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Lettre N° 31 - PERSEVERARE DIABOLICUM
En novembre, sous la pression, on avait reconnu le droit des lycéens à la libre expression de leurs opinions à l’intérieur des établissements scolaires, ce qui impliquait le droit de former des associations, de tenir des réunions auxquelles participaient éventuellement des personnalités extérieures. Et comme, selon l’idéologie socialiste, toute reconnaissance d’un droit s’accompagne de l’attribution de moyens, généralement prélevés sur le budget dès lors qu’il s’agit de moyens financiers, on avait annoncé qu’une somme importante - plus de 4 milliards, soit approximativement la moitié du coût de l’opération Daguet ! - serait débloquée pour satisfaire de façon générale les demandes des lycéens. Un décret devait régler les détails. La situation politique a vraisemblablement un peu retardé les choses. Elle aurait dû également changer les perspectives. Lorsque les opérations militaires ont commencé dans le Golfe Persique, le Ministre a jugé bon de multiplier instructions et mises en garde pour que la paix des établissements scolaires ne soit pas troublée par les débats passionnés qui risquaient de tourner à l’affrontement. Il a demandé qu’on interdise la venue d’adultes extérieurs à l’établissement. La présence d’une personnalité comme M. Harlem Désir était tenue pour particulièrement indésirable. Je suis le premier à louer cette sage prudence. Mais la leçon avait-elle été bien comprise ? Avec une éclatante évidence, les faits avaient montré les risques. N’allait-on pas, en conséquence, abandonner certaines orientations prises en novembre ? Il fallait beaucoup de naïveté pour croire que l’expérience porterait ses fruits et que l’idéologie n’aurait pas le dessus. Daté de la veille, le décret annoncé est paru le 19 février au J.O. Certes, dans des formules solennelles, mais d’interprétation floue, le préambule condamne "les actes de prosélytisme et de propagande". Il rappelle qu’on doit respecter "liberté et dignité des autres membres de la communauté éducative". On ne pouvait moins faire ! Mais est maintenu le droit à une expression individuelle et collective des opinions, qui comporte comme le précise le corps du décret le droit de former des associations qui pourront tenir des réunions auxquelles participeront éventuellement des personnalités extérieures, le droit d’affichage, de publication, etc... Bien sûr, on affirme que les associations "ne peuvent avoir un objet ou une activité de caractère politique ou religieux" et le préambule stipule que l’exercice de ces droits "ne saurait permettre des expressions publiques ou des actions à caractère discriminatoire se fondant notamment sur le sexe, la religion, l’origine ethnique". Mais j’aimerais savoir en quoi l’association illustrée par M. Désir - qui se donne précisément pour objet la lutte contre la discrimination - sort des limites de l’épure ? Bref, avec un texte de cette venue on autorise, tolère ou encourage, toutes les dérives ou on se donne le droit d’interdire ce qu’on jugera bon d’interdire. Des mesures de sauvegarde sont prévues, par exemple des interdictions prises par le Chef d’établissement après avis ou information du Conseil d’Administration. Visiblement, on espère qu’elles suffiront à éviter des situations aussi périlleuses que celle que nous avons connue. Mais il est à présumer qu’on verra se multiplier les interminables polémiques, les conflits de procédure, avec le gaspillage d’énergie et les tensions qui en résultent nécessairement. Etait-il bien opportun de charger de telles responsabilités les chefs d’établissement dont le courage, la lucidité et l’habileté risquent d’être constamment mis à l’épreuve, tandis que les autorités ministérielles resteront loin de la mêlée ? A l’usage, les mesures de sauvegarde seront vraisemblablement d’une efficacité nulle. Décidément, il eut été préférable de s’abstenir de promesses imprudentes et, en tout cas, de ne pas publier un décret aussi laxiste. Mais, ligoté par leurs principes si souvent proclamés, nos autorités politiques étaient condamnées à agir comme elles ont agi. Un fait caractéristique met en évidence cette situation. Il est justement souligné dans un remarquable éditorial de M. Frédéric ELEUCHE, paru dans une récente livraison de La Quinzaine Universitaire, revue du SNALC, syndicat qui regroupe des professeurs du secondaire opposés à la politisation : les syndicats politisés ont demandé et obtenu que soit supprimée dans le texte du décret toute référence à la neutralité de l’École. Qu’un ministre socialiste se voie imposer par les organisations qui ont coutume de le soutenir de renoncer à un terme sacralisé par Jules Ferry est tout un programme. La leçon des faits n’a donc pas été tirée. Il ne pouvait en être autrement. Pour l’avenir, on met son espoir dans les mesures particulières pour éviter les situations trop périlleuses. Mais n’est-ce pas se préparer à refuser dans le détail ce qu’on accorde globalement ? Est-ce une façon bien raisonnable de gouverner ? Est-ce aussi un exemple à donner à la jeunesse ? Maurice BOUDOT P.S. : Les palinodies relatives au découpage de l’année scolaire sont si parlantes qu’elles nous dispensent pour l’instant de tout commentaire.
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