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Le bazar à l'école
S’il est un sujet –il en existe d’autres- qui envoie le clivage droite/gauche aux vieilles lunes, c’est bien celui de la réforme des rythmes scolaires. Tandis que Vincent Peillon et George Paul-Langevin sont tout heureux de pouvoir se flatter du parrainage de leurs prédécesseurs Xavier Darcos et Luc Ferry qui les avaient précédés sur cette voie, il semble que sur le terrain, la chanson soit un peu différente et dans certaines municipalités pourtant volontaires, c’est déjà la révolution.
A Paris, par exemple, les syndicats les plus à gauche (SNUipp-FSU, SNUDI-FO, SUD Education, CGT)[1] ont manifesté le 14 octobre devant l’Hôtel de Ville et appellent, ne varietur, à la grève. Les élus de droite, comme Yves Lecoq et Pierre-Yves Bournazel sont aussi opposés à la réforme que ceux de gauche ou d’extrême gauche comme Emmanuelle Becker ou Danielle Simonnet.
Il y a deux aspects dans ce bouleversement du temps scolaire :
1)La définition de l’école dans le temps et dans l’espace, les deux repères structurant l’apprentissage.
Nombre de professeurs, syndiqués ou non, de droite comme de gauche, dénoncent avec vigueur l’utilisation du même lieu qu’est la classe à la fois pour l’apprentissage et pour le récréatif : cela empêcherait une structuration du temps et de l’espace chez les élèves « pour qui l’école devient un lieu d’activités et non plus d’apprentissages. »
De même la succession dans ce même lieu de l’école d’adultes au statut parfois incertain et exerçant des missions très différentes troublerait beaucoup ces petits.
L’alternance des jours plus ou moins irréguliers selon le choix des communes rendrait les enfants « plus fatigués, désorientés et inquiets dès qu’on évoque la sortie des classes. »
A cela s’ajoutent des problèmes de sécurité et d’hygiène à cause d’une circulation incessante d’adultes et d’enfants difficile à contrôler.
2) Une tutelle accrue de l’école sur l’enfant au détriment des parents
On peut se réjouir de voir proposer à tous ces chers petits mille et une activité sportive, artistique ou ludique en apparence à peu de frais (il faudra toujours bien que quelqu’un paye !) mais réduire le nombre de jours de vacances et organiser de manière collective toute l’activité extrascolaire revient à priver les parents de choisir en famille l’orientation à donner aux centres d’intérêt des enfants. Bien sûr, ils peuvent sans doute choisir entre telle activité ou telle autre, mais toujours dispensée par l’école, dans un même moule. Le tentacule de l’éducation nationale, s’il est pour l’instant un peu pagayeux et débordé, saura vite imposer ses maîtres et son idéologie, jusque dans les jeux et les arts. Les parents seront dépossédés un peu plus de leur rôle d’éducateur.
« L’important c’est l’école »Il faut, pour terminer, citer largement la lettre de 419 directeurs d’école de Paris au Directeur Académique des Services de l’Education Nationale chargé du 1er degré, avec copie au recteur de Paris, aux inspecteurs de l’Education Nationale et inspecteurs de circonscription.
Sous le titre L’important c’est l’école,[2] ils crient leur « désarroi et leur colère après un mois de reprise des classes. […] l’essentiel de nos préoccupations et de notre temps est consacré au périscolaire décidé par la Ville de Paris. Sa qualité, par ailleurs très inégale, les conditions dans lesquelles il s’exerce [… ] sont les sujets qui envahissent nos journées. […] Nous souhaitons affirmer fortement ici qu’à l’école, l’important c’est l’Ecole, autrement dit les apprentissages. […] Les déclarations « c’est dans l’intérêt des enfants », « les journées scolaires sont trop longues », « il faut réduire les inégalités », « combattre l’échec scolaire », sont des préoccupations partagées par la totalité des enseignants. Elles se heurtent cependant à la réalité . […]
Ils dénoncent Une confusion totale pour les élèves qui ne savent plus se situer par rapport aux adultes référents. Pour ceux de l’école maternelle, la perte de repères spatio-temporels à laquelle ils sont soumis et le non-respect de leur biorythme sont proprement insupportables. La représentation de l’école qui leur est donnée ne leur permet pas de se situer de façon constructive dans l’institution scolaire. […] Ils parlent des enseignants exclus des locaux de classe, des personnels d’animation de bonne volonté mais désemparés, et d’agents déboussolés. […]
Enfin, les bâtiments scolaires sont réduits à des lieux d’accueil pour enfants où différents adultes possédant des statuts mal identifiés par les élèves passent faire avec eux des « activités », le scolaire peinant à trouver sa place dans la confusion générale des espaces et des rôles de chacun »
La pétaudière, quoi[3] !
Claire de Gatellier
[2] Version intégrale : http://75.snuipp.fr/?L-important-c-est-l-ecole [3] Ecouter au second degré le sketch d’Anne Roumanoff : http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Les-canulars-d-Anne-Roumanoff/Sons/Je-n-en-peux-plus-des-rythmes-scolaires-1676691/ Tweet |