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Lettre N° 26 - LE BILAN DU DÉSASTRE
Je ne vois rien dans ce que nous avons appris ou dans ce qu’ont fait les autorités gouvernementales qui justifierait une appréciation moins sévère de la situation. Nous avions écrit que les incidents de ce type ne remontaient pas au début d’octobre, qu’ils étaient bien antérieurs, qu’on les avait dissimulés. Une preuve incontestable nous a été apportée, vers le 9 décembre, par Madame le Proviseur du Lycée Paul Eluard, à Saint-Denis, qui, dans une émission consacrée à l’immigration, opposant Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie, nous apprit que dans son établissement, quelques élèves portaient le foulard depuis plus d’un an ! On nous recommandait en quelque sorte pour éviter les incidents l’attitude... la plus souple. Personne ne peut douter que ce ne soit là qu’un exemple. Je ne crois pas qu’on encourage la Presse à révéler les incidents. Il nous faut d’ailleurs signaler que M. Jospin vient de nommer un directeur de l’information et de la communication : il s’agit de M. Jean-Michel Croissandeau, rédacteur en chef du Monde de l’Éducation, mensuel qui avait toujours eu des positions favorables à la politique éducative menée actuellement et dont le dernier numéro, dont M. Croissandeau avait la responsabilité, se signalait par un article particulièrement fielleux sur les salaires (naturellement trop inégalitaires et, pour certains d’entre eux, trop élevés) des enseignants. Nous avons compris : désormais, l’information sera bien gardée. Naturellement, l’avis du Conseil d’État dont il faut rappeler qu’il était interrogé sur le port des insignes religieux, en général, et non sur celui du foulard en particulier - et qui par fonction, ne donne un avis que sur les questions qu’on lui pose - n’a rien réglé. Pas plus la circulaire que M. Jospin vient enfin de publier... On en est aux conflits d’interprétation : à lire dans Le Figaro du vendredi 15 décembre un article de Maître Daniel Samson, le Conseil d’État ne tiendrait pas le port du foulard islamique pour contraire aux lois, alors que le terme "foulard" n’est pas dans son arrêt qui répond à une question générale et, selon lui, il va de soi que les Israélites aussi ont le droit non seulement de porter la kippa, mais de s’absenter le jour des grandes fêtes de leur calendrier liturgique... J’ai comme l’impression que les tribunaux administratifs ne chômeront pas dans les temps qui viennent ! Quant au Ministre, il continuera à répartir les responsabilités sur d’autres têtes que la sienne... Je voudrais maintenant poser une question très triviale. Nous avons appris que les jeunes élèves voilées étaient conduites en bibliothèque où elles recevaient, en quelque sorte, des leçons particulières, qu’elles pourraient ultérieurement s’inscrire au Centre d’Enseignement à distance. Ma question est de savoir si on a chiffré le coût financier de ces diverses mesures qui sont prises naturellement au détriment de l’ensemble des élèves. A-t-on pensé à la perte de temps, à la dépense d’énergie, à la fatigue nerveuse de tous les enseignants qui ont dû affronter des circonstances éprouvantes et qui, dans leur immense majorité, ont réagi avec dignité, calme et fermeté ? Venons-en à une dernière question. Chacun sait que l’on se trouve déjà dans l’impossibilité de recruter dans l’Éducation nationale un nombre suffisant de maîtres qualifiés. La situation dramatique à l’heure actuelle s’aggravera encore dans un très proche avenir. Qui osera dire que le nombre des vocations d’enseignants augmentera chez les jeunes étudiants d’aujourd’hui lorsqu’ils voient dans quelles conditions on doit en France exercer son métier si on est, pour son malheur, nommé dans un "Établissement à problèmes" ? Ne nous étonnons pas si l’on voit chuter en quantité et en qualité le nombre des candidats aux concours de recrutement d’enseignants. Mais il y a un avenir, dira-t-on, et il réside dans le projet d’intégrer les enfants d’immigrés. J’avoue ne pas très bien comprendre pour ma part ce que désigne le terme d’intégration dont je ne vois pas quelle autre raison que la volonté de répandre le brouillard peut avoir conduit à le préférer à celui d’assimilation. De toute façon, dans l’immédiat, que va-t-on répondre au Maire de Montfermeil (ou à quelques-uns de ses collègues) qui doit scolariser dans sa commune des classes qui comprennent jusqu’à 90 % d’enfants d’immigrés ? Et qu’entendre par intégration ? Dans un récent numéro (en date du 15.11.89) de sa Revue La Quinzaine Universitaire, le SNALC-CSEN (de loin le plus important des syndicats d’enseignants du secondaire qui ne soit pas lié à la gauche) questionne sur la couverture même : "L’INTÉGRATION EN MARCHE ?". Et, comme en réponse, il donne simplement un extrait du programme d’histoire de Terminale [donc concernant tous les candidats du baccalauréat] publié au Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale du 20.07.89 : "Les rapports entre religions et vie sociale et politique Des exemples (...) enrichiront les études d’autres parties du programme sans faire pour autant l’objet de questions spécifiques au baccalauréat, à l’exception de l’Islam depuis 1945". J’ai bien peur que la vérité soit là : intégrer c’est traiter de façon privilégiée la culture de ceux qu’on intègre. Si l’on ajoute que S. M. Hassan II, dont la sagesse et la rigueur de pensée doivent faire honte à la plupart des hommes politiques français, vient de refuser l’intégration de ses sujets immigrés en France, avec des arguments extrêmement forts, je souhaite de beaux jours aux projets gouvernementaux. Et, puisque nous sommes chez nous, en France, en terre chrétienne, comme on l’est en tous ces lieux à l’Est de notre continent où s’allument au milieu des manifestants les chandelles qui brûlent devant les Saintes Images, permettez-moi de vous souhaiter un bon Noël, cette fête qui s’adresse aussi bien aux chrétiens qu’à ceux qui ne le sont pas et recevez tous mes vœux pour une Nouvelle Année qui ne sera plus celle du Bicentenaire. Le 18 décembre 1989
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