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Lettre N°75 – Ce que nous attendons d’un nouveau Président
A quelques exceptions près, rares sont les candidats qui formulent des propositions en matière d’éducation. Ou alors elles sont totalement inaudibles tant les rivalités et les querelles d’ambitions semblent l’emporter sur le fond du débat. C’est vraiment dommageable pour l’avenir de la France car la plupart des maux dont elle souffre aujourd’hui procèdent directement des dérives du système éducatif depuis trente ans.
L’insécurité et la violence, thèmes malheureusement à la mode avec leur lot d’insupportables drames quotidiens, découlent directement de l’abandon du principe d’autorité. Le communautarisme, le multiculturalisme et le repli sur soi, qui détissent progressivement le lien social et annihilent la volonté de vivre ensemble, ont directement pour origine l’abandon des valeurs collectives. Le chômage et la désespérance qui l’accompagne sont souvent la conséquence des carences irréversibles de la formation. La remise en cause de la notion de travail est l’héritière directe des philosophies soixante-huitardes, privilégiant le principe du plaisir et le prétendu épanouissement personnel de l’individu sur le sens de l’effort. La crise de la représentation politique est due en grande partie à l’absence d’une vision globale du monde et à l’abandon de tout projet collectif. La trop grande influence des médias et le " politiquement correct " sont le résultat de l’affaiblissement de l’esprit critique des citoyens. Les ghettos et les zones de non-droit sont irréversiblement délimités dès le plus jeune âge puisque les enfants des citoyens en difficulté sociale ou culturelle sont enfermés dans les secteurs spécialement conçus pour eux par la carte scolaire, pendant que les enfants de l’oligarchie qui domine désormais le pays se retrouvent dans les meilleurs établissements scolaires. Quant à l’égalité républicaine, la promotion sociale par le travail et par ce que nos parents appelaient les " études ", il y a bien longtemps qu’elles ont été remplacées, d’un côté par l’égalitarisme pour les plus modestes, condamnés à rester tous modestes, et de l’autre côté par la reproduction des avantages sociaux et culturels pour ceux qui en bénéficient déjà…
Bref, on pourrait multiplier les exemples à l’envie … toutes les dérives actuelles trouvent plus ou moins leur source dans un système éducatif qui n’a su transmettre ni les connaissances, et les valeurs nécessaires à la formation d’un citoyen responsable, ni structurer les intelligences et les caractères pour leur permettre d’affronter les défis et les enjeux du monde d’aujourd’hui.
Qui est responsable, qui est coupable ? Tous, bien sûr et sans exception.
Les uns sont responsables de leur idéologie destructrice : les marxistes, les freudiens, les adeptes de la révolution sont coupables d’avoir délibérément sapé les fondements de notre société au prétexte de forger un monde meilleur. On a vu ce que cela a donné en Union soviétique. On commence à se rendre compte de ce que cela va produire en France si les politiques refusent de redresser la barre dans les plus brefs délais.
Les autres sont responsables en tant que " idiots utiles ". Ils sont les complices objectifs des théoriciens précédents, même si au départ ils ne partageaient pas forcément leurs valeurs. Mais on leur a tellement fait croire que leurs idées étaient dépassées, qu’ils seraient modernes s’ils adoptaient les " idées nouvelles ", qu’ils ont succombé au chant des sirènes médiatiques. Quelques-uns ont bien cherché à résister un temps… mais l’adversaire avait plus d’un tour dans son sac… il ne les a plus qualifiés de " ringards " mais de " droite " et même, pour certains de presque " fascistes " dès lors qu’ils prônaient la défense du travail, de la famille et de valeurs nationales. Au chant du coq, les plus courageux ne l’ont plus supporté. Ils ont renié publiquement leurs valeurs et se sont faits les chantres de celles de leurs adversaires avec parfois même de la surenchère. C’est cela la technique de l’ " idiot utile " recommandée par les théoriciens du marxisme-léninisme : transformer l’adversaire d’abord en complice ensuite en ardent supporter !
Les derniers, enfin, ont naïvement cru ce qu’on leur disait. Puisque " l’élève " était au centre du système éducatif, puisque ce dernier était là pour favoriser " l’épanouissement de l’enfant ", puisque les punitions étaient supprimées, les devoirs à la maison bannis et que l’avancement s’effectuait à l’ancienneté avec la quasi-certitude d’un diplôme à l’arrivée…que pouvaient-il demander de plus ? Personne ne leur avait dit que la " vraie vie ", celle qui attend les élèves à la sortie du système éducatif est rude et souvent sans concession… Mais tout flatteur vit au détriment de celui qui l’écoute.
Voilà où nous en sommes aujourd’hui.
Chacun conviendra bien alors que la réforme de l’éducation est non seulement urgente, mais fondamentale. Elle nécessite la remise en cause totale du système et non de simples ajustements, de simples effets d’annonces ou quelques milliards de francs ou d’euros supplémentaires.
C’est le principe d’autorité qu’il faut imposer dès le plus jeune âge pour apprendre le respect réciproque dans la vie en commun. C’est lire, apprendre, compter, qui doivent être les éléments essentiels de l’instruction à l’école primaire, et il ne devrait pas être possible d’aborder l’étape suivante si ces éléments ne sont pas maîtrisés. Ce sont nos valeurs collectives et une culture commune, enfin fière de notre passé et porteuse d’espoir pour l’avenir, qui devraient être transmises à tous les enfants qui habitent notre territoire. C’est le goût de l’effort et du travail bien fait qu’il faut inculquer à nos enfants. C’est la liberté de choisir son école qu’il faut défendre pour éradiquer l’égalitarisme. C’est une école qui doit s’ouvrir sur les évolutions du monde du travail qu’il faut privilégier pour qu’il y ait enfin adéquation entre la formation et l’emploi…
C’est donc une vraie révolution, au sens premier du terme, qu’il convient de mettre en œuvre. Il faut l’annoncer clairement et donner des gages pour assurer la crédibilité des promesses qui seront faites à cet égard.
Aux candidats de nous convaincre qu’ils ont aussi ce projet. C’est à cette aune que nous mesurerons leur crédit et la confiance que nous pourrons leur accorder.
Armel Pécheul
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