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Lettre N° 46 - REMISE DES PRIX
GRAND PRIX DE 50.000 F
M. Jean Cazeneuve : Le Grand Prix de 50.000 francs est attribué à M. D’Souza pour son livre intitulé L’éducation contre les libertés, publié aux éditions Gallimard, et avec pour sous-titre Politique de la race et du sexe sur les campus américains. Le jury a donc jugé bon cette année de couronner un livre qui traite d’une situation dans un autre pays que le nôtre, parce que d’une part ce qui se passe aux Etats-Unis préfigure parfois - peut-être même assez souvent - ce qui risque d’arriver chez nous. D’autre part, ce livre montre aussi quelles sont les conséquences fâcheuses et possibles si l’on applique la notion de "politiquement correct", notion à la mode dans de nombreux milieux politiques français. M. D’Souza appuie son discours sur de nombreux exemples précis et concrets, démontrant qu’une intention charitable en faveur de minorités peut conduire à une véritable révolution culturelle, quand on essaie d’établir des quotas pour l’admission dans les universités, pour le succès aux examens, pour la nomination et même l’éviction des professeurs, pour la composition des programmes, en tenant compte de la race, du sexe et même de la préférence sexuelle. C’est ainsi que, dans de nombreuses universités américaines, les noirs, les femmes féministes et les homosexuels, masculins ou féminins, ont pour ainsi dire pris le pouvoir et exercent une sorte de tyrannie, à peine croyable. Il faut le lire pour le croire. Ils bénéficient d’une situation préférentielle, pour entrer dans les universités, pour réussir aux examens et pour imposer aussi quelquefois dans les programmes une diminution considérable des influences de la culture occidentale. C’est une sorte de racisme à l’envers, que l’on voit notamment à Berkeley où (je cite cet exemple entre bien d’autres), les membres de ces minorités raciales ou sexuelles ou homosexuelles ont vingt fois plus de chances d’être admis que les autres. Notre auteur pense qu’il faudrait revenir à un vrai libéralisme, qui soit fondé sur l’égalité des chances, en tenant compte uniquement des mérites personnels. Voilà donc un livre qui constitue pour nous un utile avertissement et qui sera pour beaucoup de lecteurs aussi une révélation. Remerciements de M. D’Souza : Mon travail c’est la défense de l’idée du libéralisme, qui est une idée occidentale. Dans le monde grec, le mot liberté concernait l’homme libre par opposition à l’esclave. L’idée de libéralisme est occidentale par ses origines, mais universelle par ses applications. Le problème c’est qu’aujourd’hui beaucoup d’ennemis du libéralisme dans le monde ont appris à utiliser le langage du libéralisme. Ils voient certaines procédures du libéralisme, telles que la liberté d’enseignement ou la liberté de parole comme un obstacle à la réalisation de leurs buts. Le mouvement du "politiquement correct" est un effort organisé pour imposer une nouvelle orthodoxie. Au nom de la diversité, ce mouvement ne fait que poursuivre le but de l’uniformité et de la conformité. Au nom de la tolérance, il veut restreindre le débat libre et honnête. Au nom de la représentativité il ne fait au contraire que donner à la race et au sexe la place qui était réservée au mérite. Je suis heureux de pouvoir m’adresser au public dans le pays qui a donné sa signification moderne au mot de liberté. Aux Etats-Unis, on entend beaucoup parler de multiculturalisme. Je crois qu’on peut avoir une société multiraciale qui soit fondée sur les principes libéraux à l’occidentale. J’ai beaucoup plus de doute qu’une société multiculturelle soit possible. On devrait se référer au précepte de saint Augustin : "dans les choses essentielles l’unité, dans les choses non essentielles la diversité et partout la charité." PRIX DE 20.000 F M. Jean Cazeneuve : Un prix de 20.000 francs est attribué au Docteur Ghislaine Wettstein-Badour, pour son livre intitulé "Lecture : La recherche médicale au secours de la pédagogie". L’auteur appuie ses dires sur l’analyse de plus de 500 cas, qui concernent des jeunes élèves ne présentant aucune anomalie et pourtant vivant un échec scolaire manifeste. Alors, on peut se demander pourquoi ces garçons et filles n’arrivent pas à véritablement lire ou écrire correctement. C’est - nous dit l’auteur et nous pouvions le deviner - parce que la méthode d’enseignement de la lecture n’est pas bonne, car c’est la méthode dite globale. Madame le Docteur Ghislaine Wettstein-Badour s’appuie aussi sur les analyses d’un Prix Nobel de Médecine, R. W. Sperry, qui démontre par une analyse scientifique des mécanismes du cerveau, que la véritable manière d’utiliser les fonctions naturelles intellectuelles, est celle qui est représentée par l’ancienne méthode, méthode traditionnelle dite méthode alphabétique - conforme à la fois au bon sens et à l’expérience. Le livre est un plaidoyer appuyé sur des analyses très scientifiques et médicales, pour montrer la supériorité de la méthode alphabétique sur les méthodes globales. Voilà un livre qui sera important et qui fera réfléchir aussi les partisans de certains changements qui n’ont pas souvent été très bien étudiées. Remerciements de Madame Wettstein-Badour : Beaucoup d’enfants en échec sont en réalité des enfants parfaitement normaux, qui devraient réussir parce qu’il n’y a pas d’explication, comme on dit très souvent, psychosociales à leur échec scolaire. La méthode globale ou semi-globale, c’est la même chose, qui est utilisée dans 99 % à peu près des cas dans les écoles françaises, est une méthode tout à fait contraire au mode de fonctionnement du cerveau, tout simplement parce que dans la méthode globale ou semi-globale, on dit que le mot est une image, alors qu’en réalité, le mot est toujours découpé par le cerveau en tronçons. Or ces tronçons, dans des langues comme la nôtre, qui sont des langues basées sur la transcription d’un son par un graphisme, sont justement les lettres et les syllabes. Je me suis aperçue que cette affirmation soulève des tollés de réprobation. Vous imaginez en effet la réaction des enseignants quand ils ont le sentiment d’avoir pendant trente ou quarante ans utilisé des pédagogies néfastes pour les enfants. Et pourtant il faut arrêter le massacre des générations d’enfants. Cela suffit d’avoir 50 % d’enfants qui entrent en sixième sans comprendre ce qu’ils lisent, alors que lorsqu’on utilise d’autres pédagogies, on arrive à les récupérer presque tous. PRIX JOURNALISTES Deux prix de 10.000 francs ont été attribués à des journalistes, qui se sont distingués dans la défense de la liberté d’enseignement. Mademoiselle Geneviève Esquier est récompensée pour ses articles publiés dans L’Homme nouveau, en 1992-1993, concernant notamment la révision de la loi Falloux et d’autres problèmes de l’école publique. L’autre prix a été décerné à Monsieur Fabrice Madouas pour les articles qu’il a publiés, également en 1992-1993, dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles, au sujet des réformes proposées par M. Bayrou, sur l’enseignement universitaire face à la crainte du chômage, le problème du collège unique et ceux de l’école libre en France. Tweet |