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Lettre N° 68 - ÉCOLE ET FORMATION DES CITOYENS
Au début de l’année Jacques Julliard a publié dans le Nouvel Observateur un éditorial sur l’école et la violence qui présente un diagnostic lucide de la situation et un pronostic très pessimiste mais vraisemblablement trop bien fondé. Notant le paradoxe d’une société de plus en plus violente qui feint de se scandaliser des manifestations de la violence :
" La situation est exceptionnelle, inédite. Au lot quotidien d’insultes, de brutalités, de racket auquel on s’est habitué depuis une dizaine d’années dans les établissements scolaires sont venus s’ajouter - se sont les termes des procureurs - des viols, des tortures répétées, des actes de barbarie, des tentatives de meurtre. " " D’aucuns ont prétendu que ces violences ont toujours existé en milieu scolaire : autre imposture qui confond effrontément l’exception du passé avec ce qui tend à devenir la règle du présent... " Si l’on confronte de ce qu’est devenu l’école et ce qu’elle fut, que constate-t-on ? : " dans son essence, l’école était un lieu fermé " sanctuarisé " comme disent les militaires, où " l’autorité " des maîtres reposait sur un monopole : celui de la transmission des connaissances. C’est à cette condition seulement qu’elle pouvait fonctionner comme un espace public sans obligations ni sanctions . Or les jeunes des quartiers difficiles - et des autres - ont découvert qu’à défaut de changer la vie, l’école était le lieu où la transgression des règles sociales comportait le moins de risques ". On est loin de M. Meirieu. Ce n’est plus l’école ou la guerre civile, mais l’école et la guerre de tous contre tous. Il est vrai que l’école ne peut que refléter une société démoralisée. Si on est porté à nier cette violence scolaire, c’est qu’on veut cacher le dépérissement irréversible de l’école comme lieu de transmission des savoirs et des valeurs. Comment s’est fait ce déclin ? À cette question répond le livre de l’historien des idées républicaines, Claude Nicolet : Histoire, nation, République. (Recensé par Alain Gérard Slama, le Figaro du 22 juin). C’est la renonciation de l’école républicaine à ses principes, à sa culture, à ses méthodes qui n’est pas seulement un coup porté à l’égalité, mais une défaite de la liberté. On oublie des principes comme la séparation du spirituel et du temporel, du public et du privé, de la nature et de la culture De là cette régression qui tient à un abandon d’une culture qui enseignait des principes qui conditionnaient notre liberté, mais nous imposait des devoirs. On objectera que cette formation par l’école (et à partir de la culture classique) ne fonctionnait qu’en passant sous silence les problèmes les plus conflictuels : on n’y parlait ni du racisme, ni du sexisme, ni de l’homophobie ! Je crois que sur tous ces problèmes on a complété hardiment les programmes et même qu’on est porté à parler un peu trop de ce qui est conflictuel. Mais pour quels résultats ? Nos gouvernants eux-mêmes sont portés à douter de l’efficacité d’un enseignement scolaire sur ces problèmes puisqu’on évoque la nécessité d’un contrôle des opinions et d’étranges mesures de basse police. Ainsi la lutte contre les discriminations ne se limite pas à l’éducation, mais on y ajoute " le droit de dénoncer ". Grâce à un simple numéro vert, nous pourrons comme au bon vieux temps de l’occupation allemande jeter la suspicion sur notre voisin pour peu que nous n’ayons l’entendu tenir des propos que nous avons estimés racistes. C’est ce que nous apprend M. Bourdarias dans un courrier des lecteurs du Figaro, le 9 juin ! (La lecture duMonde pourrait confirmer cette information !) Ce n’est plus l’école où la guerre civile, mais l’école et le règne des sycophantes M.B. Tweet |