.componentheading, .contentheading, div.module h3, div.module_menu h3, div.module_text h3, h2, a.contentpagetitle { font-family:Nobile;} #top_outer { border:none;}
Le bilan de l'ère Blanquer
Le bilan de l'ère BlanquerChers amis,
Le soir de sa réélection, Emmanuel Macron a déclaré : « Cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s’achève, mais l’invention collective d’une méthode refondée ».
Quel est le bilan de l’ère ancienne, avec Jean-Michel Blanquer à la tête du ministère de l’Education nationale et que peut-on attendre de l’ère nouvelle avec Pap Ndiaye ?
A la différence de Najat Vallaud-Belkacem qui avait été nommée ministre de l’Education nationale sans en connaître les rouages, pour incarner la diversité, Jean Michel Blanquer avait été recteur d’académie, directeur général de l’enseignement scolaire et membre du cabinet ministériel de Luc Chatel. Son livre L’école de demain, publié en 2016, présentait un programme de redressement de l’école, prônant le recentrage sur les enseignements fondamentaux et les méthodes syllabiques d’enseignement de la lecture.
Dès sa prise de fonction, après avoir déclaré que « le pédagogisme doit désormais relever du monde d’hier », il a corrigé la réforme du collège, en réduisant la place des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires et en rétablissant des cours de latin et de grec. Il s’est séparé du président du Conseil Supérieur des Programmes et de la directrice de l’enseignement scolaire, responsables de cette réforme.
Une loi Blanquer
Face aux réactions hostiles des syndicats d’enseignants majoritaires, il s’est résolu, alors qu’il avait déclaré qu’il n’y aurait pas de loi Blanquer, à soumettre au Parlement en 2019 la loi Pour une école de la confiance.
L’article 1 de la loi, disposant que : « L’engagement et l’exemplarité des personnels de l’Education nationale confortent leur autorité dans la classe » a été dénoncé par les mêmes syndicats comme portant atteinte à la liberté pédagogique des maîtres !
Parmi les autres dispositions de cette loi, l’une mettait heureusement fin à l’autarcie des Instituts de formation des maîtres (aujourd’hui INSPE), dont les professeurs élisaient le directeur.
A côté d’autres mesures purement symboliques, telles que Créer un grand service public de l’Ecole inclusive ou Eduquer au développement durable, la loi abaissait à yrois ans l’âge de l’instruction obligatoire, alors que le taux de scolarisation à trois ans est de 97% et que le véritable problème est celui posé par une population séparatiste « d’une assiduité à l’école maternelle parfois irrégulière ».
Loi « confortant les principes de la République »
Cette loi, votée le 24 août 2021, veut selon l’exposé des motifs « en terminer avec l’impuissance face à ceux qui malmènent la cohésion nationale et la fraternité, face à ce qui méconnaît et bafoue les exigences minimales de vie en société ».
Cet aveu d’impuissance, compte plusieurs chapitres visant en particulier l’islam, aménageant ou rappelant des dispositions existantes : neutralité du service public, contrôle des associations cultuelles et contrôle des écoles hors contrat, lutte contre la polygamie, les mariages forcés, les certificats de virginité, et contre les discours de haine et les contenus illicites en ligne.
L’instruction en famille
Une dernière mesure met fin à la liberté d’instruction en famille reconnue par la loi Jules Ferry de 1882 qui rendait l’instruction obligatoire et sacralisée par la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. En la soumettant à une autorisation préalable au cas par cas la loi l’a transformée en une simple dérogation.
Saisi de cette question par plus de soixante parlementaires, le Conseil constitutionnel a répondu qu’en prévoyant que « L'instruction primaire est obligatoire et peut être donnée soit dans les établissements d'instruction primaire ou secondaire, soit dans les écoles publiques ou libres, soit dans les familles, par le père de famille lui-même ou par toute personne qu'il aura choisie», l'article 4 de la loi du 28 mars 1882 portant sur l'organisation de l'enseignement primaire n'a fait de l'instruction en famille qu'une modalité de mise en œuvre de l'instruction obligatoire. »
Le Conseil ferait-il la même réponse à une nouvelle majorité parlementaire interdisant l’une des deux autres modalités de mise en œuvre, écoles publiques ou libres ?
Cinq ans n’ont pas suffi
Blanquer avait déclaré peu de temps avant l’élection présidentielle qu’il fallait dix ans pour redonner à l’école la qualité qu’elle avait perdue. A-t-on estimé en ne le reconduisant pas dans ses fonctions qu’il n’avait pas accompli la moitié de la tâche ou qu’il fallait effacer le souvenir des difficultés rencontrées par les familles et par les enseignants en raison de la situation sanitaire ?
Pap Ndiaye, son remplaçant, s’il présente toutes les références d’un cursus universitaire accompli – Ecole normale supérieure de Saint Cloud et agrégation d’histoire - n’a cependant aucune expérience de la gestion du ministère de l’’Education nationale.
Parti après ses études aux Etats-Unis, il s’y est consacré à l’étude de l’esclavage dans ce pays et à l’étude du mouvement « woke » qui aujourd’hui y milite pour obtenir réparation des préjudices subis par ces populations.
De retour en France, Ndiaye a suivi une carrière universitaire tout en participant à des mouvements s’inspirant du wokisme comme le Conseil représentatif des Associations Noires. Sa nomination comme ministre de l’Education nationale par Emmanuel Macron, qui l’avait déjà nommé en 2021 directeur du musée de l’immigration a suscité des interrogations sur les orientations qu’il pourrait donner à sa mission au ministère.
Pap Ndiaye a été élevé en France par une mère française, son père, ingénieur des Ponts et chaussées, étant retourné au Sénégal, son pays natal, quand il avait 3 ans. Il a deux enfants, d’une épouse descendante de Charles Mangin, adjoint de Lyautey au Maroc et général d’armée pendant la guerre de 14, et de René Pleven, président du Conseil sous la quatrième république.
Supposer qu’en tant qu’historien il puisse assimiler la situation des personnes de couleur en France à celle des descendants des esclaves aux Etats-Unis serait douter de sa qualité d’universitaire. Ce serait aussi contestable que l’idée selon laquelle il serait hostile à l’école publique parce que ses enfants sont élèves de l’Ecole alsacienne, très heureuse réussite de l’éducation mais aussi symbole de « l’entre-soi ».
Il est plus vraisemblable que le président de la République a souhaité à la tête de l’Education Nationale une personnalité incarnant la diversité, mais aussi un œil neuf, plus disponible pour ses projets de plus grande implication des entreprises dans l’enseignement professionnel et d’écoles du futur.
Recteur Armel Pécheul
Jean-Michel Blanquer avait
déclaré, après sa nomination,
il y a deux ans, à la tête
de l’Education nationale qu’il
n’y aurait pas de loi Blanquer.
Cette déclaration reflétait sa
volonté de redresser la situation
dans laquelle ses prédécesseurs
avaient laissé l’école, par des mesures
de bon sens, plutôt que par de grandes pétitions
de principe.
S’il s’est résolu à présenter au Parlement le projet
de loi intitulé « Pour une école de la confiance »,
c’est sans nul doute parce que les décisions qu’il
a prises se sont heurtées à l’opposition active ou
passive d’une partie notable du corps enseignant,
de la grande majorité de leurs syndicats et à celle
des spécialistes des sciences de l’éducation, décidés
à faire échouer toute réforme.
Le projet, qui doit retourner devant l’Assemblée
nationale pour une dernière discussion traite de
nombreux sujets. Je me limiterai aujourd’hui à ce
qui concerne l’autorité et les moyens dont doit
disposer le ministre responsable d’un million d’enseignants
et de dix millions d’élèves.
L’article 1 du projet disposant que « L’engagement
et l’exemplarité des personnels de l’Education nationale
confortent leur autorité dans la classe » a
été considéré par de nombreux opposants comme
une atteinte à la liberté de parole, voire à la liberté
pédagogique, des professeurs.
Dans sa lettre aux instituteurs du 17 novembre
1883, Jules Ferry leur écrivait qu’il ne voulait pas
les laisser commencer l’année scolaire sans leur
adresser « quelques recommandations ».
A qui douterait que ces recommandations ait le
sens de « conseil pressant » que leur donne l’Académie
française, avec comme exemple : « Adresser
une recommandation à ses subordonnés »,
la lecture de cette lettre montrera qu’elle est
beaucoup plus exigeante que l’article 1 du projet
d’école pour la confiance.
Vincent Peillon, premier ministre de l’Education
nationale pendant le quinquennat de François
Hollande et auteur de « La Révolution française
n’est pas terminée », avait placé sous un régime
de cooptation les postes de formation des futurs
maîtres et confié à des « personnalités qualifiées »
l’orientation de la recherche en pédagogie.
Le projet de loi ôte au corps enseignant des
écoles de formation des maîtres - les ESPE, renommées
INSPE – le pouvoir d’en nommer les directeurs
et crée un Conseil d’Evaluation de l’école
qui se substituera au Conseil d’Evaluation du système
Scolaire.
Ces réformes peuvent redonner à la formation des
maîtres et à la recherche pédagogique la liberté
confisquée par les pédagogistes. A nous de les
mettre à profit pour développer notre action.
Recteur Armel Pécheul
Tweet |