trouver ? Non, bien au contraire. Sont-ils plus fiables que ceux qui leur sont postérieurs ? Non, bien au contraire, le texte de présentation précise qu’il s’agit d’une enquête méthodologique, le nombre de personnes interrogées est plus faible que celui de la seconde enquête et elle ne distingue pas les personnes ayant accompli leur scolarité hors de France.
Leur seul avantage, si c’en est un, est de paraître aller dans le sens souhaité par les auteurs de la brochure.
Peut-on conclure ?
Les résultats de l’enquête de 2002 permettent-ils d’affirmer que : « les jeunes n’éprouvent pas plus de difficultés que leurs aînés, bien au contraire. » ? Non, le rédacteur met expressément en garde le lecteur contre une telle interprétation (cf. citation plus haut). Et ceux de l’enquête de 2004 ? Pour les rédacteurs de Données sociales, elle ne permet pas de trancher à niveau de formation égal et on ne pourra le faire que dans quelques années, si une nouvelle enquête permet de voir comment ont évolué les compétences de chaque tranche d’âge.
C’est un point de vue raisonnable. Indiquons d’ailleurs que, si l’on veut classer les tranches d’âge par ordre de compétence en lecture à niveau de diplôme égal, les 60-65 ans arrivent bon derniers, mais les 20-29 ans sont avant-derniers, avec en tête les 40-49 ans suivis des 30-39 ans puis des 50-59 ans.
Tweet |