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Lettre N° 103 - 1er trimestre 2009
L'évaluation, le principe qui fait peur
L’évaluation, le principe qui fait peur
Le système éducatif subit aujourd’hui une réforme plus ou moins tranquille qui risque – si elle réussit et surtout si elle est bien menée – de révolutionner les écoles, les collèges, les lycées et les universités pour longtemps. Cette réforme – si simple et si logique – n’est même pas idéologique. Elle est le résultat de la liberté de l’information qui résulte elle-même d’internet, de la globalisation, en bref de la nouvelle société de la connaissance : aujourd’hui tout se sait, tout est comparé, rien ne peut plus être caché… ou peu de choses en tout cas.
Concrètement, et appliquées au système scolaire, la circulation de l’information et les statistiques internationales permettent aisément de mesurer le niveau des élèves, les performances des établissements scolaires et la crédibilité internationale des universités françaises. Et, là, évidemment, plus personne ne peut pratiquer l’autosatisfaction hexagonale, ni le mensonge par omission. Les enquêtes PISA de l’OCDE montrent que les élèves français sont toujours en aussi fâcheuse posture par rapport aux élèves de très nombreux pays (La France conserve, année après année, le même taux d’élèves ne sachant ni lire, ni écrire ni compter). Les Universités françaises sont - à une ou deux exceptions près – très loin dans le dernier classement dit « classement de Shanghai ». Dans ce dernier classement, 7 établissements français sont dans les 200 premières universités mondiales, mais pas avant la 41ème place, 14 dans les 300, 17 dans les 400 et 23 dans les 500 ! Il est tout aussi intéressant de relever que les pays qui sont placés en tête ne sont pas ceux qui consacrent forcément les budgets publics les plus importants à l’éducation et encore moins à l’Université. En revanche, les meilleurs pratiquent la mise en concurrence, la diversification des sources de financement et l’évaluation.
En France, on n’en est pas encore à la mise en concurrence ! Quant à la diversification des financements, l’idée est encore taboue. En revanche, le principe d’évaluation commence petit à petit à gagner les esprits… pour évidemment se heurter à la fronde de la plupart des syndicats enseignants. Pensez-donc, leurs chers collègues n’avanceraient plus ni en grade ni de classe sur critères syndicaux, mais uniquement sur leurs valeurs et leurs mérites professionnels ! Voilà ce qui les révolte… pas autre chose.
Curieuse profession, quand même, que celle des professeurs dont le cœur de métier est bien d’évaluer des élèves et des étudiants à partir des savoirs et des connaissances qu’ils ont transmis et qui – pourtant – refusent d’être évalués eux-mêmes. C’est là un combat d’arrière-garde : malgré eux, le monde entier les évalue désormais et il ne sert plus à rien de se cacher derrière la prétendue impéritie de gouvernements successifs.
Il est vrai que lesdits gouvernements ont pu se montrer maladroits dans la mise en œuvre de l’évaluation. La dernière enquête menée auprès des écoliers de CM2 au mois de janvier 2009 reste encore à parfaire pour être totalement efficace. Et l’on ne peut que regretter que plus de 20 % des enseignants aient boycotté les tests… ne craignant d’ailleurs même pas le ridicule de s’appeler « résistants ».
La même maladresse inspire aussi la réforme du statut des enseignants chercheurs à l’Université. L’objectif n’est pas contestable. Il est même grand temps de s’y atteler si l’on veut que les universités françaises et les professeurs d’université retrouvent leur lustre d’antan. Les meilleurs doivent être reconnus comme tels, grâce à leurs enseignements mais aussi en raison de la qualité de leur production scientifique (travaux de recherche, écrits et publications, encadrement de jeunes chercheurs, notamment). C’est la crédibilité même de l’Université française et donc l’avenir de ses étudiants qui sont en cause. Mais, il faut alors aller jusqu’au bout de la logique et laisser des instances nationales indépendantes – et sans doute même internationales – y procéder. Quelle idée saugrenue de laisser des Présidents d’Université – pour la plupart prisonniers de conseils hyper-syndicalisés ou tout simplement appartenant à des disciplines scientifiques différentes de celles des universitaires à évaluer – maître d’un jeu qui ne serait plus alors qu’un jeu local. Les dernières moutures du projet de décret réformant le statut des enseignants chercheurs semblent enfin avoir intégré le principe constitutionnel d’indépendance des professeurs d’universités et l’évaluation devrait bien être nationale ou internationale. Tant mieux.
Dans ces conditions alors, le « système » ne saurait plus tricher longtemps. Les parents, les élèves et les étudiants pourront enfin mesurer les conséquences d’un non-choix qui leur a toujours été imposé au prétexte d’une égalité des chances qui n’est jamais allée au-delà d’un égalitarisme dévastateur pour les enfants des catégories sociales les plus modestes.
Alors aussi s’ouvrira l’ère de la concurrence. La concurrence dans le système lui-même dans un premier temps, puis avec d’autres systèmes dans un second temps. Cela n’exclura nullement le secteur public. Il n’en deviendra que meilleur.
La meilleure illustration en est certainement celle que l’on peut tirer du classement de Shanghai. Parmi les douze premières universités du monde, neuf sont entièrement privées, deux sont mixtes. Une université publique, Berkeley, est en troisième position, après Harvard et Stanford. Autrement dit, au sein des douze premières universités du monde, dans onze d’entre elles, l’éducation est produite selon une procédure de «marché» avec un prix, une sélection des meilleurs professeurs et une liberté dans les programmes. La place de troisième occupée par l’unique université entièrement publique, Berkeley, montre bien que la propriété publique n’est pas, en elle-même, contreproductive. Une Université publique peut atteindre l’excellence. Seulement, tout le monde l’aura compris, la chance de Berkeley est la proximité géographique de Stanford… sa concurrente immédiate !
Recteur Armel Pécheul
Madame de Lessan, adhérente de notre association a réagi, par le texte suivant, à notre circulaire de février. Je continue à penser que Xavier Darcos a, sur des points fondamentaux, tels que l’enseignement de la grammaire ou celui du calcul, pris des décisions allant, heureusement, à contre-courant. Les critiques pertinentes de notre correspondante sur les évaluations et l’enseignement de la lecture me semblent avoir pour origine non pas d’insuffisants efforts du ministre mais la résistance de son administration, contre laquelle, comme l’écrit Marc Le Bris dans Bonheur d’école, il ne disposerait que du soutien de trois conseillers. AP
Habituellement en plein accord avec tout ce que vous dites de notre système éducatif, je me permets de dire que je n’ai pas la même appréciation de l’action de Monsieur Darcos, de ses efforts éclairés et énergiques, au moins en ce qui concerne l’école primaire, là où devraient s’acquérir les bases indispensables à la suite de la scolarité. Il est sûrement énergique mais je pense qu’il voit mal les priorités ou ne peut agir librement, il impose de petites réformes qui n’améliorent rien car elles n’agissent pas là où il faut et de plus sont mal acceptées. Des évaluations multiples n’apportent rien à l’enseignant qui connaît ses élèves, font perdre du temps et ont un coût. Seul un examen (minime) d’entrée en 6ème pourrait motiver les élèves dans leur travail et les parents dans l’accompagnement.
En trente ans la lecture est devenue un problème national majeur et je ne vois rien qui puisse inverser la tendance. L’apprentissage de la lecture reste un problème grave et il est toujours impossible de mettre en cause les méthodes, c’est un sujet tabou et on continue, dans l’indifférence générale de fabriquer des « handicapés » de la lecture. Cela me révolte et, plus encore, le silence qui accompagne la souffrance des jeunes élèves et l’inquiétude de leurs parents. Cette situation est scandaleuse, dramatique dans les quartiers défavorisés où les enfants, souvent d’origine étrangère, ont besoin plus que d’autres d’apprendre avec logique et progressivement les sons de notre langue. Il y a des enfants capables d’excellence partout dans tous les milieux et il faut leur donner la chance d’un bon départ. C’est la meilleure façon de remettre en marche l’ascenseur social en panne depuis longtemps et d’éviter cette nouvelle injustice qu’est la discrimination positive.
Je m’occupe actuellement et une fois de plus d’apprendre vraiment à lire à un de mes petits-fils dont le maître utilise la méthode Ribambelle et qui se trouve évidemment en difficultés. Avec la méthode alphabétique pendant les vacances poursuivie par les parents tous les jours, il est à peu près tiré d’affaire. Les exemples semblables sont nombreux. C’est scandaleux et Monsieur Darcos pense que ce n’est pas un problème de méthode quand un quart des élèves lit mal en 6ème. On fait de la prévention maintenant dans tous les domaines mais pour prévenir l’échec scolaire, rien de sérieux. Il y a depuis cette année le soutien scolaire institué dans toutes les classes, mais c’est trop tard et très peu efficace, rien ne peut remplacer un bon démarrage. Un million d’élèves en soutien scolaire, beaucoup d’autres avec des cours à domicile subventionnés par l’Etat ! Qui voit que c’est tragique ? Qui voit que cela dénonce l’incapacité de l’école à apprendre ? Personne parmi les responsables politiques ! Tout le monde s’en moque, les parents, eux, se taisent, n’osant intervenir, mais ils n’en pensent pas moins.
Je vois bien que mon petit-fils aurait été dans ma classe un très bon élève et nombre de mes élèves qui avaient été annoncés en difficultés en maternelle parce qu’ils ne reconnaissaient pas les mots, se sont révélés être de très bons élèves en CP, ils avaient simplement besoin qu’on leur explique le code. Je n’ai pas besoin de vous convaincre de l’efficacité de la méthode alphabétique. Vous connaissez sûrement le film «Etre et avoir», et vous vous souvenez sans doute de ce petit élève qui doit lire le mot «ami» (trois lettres !) et qui à plusieurs reprises dit «copain», ce qui fait rire tout le monde dans la salle. Malgré les bonnes paroles de Mr de Robien, non suivies d’effets dans les textes officiels, on en est toujours là dans les écoles et Mr Darcos n’a pas l’air ni la volonté de s’en occuper. Savoir bien lire est la première des compétences et elle conditionne l’acquisition de toutes les connaissances et je ne comprends pas que le Ministre ne trouve pas un moyen d’agir à ce niveau.
Les dernières manifestations contre les réformes Darcos qui font entendre l’éternel refrain du manque de moyens montrent que, si on veut vraiment être efficace, il ne faut pas attaquer de front le « mammouth », qu’il ne faut pas contraindre, qu’il faut donc trouver des moyens détournés, avoir un peu d’imagination et faire preuve de liberté d’esprit et de détermination. Je pense, et cela depuis longtemps, qu’il faudrait faire une démonstration de réussite scolaire en créant une petite école dans un quartier défavorisé, une petite école spécialisée dans les apprentissages élémentaires qui prendrait les enfants de 5 à 7 ou 8 ans. Ceux-ci repartiraient dans leur école ensuite. Cette école de statut privé doit être gratuite pour se situer sur le même terrain que l’école publique. La création d’écoles par des parents devient plus fréquente mais ce sont des écoles où la scolarité a un coût qui dépasse les possibilités de nombreux parents. Cela établit une sélection sociale qui fait que ces écoles qui sont une belle réussite ne serviront jamais d’exemples et c’est cet exemple qui peut convaincre.
Vous voulez élargir votre influence, faire grossir votre association, pourquoi ne pas diriger une partie de votre action vers la recherche de mécènes pour la reconstruction de l’école. Le mécénat apporte une aide dans de nombreux domaines, sport, art, santé, pourquoi pas dans la création de petites écoles et au moins d’une pour commencer ? Je ne suis qu’une simple institutrice, je peux enseigner, mettre en œuvre, former des enseignants mais je ne sais à qui m’adresser pour trouver les moyens de le faire, j’ai essayé sans suffisamment de succès.
Développer le mécénat d’entreprise ou de particuliers pour reconstruire l’école, attirer et motiver des mécènes dans ce but, voilà une voie nouvelle, moderne, qui ouvrirait une porte vers la liberté de choix de l’école, qui permettrait une comparaison féconde des méthodes, qui contribuerait à changer l’état d’esprit général et qui serait un beau programme pour une association. Je joins à ma lettre l’appel que j’avais écrit il y a quelques années, je pourrais écrire le même maintenant, rien n’a changé, rien ne s’est amélioré.
Je crois vraiment qu’il faut construire en dehors du système si on est déterminé à le réformer.
Françoise Ansart de Lessan
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