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Lettre N°128, 2e trim 2015 - Les "Palmes" académiques
Les « Palmes » académiques !
Non, Mme Vallaud-Belkacem ne s’est pas attribuée cette distinction pour la façon dont elle a conduit la réforme du collège ! En revanche elle a suscité des réactions peu habituelles au sein de l’Institut de France.
Si l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, directement touchée par un nouvel affaiblissement de l’enseignement des humanités n’a pas, et pour cause, rendu publique l’information inscrite à l’ordre du jour de son Comité secret du 22 mai sur Les contacts entre l’académie et le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur à propos de la réforme du collège, l’Académie des sciences a publié, le 28 mai, un avis sur les projets de programme, intitulé L’excellence pour tous, tandis que l’Académie française adoptait, à l’unanimité de ses membres, une déclaration Pour une vraie égalité des chances dans sa séance du 11 juin.
L’Académie des sciences, qui relève dans un communiqué qu’elle n’a pas été consultée à l’occasion des projets de programmes, alors qu’elle a pour mission de « promouvoir l’enseignement des sciences », considère que « ces programmes ne sont pas satisfaisants pour des raisons structurelles » ; elle dénonce leurs incohérences et un style inaccessible à beaucoup !
Sur le fond, elle s’inquiète de la perte significative de « contenu de programmes construits autour de compétences plutôt que de connaissances, réduisant encore un peu plus la part de l’instruction dans notre système éducatif ».
En conclusion l’Académie déclare que « le découragement des professeurs est profond », mais se déclare convaincue qu’ils auront à cœur d’interpréter ces programmes de la manière la plus libre possible.
L’Académie française, dans sa déclaration, souligne d’emblée que c’est l’ensemble des projets de réforme du collège et des programmes d’enseignement qui n’est pas satisfaisant, car la publication d’un décret fixant la réforme du collège sans que les programmes enseignés soient définis « interdit la compréhension et dissimule la logique même des réformes proposées ».
Elle déplore l’affaiblissement des disciplines fondamentales et le développement de thématiques interdisciplinaires
De son côté, l’Académie des beaux-arts a exprimé, dans un communiqué du 25 juin, son désaccord avec la réforme de l’enseignement artistique des conservatoires parisiens menée, cette fois, par la mairie de Paris.
Cette réforme, sous prétexte de manque de mixité sociale, de sélection jugée trop précoce et de formation qualifiée de trop académique, consiste à remplacer des modalités d’inscription jugées trop contraignantes, dues à l’insuffisance de places offertes, par un tirage au sort ; à développer les filières d’apprentissage collectif, en privant les élèves doués d’un enseignement d’excellence ; et à refuser aux enfants le libre choix de leurs instruments avant l’âge de dix ans. On reste dans le même ghetto idéologique : couper les têtes qui dépassent.
En tout cas, toutes ces réformes font l’unanimité contre elles et cette fois de la part des plus beaux esprits de notre pays : elles viennent d’obtenir la palme du rejet académique.
Recteur Armel Pécheul
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