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Lettre N° 95 –Contribution aux débats présidentiel et législatif
La période qui suivra ce numéro d’Enseignement et Liberté sera celle des engagements électoraux. Nous ne sommes par forcément dupes de toutes les promesses, mais, après tout, pourquoi ne pas tenter nous aussi de rappeler nos principes fondamentaux aux candidats. Au moins nos lecteurs disposeront-ils d’un cadre général pour les interroger directement si l’occasion leur en ait donnée.
Chacun conviendra d’abord que la réforme de l’éducation nécessite la remise en cause totale du système et non de simples ajustements techniques ou quelques milliards supplémentaires.
Cela étant posé, nous pourrions alors accorder notre soutien à ceux des candidats qui nous rejoindraient sur les engagements suivants :
♦ Il faut transmettre une formation intellectuelle honnête et rigoureuse à tous les enfants de ce pays, quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques. Elle doit être la même pour tous, avec une langue commune et fondée sur un apprentissage de la lecture de l’écriture et du calcul dès le plus jeune âge, en bannissant notamment les méthodes globales et semi globales. Il ne devrait pas être possible d’aborder l’étape suivante si ces éléments ne sont pas maîtrisés. Il ne sert à rien de multiplier les plans de lutte contre l’échec scolaire au collège. L’échec se prévient dès le primaire. Il suffit de décider que l’on ne passe plus à l’étape suivante à l’ancienneté, mais seulement quand on dispose des connaissances nécessaires pour l’aborder. Ne rien exiger des élèves, c’est les condamner pour l’avenir. C’est le goût de l’effort et du travail bien fait qu’il faut inculquer à nos enfants.
♦ Il faut rétablir le principe d’autorité, l’imposer dès le plus jeune âge pour apprendre le respect réciproque et la vie en commun. Pour lutter contre la violence scolaire, il faut imposer l’idée que la transgression des règles entraîne punitions et sanctions. Il faut éradiquer trente ans de philosophie soixante-huitarde, autant d’années de psychopédagogie, reconnaître que le maître transmet et que l’élève reçoit, expliquer que la discipline n’est pas une règle morale mais la condition élémentaire de la survie du groupe, affirmer que la liberté n’est véritablement respectée que dans la sécurité de tous.
♦ Il faut que l’école soit ouverte sur une formation professionnelle à un moment ou à un autre, pour qu’il y ait enfin adéquation entre la formation et l’emploi. Il n’est pas normal de voir tous ces « sans diplômes » sortir du système éducatif alors que tant d’offres d’emploi restent insatisfaites. Ici, le combat est idéologique. Certains syndicats et les partis de gauche ont coupé l’éducation du monde du travail. Il faut tout faire pour réhabiliter la formation professionnelle, mais en bouleversant le système. Il ne s’agit pas de prévoir une cotisation supplémentaire pour les entreprises. Il faut supprimer le collège unique et mêler étroitement formation intellectuelle et formation à un métier à ce niveau. Dans le cas contraire la France ira chercher ses métiers manuels ailleurs ! ♦ Il faut, et c’est une condition de notre survie, que les valeurs de la civilisation occidentale soient transmises à tous les enfants. Ce sont nos valeurs collectives, notre mémoire partagée, notre culture commune, enfin fières du passé et porteuses d’espoir pour l’avenir. Ceux qui veulent venir chez nous sont les bienvenus, mais qu’ils acceptent d’abord nos valeurs. On n’a jamais vu un ministre de l’Education lier ses promesses d’augmentation de postes à l’acquisition effective des savoirs fondamentaux pour tous les élèves, ni à la transmission des valeurs fondamentales de notre pays. Afficher des résultats qualitatifs au lieu et place de vagues statistiques qui ne trompent plus personne, voilà qui serait révolutionnaire. ♦ Il faut des professeurs formés à l’Université et non dans les IUFMet qui expriment enfin leur fierté de servir l’Education nationale. Ils sont au service de la Nation. Ils seront respectés et mieux considérés, y compris financièrement, s’ils se respectent eux-mêmes. En France on savait faire un président de la République d’un petit-fils de paysan. C’est notre modèle républicain. Il est le seul qui offre un avenir sérieux aux enfants, il est le seul à permettre à la France d’avoir encore un destin. Ce modèle est sous la responsabilité des professeurs.
♦ Il faut rendre les universités définitivement autonomes et développer les filières courtes débouchant sur des diplômes professionnels. En contrepartie les universités devront être évaluées et subventionnées, non pas en fonction des étudiants inscrits, mais d’après leurs résultats rendus publics (taux d’échec et de réussite, devenir professionnel des étudiants). Une place importante devra aussi être faite aux fondations et à une véritable politique de recherche menée de concert avec les entreprises privées.
♦ Il faut organiser la liberté offerte aux parents de choisir leur école pour éradiquer l’égalitarisme, le collège unique et la carte scolaire et leur redonner leur juste place dans l’éducation de leurs enfants. Les collectivités locales ne peuvent pas aujourd’hui subventionner librement les établissements d’enseignement privé, en dehors de quelques cas particuliers : il faudra donc abroger la loi Falloux.
Recteur Armel PECHEUL
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