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Lettre N°120, 2e trim 2013 - Refondons l'école

Détails
Créé le samedi 1 juin 2013 08:00

 

 

Refondons l'école

 

On ne sera pas surpris que l'auteur de La Révolution française n'est pas terminée (Seuil, 2008) précise d'emblée dans le chapitre 1 du nouvel ouvrage, qu'il vient de publier chez le même éditeur, que l'école qu'il veut refonder est celle de la Révolution française "dans sa forme républicaine".

Il place habilement, et hypocritement, cette école sous l'unique patronage de Condorcet , ami des Lumières et finalement victime de la Révolution, dont les idées, développées dans ses Cinq mémoires sur l'instruction publique étaient, sur l'essentiel, à l'opposé des siennes, et laisse prudemment dans l'ombre des personnages beaucoup plus représentatifs des vues d'essence totalitaire de la Révolution.

Ce petit livre

 

C'est l'école de la République que Vincent Peillon veut refonder, dans ce qu'il appelle (p. 141) ce petit livre; et pour être sûr que nul ne l'ignore, il emploie dix-sept fois le mot République ou le mot républicain dans les pages dix et onze.

Dans une suite de phrases courtes, qui tiennent de l'aphorisme et du lieu commun, Vincent Peillon qui pourrait être le fils de monsieur Homais et de monsieur Prudhomme, nous assène cent cinquante pages de certitudes dont la banalité défie la discussion.

Il s'agit clairement d'un ouvrage de propagande, destiné à persuader le lecteur que : « le choix fait par le président de la République d'accorder la priorité à l'école [.] est le choix d'un homme d'Etat. » (p.31).

Ou encore : « Nous avons une chance que nous ne devons pas manquer. C'est qu'un président de la République a fixé pour priorité de sa politique et de son action la jeunesse et l'école. » (p. 145).

Pour faire de ce choix une réalité, le ministre veut s'inspirer des systèmes scolaires les plus performants (p.37); il cite à ce titre ceux de la Finlande et de la Corée du sud, en remarquant que, dans les pays qui réussissent, les enfants sont généralement moins stressés et moins fatigués.

Si l'on comprend bien qu'il a choisi comme source d'inspiration ces deux pays, et ces deux pays-là seulement, parce qu'ils arrivent en-tête des classements dans toutes les évaluations des résultats scolaires par pays, on comprend moins bien qu'il puisse y trouver une inspiration commune, alors que leurs conceptions sont radicalement opposées l'une à l'autre et non moins radicalement opposées aux siennes.
Mettre la Finlande , qui a une politique familiale très développée et où l'école obligatoire commence à sept ans dans la décontraction - alors que Peillon veut la faire commencer à trois ! – et la Corée du sud , où la journée de travail moyenne d'un élève est de quinze heures et où les suicides d'écoliers et d'étudiants atteignent des niveaux record, sur le même plan est une pure fumisterie.

Le diable est souvent dans les détails

 

Derrière la banalité des intentions exprimées : qui ne serait pas d'accord pour dépasser les fausses querelles, assumer nos valeurs, respecter l'école, les savoirs et les professeurs, se donner les moyens nécessaires et les garantir, reconquérir le temps, enfin ! se glissent des affirmations et de propositions subversives, telles que :
• l'homogénéité dans les classes, dans les établissements, n'est pas un facteur de réussite scolaire (p. 44)
• la loi de1905 est une loi d'apaisement (p. 55)
• l'efficacité de la sélection est un préjugé (p. 57)
• l'existence d'un long tronc commun d'enseignement n'est un handicap pour aucun élève (p. 58)

Cycles, redoublement, notation, orientation, décrochage, violence, discrimination, stéréotypes de genre, homophobie nous conduisent doucement à Rousseau pour qui, « dans la conception républicaine, politique et morale sont inséparables (Emile, p. 132) pour se réclamer enfin de la morale laïque prêchée par Rabaut Saint-Etienne (p. 134).
C'est cette morale laïque que les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation, qui vont prendre la suite des IUFM de fâcheuse mémoire, seront chargées d'enseigner (p. 140).

Pour ce faire, les professeurs seront recrutés « sur la base de nouveaux concours plus en phase avec les compétences réelles exigées par l'enseignement qu'ils auront à dispenser. »

Au chapitre 10, il est prévu d'inscrire la République dans les territoires numériques du XXIe siècle, d'organiser une filière française de la production de logiciels pédagogiques (p. 106) dont la liste des partenaires annonce l'échec par sa longueur.

Dans le dernier et treizième chapitre de ce « petit livre » Vincent Peillon peint L'école de demain qui « gardera les enfants le plus longtemps possible » et où « les professeurs pourront travailler différemment et mieux ».

Pour ce faire, ajoute-t-il : « Nous devons trouver notre propre voie ». Sera-ce celle de Lao-Tzeu, citée par Hergé dans Le Lotus bleu : « Il faut trouver la voie!...Moi, je l'ai trouvée!... C'est très simple : je vais vous couper la tête!...Alors vous aussi, vous connaîtrez la vérité!... » ?

 

Philippe Gorre

 

P.S. : à la page 80, nous apprenons qu'« Au Royaume-Uni, alors que les résultats des élèves en lecture ne s'étaient pratiquement pas améliorés depuis un demi-siècle, le gouvernement a lancé, entre 1997 et 2000, un vaste programme de formation des professeurs à des méthodes d'enseignement de la lecture s'inspirant des meilleures pratiques. En trois ans seulement, le nombre d'élèves atteignant le niveau visé est passé de 63 à 75 %. »

Nous reviendrons sur le sujet.

 

 


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