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Lettre N° 29 - 7 ANS APRÈS, LES INQUIÉTUDES DE L’ÉCOLE LIBRE
Il y a sept ans, au moment de la rentrée scolaire 1983, M. Savary préparait le projet de loi qui porte son nom afin de noyer l’école libre dans le "grand service public unifié" que M. Mitterrand avait promis de créer. La mobilisation de tous les défenseurs de la liberté de l’enseignement qui s’est traduite, entre autres, par la création d’Enseignement et Liberté a abouti à une vague de manifestations, la plus importante que notre pays ait connue, qui a entraîné le retrait du projet de loi et la chute du gouvernement qui l’avait élaboré. Après cette victoire dont le caractère populaire n’avait échappé à personne, et surtout pas au Président de la République, les dirigeants de l’enseignement catholique ont manifesté une grande volonté de parvenir à un accommodement durable. C’est ainsi qu’ils ont accepté, en émettant quelques réserves, les "mesures simples et pratiques" de M. Chevènement nommé ministre de l’Education nationale en remplacement de M. Savary. Ces mesures présentaient pourtant un danger évident, en faisant dépendre le choix de leurs maîtres par les établissements privés du bon vouloir des rectorats. Un autre danger, moins apparent, résultait du fait que l’enseignement privé était ramené au régime de la loi Debré de 1959, les aménagements et améliorations qui lui avaient été apportés depuis, en particulier par la loi Guermeur, étant effacés. Aujourd’hui, l’enseignement catholique, en particulier par la voix de l’Abbé Max Cloupet, son Secrétaire Général, exprime sa déception de ne pas être reconnu comme le partenaire de l’enseignement public qu’il voudrait être au sein du "service public d’éducation". Ces plaintes n’ont pas pour origine des conflits entre les rectorats et les écoles privées pour le choix des maîtres : les difficultés de recrutement, aussi bien dans le privé que dans le public, et le souci très réel du gouvernement de ne pas donner aux parents d’élèves l’occasion de descendre dans la rue comme il y a sept ans expliquent que ces conflits n’aient été ni nombreux ni graves. D’ailleurs, le manque de discernement, la pusillanimité de certains directeurs d’établissements privés, la volonté de faire passer la réussite scolaire avant l’éducation chez les uns, celle de pousser l’ouverture aux autres jusqu’à l’oubli du caractère chrétien chez d’autres, permettent l’entrée de suffisamment de loups dans la bergerie sans que le ministère ait besoin d’en introduire. En fait, les difficultés d’aujourd’hui résultent du blocage législatif et réglementaire auquel se trouve confronté l’enseignement privé. Non content de lui imposer le moule d’une loi de 1959 on lui impose aussi, comme vient de le rappeler le Conseil d’État, pour le financement de ses travaux immobiliers, la loi Falloux de 1850 M. Jospin, dont les naïfs auraient pu attendre qu’il invoquât à cette occasion "la force injuste de la loi", a au contraire affirmé à plusieurs reprises qu’il n’entendait pas proposer au Parlement de modifications à la législation relative à l’enseignement privé. En ce qui concerne les mesures qu’il pourrait prendre sans faire appel au Parlement, la situation n’est guère meilleure : c’est ainsi que la loi sur l’enseignement agricole privé de 1986 attend encore des décrets d’application. Les difficultés financières bien réelles de l’enseignement catholique qui portent en particulier sur les salaires des directeurs d’écoles privées, celui des documentalistes, la formation des maîtres et la construction de bâtiments pourront-elles être résolues dans le secret des cabinets ou faudra-t-il que les parents d’élèves et tous ceux qui sont attachés à la liberté d’enseignement fassent, comme il y a sept ans, entendre leur voix ? P.J.C
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