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Lettre N°78 – Pour l’abrogation définitive de la méthode globale (4)
Nous présentons, dans ce numéro spécial d’Enseignement et Liberté, le texte de l’intervention de Mme Elisabeth NUYTS au Sénat lorsque nous lui avons remis le prix Enseignement et Liberté au mois de juin dernier. C’est un texte fort, particulièrement bien documenté, et dont la lecture ne pourra qu’effrayer les parents d’élèves et les responsables politiques de ce pays si tant est que l’avenir des jeunes dans dix ou vingt ans intéresse encore ces derniers. Ce beau texte de Madame NUYTS condamne sans appel la « méthode globale » avec un argumentaire aussi étayé qu’incontestable. Cette réflexion n’est d’ailleurs pas isolée. Nous avions déjà organisé un colloque sur ce thème avec le Pr. Israël et Mme Wettstein Badour. Il a donné lieu à une récente publication spéciale d’Enseignement et Liberté. Faut-il rappeler aussi le nombre impressionnant d’études et de rapports rédigés par des spécialistes de tous bords, y compris par les services les plus officiels du ministère de l’Éducation nationale ? Et ce n’est pas simplement une querelle de pédagogues, les spécialistes du cerveau ont aussi parfaitement analysé les méfaits de la méthode globale. Bref, le mal est connu…. Chacun sait aujourd’hui que la méthode globale est totalement destructrice pour l’intelligence, déstructurante pour la personnalité des enfants et surtout quasi irréversible. Tout le monde en connaît les résultats chiffrés depuis de très nombreuses années…et pourtant, on accepte toujours comme une fatalité les chiffres de l’illettrisme et l’analphabétisme qui en découlent. Ceux-ci progressent d’année en année. Les récentes statistiques publiées pour la Région Ile-de-France sont même plus qu’alarmantes. Mais, on feint encore d’ignorer que cette déstructuration des personnalités n’a pas l’échec scolaire au collège pour seule conséquence….. Car, en réalité, elle affecte la liberté de penser, l’esprit d’analyse et l’esprit critique et parfois même la conscience de la responsabilité. Elle est ainsi à l’origine de l’échec de vies entières dans le « meilleur » des cas, de la violence et de la barbarie chez un nombre croissant de « jeunes ». Qu’attend-on alors pour supprimer définitivement la méthode globale, clairement pour l’éradiquer comme le fléau qu’elle est ? Pourquoi le nouveau gouvernement n’en fait-il pas l’une de ses priorités, et le ministère de l’Education nationale la première de ses priorités ? Quelles pesanteurs, quels corporatismes ligotent encore son action ? Sont-ils à ce point prisonniers du quotidien qu’ils acceptent sans broncher le sacrifice de toutes les nouvelles générations d’élèves ? Faudra-t-il attendre la révélation tardive mais définitive du scandale ? Attendent-ils pour ce faire leur procès puisqu’il faudra bien un jour que les parents et les victimes de la violence recherchent et les responsables et les coupables des handicaps des enfants dans l’école ou chez ceux qui en ont eu la responsabilité ? Voilà pourtant, pour une fois, une réforme qui ne pèserait guère sur les finances publiques. Une fois n’est pas coutume, le gouvernement ne serait pas enfermé dans l’éternelle dialectique syndicalo-corporatiste des moyens : les maîtres sont déjà là, ce sont les méthodes et les manuels qu’il faut changer. Cette réforme ne remettrait même pas immédiatement en cause la trajectoire de cet immense paquebot que constitue l’Éducation nationale puisqu’elle ne toucherait que le CP la première année, puis le CE1 la seconde année, etc. Elle nécessiterait seulement du courage politique vis-à-vis de certaines chapelles pédagogistes ou psychopédagogistes, véritables fossoyeurs de civilisation. Pour le reste, il suffit de décréter qu’un élève ne sachant pas lire ce qu’il doit savoir lire à la fin du CP avec une méthode ni globale, ni semi-globale…. ne franchira le stade suivant que lorsqu’il y sera prêt. Si simple, si clair, si peu coûteux, mais tellement urgent et salvateur ! Un ministre de l’Éducation nationale, dont chacun sait bien qu’il ne peut pas changer tout, tout de suite, s’honorerait à se fixer cette priorité pendant les cinq ans qui lui sont donnés. Il y va de l’avenir des élèves et à bien des égards de celui de la France. Cette tâche accomplie, ce ministre là pourrait alors disserter sur la réussite de sa vie. Cette fois il le mériterait vraiment, non pas aux yeux des beaux salons germanopratins, mais devant la Nation tout entière.
Recteur Armel Pécheul
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