.componentheading, .contentheading, div.module h3, div.module_menu h3, div.module_text h3, h2, a.contentpagetitle { font-family:Nobile;} #top_outer { border:none;}
Lettre N° 85 – 3ème trimestre 2004
Rapport Thélot : beaucoup de bruit pour rien
Rapport Thélot : beaucoup de bruit pour rien !
Le grand tapage médiatique et la consultation, dite nationale, sur l’École n’auront finalement pas débouché sur grand-chose. Sauf peut-être sur cette vérité d’évidence : on ne demande pas aux gardiens du temple d’abattre les colonnes qui les protègent si bien.
Car enfin, comment a-t-on pu sérieusement croire que la Commission Thélot, composée - à quelques brillantes exceptions près - de personnalités connues pour leur fidélité aux dogmes du pédagogisme et de l’égalitarisme, pouvait proposer d’autres réformes que celle de maintenir les choses en place en modifiant seulement le vocabulaire et en dissimulant le tout derrière un rideau de fumée ?
Allons, pour être objectif, disons qu’il s’agit là d’un rapport de plus à ranger dans la pile des dizaines d’études et de rapports qui meublent les placards de la rue de Grenelle : les propositions les plus fortes consistent simplement à mettre un cautère sur une jambe de bois.
Chacun sait bien pourtant que l’échec scolaire est la source de toutes les violences. Violence dans l’École (et un récent rapport nous montre qu’elle est en augmentation de 12 pour 100 depuis l’année dernière), mais aussi violence sociale et désespérance, car les déshérités du savoir deviennent le plus souvent des déracinés sociaux. Au prétexte d’égalitarisme, les inégalités sociales produites par l’école n’ont jamais été aussi criantes.
Qui ignore encore que cet échec est le produit de l’un des plus grands mensonges du siècle dernier ? Cette imposture qui a consisté à décréter qu’avec le collège unique, la carte scolaire, le passage automatique dans la classe supérieure, les classes hétérogènes et l’affichage de l’objectif des 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat il suffisait d’injecter des moyens financiers toujours plus importants dans l’école pour transformer tous les enfants de ce pays en citoyens savants, égaux et heureux.
La Commission n’évoque sérieusement aucune des causes de ce grand échec des trente dernières années.
La Commission ne propose pas de supprimer le collège unique. Elle est quasiment muette sur la question du nivellement pas le bas. Elle ignore le phénomène de la dévaluation des diplômes. Elle souhaite longue vie aux ghettos engendrés par la carte scolaire en se bornant à prévoir des moyens financiers supplémentaires. Elle ne suggère surtout pas de redonner à l’école primaire sa vocation républicaine d’apprentissage des éléments fondamentaux. Elle ne propose bien évidemment pas l’éradication définitive de la méthode globale. Elle ne dit rien des classes hétérogènes. Elle ne s’intéresse pas sérieusement au sort des 160 000 jeunes qui quittent le système éducatif sans diplôme ni qualification. Elle consacre même l’inadaptation de la formation des maîtres au sein des IUFM.
Le conservatisme est totalement noyé derrière des effets d’annonces.
Apprendre à lire, écrire, compter…. Quelle découverte en 2004 ! Comme si les instituteurs de la IIIe République ne pratiquaient pas couramment l’exercice... et avec efficacité !
Mais après ? Faut-il pour cela préscolariser les enfants dès cinq ans ? Faut-il attendre la sortie de la scolarité obligatoire à seize ans pour mesurer le résultat ? En bref faudra-t-il onze années pour acquérir ce que tous les enfants devraient savoir de façon incontournable avant d’entrer en sixième et que leurs grands-parents savaient dès le certificat d’étude primaire ? Il y a fort à craindre que le rajout de l’anglais et de l’informatique ne dissimulera pas longtemps aux parents que le seul effet de la proposition de la Commission sera de rallonger en amont et en aval la période des prétendus apprentissages.
Ce que le système ne sait pas faire en cinq ans d’enseignement en primaire, il ne saura pas mieux le faire en onze ans.
Car l’enseignement en cycles sert depuis longtemps à dissimuler l’échec dans notre système éducatif. Car il faudra cesser une fois pour toutes de demander au nouveau cycle de pallier les carences du précédent. Car ce n’est pas la durée de l’enseignement qui compte, c’est ce que l’on enseigne. Car ce n’est pas le résultat global et trompeur qui importe, c’est qu’à chaque niveau l’élève dispose des connaissances nécessaires pour passer au stade suivant. Car ce n’est pas de statistique de réussite par classe d’âge dont la France a besoin, mais d’élèves qui progressent au rythme de leurs aptitudes et de leurs mérites vers des diplômes reconnus par tous.
Et, naturellement, rien n’est dit sur l’apprentissage de la culture. Ou alors c’est d’une sorte de minimum culturel commun dont il s’agit. Or, l’orthographe et l’écriture ne sont pas des fins en elles-mêmes. La maîtrise de la langue n’est pas non plus une discipline désincarnée: elle s’acquiert par l’accès à une culture et par la transmission d’un patrimoine de valeurs.
Et, là, évidemment, « ils » ont peur !
Peur de dire que les élèves ne sont pas à l’école pour s’épanouir dans le plaisir. Peur d’affirmer que le goût du travail, l’effort d’apprendre, l’évaluation et la sanction du non-travail sont incontournables dans la formation d’un citoyen. Peur d’admettre que le principe d’autorité à l’école est le seul qui puisse empêcher la violence scolaire. Peur de reconnaître que le ciment d’une République suppose la transmission de ses valeurs et de ses racines à tous les élèves. Peur de soutenir que l’adhésion à notre culture commune est le seul moyen d’intégrer tous ces jeunes gens sans repères. Peur d’avouer que la paix sociale découle de l’apprentissage d’un ordre commun et du respect des règles de vie communes dès l’École.
C’est bien là le fond du problème, les pédagogistes, les tenants de l’égalitarisme niveleur, les dignes héritiers de Marx, de Freud revus et corrigés par Bourdieu sont encore au pouvoir. Ils ont dominé la Commission Thélot.
Une autre preuve en est que cette Commission ne dit mot sur les IUFM.
Certes, les « enseignants » (puisque la Commission daigne exceptionnellement les appeler des « professeurs » ou des « maîtres » - jusqu’où l’égalitarisme se niche-t-il ? -), les enseignants, donc, sont appelés à travailler autrement. On leur demande d’être plus présents à l’École pour animer les élèves, les entourer, les materner… bref pour les assister… mais certainement pas pour leur apprendre plus et mieux. On leur demande de participer à de nouvelles instances de pseudo-concertation, de prétendue coordination, de multiplier la réunionnite pédagogiste. On leur demande d’être pluridisciplinaires en souhaitant qu’un professeur enseigne plusieurs matières, comme si les spécialités et les contenus n’avaient plus d’importance.
Mais personne ne leur demande de perfectionner leur discipline et de développer leurs savoirs pour mieux les transmettre encore !
Personne n’évoque leur liberté pédagogique, c'est-à-dire la liberté d’enseigner avec l’évaluation des résultats qui doit l’accompagner.
Pour la Commission l’essentiel n’est pas le contenu des enseignements. L’important n’est pas la transmission de connaissances et de savoirs précis et ordonnés. Pour elle, il suffit d’animer et de socialiser tous ces chers petits.
On comprend alors qu’il lui importe peu de savoir ce qui sera enseigné. On comprend aussi qu’il ne soit nullement question de supprimer les IUFM. Tous les témoignages concordent pourtant pour démontrer que ces instituts n’ont plus d’autre but que de transformer les maîtres en gentils animateurs socioculturels. C’est une profession hautement respectable au demeurant. Mais elle n’a pas compétence pour apprendre l’histoire, la géographie, faire comprendre la pensée grecque, latine ou celle de Molière de Corneille ou de Victor Hugo pour compenser efficacement la vulgate télévisuelle dans la formation des jeunes esprits.
Alors, de grâce, que ce rapport suive tous les autres dans le rangement vertical des archives ministérielles. Surtout qu’il ne serve à rien d’autre. Il ne mérite pas mieux.
Il restera simplement au Premier ministre et à son ministre de l’Education à se munir de courage politique. Car, à vrai dire, ils connaissent bien les maux dont souffre l’Ecole. Ils savent parfaitement pourquoi celle-ci ne fonctionne plus et comment elle pourrait être vraiment réformée. Ils n’ignorent absolument rien des réseaux et des groupes qui ont paralysé leurs prédécesseurs. Auront-ils la volonté de prendre à bras-le-corps ce qui n’est rien de moins que l’avenir de la France ?
Recteur Armel PECHEUL
L’Assemblée générale qui s’est tenue le 8 octobre au palais du Luxembourg a approuvé les comptes des exercices 2002 et 2003, tels que présentés dans le rapport de gestion du trésorier, Jean Proudhon.
L’Assemblée a également approuvé, les autres résolutions qui lui étaient soumises par le Conseil d’administration en :
Lors de notre précédente assemblée, le 15 juin 2002, nous vous avions soumis les comptes des exercices 2000 et 2001. Ce sont ceux des exercices 2002 et 2003 que nous vous présentons aujourd'hui.
En 2002, les recettes, hors produits financiers, se sont élevées à 66 870 € dont 59 768 € de cotisations et abonnements et 7 086 € de participation de nos partenaires aux frais du colloque du 15 juin 2002 sur les garanties constitutionnelles de la liberté d’enseignement en Europe. Les charges, hors frais financiers, se sont élevées à 67 796 € dont 7 620 € pour le Prix attribué à Mme Elisabeth Nuyts pour son livre L’École des illusionnistes et 9 681 € pour les frais inhérents au colloque et à la réunion du 15 juin, dont il faut noter que le coût réel, du fait de la participation de nos partenaires, a été de 2 595 € seulement à notre charge. Compte tenu d’un résultat financier positif de 978 €, l'excédent de recettes de l’exercice est de 52 €.
En 2003, le produit des cotisations et des abonnements est de 53 748 € et les charges de l'exercice s'élèvent à 43 684 €. Compte tenu d’un résultat financier positif de 1 502 €, l'excédent de recettes de l’exercice est de11 613 €.
La diminution de 10 pour 100 des cotisations et abonnements de 2002 à 2003, soit 6 011 €, s’explique par la diminution des effectifs de notre association et aussi par le fait déjà constaté par le passé que leur générosité est plus grande les années où nous organisons une réunion comme celle d’aujourd’hui, c’est-à-dire les années paires, que les années sans réunion.
La diminution des charges d'un exercice à l'autre, constatée au niveau de 24 112 €, est principalement due au fait que l’exercice 2003 n’a eu à supporter ni réunion, ni remise de Prix, éléments qui avaient pesé pour 17 301 € sur les charges de l’exercice précédent. On notera aussi que les charges 2003 se sont trouvées allégées en conséquence de la diminution du nombre d’adhérents et par suite d’un décalage de facturations sur 2004.
Au 31 décembre 2003, les réserves s'élevaient à 64 951 € contre 53 338 € au 31 décembre 2002.
Ces deux exercices ont été marqués par l’ouverture du site Internet, au milieu de l’année 2002. Le nombre de visiteurs de ce site est passé d’un millier en 2002 à 12 000 en 2003. Pour les neuf premiers mois de 2004, il dépasse 14 000.
Le nombre d'adhérents ou donateurs est passé de 1566 en 2002 à 1432 en 2003, alors qu’il était de 2030 en 1999. Cette évolution est le résultat de non-renouvellements, au nombre de 250 par an en moyenne et d’adhésions nouvelles, au nombre de 100 par an. , Si les non-renouvellements sont comparables, pour la période 1999–2003, à ce que l’on constatait dans les années antérieures, les nouvelles adhésions sont en nette augmentation.
Ainsi, bien que notre situation financière reste saine, notre défi d’aujourd’hui est celui du nombre des adhésions et de leur renouvellement. Il s’agit d’obtenir que nos adhérents s’acquittant régulièrement de leur cotisation annuelle continuent à le faire avec la même ponctualité et que, d’autre part, ceux qui nous accordent une générosité seulement occasionnelle veuillent bien désormais nous apporter leur soutien plus régulièrement.
Certes, on comprend que certains soient découragés par l’évolution de l’école catholique qui tend à se différencier de moins en moins de l’école publique, nombre de ses dirigeants semblant avoir à cœur de réaliser par étapes le projet Savary de service public d’enseignement unifié et laïque. Cependant, à ceux-là, nous nous permettons de rappeler que la liberté d’enseignement est le fondement et la condition sine qua non de l’éducation des futures générations en conformité avec leurs idéaux. Dans ce combat qui est loin d’être perdu et que nous devons gagner ensemble, il faut qu’ils sachent qu’Enseignement et Liberté peut leur apporter la certitude d’une gestion transparente et désintéressée.
Enfin, s’agissant des nouvelles adhésions à susciter, nous constatons à l’expérience de ces dernières années que les parents ayant encore des enfants d’âge scolaire sont particulièrement sensibles à des informations concrètes, telles celles portant sur l’enseignement de la lecture. Nous avons ouvert la voie sur ce sujet pour répondre à leur attente et leur permettre d’exercer leur liberté de libre choix de l’école. Ils peuvent compter sur notre association pour agir toujours plus efficacement dans ce sens.
Les débats qui ont suivi l’assemblée générale, sur le statut des maîtres de l’école libre, avec Guy Guermeur, et sur l’avenir de l’école, avec Bernard Kuntz, sont en cours de dépouillement. Ils feront l’objet d’une publication, en concertation avec nos invités.
Prix d’Enseignement et Liberté
Le jury a, pour la première fois depuis la création de nos Prix, en 1990, décidé de ne pas l’attribuer. Cette décision tient à ce que les livres des auteurs ayant concouru s’ils font une analyse, déjà souvent faite, des maux dont souffre l’école ne proposent comme remède qu’un retour utopique à un âge d’or, en refusant de voir que la liberté d’enseignement est, particulièrement de nos jours, le chemin nécessaire du rétablissement de la qualité dans l’enseignement. Certains auteurs ont d’ailleurs choisi de ne pas faire acte de candidature, en raison d’une perception négative de notre engagement en faveur de cette liberté.
chronique de notre temps
Le recueil des articles donnés à la Lettre d’Enseignement et Liberté par Maurice Boudot vient de paraître aux Éditions l’Harmattan. Ce recueil qui a pu être publié grâce à ceux qui ont souscrit avant la publication est à la fois une mine de renseignements sur l’histoire de l’école au cours de ces vingt dernières années et une démonstration éclatante de la nécessité de reconnaître la liberté d’enseignement au même titre que celle de circulation et d’opinion.
Cet ouvrage est aussi une excellente occasion pour nos adhérents les plus anciens de nous aider à en faire venir de nouveaux en leur offrant le livre de M. Boudot. Les hasards du calendrier qui font coïncider sa parution avec la publication du rapport Thélot sur l’avenir de l’école et les tractations entre le ministère et le secrétariat de l’enseignement catholique lui confèrent une actualité brûlante.
A retourner à ENSEIGNEMENT ET LIBERTÉ - 141, Rue de Rennes 75006 Paris
M’adresser un exemplaire à l’adresse ci-dessus Adresser un exemplaire de ma part à l’adresse ci-dessous
( rayer de ma part si vous ne voulez pas que votre nom apparaisse)
A défaut d’une personne nommément désignée, nous vous proposons de désigner l’une des personnalités suivantes de votre lieu de résidence.
□ L’évêque
Joindre un chèque de 34 € par exemplaire à l’ordre d’Enseignement et Liberté, pour envoi franco.
Consultez notre site Internet :
www.enseignementliberte.org
Le site a eu 13 705 visiteurs entre le 1er janvier et le 26 septembre.
Tweet |