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Lettre N°127, 1er trim 2015 - Encore une réforme du collège !
Encore une réforme du collège !
Combien faudra-t-il encore de réformes du collège unique avant d’accepter – enfin – l’idée que la seule qui vaille est sa suppression. Depuis sa création en 1975, chacun sait bien que c’est l’une des innovations les plus calamiteuses de la Vème République. Au prétexte de démocratisation et d’égalité des chances, louables objectifs certes, les élèves ont été victimes de la massification, de l’égalitarisme et de la sélection par l’échec. Les chiffres sont aussi constants que consternants depuis quarante ans que cela dure. Les élèves des familles les plus modestes ont été passés au laminoir des classes hétérogènes, de la carte scolaire, de l’abaissement des exigences pédagogiques et du nivellement des savoirs fondamentaux. Tous les indicateurs internationaux le disent. Toutes les instances nationales d’évaluation un peu sérieuses le confirment, comme la Cour des comptes encore récemment. Tous les futurs ministres de l’Education un peu crédibles l’écrivent avant d’être paralysés par impuissance sitôt arrivés au pouvoir.
Et pourtant, la nouvelle ministre remet l’ouvrage sur le métier avec des effets d’annonce tellement éculés qu’ils n’ont plus aucune crédibilité. Ce serait même comique si des générations d’enfants n’avaient pas été et ne seront pas encore sacrifiés sur l’autel des poncifs de 1968.
Dans le détail, que nous propose la « nouvelle » réforme ? Plus d’égalité. C’était le fer de lance de la réforme de 1975. On n’en serait pas là si le « collège unique » y avait pu quelque chose. Une meilleure pédagogie. Cela fait trente ans que les IUFM ou leurs avatars ont été conçu pour cela… sans le moindre succès alors ! Une meilleure autorité des enseignants. Pourquoi pas. Mais sans le respect du aux savoirs et à ceux qui les transmettent il ne s’agira au mieux que d’actes isolés et l’administration – en tout état de cause – ne soutiendra pas les maîtres. L’interdisciplinarité. C’est là un mot bien vide qui dissimule mal les thèmes politiquement corrects qui en feront l’objet : le parcours citoyen, le développement durable, la laïcité Les élèves s’ennuient. C’est fort dommage, mais l’école n’est pas faite pour être une récréation permanente. En revanche, et là tout est dit, les options sont supprimées car jugées trop élitistes… Fermez le ban.
Au vrai, le moule unique du collège unique est une idée totalitaire. C’est tout le contraire qu’il faut faire. Les élèves doivent être entourés d’autres élèves du même niveau pour progresser correctement sans se gêner mutuellement. Il est proprement inacceptable qu’ils ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux (langue française, histoire de nouveau respectée, mathématiques correctement exprimées) et soient égarés dans des activités dans lesquelles l’école de la République s’est elle-même fourvoyée. Il est irresponsable politiquement de laisser sortir tant d’élèves du système éducatif par l’échec, c’est à dire sans un diplôme qualifiant pour un emploi. Tous les métiers sont dignes d’être appris et on doit pouvoir les choisir très tôt, en fonction des goûts, des aptitudes et des compétences de chacun et non y être relégués par défaut.
Une réforme de plus du collège unique ne servira à rien, en tout cas pas aux quelques trois millions d’élèves concernés. C’est la table qu’il faut désormais renverser.
Recteur Armel Pécheul
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