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Lettre N° 90 – Jean Cazeneuve
Notre association tient à honorer le souvenir de Jean Cazeneuve dont le décès récent nous a tous profondément atteints. Il était membre, et membre très actif, d’Enseignement et Liberté depuis sa fondation. Sa grande connaissance des problèmes scolaires et universitaires l’avait conduit à être président du jury qui, tous les deux ans, attribue des prix à des ouvrages d’actualité concernant ces questions. Les séances de ce jury avaient, grâce à lui, grâce à son autorité, à sa compétence et à son sens de la mesure, une portée intellectuelle et publique incontestable. Les membres de ce jury se souviendront longtemps de son affabilité, de sa culture et de son esprit.
Sa carrière fut atypique et fulgurante, d’abord certes intellectuelle mais aussi au service des techniques les plus nouvelles et de l’État. Normalien, professeur d’université, spécialiste de l’histoire et de la sociologie, il fut ensuite appelé à de très hautes fonctions dans des domaines relevant de responsabilités publiques majeures dans la dernière partie du xxe siècle. Avant de les évoquer, il convient aussi de dire que, pendant ses études, il fut recruté comme pensionnaire de la Fondation Thiers et devint ensuite administrateur de cette institution prestigieuse. Ceci pour indiquer que, lors d’une réunion très récente des anciens membres de la Fondation, il a pu lui être rendu hommage.
Les travaux qu’il avait déjà entrepris dans ce domaine et son indépendance en tant qu’universitaire incitèrent les pouvoirs publics à lui donner des fonctions majeures dans la radio-télévision, à l’époque monopolistique. De 1964 à 1978, il exerça ses fonctions à l’ORTF, institution aujourd’hui l’objet de regrets et de nostalgie, puis comme président-directeur général de TF 1. A cette même époque, il publie aussi de nombreux ouvrages prophétiques sur la place de la radio et de la télévision dans les sociétés modernes, notamment Les Communications de masse (1976). Et toutes les attributions qui lui furent confiées depuis cette époque montraient qu’il était un maître dans l’étude de ces problèmes si fondamentaux aujourd’hui.
En 1978, il est nommé ambassadeur et représentant de la France au Conseil de l’Europe. C’était lui donner une place fondamentale dans l’État sans que, pour autant, il cesse d’être un spécialiste de la radio et de la télévision. En 1973, il avait été élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques, dans la section de Morale et Sociologie, et fut le président de l’Académie en 1983. On ne s’étonnera pas de constater qu’il y occupa une place essentielle dans un milieu qui, tout en appréciant sa spécialité, le voyait revenir à sa formation initiale. Ceci lui permit d’élargir son activité dans le domaine philosophique, en publiant d’autres ouvrages imprégnés de ses qualités d’historien et de sociologue, mais aussi souvent attachants en raison de son humour.
Tel était Jean Cazeneuve, notre ami. Nous ne l’oublierons pas.
Roland Drago
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