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Lettre N° 58 - LA LIBERTÉ D’OPINION DE L’ENSEIGNANT

Détails
Créé le vendredi 3 octobre 1997 18:26

 

Il fut un temps où M. Toubon projetait de renforcer la législation antiraciste parce que notamment, disait-il, elle laissait échapper aux poursuites certaines des activités des enseignants. Le projet avait déjà soulevé un tollé par son caractère attentatoire à la liberté d’opinion quand M. Toubon, qui n’avait pas eu le temps de présenter son projet au Parlement, fut remercié par ses électeurs. Mais de quoi s’agissait-il donc ? Il suffit de lire la triste histoire de M. Seurot, professeur d’histoire dans un collège privé exclu à vie de l’enseignement (public ou privé sous contrat) sous le prétexte qu’il aurait tenu dans le journal de l’école des propos qui incitent à la haine raciale. Cette histoire nous était rapportée dans le Figaro du 25 novembre par un article de Gérard Marin (publié en p. 2, généralement la plus décapante du quotidien). Il apparaît qu’il a suffi que M. Seurot dénonçât, d’ailleurs hors de son enseignement, stricto sensu, "l’irruption jusque dans les plus reculés de nos cantons de hordes musulmanes inassimilables", parle de 5 millions d’émigrés musulmans, fasse une allusion "aux sales gamines arrogantes" pour qu’il écope de la plus sévère des sanctions administratives.

 

Et comme si ceci ne suffisait pas, Licra, Ligue des droits de l’homme, et Mrap poursuivent au pénal et s’en prennent à ceux qui défendent M. Seurot. C’est le cas d’un membre de la Licra, (trois jours plus tard, même publication, même lieu), qui tempête car il tient pour scandaleux qu’un enseignant puisse tenir certains types d’élèves pour inassimilables, oubliant que la place naturelle d’un musulman (ou plutôt d’une musulmane voilée, car M. Seurot a fait allusion au voile) ne devrait pas être un collège catholique, car on ne voit pas comment il pourrait adhérer au projet propre à l’établissement, même si la loi Debré oblige tout établissement privé sous contrat à accueillir les élèves sans discrimination religieuse. Mais abandonnons le prolongement légal, concentrons-nous sur la procédure disciplinaire. Je veux noter deux points :

  1. Même si, formellement, ce n’est pas le seul M. Bayrou qui a pris la sanction, il en est bien le responsable. Qui a déclenché la procédure disciplinaire ? Nul autre que le recteur de l’académie de Dijon. Mais chacun sait qu’un recteur est totalement subordonné à son ministre. Il peut être révoqué, en étant chassé de son rectorat du jour au lendemain, comme un préfet, dirais-je. M. Bayrou avait une marge d’intervention tout au long de la procédure. Il est donc le seul responsable. Comment justifie-t-il son attitude, car s’il tient les propos de M. Seurot pour malencontreux (dans leur formulation ou dans les circonstances de leur diffusion), estime-t-il qu’ils méritaient une telle sanction ?
  2. J’ai déjà dit qu’il s’agit d’un professeur de l’enseignement privé, plus exactement d’un collège catholique. Même si cette situation ne limite pas l’autorité rectorale en matière disciplinaire, il va sans dire que les marges d’appréciation des comportements doivent être plus larges en ce cas. Il serait regrettable qu’on ait agi sans consulter les autorités de l’enseignement catholique, ou contre leur avis.

De toute façon, ces autorités étaient libres de s’exprimer même après que la sanction disciplinaire fut tombée. Je demande donc à Mgr Coloni, évêque de Dijon, qui se trouve être par ailleurs le responsable épiscopal de l’enseignement, quelle est sa position et quelle fut son action ?

Décidément, je pense que M. Toubon avait tort de redouter que les enseignants abusent impunément de la liberté d’expression qui leur serait laissée.

P.S. Les épreuves de cet article étaient déjà composées, lorsque j’apprends que M. Seurot a été acquitté par le tribunal correctionnel de Dijon, juge en première instance.

M.B.


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