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Lettre N° 52 - OÙ VA L’ÉCOLE CATHOLIQUE ?
L’Union nationale des parents d’élèves - UNAPEL - a tenu une délégation nationale les 18 et 19 mai à Rouen.
La proclamation d’une "charte pour le projet personnel de l’enfant", catalogue de bonnes intentions qui ira rejoindre dans un tiroir les "projets éducatifs" dont chaque école est dotée, n’a pas réussi à éclipser les deux questions de fond qui agitent l’enseignement catholique :
A ces deux questions ont toujours correspondu deux stratégies. Les tenants de la première considèrent sur le premier point qu’il faut obtenir d’une majorité parlementaire favorable qu’elle prenne les mesures législatives propres à assurer le libre choix de l’école et sur le second point que si la loi Debré a créé l’obligation, pour les écoles sous contrat, de ne pas refuser l’inscription d’un élève en raison de sa confession, elle a aussi reconnu le caractère propre de l’école catholique ; ce qui implique de la part de ceux (maîtres, parents et élèves) qui s’adressent à elle, le respect de ce caractère propre avec ce que cela peut ou devrait comporter d’instruction religieuse et de participation aux offices. Ceux qui soutiennent ce point de vue citent volontiers à l’appui de leur thèse les textes pontificaux et ne cachent pas toujours des préférences politiques de droite. De loin les plus nombreux chez les parents de base, ils se raréfient au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie. Les tenants de la seconde stratégie pensent que la fin des soucis financiers viendra de la reconnaissance par la gauche de la contribution de l’école catholique au "service public de l’éducation", ne voient pas dans le caractère propre une limite à "l’ouverture à tous", ignorent superbement les propos de Jean-Paul II sur l’école et bannissent toute attitude politique, tout en manifestant à chaque occasion leur sympathie à des chrétiens de gauche. Philippe Toussaint, actuel président de l’UNAPEL dont les liens avec l’actuelle majorité parlementaire ne sont pas un mystère, après s’être présenté en vain à la présidence de 1988 comme candidat de la base, a été élu en 1992 comme candidat officiel. Les 18 et 19 mai, il a pris sur les problèmes financiers une position ferme, disant en conclusion de son discours "j’ai rencontré, à sa demande, François Bayrou, mercredi soir. Je lui ai dit clairement notre attente. C’est sur ses actes et non sur ses intentions que nous formulons nos jugements. Je suis convaincu que c’est désormais par notre détermination claire et sereine que nous pourrons le mieux aider nos négociateurs à se faire entendre. Nous avons laissé une année au nouveau gouvernement pour agir. Nous exigeons désormais des avancées concrètes." Si un tel discours relève évidemment de la première catégorie, il a par contre nettement pris position pour les tenants de la seconde en empêchant l’élection au bureau de l’UNAPEL d’Antoine de Crémiers, président de l’union académique d’Aix-Marseille. Ce dernier, seul candidat au poste n’ayant pas obtenu la majorité absolue des suffrages au premier tour, Philippe Toussaint décidait alors le report du second tour au lendemain pour ne pas être en retard à la messe, puis, la nuit portant conseil, qu’il ne pouvait y avoir de ballotage quand il n’y avait qu’un candidat. La raison de cette décision, contraire aux statuts, aux précédents et aux usages électoraux en général, nous est donnée par Florence Couret dans La Croix du 17 mai : "certains responsables de l’enseignement catholique notent avec inquiétude l’influence grandissante d’un courant traditionaliste dans les instances de l’UNAPEL et prennent en exemple l’arrivée prévue au bureau national du responsable des parents d’élèves de la région Provence-Côte-d’Azur. "Antoine de Crémiers avait été prié de quitter le mouvement au moment où il s’était engagé sur une liste RPR aux élections municipales d’Aix-en-Provence en 1983. Il ne cache pas aujourd’hui qu’il appartient au courant plutôt traditionaliste de l’Église". Le Monde n’hésitait pas à écorner sa réputation de sérieux en transférant (dans son édition du 11 mai) la candidature de M. de Crémiers de la liste RPR à la liste FN et en précisant que "certaines présidences d’union régionales sont désormais tenues par des partisans farouches de la défense des valeurs traditionnelles". Face à ce "grave danger", alors qu’une étude de l’INSEE montre que, contrairement aux idées reçues et volontiers répandues, y compris dans l’enseignement libre "le degré d’implication dans la religion est fort et cette corrélation va en s’accroissant", il fallait agir. L’accès au bureau de l’UNAPEL est donc resté fermé à ce partisan farouche de la défense des valeurs traditionnelles. Cela n’a cependant pas suffi pour que l’UNAPEL et son président trouvent grâce aux yeux de Pierre Daniel, Secrétaire général de l’enseignement catholique et partisan affirmé de la seconde stratégie. Dans son intervention il a affirmé sa prééminence, en déclarant notamment : "Aussi, permettez-moi de rappeler que c’est bien en fonction des missions reçues que le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique, en prenant en compte les orientations de CNEC (Comité national de l’enseignement catholique) et les réflexions de la Commission Permanente, conduit les négociations avec l’Etat sur de nombreux dossiers et plus particulièrement sur celui de la situation juridique de nos maîtres, dossier qui comprend de nombreux chapitres, tous de grande complexité car ils relèvent à la fois des domaines réglementaires, financiers voire législatifs. D’autres dossiers font actuellement l’objet de négociation difficile, mais tous méritent une certaine discrétion, une volonté inébranlable d’aboutir mais également un sens politique pour ne pas voir resurgir les difficultés d’il y a peu d’années et qui ont porté tort à l’Enseignement Catholique". Puis, "Aussi, si je reconnais et comprends la liberté de parole de votre Association, c’est en toute franchise et en toute simplicité que je vous dis que je regrette fortement l’amalgame que j’ai découvert à la lecture des journaux de ces derniers jours entre l’expression de l’UNAPEL et la politique de l’Enseignement Catholique. La politique de l’Enseignement Catholique se définit comme je viens de l’exprimer." Tel n’était pas le point de vue de M. Daniel quand il était président de l’UNAPEL. Nous tenons à la disposition de nos lecteurs, entre autres documents du même genre, sa photo sur le perron de l’Elysée, le 1er juin 1983, après avoir été reçu en tant que président de l’UNAPEL par François Mitterrand et le récit par lui-même de cet entretien confié à Valeurs Actuelles : "J’ai dit au Chef de l’État que je comprenais les difficultés économiques actuelles de notre pays et que j’étais prêt à discuter de certains points : notamment des budgets qui sont limitatifs et pourraient, sans préjudice pour nous, devenir limitatifs, à condition etc." Que dire enfin de la présentation de l’UNAPEL qui réunit 800 000 parents et dont les statuts, conformément à la loi de 1901, garantissent l’indépendance comme "voulue comme seule association de parents d’élèves" et menacée de ne plus l’être par M. Daniel ? La mégalomanie de M. Daniel et sa rigidité soviétique sont soutenues par une volonté déjà affirmée en 1984 de fondre l’école catholique dans un grand service public d’éducation car, à ses yeux, elle est "l’instrument au service du jeune pour la formation intégrale de la personne, elle est le lieu et l’outil pour le projet éducatif, elle est le lieu pour le partage de la communauté éducative sur le projet et sa mise en œuvre, elle est également le siège de la communauté chrétienne d’établissement qui se rassemble en tant que telle, à la fois enracinée dans la vie de l’école et, pour autant, n’incluant que ceux qui choisissent librement de professer là leur foi, respectueuse du pluralisme des personnes qui respectent notre projet, signe de la gratuité de la foi et appel vivant à la rencontre du Christ." Cette définition de l’école catholique par M. Daniel conviendrait parfaitement à une école publique pourvue d’une aumônerie. Alors qu’il conseille aux autres de "refuser toute idéologie, particularisme ou sectarisme", pensait-il à lui en s’adressant aux lecteurs de La Croix (édition du 21 mai) : "Il y a des tentations politiques chez certains. A ceux-là je dis qu’ils n’ont plus leur place dans l’enseignement catholique" ? Lucien Gorre. Tweet |