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Lettre N° 111 - 1er trimestre 2011
Angela Merkel pour l’Allemagne et David Cameron pour la Grande-Bretagne n’ont pas craint d’affirmer que l’intégration dans leur pays respectif de populations de cultures différentes avait échoué, en annonçant leur intention de pratiquer une politique d’assimilation.
Même Frits Bolkestein, qui avait pourtant montré quand il était commissaire européen, avec la directive du « plombier polonais », qu’il n’était pas hostile à l’effacement des frontières, proclame (Causeur de février 2011) que
« Le multiculturalisme est mort ».
Il n’a plus de défenseurs aux Pays-Bas, ajoute-t-il, en qualifiant d’absurde la position du gouvernement néerlandais qui estimait, il y a vingt ans, que l’intégration devait aller de pair avec la préservation de la culture d’origine.
Si la « vision communautaire », au singulier, de la société française a aussi tendance à regagner du terrain, comme le déplore la Commission nationale consultative des droits de l’homme dans son dernier rapport, le ministère de l’Education nationale continue à mesurer sa prétention à l’universalité non pas à la diffusion de la culture française dans les autres pays mais à l’infusion, voire à la perfusion, d’autres cultures dans le nôtre.
L’introduction de l’histoire de l’empire du Monomotapa dans le programme d’histoire de cinquième illustre bien cet état d’esprit, même si sa dénonciation a donné cours à quelques exagérations.
Son étude ne devra prendre que 10 % du temps consacré à l’histoire en cinquième et les professeurs pourront lui préférer l’empire Songhaï ou quelques autres empires africains ; Nyatsima Mutota, son fondateur ne prendra pas la place de Louis XIV et de Napoléon, il la partagera avec eux.
Il n’en reste pas moins que l’histoire de cet empire (1450-1629), qui n’est guère connue que par quelques récits de voyageurs portugais, aurait dû être laissée aux spécialistes des actuels Zimbabwe et Mozambique.
L’essentiel des relations de cet empire aux frontières floues avec le monde extérieur, une fois épuisée l’exploitation de l’or des rivières, et l’essentiel de ce que l’on connaît de lui, est son commerce d’esclaves vendus à Zanzibar. Comment pourra-t-il être enseigné dans des classes rassemblant ceux qui se réclament des victimes et ceux qui se réclament de leurs exploiteurs ?
Tout cela est absurde, comme dirait M. Bolkestein, à moins que les caciques du ministère n’aient voulu, avec ce nom de Monomotapa dont La Fontaine s’amusait dans sa fable Les deux amis, mesurer la dyslexie chez les élèves entrant en cinquième.
Recteur Armel Pécheul
L’OIDEL vient de publier les résultats d’une recherche menée avec des partenaires de sept régions ou pays européens sur les droits des parents dans l’enseignement obligatoire.
Le Pays de Galles arrive en tête du palmarès et le canton de Vaud bon dernier.
Un indicateur simplifié, étendu à huit autres pays, place la Grande-Bretagne au premier rang, devant la Belgique, et le Luxembourg en queue, derrière l’Italie. La France est sixième sur quinze, avec un score à égale distance de ceux du premier et du dernier.
Tel est le nom du collectif qui vient d’être créé par les associations
Le Droit de Lire
Le collectif a pour objet exclusif le rétablissement des méthodes alphabétiques de lecture dans les écoles.
Il est ouvert à toutes les associations concernées par l’éducation des plus jeunes.
La charte présentant les objectifs du collectif, ainsi que son plan de sensibilisation du grand public et d’action auprès des politiques, et les conditions d’adhésion, peuvent être obtenues en s’adressant à :
Permis de lire !
Ce titre est celui du livre que Michel Segal vient de publier aux éditions Autres Temps.
Déjà auteur de Autopsie de l'école républicaine, paru chez le même éditeur en 2008, Michel Segal est professeur de mathématiques dans un collège public d'Ile de France.
Dans la préface qu'il a intitulée "L'autorité de la science : rationalité ou aliénation de type magique ? ", Laurent Lafforgue, mathématicien de renommée internationale, dénonce les spécialistes qui disqualifient au nom de la science l'expérience vécue des hommes du terrain.
Pour lui, les politiques, les administrateurs et les publicistes qui s'en remettent à ces spécialistes ne le font pas tant pour faire pencher l'opinion du côté de leurs intérêts que parce qu'ils aspirent à abdiquer leur pouvoir.
Michel Segal, et c'est ce qui rend la lecture de son livre fort recommandable, ne renonce pas à ses capacités d'observation en faveur des pédagogues et autres spécialistes des sciences de l'éducation.
C'est ainsi qu'il réfute les thèses qui présentent la montée des violences comme un fait de société inéluctable, alors que, fait-il remarquer à juste titre, elle diminue sur le long terme dans tout l'Occident. De même il voit dans la situation de l'école en Amérique latine un démenti à l'affirmation que la violence de l'école est le reflet inévitable de la violence de la société.
Après avoir manifesté un scepticisme de bon aloi envers les statistiques du ministère de l'Education nationale, il s'attaque à quelques idées reçues, telle celle qui fait naître la violence d'une insuffisance du langage – comme si les héros de l'Iliade n’avaient pas eu la langue bien pendue. Il dresse un bilan critique de la prise en compte de la violence à l'école depuis trente ans et des plans échafaudés pour y mettre un frein.
Sur les violences elles-mêmes, sur leurs mobiles, sur les sanctions – ou l'absence de sanctions – qu'elles entraînent et sur les fausses réponses qui leur sont apportées par l’institution, le livre de Michel Segal est riche d'observations sur le terrain qui valent cent fois mieux que les réflexions en chambre des spécialistes.
Nous ne citerons, à titre d'exemple, que la campagne contre l'homophobie à l'école lancée en 2010 par l'actuel ministre, Luc Chatel. L'orientation sexuelle peut être, comme les caractéristiques physiques ou mentales, les comportements ou l'habillement le point de cristallisation du harcèlement d'un élève par toute ou presque toute une classe.
Michel Segal faite observer que confier, comme cela a été le cas, la campagne contre l'homophobie au collège à un organisme créé dix ans plus tôt « pour aider les jeunes hommes attirés par d’autres hommes à mieux accepter leur désir » n’est pas la meilleure façon d’éviter tout soupçon de prosélytisme.
Il ajoute que le discours anti-homophobie tenu à cette occasion ne remet pas en cause la pratique du harcèlement, mais consiste à dire que l’homosexualité n’est pas un motif valable de harcèlement.
N’eut-il pas été préférable de disposer avant de lancer cette campagne des résultats de l’enquête de l’UNICEF, d’où il ressort que 10 % des élèves du primaire déclarent avoir été victimes de harcèlement, et d’en confier l’organisation au Conseil scientifique contre les discriminations scolaires dont la création vient seulement d'être annoncée ?
La dernière partie du livre est consacrée aux causes profondes de la violence gratuite à l’école dont sont montrées les différences avec celle qui naît de la délinquance.
La première cause est le renoncement à la discipline, avec le remplacement dès 1970 du surveillant général relevant du directeur de l’établissement par un Conseiller Principal d’Education, en charge, au sein de l’équipe pédagogique, selon une circulaire de 1982, des conditions de vie individuelle et collective et d’épanouissement personnel des adolescents.
La deuxième cause est l’avènement de l’enfant roi, censé être dès le berceau un être accompli et raisonnable, par conséquent libre de ses choix.
La troisième réside dans la volonté de l’école, au nom du mythe de l’égalité des chances et dans une vision hégémonique servie par un despotisme bienveillant, de substituer l’Etat aux parents pour l’éducation des enfants.
Michel Segal fait à juste titre le lien entre « la perméabilité de l’école à l’idéal politique du pouvoir qui a décidé de se servir de l’école comme d’un porte-voix aux valeurs morales républicaines » et le collège unique qui en est le moyen nécessaire.
Peu importe alors le nombre des victimes.
Philippe Gorre
www.enseignementliberte.org
Le site Internet a reçu 27 000 visiteurs pendant le premier trimestre 2011, contre 23 000 pendant le premier trimestre 2010.
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