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Lettre N° 36 - COMMUNIQUES DE PRESSE
Le 6 mai, M. Georges Hage, député communiste, posait une question orale au Ministre de l’Education au sujet de l’organisation, le 21 mai, d’une journée nationale de l’Europe dans les classes de CM2 (onze ans en principe !), dans laquelle il voyait une inadmissible opération d’endoctrinement. C’est Mme Guigou qui devait répondre en l’absence de M. Lang. Je comprends que ce dernier n’ait pas manifesté un zèle excessif pour endosser la responsabilité d’une initiative largement planifiée par son prédécesseur ! Certes, il est toujours cocasse d’entendre un parlementaire communiste défendre la neutralité de l’enseignement et M. Hage a dû affronter les quolibets des socialistes ; mais les documents qu’il citait étaient probants sur le bien-fondé de sa question, et la réponse de Mme Guigou fut particulièrement consternante. Au lendemain de l’opération, sur laquelle s’extasiaient les chaînes de télévision, M. Philippe Seguin, qui est un défenseur beaucoup plus fiable de la neutralité de l’enseignement, s’emportait à son tour de ce qu’on se soit permis en plein débat parlementaire sur Maastricht de vanter les mérites d’un traité non ratifié et dénonçait "le bourrage de crânes le plus scandaleux de l’histoire de la République". A quelque temps d’un référendum, transformer les 900 000 enfants auxquels était destinée l’opération en autant d’auxiliaires de la propagande gouvernementale, dont ils seront les véhicules inconscients mais efficaces - car quoi de plus efficace qu’un enfant pour incliner la réponse de parents indécis - est proprement une infamie. Je n’ai eu entre les mains ni le livret destiné aux enseignants (65 pages), ni le cahier de 28 pages (avec préface de M. Jospin !) remis aux élèves, mais le document de présentation de la campagne "A nous l’Europe !" (sic) (12 pages diffusées par le Ministère). C’est effectivement un extravagant mélange d’une propagande grossière qui consiste à dépeindre sous des couleurs idylliques l’Europe d’après Maastricht (on voyagera sans perdre d’argent dans les opérations de change, la T.V.A. sur le matériel hifi va baisser, l’agriculture en profite (!), l’Europe protège les bébés phoques et la forêt amazonienne, etc...) et de niaiserie, car il faut, bien sûr, faire passer à des enfants sous une forme festive un message assez complexe. On fait alors quelques suggestions. Je n’en relèverai qu’une au chapitre des niaiseries : organiser "un goûter à base de spécialités européennes sucrées". Pourquoi "sucrées" ? A 11 ans on n’aime pas que les sucreries... Fallait-il exclure le saucisson pour ne pas déplaire aux musulmans, le fromage pour ne pas chatouiller la commission de Bruxelles qui n’avait pas tranché sur les pâtes au lait cru ? J’avoue que je ne suis pas sorti de ma perplexité. Mais j’ai reconnu l’inimitable mélange de propagande infantilisante et de niaiserie, je le connais depuis la guerre, quand j’étais précisément moi aussi au Cours Moyen II. Le contenu a changé, le style est resté. C’est M. Kaspereit (député R.P.R.) qui a eu le ton le plus juste à l’Assemblée lorsqu’il a interrompu Mme Guigou d’un "Maréchal nous voilà !". Maurice BOUDOT L’utilisation comme "singes savants" des enfants des écoles publiques pour "promouvoir" les accords Mitterand - Kohl sur les organismes de défense est contraire au respect de l’enfant et aux exigences de la neutralité. Parmi toutes les opérations montées dans le cadre de "La journée nationale de l’Europe", elle est particulièrement répréhensible, en raison des obligations morales qui s’imposent à ses principaux bénéficiaires. Qu’elle ne suscite pas un scandale majeur, mais de simples remous, prouve la profonde dégradation du climat moral et du sens civique dans notre pays. Le 25 mai 1992 L’accord entre le ministre de l’éducation et l’enseignement catholique, complaisamment qualifié d’historique par l’un de ses signataires, n’est qu’un compromis imparfait qui aurait pu être pire sans la pression croissante des parents d’élèves et des maîtres, écartés au profit d’un représentant de la bureaucratie de l’enseignement privé lors des solennités. Dans cet accord, sous prétexte de "regarder l’avenir" plutôt que de "réclamer en toute rigueur le règlement du passé", le créancier remet sa dette au débiteur. Comme le débiteur est l’Etat, il faudra une loi. Souhaitons que la représentation nationale soit plus libre que le créancier débonnaire pour refuser l’auto-amnistie en matière scolaire. Le 16 juin 1992 1 Un document, La Rénovation pédagogique des Lycées, publiée par le Club de l’Horloge, 4 rue de Stockolm, 75008 Paris, le montre très clairement. Tweet |